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REFERENTS THEORIQUES INITIAUX

1. L A CULTURE NUMERIQUE DES ADOLESCENTS

1.3.3. Appréhender le rôle de l’Ecole vis-à-vis d’Internet

Afin d’avoir une meilleure connaissance de l’usage d’Internet chez les jeunes et une meilleure compréhension des risques auxquels ils sont exposés dans l’objectif de réfléchir à une prévention adéquate, Fréquence écoles9 a réalisé une enquête en 2008. Les données, recueillies au cours de la phase qualitative auprès de 48 adoles-cents, ont permis l’élaboration d’un questionnaire qui a ensuite été soumis à 1000 jeunes (52,8% de filles et 47,2% de garçons) des départements de la région Rhône – Alpes dans le cadre scolaire (32,6% de primaires, 34,8% de collégiens et 32,6% de lycéens).

Cette étude corrobore les travaux sociologiques (cf. 1.2) confirmant qu’Internet est perçu et utilisé par les jeunes prioritairement comme un outil de communication (86,3 %). Ils définissent essentiellement Internet à l’aune de leurs propres pratiques dont le divertissement. Considérer Internet sous le prisme du ludique est la deu-xième vision la plus partagée par les jeunes. 86% sont d’accord avec l’idée qu’Internet sert à se divertir. Internet permet surtout aux jeunes d’écouter de la mu-sique, de regarder des vidéos et de jouer. Bien que la plupart des adolescents (81 %)

9 « Comprendre le comportement des enfants et des adolescents sur Internet pour les protéger des dangers »  Une enquête sociologique menée par Fréquence écoles, association d‘éducation aux médias et financée par la Fondation pour l'Enfance. rapport Mars 2010.

de cette étude se représentent également Internet comme un outil de recherche, de découverte et d’information, ce n’est pourtant pas l’usage qu’ils privilégient.

L’école, à même de développer un tel usage, représente une source d’apprentissage et de découverte d’Internet simultanément avec la famille, les amis, les médias et l’expérience personnelle. L’école représente un espace d’apprentissage d’Internet principalement pour les jeunes dont les parents ne pratiquent pas Inter-net. La plupart des collégiens pratiquent régulièrement Internet en salle informatique ou multimédia au collège mais ils se plaignent d’avoir des pratiques trop limitées. Le B2I concerne un peu plus d’un jeune sur cinq mais la majorité des collégiens jugent cet examen trop facile et même parfois inutile.

Néanmoins, à la maison, les jeunes, principalement les lycéens, ont recours à In-ternet comme appui aux devoirs. 52,3 % des collégiens utilisent occasionnellement Internet pour réaliser leurs devoirs. Les filles intègrent la dimension scolaire dans leurs pratiques d’Internet alors que les garçons se maintiennent dans un usage lu-dique (28,1% des filles se servent souvent d’Internet pour l’école contre 15,7% des garçons).

Les entretiens nous apprennent qu’il y a peu de variations dans les stratégies de recherche : Google et Wikipédia sont les deux outils privilégiés ; que certains adoles-cents vont chercher des réponses toutes faites sur Internet sans faire l’effort de s’approprier les informations. Par contre, comparativement aux travaux réalisés au cours des années précédentes (2004 - 2006), les jeunes semblent être plus critiques face aux informations rencontrées sur Internet ; cependant plus les enfants sont jeunes (primaire et collège), plus facilement ils accordent leur confiance aux infor-mations trouvées sur Internet. Près de la moitié des élèves du primaire concernés par cette enquête (48,6 %) pensent que tout est vrai sur Internet ; cela se vérifie

éga-lement pour 7,8 % des collégiens et 0,6 % des lycéens qui ont participé à cette en-quête.  

L’enquête révèle également la faible utilisation des Espaces Numériques de Tra-vail qui permettent aux élèves de consulter les devoirs à faire et d’envoyer des mes-sages à leurs professeurs représentant une interface entre le collège et la maison. Les E.N.T. qui permettent la mise en place d’un site privé puisque seuls les enseignants, élèves et parents peuvent y avoir accès, requièrent non seulement une implication importante des enseignants mais également une grande utilisation des adolescents et des parents. Pour illustrer une expérience positive dans ce domaine, on peut citer « Prométhée », un site Internet à l’école réalisé par Matthieu Hétroit (2009, p. 117) aboutissant à des avantages indéniables dans l’éducation globale de l’enfant à savoir la responsabilisation de l’enfant par un rappel sur le site des informations dites ad-ministratives, la diversification des supports de connaissances et la possibilité d’une continuité dans l’accompagnement de l’enfant par le lien disponible pour les parents « maison-école ».

Cette enquête souligne donc que les usages pédagogiques d’Internet sont décon-sidérés par les adolescents car ils se plaignent des limites dans leurs pratiques, du manque d’implication des enseignants et des bugs récurrents. Les milieux de l’éducation et de la formation se saisissent encore marginalement des opportunités que les technologies de l’information et de la communication fournissent (Redecker et al., 2009).

Les études pédagogiques se réfèrent aux méthodes et pratiques d'enseignement et d'éducation ainsi qu’à toutes les qualités requises pour transmettre un savoir. L’introduction des nouvelles technologies dans l’espace éducatif interroge l’enseignant au-delà du développement de ses compétences relatives à leurs utilisa-tions (bien que ce soit aussi une nécessité). Les dispositifs médiatisés sont le lieu de

re-contextualisation et d’actions qui conduisent les enseignants à redéfinir en pro-fondeur leurs rôles et leurs compétences (Guir, 1996). Une banalisation des usages d’Internet dans le cadre scolaire, à travers des pratiques pertinentes, apparaît un élément important du déplacement des élèves vers les savoirs scolaires (Hamon, 2006). En effet, plusieurs études pointent particulièrement depuis ces dernières an-nées, un écart grandissant entre la culture numérique des adolescents et la représen-tation qu'ils ont du système éducatif, évoquant une forme scolaire inadaptée mais également une culture cultivée qui ne fait plus sens (Hersent, 2003 ; Molénat, 2006). Les élèves d´aujourd´hui ne sont plus ceux que notre système éducatif était censé former prévient Prensky (2003 p. 22) « ils ont un « style cognitif », une façon différente de

leurs aînés de traiter l’information. Ils évoluent dans un monde où l’image a pris le pas sur le texte, où la vitesse et les changements de rythme remplacent la patience ». Develay (1996, p. 21)

pré-cise que l’Ecole doit se préoccuper davantage, à travers les enseignements dont elle a la charge, du rapport des élèves au savoir : « C’est parce qu’ils seront capables de

com-prendre, d’expliquer et le cas échéant, d’influer sur le rapport des élèves au savoir que les ensei-gnants seront reconnus comme des professionnels de l’apprentissage de ces savoirs ».