5.2 Quasicondensat 3D dans un pi` ege anisotrope
5.2.2 Approximation de densit´ e locale
a la pression du nuage thermique et au confinement radial (pression quantique), et elle permet de r´esoudre analytiquement le probl`eme d’un quasi-condensat en expansion [42, 189]. Nous reviendrons plus loin sur son domaine d’application.
X= x + x' 2
X= 0.7 X= 0.5
s = x - x'
X= 0.5
∆φ
21.0 0.5 0.0 1.0
0.5 0.0 4
2
0
1.0 0.5 0.0
Fig. 5.4 – Fonction de corr´elation de la phase d’un quasi-condensat 3D, pour trois positions moyennesx, en fonction de la s´eparations. On a trac´e en traits pleins les r´esultats du calcul num´erique (5.28), et en pointill´es l’approximation de densit´e locale (5.42).
5.2.2 Approximation de densit´ e locale
Quasi-condensat dans un pi`ege cylindrique : Nous nous tournons donc vers le cas d’un quasi-condensat axialement confin´e sur un segment de longueur 2L (potentiel axial plat), alors que le confinement radial reste harmonique. La densit´e sur l’axe est uniforme pour
−L < x < L, et le profil radial de densit´e est donn´e par l’´equation de Gross-Pitaevskii (nous nous pla¸cons pour le moment `a temp´erature finie, mais suffisamment basse pour n´egliger le champ moyen du nuage thermique) :
− ~2 2M
∆√ n0
√n0 +1
2M ω2⊥ρ2+gn0 =µ. (5.31) Dans le r´egime de Thomas-Fermi 3D, le terme de pression quantique radial est n´egligeable et
`
a basse temp´eraturen0( ˜ρ) =n0m(1−ρ˜2). Dans le r´egime 1D, on retrouve la fonction d’onde du fondamental, n0 =|φ0(ρ)|2.
Les excitations ´el´ementaires de ce syst`eme peuvent se classer suivant les nombres quan-tiques ν = (n⊥, m, k), avec n⊥ le nombre de noeuds dans la direction radiale, m le nombre quantique orbital etk le vecteur d’onde selon l’axe du cylindre. Pour la branche d’excitations axiale, de premi`ere importance ici, les nombres quantiquesn⊥ etmqui caract´erisent le mou-vement radial sont nuls. En introduisant une enveloppe de densit´e radialeAk(ρ) (dimensions
L−2), normalis´ee comme R
d(2)ρ Ak(ρ) = 1, on peut alors ´ecrire les fluctuations de phaseφk et de densit´e 1D δnk (dimensionL−1) comme
δnν(ρ, x) = δnkAk(ρ)eikx (5.32)
φν(x) = −iφkeikx (5.33)
Une fois les amplitudes (5.32) et (5.33) report´ees dans les ´equations de Bogoliubov-de Gennes (1.35,1.36), on obtient les ´equations suivantes pour les excitations axiales
~ωkBδnkAk(ρ) = ~k2
Le terme de gradient transverse dans le membre de droite de (5.35) ne joue aucun rˆole pour les excitations consid´er´ees : pour que la condition ωkB ω⊥ soit satisfaite, ils doivent ˆetre n´egligeables9. Dans le r´egime de Thomas-Fermi 3D, cela signifie que l’enveloppe radiale est pratiquement plate (Ak ≈1/πR2) dans le volume du condensat, et chute tr`es vite en dehors.
Dans le r´egime de Thomas-Fermi 1D, au contraire, la d´ependance radiale se factorise et Ak =|φ⊥(ρ)|2. Au total, dans ces deux r´egimes et dans les cas interm´ediaires, on peut donc n´egliger le terme de gradient transverse, et les ´equations qui d´eterminent les excitations axiales ne d´ependent alors de ρ qu’`a travers n0(ρ) et Ak(ρ). Suivant la proc´edure mise en avant par S. Stringari dans [90], on se d´ebarasse de la d´ependance en ρ en moyennant sur les coordonn´ees radiales, pour d´ecoupler les degr´es de libert´e transverses et axiaux.
On peut comprendre cette proc´edure comme une ´elimination adiabatique des degr´es de libert´e transverses, beaucoup plus rapides que les degr´es de libert´e axiaux qui dominent la dynamique«macroscopique». On obtient alors des ´equations effectives pour la dynamique axiale pratiquement identiques aux ´equations de Bogoliubov pour un gaz 1D confin´e sur un segment,
avec la densit´e 1D, ou nombre d’atomes par unit´e de longueur, n1 = dans le cas homog`ene pour les amplitudes de Bogoliubov. Notons qu’en g´en´eral, la vitesse du son peut d´ependre dek (quand k.R−1), `a cause de la d´ependance radiale des fluctuations
x
2 L
-R R n
r
-L L x
Fig. 5.5 – Condensat dans un pi`ege cylindrique. Le profil de densit´e `a l’´equilibre est para-bolique dans les directions transverses, et plat axialement.
de densit´e. Cet effet, qui diminue la vitesse de groupe des excitations, et donc la vitesse critique au dessus de laquelle la superfluidit´e disparaˆıt, a ´et´e ´etudi´e dans [207].
Passage au cas du gaz pi´eg´e : Nous incorporons maintenant le potentiel de pi´egeage axial au mod`ele, en consid´erant que son effet est de modifier localement le potentiel chimique selon (5.30)10. On doit donc ajuster le profil de densit´e axial `a ce potentiel chimique local [132]. On trouve comme au paragraphe pr´ec´edent le potentiel chimique local `a l’´equilibre, µe.l.[n1], en l’absence de confinement axial, en fonction de la densit´e 1D n1. Dans les limites de Thomas-Fermi 1D et 3D, on a respectivement µe.l.[n1] = 2an1 et µe.l.[n1] = 2√
an1. On trouve alors le profil de densit´e int´egr´e en ´egalant les deux expressions,
µe.l.[n1(x)] +Vext =µ, (5.40)
avec µ le potentiel chimique global11. Cette modification implique donc les substitutions suivantes :
n1 → n1(x) c1Dp
f(x) → c1Dp f(x)
L → L
(5.41) La quantit´e f(x) = µe.l.[n1(x)]/µe.l.[n1(˜0)] se r´eduit en fait f(x) = 1−x2 d’apr`es (5.40).
Les excitations sont ´egalement affect´ees par cette proc´edure, mais l’´energie de chaque mode,
~c1Dk, ne doit pas d´ependre dex apr`es substitution. Pour satisfaire cette condition, on doit donc utiliser un vecteur d’onde local («quasi-classique»)k →k/p
f(x), et la densit´e d’´etats locale N(k, x) = L/πp
f(x). Le profil de phase se d´eduit alors12 de (5.18,5.30,5.41), ce qui permet de calculer la variance des fluctuations de phase,
∆φ2(x, s)≈ M kBT
~2n1(x) |s|= T Tφ
n1(0) n1(x)
|s|
L , (5.42)
ne d´epend alors que de n1(x) et de la temp´erature caract´eristique kBTφ = ~2n1(0)/M L.
La longueur de coh´erence pr`es du centre est alors Lφ = LTφ/T. Le profil de densit´e 1D
9Quand l’´energie de l’excitation approcheω⊥, cet argument peut ˆetre mis en d´efaut. Les premi`eres cor-rections ont ´et´e calcul´ees par S. Stringari dans le cas 3D [90]. Elles sont faibles mˆeme sikR∼1.
10Cette approximation n’a de sens que siµ~ωx, qui est le r´egime d’int´erˆet.
11Cette ´equation permet de d´efinir la longueurLdu (quasi-)condensat parµe.l.[n1= 0] +12M ω2xL2=µ.
12Comme l’int´egrande est born´e par 1/k2, on peut ´etendre la borne sup´erieure `a l’infini. Dans le pr´esent contexte, comme en fait k.R−1, cela donne le comportement correct de la variance pour des distances s grandes devantR qui est le cas qui nous int´eresse.
adimensionn´e, n1(x)/n1(˜0), entre comme un param`etre dans l’´equation qui d´etermine ∆φ2. Il est int´eressant de noter que cette expression est universelle, dans le sens o`u elle ne d´epend pas de la forme pr´ecise de la relation de dispersion. Si le profil complet `a trois dimensions n0(r) est connu, on obtient ais´ement le nombre d’atomes par unit´e de longueur par int´egration sur les degr´es de libert´e transverses. Nous allons examiner les deux cas limites du r´egime de Thomas-Fermi `a 3D et `a 1D, o`u les calculs sont simples.
R´egime de Thomas-Fermi 3D : Dans le r´egime de Thomas-Fermi 3D, l’int´egration radiale doit ˆetre limit´ee `a la section transverse o`u n0 > 0 (i.e. ρ < R). De plus, comme R ∝ √
µ, la borne d’int´egration d´epend de x comme R(x) = R0√
1−x2, avec R0 le rayon de Thomas-Fermi habituel. On obtient ainsi n1(x) = 15N16L0(1−x2)2 et, en prenant Ak ≈ 1/πR2, on an0Ak ≈πR2n0m/2. La vitesse du son est alors diminu´ee par l’effet d’int´egration, c21D ≈U n0m/2M [208, 209, 90]. Les fluctuations de phase sont contrˆol´ees par la temp´erature kBTφ= 15N0(~ωx)2/32µ, qui est le r´esultat de la r´ef´erence [41].
R´egime de Thomas-Fermi 1D : Si le confinement transverse est assez fort pour geler le mouvement radial, on retrouve les expressions d´ej`a ´etablies, n1(x) = 4N3L0(1−x2). Par des calculs analogues `a ceux men´es dans le r´egime 3D, on trouve Tφ = 2N0(~ωx)2/3µ. Cela reproduit bien l’expression de la r´ef´erence [199] pour la variance des fluctuations de phase.
1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0
2.0 1.5
1.0 0.5
0.0 séparation s/L
fonction de corrélation C (1)
T = 0
T = 4 Tφ
T = 8 Tφ
Fig. 5.6 – Fonction de corr´elation C(1) d’un quasi-condensat dans un pi`ege tr`es anisotrope.
Les courbes en traits pleins correspondent au calcul num´erique bas´e sur (5.28), et les courbes en traits tiret´es traduisent l’aproximation de densit´e locale (5.43).