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de lever des fonds c’était beaucoup plus compliqué – il fallait justifier de trop de choses, c’était une usine à gaz. Cela fait partie des contraintes pratiques. Du point de vue des tours opérateurs je pense que le tourisme responsable est pensé comme du greenwashing pour l’instant. Le durable n’est pas intégré. Autant chez Double sens c’est intégré depuis le départ, autant pour les autres agences c’est un truc qui vient en plus. Après cela est entrain d’évoluer… Oui mais il faudrait que ça évolue plus vite…! Un travail d’éducation du voyageur sans pour autant le culpabiliser.

Sélectionnez-vous des prestataires selon leurs pratiques écoresponsables ?

On a des critères là-dessus, c’est important. Après les équipes sont motivées. On n’a pas besoin de les briefer. Le frein il vient très souvent des dirigeants eux- mêmes et des peurs qu’on peut avoir. En Asie, tout le monde a envie de bouger, il y a une vraie sensibilité là- dessus. Après la difficulté dans les réceptifs qu’on a c’est qu’on se voit toujours comme des concurrents. Il y a vraiment du mal à partager nos idées.

Des associations de développement local sont-elles associées à vos projets ?

Oui tout à fait, on travaille toujours avec des ONG dans nos projets. On n’a pas la compétence d’une ONG, mon métier c’est d’être agent de voyage donc on va investir, on va mettre en place des ressources internes qui vont travailler dessus et on va toujours le faire avec des ONG et c’est comme ça qu’on travaille avec Double Sens d’ailleurs. Après on évalue chacune des ONG et leur sérieux. Et nos fournisseurs sont au courant des critères de Travel Life, on leur communique. Le problème qui va se poser c’est le programme de l’augmentation de prix pour avoir quelque chose qui est durable et 10% de la population des consommateurs qui sont heureux de payer plus chers.

Travaillez-vous avec Responsible Tourism Club Vietnam (RTC) ?

Non on ne travaille pas avec eux, je ne les connais même pas.

Ou Amica Travel ?

Non on ne travaille pas avec eux, et puis il y a une certaine méfiance. Quand on parle de durable dans nos produits on donne des critères sur nos produits, on va travailler avec telle ou telle famille mais je ne vais pas leur donner les familles avec qui je travaille.

On doit faire attention à toutes ces choses-là. Et puis on peut avoir des concurrents pas très sympas.

Mais, c’est un peu paradoxal du coup ?

Oui complètement, il y a une grande méfiance et puis on ne prend pas le temps de parler. Et là-dessus en plus, les autorités vietnamiennes ne font rien.

Existe t-il une politique touristique dans votre pays en matière de tourisme durable ?

D’un point de vue du tourisme au Vietnam, les autorités se qui les intéressent c’est que les touristes augmentent en flèche. Il n’y a pas de démarches de qualité mais de quantité. Pour l’instant c’est d’avoir des bourses d’investissements qui viennent au Vietnam.

Si l’on prend la Bai d’Halong c’est le pire exemple qu’on puisse trouver. En Asie, les autorités ne font rien, que ce soit au Cambodge, c’est pareil. Toutes les initiatives viennent du privé. Ce sont des initiatives locales.

Les acteurs institutionnels locaux sont-ils suffisamment conscients de l’enjeu que représente le tourisme durable ?

Non ils s’en foutent, le but est d’avoir le plus de rentrée d’argent possible.

Après, en Thaïlande ils ont beaucoup d’initiatives, non ?

En Thaïlande oui ils ont plus de démarches – ils savent ce que c’est le tourisme de masse mais ceci dit, le tourisme sexuel ils continent toujours autant. Il y a des actions par rapport à la nature etc., mais il y a toujours des paradoxes. L’intéressant serait qu’ils mettent en place des quotas pour les temples d’Angkor avec des heures de visites. Et autre chose aussi qui est difficile dans nos régions, c’est que la Thaïlande est associée à une destination « pas chère » alors que la Thaïlande en terme de coût c’est aussi cher que l’Italie. Si vous voulez du tourisme de qualité cela sera cher. Si vous voyagez en backpacker ce sera différent évidemment. Si vous prenez un voyage avec un chauffeur et un guide par jour les prix seront largement justifiés. Donc cette perception des occidentaux de l’Asie « pas chère » c‘est pas vraie. Les salaires en 10 ans, ils ont doublés.

Dans votre activité, rencontrez-vous des problématiques particulières ?

(Sur l’accompagnement, la formation, au niveau des politiques locales…pour faire appliquer un tourisme responsable ?)

Le problème qu’on aura sur le tourisme local c’est « l’isolement » qu’on a en tant qu’entreprise sur place.

Après il y a GSTC qui pourrait être intéressant auquel on a participé cette année. Mais il faut avoir des dirigeants du tourisme responsable.

Êtes-vous directement ou indirectement impacté par les changements climatiques ?

Easia Travel soutien des projets conformes aux meilleures pratiques offrant une valeur ajoutée pour l’environnement et les communautés locales. Mesurer l'empreinte carbone associée aux déplacements en utilisant un calculateur d'émissions de carbone (de sociétés comme Carmacal), puis planifier la réduction de cette empreinte au moyen de produits alternatifs et en participant à des activités de compensation des émissions de carbone (comme planter des arbres). Nos projets de compensation volontaire visent à stimuler un développement économique efficace et des avantages environnementaux pour les communautés locales. Les bons projets de compensation des émissions de carbone ont ces avantages supplémentaires pour les communautés dans lesquelles ils se déroulent : ils stimulent le développement économique, améliorent la qualité de la vie et inspirent les projets de développement social.

La culture locale du pays est-elle suffisamment représentée ?

Conserver l’habit traditionnel ? J’en sais rien.

Existe-il des risques de folklorisation (mise en scène des us et coutumes uniquement pour le tourisme) ?

Déjà naturellement – tous les foyers ils ont la TV. Les séries qui passent ce sont les séries sud-coréennes et Hollywood. Donc cela à un effet d’uniformatisation. Naturellement pour eux, le développement c’est de ressembler à un américain. On fait du mieux qu’on peut, on fait attention à ce qu’on fait mais les tendances macro on y peut rien. Par exemple, il y a

certains lieux où je ne vais pas amener de touristes. Le lieu est tellement préservé que ce sera inutile. Si on prend la France de maintenant, est-ce qu’elle est moins authentique qu’il y a 30 ans ? Est-ce que ça veut dire rester à l’âge de pierre ? Est-ce que conserver l’habit traditionnel signifie conserver la culture antique traditionnelle ? J’en sais rien. Après quand on s’engage avec une famille ou une communauté, l’important c’est d’être sûr ce quoi on s’engage, de répondre aux attentes que l’on a discutées ensemble. Pour moi c’est l’aspect le plus important. Et vous avez toutes les natures humaines, ce sont qui sont généreux, ceux qui sont égoïstes, ceux qui sont opportunités, ceux qui sont honnêtes, il y a toute la palette humaine. Nous avec ça, on va se faire un réseau sur place avec les gens qui vont nous ressembler, les gens avec qui on va bien s’entendre. Puis après regarder l’impact sur l’environnement, l’équilibre du voyage, qu’il n’y est pas qu’une famille qui s’accapare la richesse. [Remerciements, cordialités, salutations] Retranscription entretien – Club de tourisme responsable au Vietnam (RTC) Date : 26 juin 2019 Durée : 50 minutes. Lieu : Périgueux, France – Hanoï, Vietnam. Profession : Collaboratrice du réseau de tourisme responsable au Vietnam Conditions d’entretiens : L’entretien a été réalisé par visioconférence en anglais (traduction immédiate dans la retranscription). Pouvez-vous présenter rapidement le RTC ? Le Club du tourisme responsable du Vietnam (RTC) est une association informelle de différentes agences de voyages, ONG et individus voués à la construction, à la pratique et au développement de voyages responsables pour une croissance durable du tourisme

dans toutes les régions du Vietnam et nous existons depuis 2009. Cela fait 10 ans maintenant et nous sommes juste un club.

RTC n'est pas une association de formation ou une agence de marketing. Que ce soit un voyagiste, une organisation ou un particulier, volontaire pour

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