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1.Les dynamiques de peuplement en Bretagne

1.1. Depuis 1968 : la forte attraction du littoral et des villes

A partir du milieu du XXème siècle, la Bretagne n’est plus la terre d’exode et d’émigration importante qu’elle était depuis 1850 (Ollivro, 2005) : elle renoue en effet avec la croissance démographique, en particulier lors de la dernière décennie de mesure (1999-2009) avec une progression de 9,2 % pour compter 3 175 064 habitants en 2009. Les recensements de l’INSEE depuis 196843, associés aux bases de données cartographiques du laboratoire ESO-Rennes (UMR CNRS 6590 de l’Université Rennes 2) permettent grâce aux SIG de caractériser l’évolution démographique à partir de la distance aux espaces les plus attractifs du territoire breton : le trait de côte du littoral d’une part et les villes d’autre part.

43 Le dernier recensement disponible à l’échelle des communes est celui de 2009. Des données plus récentes existent, mais uniquement à l’échelle de la région ou des départements, comme en 2010 où l’INSEE comptabilise 3 199 000 habitants (INSEE Bretagne, 2012 a) et en 2011 avec une estimation encore provisoire de la population bretonne à 3 221 450 habitants (INSEE Bretagne, 2012 b).

1.1.1. Evolutions de la distance de la population au littoral44

En 2009, un habitant de Bretagne se trouve en moyenne à 23 km du littoral, une distance qui a peu évolué depuis 1968 lorsqu’elle était de 21 km. Cette moyenne relativement élevée et stable dans le temps s’explique notamment par le poids démographique de l’agglomération rennaise45 qui tend à équilibrer celui des communes littorales. Cette mesure moyenne effectuée à l’échelle de la région cache en effet d’importantes disparités départementales.

CARTE 19 – LA DISTANCE KILOMETRIQUE DES COMMUNES DE BRETAGNE AU TRAIT DE COTE SIMPLIFIE DU LITTORAL

Sources : laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et recensements INSEE - Réalisation : DUPONT J., 2012

44 La distance est calculée sur SIG et s’exprime en kilomètres. Elle est mesurée par une requête spatiale à partir de la mairie de chacune des 1 270 communes de la région en direction « du plus proche voisin », c’est-à-dire en ligne droite en direction de la destination la plus proche, ici, le littoral de la région Bretagne sous la forme d’un trait de côte « simplifié » excluant les rias ou abers qui entrent parfois profondément à l’intérieur des terres sans pour autant présenter le profil attractif du littoral de bord de mer (Carte 19).

45 En 2009, selon l’INSEE, la région Bretagne comptait 3 175 064 habitants dont un peu plus de 20 % dans l’aire urbaine de Rennes.

En effet, alors qu’un habitant d’Ille-et-Vilaine se trouve en moyenne à plus de 45 km de la mer (une distance en progression constante depuis 1968)46, un habitant du Finistère n’en est qu’à 7 km (une distance parfaitement stable depuis 1968). Le Morbihan et les Côtes-d’Armor affichent quant à eux une moyenne aux alentours de 15 km (une distance en baisse progressive depuis 1968) (Graphique 6).

GRAPHIQUE 6 – DISTANCE KILOMETRIQUE MOYENNE DE LA POPULATION DE BRETAGNE AU TRAIT DE COTE SIMPLIFIE DU LITTORAL DE 1968 A 2009

1968 1975 1982 1990 1999 2009

Côtes-d’Armor 15,2 14,6 14,3 14,0 13,7 13,4

Finistère 7,1 7,0 7,2 7,1 7,1 7,2

Ille-et-Vilaine 44,6 45,1 45,5 45,7 46,2 46,9

Morbihan 18,6 18,0 17,6 17,0 16,5 16,6

Bretagne 21,2 21,3 21,5 21,7 22,1 22,7

Sources : Laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et recensements INSEE de 1968, 1975,1982, 1990, 1999 et 2009 - Réalisation : DUPONT J., 2012

46 Il faut ici prendre en compte que 52 % de la superficie de l’Ille-et-Vilaine est située à plus de 50 km du littoral (dont la majeure partie de l’agglomération rennaise). De ce fait, ce département se distingue clairement des trois autres départements bretons plus « maritimes » disposant d’un littoral plus étendu, de très peu de communes situées à plus de 50 km de la mer et de grandes villes situées sur la côte (Brest, Lorient, Vannes, Saint-Brieuc, etc.).

La proximité du littoral est un élément structurant de la dynamique de peuplement en Bretagne puisque nos mesures montrent que 43 % de la population réside dans une commune située à moins de 10 km du littoral en 2009. En 1968 comme en 2009, la majorité de la population se localise principalement dans les communes situées à moins de 20 km du littoral47 et, dans une moindre mesure, dans les communes de l’agglomération rennaise situées à une cinquantaine de kilomètres du trait de côte48. Ce sont d’ailleurs dans ces deux groupes de communes que se localisent les plus fortes progressions démographiques tant en valeur absolue (Graphique 7) que relative (Graphique 8).

La lecture en cycles courts, permise par les recensements successifs de la population montre que jusqu’en 1999 ce sont les communes en position rétro-littorale immédiate (entre 5 et 10 km de distance) et celles du périurbain rennais (entre 60 et 65 km de distance) qui affichent les taux de croissance de la population les plus importants. Alors que les années quatre-vingt-dix confirmaient le schéma établit d’une baisse successive des taux d’évolution de la population dans les communes littorales49 et, à l’inverse, d’une augmentation constante pour les communes du périurbain rennais50, la dernière période intercensitaire (1999-2009) bouleverse complètement la donne. La croissance démographique semble désormais généralisée à l’ensemble des communes et plus ou peu en lien avec la distance au littoral. Ce constat est d’autant plus marquant pour les communes qui se montraient jusqu’alors très peu attractives du point de vue démographique, en particulier celles du rétro-littoral éloigné, situées entre 20 et 50 km de distance du trait de côte d’une part, et celles situées à plus de 75 km d’autre part. On constate également que les communes proches du littoral progressent de nouveau fortement51.

47 En 1968 comme en 2009, ces communes regroupent environ 60 % de la population bretonne, ce qui représente près d’1,5 millions d’habitants en 1968 et 1,9 millions en 2009.

48 Les communes situées entre 50 et 55km du littoral regroupent un peu plus de 320 000 habitants en 2009.

49 C’est le cas en particulier des communes situées entre 5 et 10 km du littoral. Le taux d’évolution de la population passait ainsi de pratiquement + 12 % en 1968-1975 et 1975-1982 à + 6 % en 1982-1990 pour atteindre seulement + 3 % lors de la période 1982-1990-1999.

50 De + 15,5 % en début de période à + 22 % pour 1990-1999.

51 Avec un taux d’évolution de près de + 13 % les communes situées entre 5 et 10 km du littoral renouent en effet avec les taux élevés enregistrés en début de période (cf. note de base de page n°49).

GRAPHIQUE 7 – REPARTITION DE LA POPULATION EN FONCTION DE LA DISTANCE DES COMMUNES AU TRAIT DE COTE « SIMPLIFIE » DU LITTORAL EN

BRETAGNE EN 1968 ET 2009

Sources : Laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et INSEE - Réalisation : DUPONT J., 2012

GRAPHIQUE 8 – EVOLUTION DE LA POPULATION EN FONCTION DE LA DISTANCE DES COMMUNES AU TRAIT DE COTE « SIMPLIFIE » DU LITTORAL EN

BRETAGNE POUR CHAQUE PERIODE INTERCENSITAIRE DE 1968 A 2009

Sources : Laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et INSEE - Réalisation : DUPONT J., 2012 0

Distance au trait de côte "simplifié" du littoral 1968 2009

Distance au trait de côte "simplifié" du littoral

1968-1975 1975-1982 1982-1990 1990-1999 1999-2009

Seul point de stabilité entre la courbe intercensitaire 1999-2000 et les périodes précédentes représentées sur le Graphique 8, les communes situées entre 50 et 55 km du littoral (dont Rennes fait partie) qui sont stables autour de 5 %, et celles situées entre 60 et 65 km qui poursuivent, malgré un léger tassement, leur importante croissance démographique52. Cette dynamique décrite par la courbe intercensitaire 1999-2000 est-elle l’illustration d’une nouvest-elle donne territoriale caractérisée par une évolution positive de la population quelle que soit la distance au littoral des communes ? Voyons si l’analyse, dans le point suivant, de la répartition de la population bretonne par rapport à la distance aux principales villes de la région pourra apporter quelques éléments de réponse.

1.1.2. Evolutions de la distance de la population aux principales villes53

Distinguer les communes de Bretagne en fonction de leur distance à quatre « classes » de villes permet une mesure de la répartition géographique de la population sur le territoire régional. A titre d’exemple, nos calculs permettent d’estimer à 1,2 millions le nombre de Bretons résidant dans une commune située à moins de 5 km d’une ville d’au moins 10 000 habitants en 2009 (soit 40 % de la population régionale). Une proportion qui atteint 55 % à moins de 10 km et 80 % à moins de 20 km54 (Graphique 9).

Mais voyons tout d’abord dans la double page suivante ce à quoi ressemble la Bretagne lorsque que l’on effectue un regroupement communal en fonction de la distance aux quatre classes de ville définies (Carte 20).

52 Une croissance démographique en progression constante avec + 15,8 % pour la période 1968-75, + 15,2 % en 1975-82, + 16,9 % en 1982-1990, + 21,8 % en 1990-1999 puis un léger « tassement » avec + 18,5 % pour la dernière période 1999-2009.

53 La distance est calculée sur SIG et s’exprime en kilomètres. Elle est mesurée par une requête spatiale à partir de la mairie de chacune des 1 270 communes de la région, en direction « du plus proche voisin », c’est-à-dire en ligne droite en direction de la destination la plus proche, ici, quatre

« classes » de ville : les communes de plus de 7 500, de plus de 10 000, de plus 15 000 et celles de plus de 30 000 habitants. Cette requête a été effectuée pour chaque année de recensement (1968, 1975, 1982, 1990, 1999 et 2009) puisque le nombre de communes dans les trois « classes » a évolué au fil du temps (Annexe 3). Après plusieurs mesures et comparaisons, il est décidé de retenir la situation de 2009, la plus récente, comme unique référence pour tous les calculs de distance de la population aux « classes » de ville.

54 Pour comparaison, en 1968, on estime que 35 % de la population se localisait à moins de 5 km d’une ville de 10 000 habitants, 45 % à moins de 10 km et 71 % à moins de 20 km (données de population et « classes » de villes selon le recensement de l’INSEE de 1968).

CARTE 20 – LA REPARTITION DES COMMUNES DE BRETAGNE EN FONCTION DE LEUR DISTANCE A QUATRE « CLASSES » DE VILLE EN 2009

Distance aux 7 communes de plus de 30 000 habitants

Distance aux 18 communes de plus de 15 000 habitants

Distance aux 35 communes de plus de 10 000 habitants

Distance aux 46 communes de plus de 7 500 habitants

Sources : Laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et INSEE 2009 - Réalisation : DUPONT J., 2012

GRAPHIQUE 9 – LA REPARTITION DE LA POPULATION DES COMMUNES BRETONNES EN FONCTION DE LEUR DISTANCE A TROIS « CLASSES » DE VILLES

Exemple de lecture : En 2009, 1,2 millions de bretons résident dans une commune située à moins de 5 km d’une ville de plus de 10 000 habitants.

Sources : Laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et INSEE 2009 Réalisation : DUPONT J., 2012

Villes de plus de 30 000 habitants Villes de plus de 15 000 habitants Villes de plus de 10 000 habitants

0

Ces chiffres pourraient être encore plus élevés en abaissant un peu le seuil des 10 000 habitants et en prenant en compte l’effet frontière avec les villes des régions voisines situées à proximité55 : dans ce cas, toujours en 2009, ce sont alors près de deux Bretons sur trois qui habitent à moins de 10 km d’au moins une « petite ville » (plus de 7 500 habitants) et très rares seraient les communes qui en seraient éloignées de plus de 30 km56. Lorsque l’on considère la distance kilométrique de la population aux trois principales « classes » de villes, on relève qu’un habitant de Bretagne réside en moyenne à 11 km d’une ville comptant au moins 10 000 habitants. La moyenne est 14 km pour la distance à une ville de plus de 15 000 habitants et de 20 km pour celles de plus de 30 000 habitants.

Depuis 1968, la tendance est au raccourcissement de ces distances, sauf lors de la dernière période intercensitaire (1999-2009) où pour la première fois, la distance kilométrique moyenne de la population régionale aux communes les plus peuplées croît57. Cette situation concerne la Bretagne dans son ensemble, à l’exception des Côtes-d’Armor qui, quelle que soit la « classe » de ville considérée, continue de voir sa distance kilométrique moyenne baisser (Graphique 10). Mais il est toutefois difficile d’interpréter des indicateurs composés de deux variables évolutives comme c’est le cas ici : les évolutions de la distance kilométrique moyenne aux trois classes de ville s’expliquent-t-elles par l’émergence de « nouvelles communes » dans ces trois classes ou est-ce le fait des dynamiques de peuplement ?

55 En élargissant le seuil des 10 000 habitants, sept villes pourraient se rajouter à la carte. Par ordre d’importance démographique (selon l’INSEE en 2009) : Loudéac dans le sud des Côtes-d’Armor (9 990 habitants), Pacé dans le centre de l’Ille-et-Vilaine et Redon dans le sud-ouest (9 500 habitants chacun), Ploërmel dans le nord-est du Morbihan (9 000 habitants), Paimpol (7 800 habitants) et Guingamp (7 500 habitants) respectivement situés dans le nord et le centre des Côtes-d’Armor et enfin Carhaix-Plouguer au centre-est du Finistère (7 700 habitants). De même, en prenant en compte l’effet frontière, quatre communes situées à moins de 20 km de la limite régionale et avoisinant ou dépassant les 10 000 habitants pourraient compléter le réseau avec Avranches dans la Manche (8 000 habitants) et trois communes de Loire-Atlantique : Pontchâteau (9 500 habitants), Châteaubriant (12 000 habitants) et Guérande (15 000 habitants).

56 Cela ne concernerait en fait que 9 des 1 270 communes de la région dont 7 en situation insulaire.

Les 2 autres communes sont localisées au cœur de l’Argoat, à la rencontre des limites administratives de trois départements (Côtes-d’Armor, Ille-et-Vilaine et Morbihan). Il s’agit de Saint-Méen-le-Grand (4 350 habitants) et de Trémorel (1 100 habitants) commune voisine de Merdrignac (3 100 habitants). Ces 9 communes sont donc soit isolées soit du fait de leur caractère insulaire, soit constituent ce que l’IAU-IDF désigne comme « bourg » au sens d’un ensemble urbain moins important qu’une ville, mais disposant de commerces et d’équipements (IAU-IDF, 2009).

57 Par exemple, dans le cas des villes de plus de 10 000 habitants : - 10,5 % sur la période 1968-1999 puis + 2,7 % pour la décennie 1999-2009.

GRAPHIQUE 10 – EVOLUTION DE LA DISTANCE KILOMETRIQUE MOYENNE DE LA POPULATION DE BRETAGNE AUX TROIS « CLASSES » DE VILLES DE 1968 A

2009

Sources : Laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et INSEE - Réalisation : DUPONT J., 2012

Deux éléments de réponse : d’une part la grande majorité des « nouvelles communes »58 se localisent en périphérie immédiate de communes très peuplées comme Rennes, Brest et Lorient, ce qui ne bouleverse pas la répartition des trois classes de ville ; d’autre part, on remarque que la croissance démographique sur la période 1968-2009 concerne en particulier les communes situées à proximité immédiate des villes, ce qui se vérifie tant en valeur absolue (Graphique 11) que relative (Graphique 12) et ce quelle que soit la classe de ville prise en compte. Il semblerait donc que l’évolution des distances moyennes aux trois classes de villes soit principalement liée aux dynamiques de peuplement.

58 Dans le temps, le nombre d’enregistrement dans les « classes » de villes évolue. A titre d’exemple on comptait 19 communes de plus de 10 000 habitants en 1968. En 2009, elles sont désormais 35 (Annexe 3Annexe 3).

GRAPHIQUE 11 – LE BILAN DEMOGRAPHIQUE 1968 - 2009 EN VALEURS ABSOLUES DES COMMUNES BRETONNES EN FONCTION DE LEUR DISTANCE A

TROIS « CLASSES » DE VILLES

Sources : Laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et INSEE 2009.

Réalisation : DUPONT J., 2012.

Villes de plus de 30 000 habitants Villes de plus de 15 000 habitants Villes de plus de 10 000 habitants

-20 000

GRAPHIQUE 12 – LE BILAN DEMOGRAPHIQUE 1968 - 2009 EN VALEURS RELATIVES DES COMMUNES BRETONNES EN FONCTION DE LEUR DISTANCE A

TROIS « CLASSES » DE VILLES

Sources : Laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et INSEE 2009.

Réalisation : DUPONT J., 2012.

Villes de plus de 30 000 habitants Villes de plus de 15 000 habitants Villes de plus de 10 000 habitants

-20 000

Ainsi, la distance moyenne diminue puisque la population augmente dans et à proximité des villes (exode rural puis étalement urbain) ce qui était le cas depuis 1968. A l’inverse, la distance moyenne augmente lorsque la croissance de la population est portée par des territoires plus éloignés des centres des villes, comme c’est le cas de la dernière période intercensitaire (Carte 21).

CARTE 21 – LE BILAN DEMOGRAPHIQUE DES COMMUNES BRETONNES PAR PERIODES INTERCENSITAIRES DEPUIS 1968

Source : AUDIAR, 2008a, p. 32

« L'exode rural a été très prononcé entre 1962 et 1975 puis s'est atténué entre 1975 et 1999 avant de se tarir lors de la dernière période. Les dernières estimations de population laissent en effet apparaître un fort regain d'attractivité des espaces ruraux, où de nombreuses communes retrouvent la croissance démographique, excepté dans le Centre-Ouest Bretagne (triangle

Carhaix-Rostrenen-Gourin). La poussée de la périurbanisation n'a jamais été aussi forte que dans la période la plus récente, notamment au sud du Morbihan et autour de Rennes » (AUDIAR, 2008a, p. 33).

Nos mesures réalisées entre 1999 et 2009 confirment cette situation nouvelle puisque ce sont les communes situées entre 10 et 20 km d’une ville de plus de 30 000 habitants qui enregistrent les plus fortes hausses de population. Depuis 1999, tous les territoires, quelle que soit leur distance à une ville de plus de 30 000 habitants, enregistrent une croissance démographique positive (Graphique 13 et Graphique 14). On observe ainsi un changement très net par rapports aux précédentes années dans la localisation de la croissance démographique qui se traduit par un véritable « décalage spatial ». En effet, entre 1999 et 2009, la croissance démographique est non seulement importante59 mais surtout ce ne sont plus les communes situées à moins de 15 km des villes qui concentrent les gains de population. Les communes situées à moins de 15 km d’une ville de plus de 30 000 habitants accueillaient en moyenne, jusqu’en 1999, environ 80 % de la croissance démographique. Pour la dernière période de mesure (1999–2009), cette proportion est passée à 30 %. Désormais ce sont les communes situées entre 10 et 25 km qui accueillent plus de la moitié (52 %) des gains en effectifs de la population bretonne (Graphique 14).

Le bilan démographique exprimé en valeurs relatives (Graphique 13) souligne bien ce changement de paradigme intervenu lors de la dernière décennie, en particulier pour les communes qui jusqu’alors stagnaient ou perdaient de la population (au-delà de 25 km) et qui enregistrent depuis 1999 une croissance démographique de l’ordre de + 5 à + 15 %60. Soulignons encore le fait que sur cette dernière période, les communes de plus de 30 000 habitants et celles situées à leur proximité immédiate (moins de 5 km) perdent de la population. Un constat confirmé par l’observation des mesures réalisées pour les deux autres « classes » de villes (Annexe 4 pour les villes de plus de 15 000 habitants et Annexe 5 pour celles de plus de 10 000).

59 Une croissance démographique importante avec 266 786 habitants nouveaux : un gain plus de deux fois supérieur à celui mesuré au cours de la précédente décennie 1990-1999.

60 Pour compléter la lecture, on observe que les courbes intercensitaires du Graphique 13 indiquent une remontée des valeurs relatives au-delà des 50 km. Cela s’explique par la présence de villes petites ou moyennes de moins de 30 000 habitants comme Lannion dans les Côtes-d’Armor (près de 20 000 habitants en 2009) ou Redon en Ille-et-Vilaine (près de 10 000 habitants).

GRAPHIQUE 13 – BILAN DEMOGRAPHIQUE DES COMMUNES DE BRETAGNE EN FONCTION DE LEUR DISTANCE A UNE VILLE DE PLUS DE 30 000 HABITANTS DE

1968 A 2009

Evolution en valeur absolue (en effectifs)

Evolution en valeur relative (en %)

Bilan démographique de la Bretagne

1968-1975 1975-1982 1982-1990 1990-1999 1999-2009

+ 127 204 hab + 112 455 hab + 87 752 hab +112 640 hab +266 786 hab

Sources : Laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et INSEE.

Réalisation : DUPONT J., 2012

Distance à la ville de plus de 30 000 habitants la plus proche 1968-1975 1975-1982 1982-1990 1990-1999 1999-2009

Distance à la ville de plus de 30 000 habitants la plus proche

1968-1975 1975-1982 1982-1990 1990-1999 1999-2009

GRAPHIQUE 14 – REPARTITION DU BILAN DEMOGRAPHIQUE DES COMMUNES DE BRETAGNE EN FONCTION DE LEUR DISTANCE A UNE VILLE DE PLUS DE

30 000 HABITANTS DE 1968 A 2009

Répartition du bilan démographique sur l’ensemble de la période

Répartition du bilan démographique pour chaque période intercensitaire

Exemple de lecture : Entre 1968 et 2009 (barre du haut), 40 % des gains de population se sont localisés à moins de 10 km d’une ville de plus de 30 000 habitants.

Sources : Laboratoire ESO-Rennes (Université Rennes 2) et INSEE - Réalisation : DUPONT J., 2012.

Les dynamiques de peuplement relativisées par la distance soit au littoral, soit aux villes confirment l’attraction exercée par ces espaces sur la population ainsi que l’avait déjà mentionnée l’analyse sur le long terme (1851-1999). Mais la particularité de la dernière période intercensitaire (1999-2009) marquée par une augmentation des distances moyennes et des gains de population qui tendent à s’éloigner des espaces attractifs s’explique-t-il par le poids démographique nouveau du périurbain (population jeune en augmentation du fait des familles qui y résident) face à des centres-villes à la population plutôt stable et vieillissante, ou est-il le fait d’un étalement urbain toujours plus lointain

-20% 0% 20% 40% 60% 80% 100%

1968-2009

moins de 5 km de 5 à 10 km de 10 à 15 km de 15 à 20 km de 20 à 25 km de 25 à 30 km de 30 à 35 km de 35 à 40 km plus de 40 km

-20% 0% 20% 40% 60% 80% 100%

1968-2009

moins de 5 km de 5 à 10 km de 10 à 15 km de 15 à 20 km de 20 à 25 km de 25 à 30 km de 30 à 35 km de 35 à 40 km plus de 40 km

-20% 0% 20% 40% 60% 80% 100%

1968-1975 1975-1982 1982-1990 1990-1999 1999-2009

avec l’arrivée de population extérieure à la commune ? Les données de la migration résidentielle proposée par l’INSEE permettent d’apporter un premier élément de réponse61. Ainsi, en 2008, 26 % de la population régionale de Bretagne résidait dans une autre commune en 2003, une commune « d’origine » d’ailleurs très souvent localisée dans le même département (par exemple à 90 % dans le cas du Finistère). La part de ces nouveaux arrivants (CERTU, 2011a) (Carte 23) est particulièrement importante en Ille-et-Vilaine et pour le pays de Vannes, mais également pour les communes rétro-littorales du nord-ouest de la région (axe Brest-Lannion). Ces territoires, signe de leur forte attractivité, enregistrent en effet une activité migratoire importante et relativement récente (Carte 22) ainsi qu’un nombre d’occupants par logement plus élevé que dans le reste de la région (Carte 24) et un fort taux de natalité (Carte 25).

CARTE 22 – LES MIGRATIONS RESIDENTIELLES EN BRETAGNE EN 2008 : LA PART DES MENAGES AYANT EMMENAGES DEPUIS 30 ANS OU PLUS

Réalisation : DUPONT J., 2012 (sur Géoclip)

61 Les bases sur les flux de migrations résidentielles de l’INSEE fournissent, pour l'ensemble des

61 Les bases sur les flux de migrations résidentielles de l’INSEE fournissent, pour l'ensemble des