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9.   ANALYSE DES USAGES ET DES PRINCIPALES RIVALITÉS D’USAGE DU RÉSEAU

9.2.   B ESOINS EN EAU POTABLE DE  C RANS ‐M ONTANA

Dans le cas de la station de Crans-Montana, les prélèvements annuels en eau potable varient considérablement entre la population résidente et la population touristique. L’usage de l’eau potable par les habitants à l’année est par contre stable. La consommation d’eau se monte à environ 6’400 mètres cubes de consommation journalière (ACCM, 2008) pour une population d’environ 15'000 habitants permanents. Ce chiffre représente une consommation de 426 litres par jour et par habitant. Il est un peu plus élevé que la moyenne suisse (388 litres par jour et par habitant).

Figure 13 : Évolution de la consommation d’eau moyenne (qm) et maximale (qmax) par habitant et par jour en Suisse, de 1945 à 2009 (Source : statistiques SSIGE36)

36 http://www.trinkwasser.ch/fr/html/bildergallerie/frameset.htm?pages/wasserkonsum.htm~RightFrame (visité le 26 janvier 2011).

82 │ Le cas de Crans-Montana (Suisse) pour une illustration du modèle de gestion « public local fort »

La consommation de la population touristique varie quant à elle considérablement selon l’occupation de la station. L’intensité des prélèvements augmente ainsi durant l’hiver pour atteindre son pic durant les deux dernières semaines de décembre et durant le mois de février. La station est alors au maximum de sa fréquentation avec environ 50'000 personnes habitant sur le Haut plateau. Le tableau VII présente les besoins en eau durant la période hivernale, du mois de novembre à mars. Il illustre les différences entre une consommation résidente stable et une consommation touristique variable selon le taux d’occupation.

Tableau VII : Estimation des besoins en période d’étiage (novembre à mars) (Source : ACCM, 2008)

D’un point de vue global et en prenant en compte de l’ensemble des apports d’eau brute, les chiffres démontrent un déficit saisonnier global d’environ 275'000 mètres cubes d’eau. Ce manque de ressource est jugulé par le stockage de l’eau, notamment le barrage de Tseuzier.

Il traduit ensuite une répartition déséquilibrée de la ressource avec des entités plus ou moins bien dotées ; De ce contexte résulte les différents échanges d’eau entre collectivités publiques. Si le déficit est effectivement présent, certaines collectivités ne le perçoivent que rarement alors que d’autres sont touchées structurellement par cette problématique.

9.2.1. Variation temporelle et spatiale des intensités de prélèvements

Outre l’importante fluctuation de la demande, il faut également souligner la variation spatiale des prélèvements. Comme nous l’avons vu précédemment, les communes périphériques ne sont pas confrontées aux mêmes enjeux que les celles du centre de la station. Elles divergent dans la disponibilité de leur ressource mais également dans leur développement territorial et la population à desservir. Dans le cas de Crans-Montana, il faut noter que ce sont les communes les moins concernées par l’urbanisation de la station qui détiennent les sources principales d’approvisionnement. Situées aux extrêmes Ouest et Est du plateau, Icogne et Mollens détiennent les secteurs de sources les plus importants. Ces deux communes connaissent des surplus d’eau qu’elles peuvent ensuite revendre aux autres communes. Icogne n’est quasiment pas touchée par la partie urbaine de la station, la fluctuation de la fréquentation la touche donc dans une moindre mesure. Mollens connaît

quant à elle une division stricte entre Aminona, la partie de la commune intégrée à la station, et le village. Son réseau d’adduction est également divisé pour son approvisionnement entre ces deux parties de la commune. Les communes de Lens, Chermignon, Montana et Randogne se divisent donc la partie la plus densément urbanisée de la station tout en étant dépendantes de sources situées sur les communes en périphérie.

Elles disposent de droits d’eau sur les sources disponibles et rachètent les surplus et/ou les droits d’eau d’autres communes pour subvenir à leurs propres besoins et à la demande d’eau durant les pics touristiques. Les prélèvements varient donc fortement d’une zone à l’autre du Haut plateau. Ce déséquilibre entre demande et disponibilité en eau renforce la nécessité d’échanges, d’achats ou de ventes entre les différentes collectivités. De plus, la situation a poussé certaines communes à construire des infrastructures de transit amenant l’eau de l’extérieur vers le centre de la station. Ainsi, une division du travail s’opère avec la répartition des tâches entre approvisionnement, traitement, transport, transfert ou stockage d’eau. Si les deux communes d’Icogne et Mollens se démarquent par une forte disponibilité de la ressource, la commune de Lens s’est dotée de nombreuses infrastructures la rendant incontournable pour l’approvisionnement (conduite de Lens, station d’ultrafiltration de Plans-mayens). Chermignon dispose d’un bassin de stockage en plein centre de la station lui permettant d’alimenter le réseau d’enneigement artificiel (barrage de Chermignon) de la CMA SA tout en subvenant à ses besoins en eau potable et d’irrigation. Randogne a construit une conduite qui capte les eaux de la Tièche (bassin de la Raspille) et permet le transport des droits d’eau de Randogne et de Mollens du vallon de la Raspille jusqu’aux stations de traitement37. Il faut noter que les deux principales conduites permettant le transport d’eau ont été construites par une collectivité sur le territoire de la commune voisine. De plus, l’eau transportée est très peu utilisée par les communes propriétaires du sol où passent les infrastructures.

37 Station de Vermala pour Randogne, et réservoir avec traitement de Rogéaz pour Mollens.

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10. Configuration d’acteurs impliqués dans la gestion des