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II. Cas d’etude : Présentation du site archéologique de Thouda

II.2 Aperçu historique sur la région Thouda

II. Cas d’etude : Présentation du site archéologique de Thouda

II.1 Situation géographique et administrative de Thouda

Le site archéologique de Tahouda se situe sur le piémont saharien de l’Aurès à 6 km au nord de la commune et de la daïra de sidi Okba et à 24 km au sud -est de la wilaya de Biskra. Le climat de cette région est désertique, froid et sec en hiver ; chaud et sec en été. Les coordonnées du site selon le dispositif de géolocalisation (GPS) sont : 5°53 ˮ43.98’E et 34°48 ˮ7.96’N avec une altitude de 83m au-dessus du niveau moyen de la mer (Hadji, 2015). Cette région est traversée par un cours d’eau, bien souvent sec, l’oued El Abiod, dont les eaux sont captées à 5Km au Nord de Thouda par le barrage de foum el kherza. En plus, elle possède de grandes richesses et tout autour règne un faubourg entourés d’un fossé.

II.2 Aperçu historique sur la région Thouda

Thouda est l'un des sites archéologiques stratégique qui a joué un rôle primordial au sud des Aurès (au milieu du Ie siècle). Ceci a fait de lui un foyer de plusieurs civilisations successives au fil des siècles (Fig.III.5).

II.2.1 Epoque romaine

De nombreuses indications issues des sources anciennes attestent les traces de la présence romaine à Thouda qui était théoriquement moins soumise au pouvoir auparavant. Cette appartenance antérieure s’explique facilement par sa situation géographique saharienne (Desange,1964) .

Figure III.4 : Provence d’Afrique sous le haut empire. (Source : Pizzaferri,2011)

66 En effet, la table de Peutinger (la carte routière qui représente schématiquement les principales routes de l'ensemble de l'empire romain) mentionne Thabudeos sur une route reliant cette ville à Gemellas et Badias et à 24 mille de Gemellae (Peutinger,IV,3). Ptolémée à son tour détermine exactement sa position à Lambèse (Ragot, 1874). Par ailleurs, Pline l'Ancien, V, 37 a cité le village de Thouda à propos de l'expédition de Cornelius Balbus sous auguste en 20 av. J.-C, en l’appelant « Tabudium oppidum » (Gsell, Feuille 49, N°1,1911).

II.2.2 Epoque chrétienne

Depuis l’incursion chrétienne de la Numidie, Thouda aussi n’était pas à l’abri des conflits religieux entre les catholiques et les donatistes. Elle est devenue un siège de deux importants évêchés en même temps l’un catholique et l’autre donatiste qui ont assisté à la conférence de Carthage en 411 (Gsell, Feiulle N°49,1911). La notice nomme l’évêque catholique comme le quarante deuxième sur la liste des évêques de la Numidie et, dès lors, il convenait d’attribuer à l’évêque catholique « Tabuda » de la province de Numidie (Toulott, 1894). De plus, une autre trace de la présence chrétienne sur ce site est affirmée récemment lors des fouilles effectuées sur ce site où un fragment d’une lampe datant de l’époque chrétienne en poterie de schiste argileux a été retrouvé sur le site (Fig.III.6) (Hadji, 2011).

Figure III.6 : Fragment d’une lampe datant de l’époque chrétienne.(Source : Hadji,2011).

Figure.III. 5: Localisation de Thouda. (Source : Morizot ,2010 ) .

67 II 2.3 Epoque vandale

En effet, les connaissances sur l’époque des vandales dans cette localité restent encore très limitées. Certains auteurs soulignent à ce propos que rien ne prouve véritablement l’occupation des vandales de cette région car la domination des vandales s’est limitée aux nord des monts des Aurès et qu’ils n’ont jamais conquis le sud (Courtois,1955). Néanmoins, d’autres auteurs mentionnent que l’Aurès y compris cette région se sont libérés de la domination des vandales sous le règne d'Hunéric et peut être même plus tôt (Procope de Cesarée,I1.8).

II.2.4 Epoque Byzantine

Cette époque présentait auparavant de nombreuses suggestions et dissensions entre plusieurs chercheurs. Charles Diehl, par exemple, s’est intéressé dans son ouvrage consacré à l’Afrique, si l’occupation byzantine est véritablement passée par le piémont saharien au sud de l’Aurès ou non. Il arriva à démontrer que les Byzantins n'avaient pas occupé le sud de l'Aurès (Diehl, 1896). En ce qui concerne la région de Thouda ,Ch. Diehl signale ainsi , « en l'absence de renseignements précis sur la nature de ruines conservées à Badis et à Thouda ; rien n'oblige à admettre l’existence d’ établissements byzantins au Sud de l’Aurès» ( Diehl,1896).

Néanmoins, cette thèse de Ch. Diehl a été longtemps considérée comme la seule source jusqu'à la parution d'un article d'E. Albertini publié en 1932, où ce dernier présentait deux fragments d'inscriptions trouvés au pied du tell de Thabudeos, à peu de distance du castrum trapézoïdal de Thouda (Thabudeos). Ces inscriptions introduisent une hypothèse inverse où

« l'élément de titulature ex co(nsule) lisible sur ces fragments se retrouve sur une douzaine de dédicaces africaines qui s'inscrivent elles-mêmes dans une série datée, selon J. Durliat, de la deuxième préfecture du prétoire de Solomon, entre 539 et 544. La forme arrondie de l'E sur l'un des fragments est au demeurant un aspect paléographique propre aux inscriptions byzantines » (Trousset,1985,p372).

Plus tard, l'examen des photographies de ces deux fragments, prises par J.

Baradez, a laissé planer le doute que la titulature du patrice Solomon y figure: « On ne peut donc s'appuyer sur elles pour affirmer la présence byzantine au sud de l'Aurès proprement dit.

Possible toutefois, celle-ci reste à prouver » (Morizot ,1999,p01).

En dehors des inscriptions de Thouda, plusieurs arguments de différentes sortes ont été avancés en faveur d'une présence byzantine sur ce site entre autre :

68 i) : Les sources historiques, c'est-à-dire essentiellement le de Aedificiis et le Bellum vandalicum de Procope (Morizot.P,1999 ,p155 ).

ii) : Le dossier archéologique: la description de Baradez et la documentation photographique existante (Fig.III.7.8)

iii) : Le matériel épigraphique provenant des sites sahariens voisins de l'Aurès » (Morizot,1999 ,p155 ).

II.2.5 Epoque musulmane

Thouda est célèbre dans l’histoire musulmane arabe car c’est dans cette région que s’est formée la conspiration à travers laquelle Okba Ibn Nafaa trouva la mort dans une embuscade tendue par les Berbères de Koceila (Guyon ,1847). Son tombeau se trouve à proximité dans l’oasis à laquelle on a donné son nom. Autour de ce tombeau s’est construite une cité qui n’a cessé de se développer au cours des siècles, remployant largement les vestiges de l’antique Thabudeos (Morizot ,2010). A ce titre, Hadji, à travers ses recherches effectuées sur terrain en décembre 2012 a pu trouver au côté sud de castrum, des traces des plans de construction en gravier, ce qui lui a permet de suggérer que ces dernières remontent à l’époque musulmane (Fig.III.9). Par ailleurs, la mosquée de sidi al Sahbi est considérée comme une forte trace de l’époque musulmane (Fig.III.10)

Figure III.9: Traces des plans de construction.

(Source :Hadji Y-R, 2012).

Figure III.10:Mosquée de sidi Sahbi. (Source : Auteur,2016).

Figure III.7: Fragment d'inscription de Thouda.

Source :(Baradez, 1949 ).

Figure III.8 : Fragment d'inscription de Thouda.

Source : Baradez,1949 ).

69 A travers cet aperçu historique et archéologique sur l’évolution de la région, il se révèle que Thouda a été donc le théâtre de plusieurs civilisations qui se sont succédées et dont de nombreux vestiges subsistent encore. A cet effet, les interventions de conservation et de mise en valeur de cette région s’avèrent nécessaires afin de mieux transmettre toute cette richesse patrimoniale aux nouvelles générations.