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1. Stau2 et la réponse aux dommages à l’ADN

1.3 Rôle de Stau2 et de la diminution de son expression dans la réponse aux dommages à

1.3.1 Association entre Stau2 et des ARNm codant pour des protéines impliquées dans la

Le tableau I présente les ARNm que nous avons sélectionnés afin d’étudier plus en détail le rôle potentiel de Stau2 dans la réponse aux dommages à l’ADN, soient les ARNm codant pour la caspase 2, pour Bcl-xS et/ou Bcl-xL, DFFB, le cytochrome c, RAD1, PPP6C, MDM4 et E2F4. Nous avons choisi des ARNm codant pour des protéines impliquées dans l’apoptose, soit des protéines proapoptotiques, comme la caspase 2, Bcl-xS et le cytochrome c, ou alors, dans le cas de Bcl-xL, antiapoptotique. En ce qui concerne DFFB, cette protéine constitue une des sous-unités formant le facteur impliqué dans la dégradation de l’ADN après le déclenchement de l’apoptose. Nous avons aussi sélectionné les ARNm codant pour RAD1, une protéine plutôt impliquée dans la réparation de l’ADN, ainsi que MDM4, un inhibiteur de p53, qui peut donc agir à plusieurs niveaux dans la réponse aux dommages à l’ADN. De plus, l’ARNm codant pour la phosphatase PPP6C a été examiné. Son rôle dans la réponse au stress n’est pas bien connu, mais des évidences montrent que la déplétion de son expression stimule l’apoptose (MacKeigan et al., 2005). Enfin, nous avons choisi l’ARNm codant pour E2F4, un facteur répresseur de la famille E2F dont l’expression semble être diminuée en réponse à un stress génotoxique (Ma et al., 2004). Ces ARNm ont été sélectionnés à partir des données de micropuces obtenues dans notre laboratoire afin d’identifier les ARNm présents dans un même complexe que Stau2-HA, dans des cellules HEK293T (Furic et al., 2008). Par conséquent, il est impératif de confirmer l’interaction entre Stau2 endogène et ces ARNm dans les cellules

HCT116 employées dans cette étude. Ce sera particulièrement intéressant de comparer si Stau2 s’associe aux ARNm codant pour Bcl-xS et Bcl-xL de la même façon. En fait, bcl-xl n’est plus long que bcl-xs que de 200 paires de bases, sur une longueur totale de plus de 2000 paires de bases, donc il serait pertinent de vérifier quelle région est reconnue par Stau2 dans cet/ces ARNm, une région commune aux deux transcrits ou la région supplémentaire présente dans bcl-xl, mais pas dans bcl-xs. Enfin, il faut préciser que plus de 8% des ARNm associés à Stau2 se retrouvent dans les catégories apoptose et mort cellulaire lorsqu’on se penche sur leur classification GO et que ce nombre augmente encore si on inclut d’autres processus de la réponse à l’ADN, comme la réparation de l’ADN (Furic et al., 2008). Conséquemment, les ARNm discutés ici ne sont pas les seuls pouvant s’associer à Stau2 et codant pour des protéines impliquées dans la réponse aux dommages à l’ADN.

Jusqu’à maintenant, nous n’avons qu’effleuré la surface de tout le travail à faire par rapport à l’importance de l’interaction possible entre ces ARNm et Stau2, mais ce que nous avons souhaité faire d’abord et avant tout est d’étudier l’effet d’un traitement à la CPT sur l’expression de ces ARNm. La figure 36 montre ainsi que l’expression d’aucun des ARNm analysés n’est modifiée de façon aussi importante que celle de l’ARNm codant pour Stau2. Cependant, nous pouvons tout de même en tirer certaines observations supplémentaires, certaines attendues et certaines autres plus surprenantes. Ainsi, il n’est pas étonnant de remarquer une augmentation de l’expression des ARNm codant pour le cytochrome c, pour DFFB et pour RAD1, étant donné les fonctions importantes de ces protéines dans des processus spécifiques de la réponse aux dommages à l’ADN. Au contraire, nous observons une diminution de l’expression de ppp6c, ce qui concorde avec sa possible fonction antiapoptotique, et de bcl-xl. Néanmoins, nous observons aussi une diminution de l’expression de bcl-xs, ce qui semble de prime abord contradictoire. En effet, la régulation de l’épissage alternatif en faveur de bcl-xs en réponse à des dommages à l’ADN est assez bien documentée (section 5.2.1 de l’introduction), mais dans le présent cas, il ne semble pas y avoir de différence d’expression entre les deux messagers. Il est donc possible qu’une certaine régulation posttranscriptionnelle se produise en réponse à la CPT, mais que la régulation de l’interaction entre les différentes protéines de la famille Bcl-2 soit le type de régulation prédominante dans ce cas. Dans le cas de mdm4 et d’e2f4, nous aurions pu nous attendre à

observer une diminution de leur expression, mais ce ne semble pas le cas. Cependant, à part une étude montrant une diminution de l’expression d’E2F4 en réponse à un stress génotoxique (Ma et al., 2004), la régulation posttranscriptionnelle de ces deux transcrits en réponse à des dommages à l’ADN ne semble pas avoir été étudiée, ce qui pourrait indiquer qu’ils ne sont tout simplement pas soumis à ce type de régulation. La même situation pourrait se produire en ce qui concerne l’expression de la caspase 2, dont la régulation principale doit résider dans le clivage de la procaspase 2 lors du déclenchement de l’apoptose.

La question du rôle de Stau2 par rapport à l’expression de ces ARNm se pose alors. La première expérience à effectuer serait de dépléter l’expression de Stau2 dans les cellules HCT116 à l’aide de petits ARN interférents, d’analyser les niveaux d’expression des ARNm d’intérêts et de comparer les résultats de cette expérience à ceux de la figure 36. De cette façon, nous pourrions vérifier si l’effet observé après un traitement à la CPT peut être reproduit en déplétant directement l’expression de Stau2. Il est ainsi possible d’envisager un rôle pour Stau2 dans la stabilisation ou la déstabilisation de ses ARNm cibles. Par exemple, si l’expression des ARNm codant pour DFFB, RAD1 et le cytochrome c est toujours augmentée lors de la déplétion de l’expression de Stau2, ceci signifierait probablement que ces trois messagers sont des cibles du SMD. Leur expression dans des conditions normales serait donc diminuée via l’action négative de Stau2, et la réduction de Stau2 en réponse à des dommages à l’ADN serait nécessaire pour favoriser une augmentation de leur expression potentiellement essentielle à la mise en place de la réparation de l’ADN et/ou de l’apoptose. De la même façon, si une diminution de l’expression de l’ARNm codant pour PPP6C est toujours observée à la suite de la déplétion de Stau2 à l’aide d’ARN interférents, nous pourrions imaginer alors que Stau2 stabiliserait l’ARNm ppp6c dans des conditions normales et que cette stabilisation serait inhibée lors de la réduction de l’expression de Stau2 en réponse à la CPT.

Idéalement, il serait intéressant d’effectuer une étude à plus grande échelle et de comparer une analyse de micropuces faite à partir de cellules HCT116 traitées à la CPT à une telle analyse réalisée à partir de cellules HCT116 dans lesquelles l’expression de Stau2 aurait préalablement été déplétée. De la sorte, nous pourrions avoir un aperçu plus exhaustif des ARNm dont l’expression est modulée en réponse à des dommages à l’ADN à cause de la

réduction de l’expression de Stau2. Ceci nous permettrait potentiellement d’identifier de façon plus générale les ARNm faisant partie d’un potentiel opéron d’ARNm codant pour des protéines jouant un rôle dans la réponse au stress génotoxique contrôlée par Stau2.