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Arrêt de la croissance des troupeaux

INDUSTRIALISATION INTERNATIONALE

2.3.4. Des productions animales en difficulté : évolution conjoncturelle et structurelle

2.3.4.1. Arrêt de la croissance des troupeaux

En 2015, le Vietnam compte 27 millions de porcs, 230 millions de poulets, 95 millions de canards, 5,2 millions de bœufs, 2,7 millions de buffles et environ 1,3 millions de chèvres. Ces élevages ont connu une forte augmentation entre le début des années 1990 et le début des années 2000. L’effet intégration OMC couplée avec une crise alimentaire mondiale se lit bien sur la courbe des effectifs porcins, des effectifs bovins et caprins et dans une moindre mesure sur les effectifs de buffles.

L’évolution de la courbe de volaille décroche en 2003 pour des raisons épidémiologiques. Cette année-là, l’épidémie de la grippe aviaire se déclenche en Chine et au Vietnam notamment dans la partie sud du pays. Les effectifs de poulets et les canards décroissent rapidement avant d’atteindre un palier. L’épidémie SARS est contenue et maîtrisée. Les effectifs se remettent à croitre après 2007 portés par l’augmentation des matières premières.

La volaille reste la viande la plus économe en ressources agricoles. Cependant, face aux risques d’épidémie, une grande partie de la volaille s’est vue passer d’une activité en extérieur à une activité en intérieur. Il n’en reste pas moins que les troupeaux ont diminué entre 2011 et 2012. Est-ce un petit décrochage ou comme pour le porc l’annonce d’une plus longue stagnation ?

Graphique n°27 : Evolution du cheptel porcin depuis 1961

Graphique n°28 : Evolution du cheptel de volaille depuis 1961

Source : FAOstat (2016) Source : FAOstat (2016)

Graphique n°29 : Evolution du cheptel de grands ruminants depuis 1961

Graphique n°30 : Evolution du cheptel de petit ruminant depuis 1961

Source : FAOstat (2016) Source : FAOstat (2016)

Sachant que la production de viande ne décroit pas, comment expliquer la diminution des troupeaux ? Pour répondre à cette question, il faut solliciter deux autres indicateurs : le poids à l’abattage et l’évolution du cycle de vie des animaux.

Le poids à l’abattage donne une mesure des capacités d’engraissement mais aussi de la qualité du matériel génétique en termes de productivité par animal. Le cycle de vie des

5 000 000 10 000 000 15 000 000 20 000 000 25 000 000 30 000 000 1961 1971 1981 1991 2001 2011 Porcs 50 000 000 100 000 000 150 000 000 200 000 000 250 000 000 1961 1971 1981 1991 2001 2011 Poulets Canards 1 000 000 2 000 000 3 000 000 4 000 000 5 000 000 6 000 000 7 000 000 1961 1971 1981 1991 2001 2011 Buffles Bœufs 500 000 1 000 000 1 500 000 2 000 000 1961 1971 1981 1991 2001 2011 Chèvre

Avec les données FAO, nous avons comparé les données des cheptels par rapport à leurs productivités de viande. Nous avons mis ce paramètre sur une base 100. De même, nous avons comparé le rapport entre le cheptel abattu et le cheptel structurel. Nous pouvons observer que les données évoluent fortement à des moments précis, ce qui pose aussi quelque part la validité des données internationales.

Graphique n°31 : Evolution du poids carcasse entre 1986 et 2011

Graphique n°32 : Cheptel abattu rapporté au cheptel structurel depuis 1986

Source : FAOstat (2016) En 1986, un porc à l’abattage pesait 60 kg. Aujourd’hui, il en pèse 70 kg. Cette moyenne a commencé à augmenter entre 1993 et 2001 puis a diminué jusqu’en 2006. Cette évolution est complètement corrélée avec le prix des matières premières et de l’énergie nécessaire. Le poids atteint aujourd’hui un plateau. Pour le poulet, la croissance du poids carcasse a particulièrement augmenté entre 1995 et 1997 (+60%). Les poulets sont passés d’un poids moyen de 900 g par animal à plus de 1,4 kg en l’espace d’un ou deux ans. Il est possible aussi qu’une partie des abattages compte des animaux importés. L’introduction de nouvelles espèces animales dites productives est aussi certainement une raison mais une telle augmentation pose question. Pour le poids des vaches, le poids moyen a augmenté jusqu’en 1991 pour redescendre jusqu’en 1997 (crise économique en Asie) et ensuite remonter rapidement pour atteindre un plateau. Il est aussi possible que des importations aient réussi à faire augmenter le poids carcasse à l’abattage. Depuis 2006 toutes les espèces ont atteint un plateau au niveau de la productivité en poids vif.

L’évolution du taux d’abattage est particulièrement intéressant pour le porc et le bœuf et légèrement plus complexe à comprendre pour le poulet. Entre 1986 et 2001, le nombre d’animaux abattus est proche du cheptel structurel. A partir de 2001, le taux commence à augmenter passant à 150% en 2007. Autrement dit, sur 27 millions de têtes en structure, 40 millions de porcs ont été abattus. Voilà comment, malgré une stagnation du nombre de

0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 1986 1991 1996 2001 2006 2011 Poulet Vache Porc 0 0.5 1 1.5 2 2.5 1986 1991 1996 2001 2006 2011 Porc Bœuf Poulet

tête, la production de viande continue de croître même légèrement. Le nombre d’animaux engraissés est plus important et le poids des animaux est plus élevé. Le Vietnam cherche à produire plus avec moins. Dans le cas du cheptel bovin, le taux d’abattage se relève légèrement. D’un taux de 15%, le Vietnam est passé à plus de 30%. Le pic d’animaux a été atteint en 2012 avec 350 000 vaches abattues par an. Cette évolution est le signe d’un changement de pratique et d’une évolution de la fonction des vaches dans le système alimentaire. A titre de comparaison, le Vietnam a tué autant de vaches entre 1986 et 2003 (17ans) qu’entre 2004 et 2014 (10 ans). Pour le poulet, le taux d’abattage était très élevé à la fin de la décennie 1980 peut-être pour des raisons de sécurité alimentaire. A partir de 1996 et jusqu’en 2003, le taux d’abattage s’est maintenu à 140% mais depuis 2003. Le taux d’abattage s’est alors mis à osciller au gré des épidémies (grippe aviaire 2003-2006). Le Vietnam produit plus de viande avec autant voire moins d’animaux. Le secteur a donc en soi transformé ses pratiques et ses technologies pour répondre au mieux à la demande du marché et aux ressources agricoles (locale ou importée) dont il dispose pour nourrir son troupeau.

Graphique n°33 : « Les limites de l’élevage porcin au Vietnam », évolution du nombre de porcs et production de riz depuis 1997

Graphique n°34 : « The seductive promise of Vietnam’s pork sector » evolution du nombre de porcs et la production de viande de porc depuis 2000

http://www.agrapresse.fr/ http://www.pigprogress.net/

L’évolution de la courbe du porc est particulièrement intéressante car il existe des données au niveau national. La presse spécialisée dans l’élevage à l’échelle internationale a des points de vue divergents sur le développement actuel du secteur porcin au Vietnam. Le site Agrapresse, agence franco-belge d’information agricole, résume la situation à travers un article intitulé : Les limites de l’élevage porcin au Vietnam. Depuis le milieu des

sont traditionnelles, la chaîne de froid n’existe presque pas. Les abattoirs ne correspondent pas aux normes. Le tableau est sans concession. Néanmoins, le site indique que les Vietnamiens réagissent en achetant massivement de la génétique étrangère. Selon UBIFrance, les importations de génétique française sont passées de 380 000 euros au début des années 2000 à plus de 1,5 million de dollars en 2013. Le secteur est donc en train de changer la génétique de son cheptel.

Pourtant, dans un autre article du site Pigprogress intitulé : The seductive promise of

Vietnam’s pork sector, les auteurs analysent la courbe structurelle du cheptel porcin au

regard de la production de viande. Celle-ci continue de croître malgré la stagnation des effectifs. Il se passe donc un changement invisible à croissance de 10 millions de têtes entre 2010 et 2020 n’arrivent pas à se réaliser pour une raison simple : le secteur est en train d’améliorer ses performances zootechniques et il faudra du temps pour voir la seule courbe du cheptel augmenter à nouveau. La future augmentation arrivera, selon le site spécialiste, lorsque les paramètres d’engraissement et de productivité par truie auront atteint leeurs maximums.

Selon les données du Ministère de l’agriculture, en 2001, le Vietnam comptait 21,7 millions de porcs. Le cheptel de truies était d’environ 2,9 millions de têtes. Près de 18,6 millions de porcs étaient engraissés à un poids moyen de 66,6 kg. En 2013, le cheptel stagnait autour de 26,3 millions de tête depuis 2008. Il y a eu un accroissement structurel de 4,6 millions de têtes (+20%) mais pourtant le nombre de porcs engraissé a fortement progressé passant à plus de 48 millions de porcs abattus (+160%). L’accroissement se situe plus sur la production que sur la structure. Avant les années 2000, la production de cochons de lait était supérieure à l’engraissement. La situation s’est inversée depuis. Tableau n°19 : Statistique du secteur porcin au Vietnam entre 2001 et 2013

Critère Unité 2001 2005 2006 2011 2012 2013 Croissance

Cheptel Tête 21.7 27.4 26.8 27 26.4 26.2 1.58 Truie Tête 2.94 3.88 4.33 4.04 4.02 3.9 2.4 Porc à l’engrais Tête 18.6 23.4 22.4 22.9 22.7 22.2 1.48 Finisseur Tête 22.7 36.2 39.3 45.7 48.1 48 6.4 Proportion de porcs % 76.3 81.4 81.5 74.3 74 74.2 -0.23 Truie/total % 13.54 14.15 16.15 16.28 15.19 14.91 0.81 Finisseur/total % 8 9 9 10 12 12.3 3.6

Poids moyen Kg/tête 66.6 63.1 63.7 67.7 65.6 67 0.05

Selon les données du MARD, il n’y a pas eu d’amélioration notable de l’engraissement. Le poids d’abattage des porcs varie selon les années entre 66 et 67 kg par porcs. Il faut néanmoins noter qu’entre 2001 et 2006, le poid des porcs à l’engrais a diminué. Ils étaient finis plus tôt. Cette évolution est directement liée à l’augmentation du prix des matières premières agricoles et de la faible disponibilité localement des ressources. La production aniamle augmentait plus vite que la production agricole. Le pays ne pouvait pas encore importer massivement des matières premières. Il y avait sensiblement moins d’aliment par animaux. Il est donc difficile à travers ces chiffres de dire qui de la génétique ou de l’aliment a joué un rôle significatif sur la productivité du système. Il en résulte que la productivité par truie a fortement progressé au cours de la période 2001-2013.

2.3.4.2. Politique de relance de l’élevage à l’horizon 2020 : intensifier,

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