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1 - L’Asie à l’heure de la « Nouvelle stratégie asiatique » européenne

L’histoire commune entre le continent européen et la région asiatique que nous avons étudiée nous permet d’en tirer une leçon essentielle, la colonisation a laissé des traces. Elle a influencé les élites locales, défini des frontières de façon artificielle et participé à l’idée d’une conscience asiatique commune. Si le rôle de l’Europe dans l’histoire n’est pas à négliger vu l’ampleur de la colonisation en Asie du Sud et de l’Est, le paysage asiatique dans lequel l’UE et ses États membres désirent jouer un rôle sera différent. L’UE veut y dépasser l’image d’une simple donatrice et peser véritablement dans une Asie qui connaît un miracle économique dans les années 1990 en comparaison d’un monde occidental touché par des crises économiques successives. Ni les guerres de décolonisation ni celles de la guerre froide, ne sont à seules responsables des lignes de fracture à l’origine de litiges que l’on constate aujourd’hui en Asie.

Ce ne sont que les héritières de celles qui ont façonné l’Asie avant l’arrivée des Européens.

Deux autres influences culturelles ont imprimé leurs marques sur l’Asie la civilisation bouddhiste et la civilisation confucéenne dans lequel l’idée d’Asian relativism puisera ses fondamentaux. La propagation du Bouddhisme, facilitée par la route de la soie et la route maritime des épices, partira d’Inde jusqu’en Indonésie sur l’île de Java et dans la péninsule indochinoise. La civilisation confucéenne se répandra dans les régions tributaires du système impérial chinois, la péninsule coréenne, le nord de la péninsule indochinoise et le Japon.

L’Indochine se trouvant alors divisée entre les deux.

La Chine fut la puissance dominante dans l’Asie orientale, le système du tribut et des vassaux étant à l’origine de la crainte qu’elle peut inspirer aujourd’hui. Cela engendrera une diaspora chinoise importante en Thaïlande, un pays à l’origine très anticommuniste, mais qui se rapprochera de Pékin par realpolitik. Elle sera présente également en Indochine et en Birmanie, un pays rattaché au monde indien par la colonisation britannique au 19ème siècle avant de réintégrer l’Asie de l’Est lors de sa décolonisation. Quant à l’influence indienne, sa civilisation portait à la fois les germes du Bouddhisme, de l’Hindouisme, mais elle fut également un grand foyer de diffusion de l’Islam en direction des mondes malais et

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indonésien. La présence de comptoirs commerciaux fondés par des commerçants indiens facilitera la propagation de la culture indienne vers l’Asie du Sud-est, mais il faudra attendre le Raj britannique pour que la région connaisse une forte immigration indienne. Cette culture s’est répandue sans une volonté d’implantation massive ou d’expansion guerrière de la part du sous-continent alors divisé en plusieurs royaumes. Il n’en demeure pas moins que l’Inde post guerre froide se basera sur cet héritage pour lancer sa Look East Policy et développer ses relations avec les pays de l’ASEAN et de l’Asie orientale. La diminution de la menace représentée par l’URSS poussera des pays comme la Corée du Sud ou Taiwan à faire évoluer leur posture diplomatique avec Pékin ou Moscou.

La conception indienne de l’Asie post guerre froide

L’Inde tient une place à part dans la région asiatique. Sa politique de non-alignement dans les années 1950 et son rapprochement avec l’Union soviétique dans les années 1970 l’avaient isolé en Asie, tout en l’empêchant de développer des relations approfondies avec l’occident et la Communauté européenne. Animée d’une volonté panasiatique et de solidarité afro-asiatique, l’Inde de Nehru avait l’ambition d’être pour l’Asie et l’Afrique décolonisées le guide vers une troisième voie, en dehors des deux blocs. La « Conférence des relations asiatiques » qui se tint en mars 1947 à New Delhi fut, avant Bandung, une des étapes de cette vision.

Réunissant 25 délégués et leaders indépendantistes de 25 états asiatiques, Nehru y dénonça le colonialisme et l’impérialisme. Mais c’est aussi par sa participation active aux missions des Nations unies et son souhait de jouer les médiateurs en Corée et en Indochine que l’Inde posséderait une aura internationale sans commune mesure avec son poids économique et militaire. La question du Cachemire, la libération par la force de Goa en 1961 ou le conflit frontalier sino-indien de 1962 aux origines complexes sonneront les efforts de solidarité asiatique de New Delhi qui s’engagera progressivement dans une realpolitik que la deuxième guerre indo-pakistanaise de 1965 ne fera que renforcer. Les États-Unis étant occupés par le Viêtnam, l’URSS se rapprochera de l’Inde en s’impliquant dans le traité de paix de Tachkent, signé en janvier 1966, qui mettra fin à ce conflit. Avatar du schisme sino-soviétique, Moscou et Delhi signeront alors un traité d’amitié et de coopération en 1971. Dans les années 1970, l’Inde n’a pas établi de relations durables avec les pays d’Asie du Sud-est ni d’ailleurs avec la

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Corée du Sud ou le Japon malgré une visite d’Indira Gandhi en 1973. Delhi considérait ces pays comme faisant partie de la sphère d’influence américaine.

Après le premier choc pétrolier de 1973 qui donnera plus d’importance au pays du Moyen-Orient au sein du mouvement des non-alignés, le rayonnement diplomatique de l’Inde sera amoindri et la poussera à se concentrer sur son environnement immédiat. En effet, elle s’inquiétait de la présence croissante des grandes puissances en Asie du Sud et dans l’Océan indien avec par exemple l’installation d’une base américaine sur l’îlot britannique de Diego Garcia. Indira Gandhi reconnaissait à l’Inde le droit d’intervenir dans les affaires intérieures de ses voisins au cas où un désordre purement interne menacerait la sécurité de l’Inde ou de sa région, c’était la naissance de la « doctrine Indira ». L’Inde s’affirmait comme la puissance régulatrice en Asie du Sud afin de défendre son périmètre de sécurité qui englobait les royaumes himalayens au nord, le Sri Lanka et les Maldives au sud. Cette attitude entraînera une méfiance de la part des pays de la région envers cette volonté hégémonique mal perçue en Asie orientale et du Sud-est. La création de la SAARC (South Asian Association for Regional Cooperation) en 1983, formalisée lors de son premier sommet à Dacca en 1985, cherchera à intégrer Delhi dans une organisation régionale chargée d’établir des programmes de coopération sur des thèmes précis comme l’agriculture, la science ou les technologies. C’est la première fois que l’Inde s’intéressait au régionalisme et délaissait sa vision globale.

Nonobstant, la question du Cachemire et du contentieux indo-pakistanais empêchera la SAARC de prendre de l’envergure. Arrivé au pouvoir en 1984, le successeur d’Indira Gandhi, Rajiv Gandhi, cherchera à améliorer le climat du sous-continent ainsi que les relations avec Washington, mais son interventionnisme au Sri Lanka à partir de 1987, le conflit économique indo-népalais et la question du partage des eaux avec le Bangladesh laisseront une Inde très isolée dans sa région, n’étant proche que de l’URSS au niveau global.

L’effondrement de l’Union soviétique aura un impact considérable sur la politique étrangère indienne, l’alliance soviétique formant la pierre angulaire de la doctrine indienne de sécurité.

Le non-alignement ne semblait plus avoir de sens et le pays se retrouva confronté à une crise financière majeure en 1991. L’Inde dépendait des fournitures de pétrole soviétique qui, par

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un accord triangulaire Irak-URSS-Inde, provenait d’Irak103. L’envol du cours du pétrole, le rapatriement de centaines de milliers d’expatriés indiens travaillant dans cette région et la perte des transferts d’argents laissa l’Inde dans une situation de quasi-banqueroute tandis que l’URSS exigeait désormais le paiement en devises des équipements qu’elle lui livrait. C’est ce qui décida le nouveau Premier ministre, Narasimha Rao (1991-1996), et son ministre des finances de l’époque, Manmohan Singh, d’assouplir l’emprise de l’État sur l’économie et de commencer un programme de libéralisation économique avec l’appui du FMI. Cela entraîna l’afflux de capitaux américains, donna une nouvelle importance aux relations indo-américaines et permit à New Delhi de mener une politique étrangère plus pragmatique, motivée par des impératifs économiques. Dans le but de participer à la réglementation de la mondialisation, elle s’engagea activement dans le multilatéralisme économique en participant à la fondation de l’Organisation Mondiale du Commerce. Isolée en Asie après avoir longtemps critiqué les régimes en place (à l’exception du Viêtnam), elle se rapprochera des pays de l’ASEAN en lançant la Look East Policy et tourner l’Inde vers des pays considérés comme des modèles de développement. De plus, ils suscitaient un sentiment de proximité suffisamment fort pour pouvoir s’en inspirer sans craindre de se renier au plan culturel. L’Inde ancienne entretenait depuis le IIIe siècle avant notre ère des relations florissantes avec cette région104. Aussi, cette politique se traduisit par un recentrage des relations économiques en direction des pays de l’ASEAN et du Japon. Le rapprochement indo-américain et l’évolution de sa politique étrangère vont participer à son intégration progressive dans la région asiatique même si les essais nucléaires de mai 1998, suivis rapidement par les essais pakistanais, susciteront l’inquiétude de ses voisins et de ses partenaires mondiaux. Alors que la communauté internationale cherche à dissuader la Corée du Nord de poursuivre son programme nucléaire militaire, le fait que deux pays adversaires continuent dans cette voie fait craindre que la région ne devienne le théâtre d’un conflit nucléaire.

L’Inde, que l’Union européenne redécouvrira lors du lancement de sa stratégie asiatique, sera un pays en pleine restructuration économique même si l’État dispose encore de levier important sur son marché intérieur. Bien que le rapprochement indo-américain sera plus

103 Jaffrelot Christophe (Dir.), L’Inde contemporaine de 1950 à nos jours, Paris, Fayard, 1997, p. 166.

104 Jaffrelot Christophe (Dir.), New Delhi et le monde. Une puissance émergente entre realpolitik et soft power, Paris, Éditions Autrement, 2008, p. 92.

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marqué après le 11 septembre et l’accord sur le nucléaire civil, les entreprises américaines investissent déjà massivement le marché indien. La politique de regard vers l’Est commence à porter ses fruits tandis que le conflit avec le Pakistan l’empêche de déployer les mêmes ambitions à l’ouest, outre avec Israël et l’Iran.

L’empreinte de la République populaire de Chine

Le paysage diplomatique asiatique aura été fortement marqué par l’émergence du régime communiste à Pékin. Pour ne citer que les exemples les plus importants, on retiendra le soutien au Vietminh indochinois en lutte contre les Français, le repli du Kuomintang sur l’île de Taiwan qui entraîne l’émergence de tensions persistantes entre Pékin et Taipei, la Guerre de Corée ou la RPC envoie des centaines de milliers de « volontaires » combattre les forces des Nations unies et le soutien aux insurrections communistes dans toute l’Asie du Sud-est.

La deuxième guerre d’Indochine aura, elle, des conséquences inattendues. Si les accords de Genève avaient pu prévenir une confrontation sino-américaine avec la constitution d’un État socialiste tampon, la République Démocratique du Viêtnam, la non-application de ces accords déclenchera l’intervention américaine. Le schisme sino-soviétique aidant, après l’échec de l’intervention américaine on assistera au rapprochement sino-américain de 1972 pour un des épisodes les plus marquants de l’histoire diplomatique asiatique. Si la RPC était importante pour les États-Unis pour contrer l’URSS, Washington devait aussi compter avec les réticences du Japon. Néanmoins, Pékin ayant initié d’importantes réformes économiques en 1978, elle attirera de nombreux investissements étrangers, principalement du Japon, des États-Unis et de l’Europe de l’ouest. La fin de la guerre froide diminua son attrait stratégique pour les pays occidentaux, mais renforça son rôle régional par l’intermédiaire d’un développement économique que connaissaient également les pays de l’ASEAN ou la Corée du Sud alors que le Japon allait plonger dans une crise économique.

Mais pour Pékin, la situation diplomatique changera avant la chute du mur. La répression massive du mouvement démocratique en juin 1989, dont Tien An men n’est que l’image la plus visible, entraînera des condamnations internationales virulentes qui vont l’isoler sur la scène internationale. Même si les sanctions économiques imposées par l’occident seront levées relativement rapidement par rapport à la gravité de la répression, la question des droits

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de l’homme sera désormais présente lors de toutes discussions entre elle et ses partenaires occidentaux, ainsi que le processus politique qui doit être mis en place à Hong Kong après sa rétrocession. Pékin va se reporter sur l’amélioration de ses relations avec son voisinage immédiat, le Japon sera d’ailleurs le premier pays à lever les sanctions économiques. En politique intérieure, la RPC va devoir gérer les conséquences des réformes économiques qui sont à l’origine des manifestations du printemps 1989. Alors que l’URSS s’effondrait, que les régimes communistes d’Europe de l’Est étaient emportés dans des mouvements populaires, le système politique chinois cherchera à s’affirmer à travers des revendications territoriales, vis-à-vis de Taiwan avec les tests de missile dans le détroit en 1995 et 1996 ou maritimes avec la construction d’installation sur les îlots disputés de la mer de chine méridionale. Malgré cette attitude, Pékin s’efforce à partir du milieu des années 1990 à intégrer la communauté internationale en s’engageant davantage dans les enceintes multilatérales, comme les pourparlers intercoréens, l’APEC en 1991 ainsi que l’ASEAN Regional Forum dès 1994, ainsi qu’en signant plusieurs traités internationaux et bilatéraux. La poursuite de son développement national l’oblige à s’impliquer dans les affaires internationales afin d’apaiser son voisinage et diminuer le sentiment de menace chinoise (China threat).

Dans les années quatre-vingt-dix, favorable à la multipolarisation du monde et s’opposant à l’unipolarité américaine, la RPC tentera de prévenir toutes politiques qui chercheraient à l’isoler, à la menacer ou la contenir. Intégrer des structures régionales comme l’ARF tout en refusant d’y aborder la principale menace qui concernait la région (le partage des eaux de la mer de chine méridionale) forçait Pékin à pratiquer une politique étrangère fluctuante. Le renforcement de la présence européenne dans la région asiatique comme contrepoids à l’omniprésence américaine pouvait la satisfaire, à condition qu’elles puissent s’entendre.

L’héritage du Japon et l’éclosion de l’ermite

La politique étrangère du Japon pendant la guerre froide fut conditionnée par sa défaite en septembre 1945 et son alignement forcé sur les États-Unis en 1952. Cette alliance s’ancrait dans la tradition d’être proche de la puissance perçue comme dominante du moment, la Grande-Bretagne de 1902 à 1922 et l’Allemagne de 1939 à 1945. Mais dans la période d’après-guerre, le Japon amputé de tous moyens coercitifs n’a pu compter que sur ses ressources

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économiques et sa politique étrangère pour défendre ses intérêts. Par la négociation, la recherche du compromis, la signature d’accords bilatéraux et multilatéraux, il a été l’une des premières puissances du 20ème siècle à être qualifié de « puissance civile ». Comme contributeur à l’aide au développement, par la coopération technique et par ses investissements, il a été l’un des moteurs du développement économique de la région. Sa proximité avec les États-Unis l’a néanmoins mis dans une position délicate, est-ce un pays asiatique ou un membre de la communauté des pays industriels, OCDE puis G7 ?

Deux évènements vont faire évoluer sa place en Asie à la fin de la guerre froide, la guerre du Golfe et la montée en puissance de la Chine. L’affaire du golfe va pousser le Japon à réévaluer son approche envers le multilatéralisme. Auparavant inféodée aux accords bilatéraux nippo-américains, la fin de la guerre froide a libéré le Conseil de sécurité de la paralysie qu’il a connu pendant la majeure partie de la bipolarité. Souhaitant un rôle plus actif sur la scène internationale, le Japon débute une campagne afin d’obtenir un siège au Conseil de sécurité et, au niveau intérieur, une réforme de sa constitution afin de lui permettre de participer aux missions d’interpositions des Nations unies. Sujet sensible dans l’opinion publique japonaise très attachée à la constitution qui lui interdit d’entretenir une armée, ne lui laissant qu’une

« force de défense », la réforme de la constitution votée en juin 1992 est un bouleversement majeur. Il est désormais possible pour le gouvernement japonais d’envoyer des troupes à l’étranger. Cette révision de la constitution suscitera une vague de protestations dans la région, particulièrement en Corée et à Singapour, Taiwan et la République populaire de Chine étant plus mesurés. Les craintes suscitées par une renaissance du militarisme japonais étant surestimée, mais elles étaient basées sur l’attitude du Japon face à son histoire coloniale. La réforme des manuels scolaires en 1982 minimisant les agressions commisses dans la région, voir leur donnant une image plus favorable, avait marqué les esprits des pays victimes de la

« sphère de coprospérité » pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils doutaient de la volonté japonaise de faire amende honorable sur cette question, un point qui sera soulevé à plusieurs reprises dans les années post-guerre froide.

Déçu de l’absence de réformes à l’ONU, le Japon se tournera au cours des années 1990 de plus en plus vers le régionalisme en Asie pacifique puis vers l’Asie de l’est. Soutenant le projet australien, elle adhérera à l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation). Ce mécanisme de

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coopération régionale représentait l’archétype du régionalisme asiatique souhaité par Tokyo, une assemblée de pays sans leader désigné tandis qu’il lui fallait consolider sa relation avec Washington afin d’assurer sa sécurité.

Qualifiée d’ermite, un espace ayant également des relations sensibles avec Tokyo, la péninsule coréenne au sortir de la guerre froide est encore marquée par la guerre de Corée et sa partition. Forçant les Américains à s’impliquer, la péninsule coréenne est l’élément déclencheur du soutien de Washington à Taipei, Tokyo et Séoul. Il faudra attendre les Jeux olympiques de Séoul en 1988 pour voir évoluer la politique étrangère sud-coréenne et assister à un rapprochement sino-coréen. Premièrement, malgré les pressions exercées par la Corée du Nord sur Pékin pour qu’elle ne participe pas aux jeux, la RPC a refusé ce boycott.

Deuxièmement, le président sud-coréen a, en octobre 1988 à l’ONU, appelé à l’organisation d’une conférence régionale pour la paix dans l’Asie du Nord-Est. À l’origine des pourparlers à six, ces sommets devaient aborder des thèmes comme l’apaisement des tensions entre États-Unis et URSS, résoudre les contentieux territoriaux russo-japonais, faciliter le rapprochement sino-soviétique et assurer la paix dans la péninsule coréenne. Des objectifs très ambitieux, en réponse au discours de Gorbatchev de septembre 1988, mais qui concernaient tous Séoul. Le résultat ne fut pas à la hauteur des espérances, la plupart des pays souhaitant résoudre ces questions de manière bilatérale. Ce forum de discussions sera néanmoins essentiel pour la question nucléaire. Il permit d’arriver à la signature entre les deux Corées d’un accord de

« réconciliation, non-agression, échange et coopération » en décembre 1991. De plus, la RPC ne mettra plus son véto à l’admission à l’ONU de la République de Corée qui devint membre le 17 septembre 1991 en même temps que la République démocratique de Corée.

Il s’agissait maintenant pour Séoul, qui ne reconnaissait que Taiwan, de reconnaître officiellement Pékin. La RoK (Republic of Korea) s’était déjà rapprochée de la RPC en qui elle voyait un allié de circonstance afin de favoriser la réunification, cette dernière ayant pris ses distances avec le régime nord-coréen soutenu par l’URSS. Du point de vue économique, c’était aussi pour Séoul un marché au potentiel immense. La rupture de la Corée du Sud avec Taipei

Il s’agissait maintenant pour Séoul, qui ne reconnaissait que Taiwan, de reconnaître officiellement Pékin. La RoK (Republic of Korea) s’était déjà rapprochée de la RPC en qui elle voyait un allié de circonstance afin de favoriser la réunification, cette dernière ayant pris ses distances avec le régime nord-coréen soutenu par l’URSS. Du point de vue économique, c’était aussi pour Séoul un marché au potentiel immense. La rupture de la Corée du Sud avec Taipei