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Axe 2 : Représentations d’objets internes, des relations à ces objets,

3. Opérationnalisation des hypothèses

3.1.2. Axe 2 : Représentations d’objets internes, des relations à ces objets,

Cet axe, qui découle de notre hypothèse de l’existence chez les personnes souffrant de fibromyalgie d’un Surmoi exigeant à l’image d’une imago maternelle tyrannique et persécutrice, met l’accent sur les représentations d’objets internes mais aussi, sur les mouvements de nature agressive possibles, notamment tournés vers le sujet lui-même. Dans cette mise à l’épreuve de ce modèle du féminin mélancolique dans la fibromyalgie, se pose la question de la mise à mal chez le sujet de la passivité, de la représentation du corps, des identifications sexuelles et de la qualité des liens imagoïques, liens qui viennent toujours doubler les relations objectales du sujet.

Ainsi, de façon plus ou moins marquée selon les organisations psychiques des personnes rencontrées et de leur histoire de vie, nous serons attentifs à la présence significative d’indices parmi les suivants :

Sur le plan manifeste, dans l’histoire de personnes interviewées, des éléments qui témoignent : - d’un contexte familial de l’enfance ressenti comme à la fois carentiel et exigeant ; - d’une relation de dépendance vis-à-vis de personnages féminins pouvant être

autoritaires, voire tyranniques ; - d’un père en retrait, parfois absent.

- d’une très grande exigence vis-à-vis de soi-même, une tendance à « prendre sur soi » avec une banalisation, voire un déni, des exigences corporelles que cela implique (repos, notamment), ce déni pouvant mener à l’épuisement ;

- d’un ressenti d’agression voire de persécution venant de l’environnement ;

- d’événements notables autour de l’apparition de la maladie (chocs éventuels, traumatismes, séparations) susceptibles d’avoir ébranlé l’équilibre psychoaffectif du sujet et de le précipiter dans le symptôme somatique ;

151 - des verbalisations rendant compte de mouvements agressifs.

Au Rorschach, il serait possible de trouver :

- des manifestations d’une angoisse de différenciation, à distinguer de l’angoisse de séparation504 qui, elle, implique une séparation préalable sujet-objet. « A partir d’une image d’abord différenciée, une régression s’opère qui fait passer une perception apparemment distincte dont on pourrait penser qu’elle est sous-tendue par une représentation de soi différenciée, à une focalisation sur les liens, les attaches voire les parties communes entre deux entités humaines qui finissent par fusionner505 » Nous soulignons qu’une image de soi différenciée permet au sujet de se situer dans une continuité d’être. La construction même du matériel attire l’attention sur les formes, les contours, met à l’épreuve les barrières dedans/dehors. Elle donne également à voir ce qui relève du code corporel archaïque. Ainsi, cette problématique peut apparaître à travers :

- des réponses contenant des personnages ou des représentations liés ou appuyés à un support, attachés à une membrane, reliés par un membre, siamois, fixés à un socle, par exemple, signes d’un fantasme « d’un corps pour deux » ;

- des réponses kinesthésiques mettant en exergue une délimitation floue entre le sujet et l’autre : contenus ambigus (double appartenance à des règnes différents (animal, humain), réponses faisant référence de façon soutenue à une relation symbiotique ou à un double (« jumeaux », référence à des similitudes entre des personnages, par exemple) ; - la présence insuffisante des représentations humaines entières, signant

la difficulté de faire partie du monde humain et à s’identifier à un autre humain, dans la reconnaissance de ses différences et de ses ressemblances (H %) ;

- la difficulté face à l’appropriation de l’image spéculaire, c’est-à-dire, la prise en considération de la nature bilatérale de certaines planches, comme la III, qui serait dans ce contexte, interprétée de façon unitaire. Exemple : « un négatif photo». Le spéculaire, on l’a vu, est une étape

504 Cette distinction nous est proposée par Jean-Michel Quinodoz in : Quinodoz J-M. (1991), La solitude apprivoisée :

L’angoisse de séparation en psychanalyse, Paris, PUF.

152 indispensable à la différenciation sujet-objet ;

- Un accrochage au percept ou la conformité. La contention formelle (F% élevé) et la dissolution dans le commun dont relève la banalité peut refléter l’angoisse de différenciation dans la mesure où ce type de réponses peut relever d’une tentative de pallier la fragilité et la porosité d’une enveloppe psychique et corporelle.

- des représentations d’une imago maternelle toute-puissante et/ou persécutrice, comme par exemple :

- des indices de désorganisation ou des représentations à tonalité persécutrice, notamment aux planches I, IV, V, VII et IX, en particulier les planches qui renvoient à l’imago maternelle (I, IV, VII, IX). La planche IV, par exemple, qui peut être retenue comme indicateur pour l’analyse de l’élaboration du sexuel masculin, en tant que ressentie comme véhiculant une puissance phallique. Mais, le phallique n’étant pas forcément l’apanage du masculin, nous suivons Catherine Chabert sur l’idée que lorsque la différence des sexes n’est pas suffisamment élaborée, cette planche peut entrainer des associations relatives à une représentation d’une imago maternelle prégénitale phallique.

- les effets de l’agressivité nécessaire à la séparation de cet objet persécuteur. Elle serait d’abord retournée contre soi via une exigence excessive d’un idéal impossible à atteindre. Il est donc probable qu’une représentation de soi dépréciée et des affects dépressifs émergent des protocoles étudiés.

Les indices relatifs aux difficultés dans le maniement de l’agressivité pourraient se traduire par :

- l’apparition de réponses isolées (clivées) à teneur agressive, notamment à contenu oral : mâchoires, dents, pinces . . . ;

- l’évocation de personnages maléfiques (monstres, sorcières . . .), l’apparition d’un bestiaire persécuteur, des références à des représentations à tonalité persécutrice (yeux . . .) ;

- l’irruption marquée de processus primaires évoquant la perte du contrôle et la mise en échec des défenses ;

153 avec les mouvements libidinaux, donnant un caractère figé au protocole (répression des affects, évitement du conflit) ;

- la verbalisation d’éléments agressifs au cours du récit. Ceci est également valable pour le TAT ;

Ces motions agressives peuvent faire aussi l’objet d’une répression des affects qui y sont associés :

- la réactivité aux planches couleur, par l’augmentation du nombre de réponses par exemple, rend compte des mouvements affectifs. Concernant les planches « pastel », l’évaluation du RC% est considérée comme un indice de tolérance aux affects. Marianne audin souligne que ces planches mettent surtout l’accent sur la tolérance à la régression et met en garde sur le fait que cet indice n’est pas significatif en soi et qu’il convient de le considérer à l’aune de la dynamique des mouvements pulsionnels, de l’alternance des processus primaires et secondaires et de la souplesse des assises identitaires506.

Les verbalisations permettent également de les discerner. Nous nous attacherons aussi au repérage des éléments sensoriels en nous inspirant du travail de Michelle Emmanuelli, Marie-Christine Pheulpin et Pascale Bruguière507. En effet, dans cette recherche, ces auteurs font l’hypothèse que chez certains sujets, ici déprimés, la sensation pourrait remplacer l’affect. Leur grille d’analyse vise à distinguer les différentes modalités de sensations verbalisées : sensorielles, cénesthésiques, kinesthésiques, ressenties avec ou sans représentations, et éprouvés corporels bruts508. Notre intérêt se porte aussi sur les modalités d’expression des affects au niveau corporel (position du corps, par exemple) ainsi qu’au retentissement corporel de l’affect, comme à la planche 5 : « Un oiseau qui a peur, ses ailes sont un peu repliées, elles tombent». La répression de l’affect, donc pulsionnelle (agressive et libidinale), peut se traduire au Rorschach par peu ou pas de réponses kinesthésiques, une absence de réponses couleur pouvant exprimer la décharge, le manque de verbe d’action et l’évincement du relationnel, ainsi que l’existence d’un quelconque symbolisme sexuel

506 Baudin M. (2007), Clinique projective : Rorschach et TAT, Paris, Hermann, p.74-75.

507 Emmanuelli et al. (2005), Un destin des affects dans la dépression : l'émoussement affectif. Élaboration d'une méthodologie de recherche à partir des épreuves projectives, in Bulletin de psychologie, 2005/2, n° 476, pp. 195-205. 508 Ibid., p. 200.

154 ou agressif509. L’incapacité de traiter l’excitation pulsionnelle renvoie à la précarité des processus de symbolisation.

Le retournement de cette agressivité sur le sujet lui-même pourrait se manifester par : - une représentation de soi sujette à effraction, comme par exemple des

représentations de personnages troués, délabrés, abîmés, témoins d’un retour de l’agressivité sur soi. Des contenus ostéologiques et anatomiques (sang, os, viscères tels que cervelle ou foie), lorsqu’ils apparaissent, témoignent de la mise au-dehors de l’intérieur du corps par une attaque sadique-transgressive. Dans ce cas, la confusion intérieur/extérieur du corps, le flou des limites corporelles sont patentes pouvant aller vers une complète désorganisation, reflet d’une véritable hémorragie libidinale. Dans cette configuration, les enveloppes du Moi qui délimitent le dedans et le dehors ne sont plus opérantes.

Nous nous intéresserons également aux représentations du corps, notamment en ce qui concerne ses limites et donc ses fragilités narcissiques. Nous pensons ici à ce que dit André Green au sujet de la problématique corporelle du sujet narcissique, que nous semble pertinent pour rendre compte de notre pensée : « le corps, c’est l’autre qui resurgit, malgré la tentative d’effacement de sa trace. Le corps est limitation, servitude, finitude. C’est pourquoi le malaise est primordialement un malaise corporel qui se traduit par l’être-mal-dans-sa-peau de ces sujets510». Pour sa part, Catherine Chabert nous dit : « le fondement de l'association ou de la constitution d'images au Rorschach, serait-ce justement le possible investissement d'un espace comme lieu de projection de la surface du corps, c'est-à-dire de la surface de contact entre un dedans et un dehors, un sujet et un objet ? L’identification (perceptive) du corps et ses dérivés métaphoriques constitueraient l'approche originaire susceptible de donner sens à ce matériel éminemment énigmatique511».

Aussi, il convient de repérer :

- des indices portant sur les difficultés sur le plan des identifications sexuelles, comme par exemple : instabilité des identifications, chocs, refus et/ ou réponses inadaptées aux planches évoquant ces contenus (en particulier les planches IV, VI et VII) ;

- des indices d’angoisse corporelle avec notamment un pourcentage « Hd+ Anat + Sex +

509 Péruchon, M.(2003), De la douleur physique au Rorschach et au TAT. Étude de cas, in Psychologie clinique et

projective, 2003/1 n° 9, pp. 427-456, p.131.

510 Green A. (1983), op. cit., p. 186. 511 Chabert C. (2001), op. cit., p. 64.

155 Sang » significativement élevé ;

- des éléments qui renvoient à la topique corporelle et à l’organisation des images corporelles les unes par rapport aux autres :

- certaines planches solliciteraient davantage la projection du corps. C’est le cas des planches I, IV, V, dont le caractère compact organisé autour d’un axe central renvoie à l’image de corps construite autour de cet axe. Elles peuvent rendre compte (ou pas) d’une construction corporelle délimitée et bien définie. Une place particulière peut être donnée à la planche V car elle résiste fortement aux attaques contre l’intégrité corporelle512. Des réponses livrant un contenu fragmentaire, non unifiée ou en l’absence de reconnaissance de la banalité « animal ailé » témoignent des vicissitudes liées à l’intégrité du corps propre dans l’incapacité de reconnaître l’entité globale que suggère la planche ; - les planches à configuration bilatérale (II, III, VII) mettent à l’épreuve

la représentation du corps. Ce processus peut être perçu lorsque les réponses du sujet dénotent un effort de globalisation important qui consiste à rechercher à tout prix une unité lorsque les images sont perçues comme éclatées, éparpillées ou morcelées. La planche II a une importance singulière car elle sollicite fortement des représentations humaines entières (banalité). L’analyse des réponses qui portent sur les zones inter maculaires (Dbl) peut donner aussi des renseignements sur l’intégrité des limites corporelles, à condition d’articuler ces éléments au contenu latent des planches où ces réponses apparaissent. Par exemple, Marianne Baudin cite le cas des réponses « charnière » à la planche VII. Il s’agit de l’investissement du détail inférieur médian dans le sens d’une possibilité « d’ouverture ». Celle-ci, perçue comme « réversible », rendrait compte d’une intégrité corporelle fantasmatiquement préservée et des effets sur l’identité du sujet et sur les identifications sexuelles. Elle rajoute : « On peut penser que le garant d’une identité solide, quel que soit le sexe du sujet – et d’un accès possible à la jouissance de l’être pénétrable, pour l’identité féminine – tiendrait à cette fermeture

156 réversible513. »

- les planches pastel se prêtent, d’après Catherine Chabert514, à des mouvements qui suggèrent des préoccupations hypocondriaques et/ou une angoisse de morcellement. La planche VIII peut susciter des réponses anatomiques, viscérales ou osseuses ou figurant des parties du corps (doigts, mains, pieds, etc.). La planche IX met à l’épreuve les enveloppes, les limites dedans-dehors. Elle fait émerger des réponses qui font apparaître l’intérieur du corps. Enfin, la planche X, par sa configuration dispersée sollicite beaucoup les capacités d’unification de l’image corporelle

- en ce qui concerne les contenus, Fischer et Cleveland515 ont créé deux indices se référant aux caractéristiques de l’image du corps au Rorschach. Il s’agit de l’indice « barrière » qui correspond aux nombre de réponses impliquant la qualité des enveloppes corporelles : solidité, dureté, limites bien définies, mais aussi leur fonction recouvrante. L’indice de pénétration est calculé à partir du nombre de réponses qui renvoient à la destruction des frontières ou qui portent sur des limites trouées, mal définies ou transparentes.

Au TAT, la représentation des objets internes et les modalités de relation à ces objets peuvent se donner à voir, notamment à certaines planches, comme par exemple :

- la planche 5 où le personnage manifestement féminin renvoie à l’imago maternelle. Il est possible d’apprécier si cette représentation est contenante, positive ou négative, stable ou précaire. Les éléments du décor figurent parfois des contenus maternels, des évocations sensorielles pouvant aussi apparaître (jeu de lumières, sensations de chaleur, par exemple) en lien avec les fantasmes rattachés à l’intérieur du corps de la mère. Les réponses qui portent sur le décor sont aussi susceptibles de fournir des indications quant à la distance entre le sujet et l’objet primaire et à la qualité des limites dedans-dehors, symbolisées notamment par le seuil où se trouve le personnage. Ce personnage est donné souvent dans sa dimension surmoïque mais est susceptible de solliciter des représentations d’intrusion et de persécution, notamment à travers la

513 Baudin M. (2007), op. cit., p.73. 514 Chabert C. (1983), op. cit., p. 63.

157 thématique du regard ;

- Les personnes ayant participé à notre recherche étant uniquement des femmes, les planches 7GF et 9GF qui contiennent exclusivement des personnages féminins, permettent d’investiguer les mouvements en jeu dans les relations ainsi que les positions identificatoires féminines. La relation mère-fille est sollicitée à la 7GF, en particulier du fait de la différence des générations. La planche 9GF renvoie plus particulièrement à une rivalité de facture œdipienne mais peut aussi véhiculer des identifications construites sous un mode spéculaire (les jumelles, le double) qui évoque une problématique de différenciation sujet-objet ;

- La planche 13B renseigne sur la présence-absence de l’objet et interroge également les limites internes-externes ;

- De même, la planche 16, confrontant le sujet aux difficultés à faire appel aux objets internes privilégiés et aux relations établies avec eux, nous éclaire sur ces représentations et ces relations ;

- Enfin, la cotation des procédés de discours permet également de rendre compte de ces problématiques. Par exemple, le recours fréquent au clinicien (coté CM-1) peut avoir une valeur de pare-excitation chez des sujets dont les limites sont mal différenciées, mais aussi peut refléter une relation de méfiance vis-à-vis du clinicien mis inconsciemment à la place d’un mauvais objet interne menaçant.

Les verbalisations permettent également de saisir la dynamique et la qualité des affects. La répression peut notamment être saisie par le recours au gel pulsionnel : surinvestissement de la réalité externe (CF), mise en tableau (CN-3) et/ou un attachement au sensoriel (CN-4). L’attitude corporelle attribuée aux personnages peut être investie comme un équivalent d’un affect (CN-4 : posture signifiante d’affects). De plus, l’étude des planches peut rendre compte de la capacité du sujet à lier les affects à des représentations. Par exemple, à la planche 3BM, il s’agit de lier les affects (dépression, tristesse) à une représentation (absence, mort, donc perte d’objet)516. Les affects agressifs peuvent aussi s’exprimer de façon plus au moins massive ( 1-3, B2-2, B2-3, E2-3) et liés ou non à des représentions.

Concernant les représentations du corps, les attributs physiques alloués aux personnages au TAT renvoient à cette question. Par exemple, à la planche 2, le personnage masculin

158 peut être perçu comme « sain et musclé », à la 13MF, le thème du médecin qui soigne une femme très malade peut émerger, le personnage de la planche 3BM peut être perçu comme étant bossu. La planche 10 peut induire aussi ce type de représentations (cotées E1-4) qui exprime la fragilité des assises narcissiques sur lesquelles reposent la représentation de soi. Les détails narcissiques évoqués en passation constituent des équivalents aux réponses « peau » du Rorschach517. Ces réponses traduisent la tentative de renforcement des enveloppes corporelles. Il en est de même pour les réponses mettant l’accent sur le sensoriel et les limites de l’espace qui font office de pare-excitation.

3.2. Hypothèse 2

La fatigue chez les fibromyalgiques pourrait être interprétée comme les effets d’une forme de dépression, non réactionnelle, préexistante à la maladie et caractérisée par une susceptibilité mélancolique. Les douleurs éprouvées constitueraient la composante mélancolique de cette dépression.

Nous avons formulé dans ce travail l’idée que chez les fibromyalgiques l’objet était mal différentié. L’hypothèse que nous opérationnalisons ici repose donc sur cette idée et sur celle que, dans l’inconscient, l’agressivité nécessaire à la séparation de l’objet, ici persécuteur, est retournée contre soi. Penser la séparation, donc la perte, devient un travail singulièrement difficile par le fait que l’élaboration de la séparation implique une représentation de l’objet suffisamment consistante et suffisamment différentiée. Or, ici, les aléas de la constitution de l’objet primaire rend cette tâche particulièrement ardue pour le psychisme car un objet primaire mal formé ne « soutient » pas suffisamment l’absence et donc, la perte. Ceci se traduirait par une difficulté voire une incapacité à traiter l’excitation pulsionnelle et sous-tend la précarité de la symbolisation. Dès lors, le traitement de la perte peut s’avérer problématique.

Nous nous attendons à ce que, lors des entretiens, on ne trouve pas l’expression de façon prévalente et directe des affects de tristesse mais plutôt la manifestation de plaintes somatique, douleurs et fatigue, et aussi l’expression d’autodépréciations. Nous nous attendons aussi à trouver chez ces sujets fibromyalgiques une agitation d’allure maniaque, un certain activisme et par conséquent, une tendance à l’épuisement, notamment face à la difficulté à gérer l’excitation pulsionnelle sollicitée par le matériel. Mais ces difficultés peuvent aussi générer chez certains sujets un blocage, une restriction, voire un refus.

159 Les épreuves projectives mettant à l’épreuve des opérations symbolisantes nous permettront d’appréhender ces processus. Pour nous, il est probable qu’apparaissent ici deux types de mouvements, qui peuvent être en balancier :

- des manifestations d’allure dépressive qui rendent compte des difficultés d’élaborer la perte. Ces manifestations sont d’ailleurs susceptibles de véhiculer des thématiques de dévitalisation et de détérioration qui témoignent d’une réactivation d’effractions sur le Moi-corps données de façon pas ou peu symbolisée ;

Et/ou :

- des indices faisant penser à la dépression essentielle avec de possibles « moments » de fonctionnement opératoire. Dans ce cas, nous pouvons observer une tendance à la restriction voire au refus et des accrochages au percept ou à la conformité. Cette recherche adaptative serait le pendant de la fragilité narcissique du sujet.