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Applications : attracteurs globaux pour trois classes de syst` emes 104

5.3 Probl` emes agr´ eg´ es et comportement qualitatif des solutions

5.3.2 Applications : attracteurs globaux pour trois classes de syst` emes 104

Sε[0]

et, d’apr`es le th´eor`eme 5.2.2, on a, pour certaines constantes C et µ0 strictement positives,

kWε(t)−W[0]k2 ≤C(ε+exp(−µ0t

ε)). (5.3.4)

Soit η >0 la taille du bassin d’attraction donn´ee dans le lemme 5.3.3. Comme P1 est un attracteur global de (5.3.1), on a

∃T >0,∀t≥T,kWε,[0](t)−P1k ≤η/4. (5.3.5) On a, pour tout t≥0 et ε suffisamment petit,

kWε(t)−P1k2 ≤ kWε(t)−Wε,[0](t)k2 +kWε,[0](t)−P1k+kP1−P1k2 (5.3.6) et, par les in´egalit´es 5.3.3, 5.3.4 et 5.3.5, on en d´eduit l’existence d’une constante C00

ind´ependante de ε et de η telle que

∃T >0,∀t > T,kWε(t)−P1k2 ≤C00(ε+exp(−µt

ε)) +η/4. (5.3.7)

Quitte `a choisir ε suffisamment petit pour queC00(ε+exp(−µTε))≤η/4, on a

∃T > 0,∀t > T,kWε(t)−P1k2 ≤η/2. (5.3.8) Comme dans le th´eor`eme 5.3.4, si ε est suffisamment petit, (5.3.8) implique kWε(t)−

P1k2 →0 ce qui termine la preuve.

5.3.2 Applications : attracteurs globaux pour trois classes de

syst`emes

Le probl`eme agr´eg´e g´en´eral est un probl`eme de chemostat homog`ene avec des fonc-tions de consommation strictement croissantes. La dynamique globale dans ce cadre g´en´eral n’est pas connue mais on sait d´eterminer les points stationnaires et leur stabi-lit´e ´eventuelle, ce qui fournit l’existence et la stabilit´e de solutions stationnaires pour le probl`eme d’origine. Pour certaines classes de probl`emes agr´eg´es, on peut prouver l’existence d’un attracteur global, et alors il en va de mˆeme pour le probl`eme d’origine d`es que ε est suffisamment petit.

Dans la suite de cette partie, on notes =I/e mf0 etri l’unique8 solution defei(r) = mfi lorsqu’elle existe, et ri = +∞ sinon.

Commen¸cons par un r´esultat g´en´eral ne n´ecessitant pas d’hypoth`ese suppl´ementaire sur les mortalit´es ni sur la forme des fonctions de consommation. La proposition 1.3.2 du chapitre 1 d´ecrit les solutions stationnaires du probl`eme (5.3.1). Le th´eor`eme 5.3.4 permet alors de d´ecrire toutes les solutions stationnaires positives ou nulles de

e Sε

. 8. Carfei est strictement croissante.

5.3. PROBL`EMES AGR´EG´ES ET COMPORTEMENT QUALITATIF DES

SOLUTIONS 105

Th´eor`eme 5.3.6. Il existe ε0 >0 petit tel que :

(i) Le syst`eme (5.1.1) admet un point stationnaire positif ou nul P0 = (Rε,0, ..,0). Si, pour tout i = 1, ..N, s ≤ ri, alors P0 est globalement asymptotiquement stable.

(ii) Soit i ∈ {1,· · · , N}. Si ri < s, alors le syst`eme (5.1.1) admet une solution stationnaire positive ou nulle Pi = (Ri,0,· · · , Ui,· · · ,0).

(iii) Si, ri < s et ri < rk, pour tout k 6= i, alors Pi est hyperbolique et stable. Si

rk < ri pour un certain k, alorsPi est instable.

(iv) Si, pour tout i 6= k tel que rk, ri < +∞, on a rk 6= ri, alors les seules solu-tions stationnaires du syst`eme (5.1.1) sont les points Pi, avec i ∈ {0,· · · , N}

tel que ri < s. En particulier, (5.1.1) n’admet aucune solution stationnaire de coexistence.

Preuve : Le point (i) est une cons´equence directe de la proposition 1.3.1 du chapitre 1 et du th´eor`eme 5.3.5. Le point (ii) est une cons´equence de la proposition 1.3.2 du chapitre 1 et du th´eor`eme 5.3.4, tous deux appliqu´es au probl`eme `a une esp`ece, comprenant seulement l’esp`ece i. Le point (iii) d´ecoule de la proposition 1.3.2 du chapitre 1 et du th´eor`eme 5.3.4. Seul le point (iv) demande plus de pr´ecisions.

D’apr`es la proposition 1.3.2 du chapitre 1, les seules solutions stationnaires positives de (5.3.1) sont les solutions p0 = (s,0,· · · ,0) et pi = (ri,0,· · · , ui,· · ·,0) avec i ≥1 et ri < s. L’existence de la solution stationnaire pour (5.1.1) Pi correspondante d´ecoule du point (ii). Il s’agit de montrer qu’il n’en existe pas d’autres. Soit P = (X, Y)∈E×F une solution stationnaire positive ou nulle de (Sε). Par invariance de la vari´et´e centrale, si ε est suffisamment petit, (X, h(X, ε)) est ´egalement un point fixe de (Sε). Par le th´eor`eme 5.2.2, on a

kY−h(X, ε)kF ≤Cexp(−µt ε)

et donc, en passant `a la limite t→+∞,

Y =h(X, ε).

Autrement dit, toute solution stationnaire de (Sε) est sur la vari´et´e centrale et est donc une solution stationnaire de

Sε[]

. Pour montrer le r´esultat annonc´e, il suffit donc de montrer que, si ε est assez petit, les seules solutions stationnaires de

Sε[]

sont les solutions Pi = (pi,ε, h(pi,ε, ε)) o`u pi,ε est une solution de (5.3.1) construite par le lemme 5.3.3 au voisinage de pi,.

Soit une suite εk → 0 et Pk = (pk, h(pk, ε)) une suite de solutions stationnaires positives ou nulles de

Sε[k]

106

CHAPITRE 5. MIGRATION RAPIDE DANS LES PROBL`EMES DISCRET ET CONTINU une solution stationnaire positive ou nulle de (5.3.1). Par hypoth`ese, une telle solution est n´ecessairement hyperbolique et, par le th´eor`eme d’inversion locale, le probl`eme

0 = F0(Xε, h(Xε, ε))

admet une unique solution stationnaire dans le voisinage de p,0. N´ecessairement p

est cette unique solution ce qui termine la preuve.

D’apr`es le th´eor`eme 5.3.5, l’existence d’un attracteur global pour le syst`eme (5.1.1) d´ecoule directement du r´esultat correspondant pour le syst`eme agr´eg´e. Ainsi, lorsque le principe d’exclusion comp´etitive est v´erifi´e pour le probl`eme agr´eg´e,il est valable pour le syst`eme originel d`es que le taux de diffusion est suffisamment grand. Nous d´ecrivons trois classes de syst`emes pour lesquelles le comportement en temps long du probl`eme agr´eg´e est enti`erement connu.

Th´eor`eme 5.3.7. (Mortalit´es mfi ´egales)

Si mfi =me pour tout i, alors le probl`eme agr´eg´e s’´ecrit

( d dtr(t) =Ie−mre (t)−PNi=1fei(r(t))ui(t) d dtui(t) = e fi(r(t))−me ui(t). (5.3.9)

On a les r´esultats de convergence globale suivants.

– Si ri = +∞, alors il existe ε0 >0 petit tel que la composante Uiε de la solution du probl`eme (5.1.1) v´erifie limt+Uiε(t) = 0.

– Si, pour tout i ≥ 1, on a s ≤ ri, alors l’´equilibre P0 = (R0,0, ..,0) est globalement asymptotiquement stable dans le quadrant positif.

– Sir1 < s et, pour touti≥2, on ar1 < ri, alors l’´equilibreP = (R1, U1,0, ..,0)

existe et est globalement asymptotiquement stable dans le quadrant positif v´erifiant

Uε >0.

Preuve : C’est une application directe de la proposition 1.2.3 et du th´eor`eme 1.2.4 du chapitre 1 et des th´eor`emes 5.3.5 et 5.3.6 de ce chapitre.

Dans le cas g´en´eral, les mortalit´es sont diff´erentes et le th´eor`eme pr´ec´edent ne peut ˆ

etre appliqu´e. `A notre connaissance, il n’y a pas de r´esultat assurant que le principe d’exclusion comp´etitive est valable pour toute fonction de consommation strictement croissante et des taux de mortalit´e diff´erents. Ainsi, si les mfi sont diff´erents, on doit v´erifier que les fonctions de consommation “moyennes” fei sont de type Holling I ou Holling II. Lorsque toutes les fonctions de consommation fi(x, R) sont ponctuellement (en chaque x∈Ω) de type Holling I, les fonctionsfei(r) sont ´egalement de type Holling I et alors le th´eor`eme 1.3.3 du chapitre 1 (Hsu, 1978 [41] ) implique l’existence d’un attracteur global.

5.3. PROBL`EMES AGR´EG´ES ET COMPORTEMENT QUALITATIF DES

SOLUTIONS 107

Th´eor`eme 5.3.8. (Cas des fonctions de type Holling I)

Supposons que les fonctions de consommation apparaissant dans le probl`eme (5.1.1)

sont de la forme fi(x, R(t, x)) =Ci(x)R(t, x) avec Ci ∈C1(Ω) et Ci(x)>0. Alors, le probl`eme agr´eg´e s’´ecrit

d

dtr(t) =Ie−mf0r(t)−r(t)PN

i=1Ceiui(t) d

dtui(t) = (ceir(t)−mfi)ui(t) (5.3.10)

o`u Ieet les mfi sont d´efinis dans le th´eor`eme 5.3.1 etcei =R

Ci. En cons´equence, les ri

sont toujours d´efinis par ri = mfi

e

ci et s = Ie f

m0.

Si, pour tout i = 1..N, on a s ≤ ri, alors il existe ε0 tel que, pour tout ε < ε0, le syst`eme (5.1.1) admet un attracteur global pour le quadrant positif de la forme P0 = (R0,0, ..,0).

Si r1 < s et, pour tout i ≥ 2, r1 < ri, alors il existe ε0 tel que pour, tout ε < ε0, le syst`eme (5.1.1) admet un attracteur global pour le quadrant positif et U1 >0, de la forme P1 = (R1, U1,0, ..,0).

Preuve : Il suffit de montrer que le probl`eme agr´eg´e est de la forme (5.3.10). La suite d´ecoule imm´ediatement des th´eor`emes 5.3.1, 5.3.2 et des r´esultats connus sur le chemostat homog`ene (Chapitre 1 et [41]). On sait que le probl`eme agr´eg´e est de la forme (5.3.1). Il reste `a calculer les fonctions fei(r). On a

e fi(r) = Z fi(r) = Z Cir =ceir,

ce qui termine la preuve.

Enfin, lorsque les fonctions de consommation “moyennes”, c’est-`a-dire les fonctions e

fi, sont de type Holling II, on peut ´egalement en d´eduire un th´eor`eme de stabilit´e globale. Cependant, la situation n’est pas aussi simple que dans le cadre de fonctions de type Holling I. Si les fonctions fi(x, R) sont ponctuellement (en tout x ∈ Ω) de type Holling II, il n’en va pas forc´ement de mˆeme pour les fonctions fei et le th´eor`eme 1.3.3 ne s’applique pas. Nous sommes donc limit´es `a certains types de fonctions de type Holling II.

Th´eor`eme 5.3.9. (Cas des fonctions de consommation de type Holling II) Supposons que les fonctions de consommation sont de la forme fi(x, R) = Ci(x)R

ki+R , o`u ki

est une constante positive. Alors, les fonctions de consommation moyennes sont de la forme

e

fi(r) = ceir ki+r,

108

CHAPITRE 5. MIGRATION RAPIDE DANS LES PROBL`EMES DISCRET ET CONTINU

o`u cei =R

Ci.

Le probl`eme agr´eg´e s’´ecrit alors

       d dtr(t) =Ie−mf0r(t)− N X i=1 e fi(r(t))ui(t) d dtui(t) = e fi(r(t))−mfi ui(t). (5.3.11) Pouri∈ {1,· · ·, N}, on a ri = ki e

ci−mfi sicei >mfi etri = +∞sinon. Avec ces notations, on a le r´esultat de convergence globale suivant.

Si ri = +∞, alors il existe ε0 >0 petit tel que la composante Uiε de la solution du probl`eme (5.1.1) v´erifie limt+Uiε(t) = 0.

Si, pour tout i ≥ 1, on a s ≤ri, alors l’´equilibre P0 = (R0,0, ..,0) est globale-ment asymptotiqueglobale-ment stable (dans le quadrant positif ).

Sir1 < s et, pour touti≥2, on ar1 < ri, alors l’´equilibreP1 = (R1, U1,0, ..,0)

existe et est globalement asymptotiquement stable (dans le quadrant positif v´erifiant

U1ε >0).

Preuve : Il suffit de montrer `a nouveau que le probl`eme agr´eg´e est de la forme (5.3.11). On sait qu’il est de la forme (5.3.1), il suffit donc de calculer les fonctions fei(r). On a,

e fi(r) = Z fi(r) = Z Cir ki+r.

On voit ici que, si Ki est une fonction de x ∈ Ω, on ne peut pas se ramener `a une fonction de la forme fei(r) = cei

e

ki+r. En revanche, si ki est une constante, il vient e fi(r) = Z Cir ki+r = e cir ki+r.

L’application des th´eor`emes 1.3.3 du chapitre 1 et 5.3.5 de ce chapitre conclut.

5.4 Discussion et conclusion

Pour un taux de diffusion quelconque, l’´etude des solutions stationnaires ainsi que le comportement des solutions en temps long du probl`eme de comp´etition pour une ressource (5.0.1) est un probl`eme ouvert. Ce chapitre montre que, lorsque le taux de diffusion est suffisamment grand, on peut ramener l’´etude de (5.0.1) `a l’´etude d’un probl`eme agr´eg´e calculable explicitement et consistant en un syst`eme diff´erentiel de type chemostat homog`ene. Intuitivement, lorsque le taux de diffusion est grand, tout se passe comme si le milieu est fortement m´elang´e et la dynamique est d´ecrite par un probl`eme moyen sur tout Ω. Le probl`eme agr´eg´e est un syst`eme largement ´etudi´e dans la litt´erature [6, 12, 22, 41, 43, 53, 76, 80, 88].

5.4. DISCUSSION ET CONCLUSION 109 Les solutions stationnaires du probl`eme agr´eg´e sont bien connues. Lorsqu’elles sont toutes hyperboliques, ceci permet de d´ecrire toutes les solutions stationnaires de (5.0.1) (Th´eor`eme 5.3.6). Les ´equations de chaque esp`ece dans le probl`eme agr´eg´e sont de la forme

d

dtui = (fei(r)mfi)ui (5.4.1) o`u r d´esigne la masse moyenne de la ressource et ui celle de l’esp`ece ui. Si ui > 0 est une solution stationnaire de (5.4.1), on a

e

fi(r) = mfi. (5.4.2) Sous l’hypoth`ese 5.1.2, les fonctions de consommation moyennes fei sont strictement croissantes enr(Proposition 5.3.1). Ainsi, il existe au plus une solutionri =fei1(mfi)> 0 v´erifiant (5.4.2). Si cette solution n’existe pas, on note ri = +∞. La quantit´eri est la valeur minimale de la ressource en dessous de laquelle l’esp`ece i ne peut croˆıtre (au sens du probl`eme agr´eg´e). Par suite, si le probl`eme agr´eg´e admet une solution stationnaire de coexistence (au moins deux ui non nulles), alors il existe i 6= k tel que ri = rk < +∞. Sous l’hypoth`ese g´en´erique ri 6= rk, pour tout i 6= k tel que

ri <+∞, le probl`eme agr´eg´e n’admet aucune solution stationnaire de coexistence. Le th´eor`eme 5.3.6 certifie alors que le probl`eme d’origine (5.0.1) n’admet aucune solution stationnaire de coexistence. Au contraire, dans le chapitre 4, nous montrons dans le cas du probl`eme discret que la coexistence est possible de mani`ere g´en´erique (au sens des solutions stationnaires) lorsque le taux de migration est petit. Ainsi, lorsque le taux de diffusion (ou de migration) varie de tr`es petit `a tr`es grand, on observe un changement de r´egime. Dans le chapitre 6, nous construisons des solutions stationnaires de coexistence pour deux esp`eces et un taux de diffusion quelconque. Dans le chapitre 7, nous ´etendons l’interpr´etation au cas d’un nombre quelconque d’esp`eces. Nous serons alors en mesure d’expliquer plus finement ce ph´enom`ene de transition.

Mis `a part pour le cas homog`ene (c’est-`a-dire lorsque tous les param`etres sont ind´ependants de x), la dynamique en temps long des solutions de (5.0.1) semble ˆetre un probl`eme difficile. Le th´eor`eme 5.3.5 montre que, pour un taux de diffusion assez grand, si le probl`eme agr´eg´e admet un attracteur global, alors le probl`eme original ´

egalement. Plus pr´ecis´ement, lorsque le principe d’exclusion comp´etitive est vrai pour le probl`eme agr´eg´e, il en va de mˆeme pour le probl`eme (5.0.1) d`es que la diffusion est assez grande (Th´eor`emes 5.3.7, 5.3.8 et 5.3.9). Ainsi, la coexistence ne semble ˆetre pos-sible, de mani`ere g´en´erique, que pour une diffusion suffisamment faible. Une difficult´e essentielle d’interpr´etation apparaˆıt `a ce niveau d’analyse. Bien que le probl`eme agr´eg´e soit plus simple, la forme des fonctions de consommation, calculable explicitement, est complexe. Dans la situation la plus simple, celle de fonctions ponctuellement de type Holling I, cette difficult´e n’apparaˆıt pas. D`es que les fonctions de consommation sont plus complexes, par exemple pour le cas Holling II, nous sommes amen´es `a restreindre

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CHAPITRE 5. MIGRATION RAPIDE DANS LES PROBL`EMES DISCRET ET CONTINU la classe de fonctions consid´er´ees. De mani`ere g´en´erale, les fonctions de consommation moyennes ne conservent que la croissance en r et aucun r´esultat de convergence glo-bale n’est connu pour un probl`eme aussi g´en´eral (Chapitre 1). Wolkowicz et Lu [88] ont montr´e, dans un cadre de chemostat homog`ene, que le principe d’exclusion comp´etitive est valable pour une classe de fonctions de consommation dont les types Holling I et Holling II sont des cas particuliers. Leur r´esultat a ´et´e ´etendu par Li [53] `a une plus large classe de fonctions. Cependant, il n’est pas clair que, lorsque les fonctions de consommation sont ponctuellement dans le cadre des r´esultats de Wolkowicz, Lu et Li, les fonctions de consommation moyennes le soient ´egalement. Pour ´etendre les r´esultats de ce chapitre, il serait int´eressant d’exhiber une condition suffisante sur les fonctions

fi(x, R) assurant que les fonctions moyennes fei rentrent dans le cadre des r´esultats pr´ecit´es.

Du point de vue des solutions stationnaires, au plus une esp`ece survit lorsque le taux de diffusion est suffisamment grand. Ceci justifie l’hypoth`ese “well-mixed” effectu´ee dans l’´ecriture du chemostat homog`ene. Le calcul des param`etres du probl`eme agr´eg´e permet de d´efinir la notion de meilleure comp´etitrice en moyenne. L’esp`ece qui est la meilleure comp´etitrice en moyenne est celle dont le taux minimal de ressources pour croˆıtre,ri =fei1(mfi) est le plus petit. A l’inverse, on peut d´efinir la notion demeilleure

comp´etitrice locale. La meilleure comp´etitrice locale en x∈Ω est l’esp`ece pour laquelle

Ri(x) =fi(x,·)1(mi(x)) est le plus petit.

Ceci peut ˆetre mis en parall`ele avec la notion ´ecologique d’esp`ece g´en´eraliste, op-pos´ee `a la notion d’esp`ece sp´ecialiste. Dans le cadre d’environnements spatialement h´et´erog`enes, une esp`ece i est g´en´eraliste si ri est petit et sp´ecialiste si Ri(x) est petit sur certaines parties de Ω et grand sur d’autres.

Pour une petite diffusion, les esp`eces sp´ecialistes sont favoris´ees ; les dynamiques locales ´

etant pr´epond´erantes sur les d´eplacements dans Ω. Ceci est montr´e dans le cas du probl`eme discret dans le chapitre 4. Ce chapitre montre que les esp`eces g´en´eralistes sont favoris´ees lorsque le brassage du milieu, c’est-`a-dire le taux de diffusion (ou migration), est grand.

Notons qu’une esp`ece qui ne survit pas localement, c’est-`a-dire dont leRi(x) est le plus petit en aucun pointx∈Ω, peut ˆetre la meilleure comp´etitrice en moyenne. Illustrons ce ph´enom`ene sur un exemple simple. On se place dans le cas de trois esp`eces sur Ω = [0,2], avec des fonctions de type Holling I et des mortalit´esmi = 1. On a 1/Ri(x) =Ci(x) et 1/ri = 12R2

0 Ci(x)dx. PrenonsC1 ≈0 et C2 ≈2 sur (0,1), C1 ≈2 et C2 ≈0 sur (1,2), etC3 = 1.5 sur [0,2]. On ar1 ≈1,r2 ≈1 etr3 ≈2/3. Ainsi, l’esp`ece 3 est la meilleure en moyenne. Par ailleurs, R1 < R3 sur (0,1) et R2 < R3 sur (0,2) et l’esp`ece 3 n’est la meilleure comp´etitrice locale en aucun point de Ω. Les deux premi`eres esp`eces sont ainsi des sp´ecialistes et, pour de faibles diffusions, elles se d´eveloppent chacune sur leur site de pr´edilection, amenant l’extinction de la troisi`eme. En revanche, pour de fortes diffusions, la troisi`eme esp`ece est la seule pouvant se d´evelopper convenablement dans tout l’espace amenant l’extinction des deux premi`eres.

5.4. DISCUSSION ET CONCLUSION 111

Une esp`ece qui n’est la meilleure comp´etitrice locale en aucun point de Ω

peut ˆetre la meilleure comp´etitrice en moyenne.

Nous rediscutons de ceci dans le chapitre 7.

L’exemple pr´ec´edent est tr`es intuitif et est le seul type de configuration possible lorsque les taux de mortalit´e sont constants en espace. Si les taux de mortalit´e sont h´et´erog`enes, un ph´enom`ene plus original apparaˆıt.

Une esp`ece qui est la moins bonne comp´etitrice locale en tout point de Ω

peut ˆetre la meilleure comp´etitrice en moyenne.

Pour exhiber un exemple, il suffit, dans le cas de deux esp`eces et de fonctions de type Holling I, de trouver des fonctions mi(x) et Ci(x) telles que

R1(x) := m1(x) C1(x) < m2(x) C2(x) :=R2(x) ∀x∈Ω et r1 := R m1(x)dx R C1(x)dx > R m2(x)dx R C2(x)dx :=r 2.

On peut montrer que, R1(x) et R2(x) ´etant fix´es, ces quatre fonctions mi(x) et Ci(x),

i= 1,2 existent si et seulement si sup(R1)>inf(R2). La preuve de ce r´esultat montre que l’esp`ece 2, qui est a priori vou´ee `a disparaˆıtre, concentre son effort d´emographique au point x2 ∈ Ω o`u elle est la plus efficace (R2(x2) = infR2) tandis que l’esp`ece 1, a priori la seule survivante, concentre son effort d´emographique au point x1 ∈ Ω o`u elle est la moins efficace (R1(x1) = maxR1). Afin d’exhiber le ph´enom`ene, prenons

mi(x), Ci(x)≈δxi o`uδxi est un Dirac enxi. On a alorsri =Ri(xi) et la seconde esp`ece est la meilleure en moyenne. Ce ph´enom`ene est discut´e et illustr´e dans le chapitre 8. Dans la mˆeme id´ee, on peut trouver un probl`eme de chemostat, pour une seule esp`ece, avec fonctions de consommation de type Holling I, tel que le syst`eme de r´eaction (sans diffusion) conduit `a la disparition de l’esp`ece (resp. conduit `a la survie de l’esp`ece), alors que, pour le mˆeme probl`eme avec diffusion, l’esp`ece survit et sa concentration tend vers un ´equilibre (resp. ne survit pas). Ici encore, des hypoth`eses d’h´et´erog´en´eit´e sur les coefficients induisent ce ph´enom`ene.

L’´etude de ce chapitre peut ˆetre prolong´ee dans plusieurs directions.

Premi`erement, les th´eor`emes 5.3.6, 5.3.7, 5.3.8 et 5.3.9 supposent que les solutions stationnaires du probl`eme agr´eg´e consid´er´e sont hyperboliques, c’est-`a-dire que les nombresrisont distincts. Dans un chemostat homog`ene, on peut d´ecrire plus pr´ecis´ement la dynamique lorsque plusieurs esp`eces ont des taux critiques de consommation (les

ri) ´egaux et minimaux [80]. On obtient alors une famille d’´etats d’´equilibre qui est un attracteur global. La dynamique en temps long d´epend des ´etats initiaux et la coexistence est possible. L’application du th´eor`eme 5.3.2 permet d’en d´eduire la dy-namique approch´ee du syst`eme (5.0.1). Cependant, l’´etude pr´ec´edente ne permet pas

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CHAPITRE 5. MIGRATION RAPIDE DANS LES PROBL`EMES DISCRET ET CONTINU de construire explicitement les solutions stationnaires du probl`eme d’origine pr`es d’un point hyperbolique. Pour ´etudier plus pr´ecis´ement comment le syst`eme (5.0.1) se com-porte pour de grandes diffusions lorsque l’on est dans ce cas d´eg´en´er´e, il faut calculer les approximations de la vari´et´e centrale `a un ordre plus ´elev´e. Ce faisant, nous obte-nons un syst`eme approch´e `a l’ordre ε2 faisant intervenir des termes de perturbation cubiques d’ordre ε dont l’´etude semble plus complexe.

Deuxi`emement, dans ce chapitre comme dans toute la th`ese, nous restreignons notre ´etude au cas de fonctions de consommation ponctuellement croissantes en la ressource. Cette hypoth`ese n’intervient que dans l’analyse du comportement qualitatif du probl`eme agr´eg´e. Ainsi, il serait int´eressant d’´etudier le cas de fonctions non mo-notones et de calculer quelle forme prend alors le probl`eme agr´eg´e. Il est clairement, ici encore, de la forme d’un chemostat homog`ene mais les fonctions de consommation moyennes ne sont plus croissantes. Un tel probl`eme de chemostat homog`ene avec fonc-tions de consommation non monotones est ´etudi´e notamment dans [53, 88, 89]. Il serait