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Les anticorps recombinants forment une classe de molécules thérapeutiques en pleine expansion depuis leur apparition en 1993. (The EPIC Investigators, 1994) En 2010, ils représentaient 7 % du marché pharmaceutique global qui s'élevait alors à 597 milliards de dollars et le chiffre d'affaires des 10 anticorps les plus vendus s'élevait à plus de 40 milliards de dollars. Plus de 50 % des anticorps recombinants actuellement commercialisé sont prescrits en oncologie, et plus de 37 % sont prescrits pour le traitement des maladies auto-immunes. (Elvin, Couston, & van der Walle, 2013)

2.2.1) Les différentes générations d'anticorps

recombinants et leurs différentes spécificités

Les anticorps recombinants s'opposent aux anticorps monoclonaux conventionnels par les méthodes utilisées pour leur isolement. En effet l'isolement d'anticorps recombinants nécessite des techniques de biologie moléculaire et de génie génétique. (Strohl & Strohl, 2012) Trois générations d'anticorps recombinants se sont succédé durant ces 20 dernières

années : les anticorps chimériques, les anticorps humanisés, et les anticorps humains (Figure

immunogène. De nombreux chercheurs s'accordent à dire que l'augmentation de la proportion de séquence humaine (augmentation de "l'humanité") dans des anticorps est corrélée avec l'augmentation de leur tolérance (Mukovozov, Sabljic, Hortelano, & Ofosu, 2008; Pendley, Schantz, & Wagner, 2003), et les différentes générations d'anticorps développées visent donc à diminuer la proportion de résidus non-humains dans les anticorps thérapeutiques afin d'optimiser leur tolérance. Le développement de ces différentes générations d'anticorps a été rendu possible par l'avènement des techniques de biologie moléculaire. En particulier, la découverte de la PCR a permis le clonage des gènes codant les domaines variables, étape préalable à l'expression recombinante des anticorps. (Orlandi, Güssow, Jones, & Winter, 1989) Comme il a déjà été mentionné, même les anticorps entièrement humains ne sont pas

parfaitement tolérés, comme le montre l'existence d'anticorps anti-idiotypes. (G M Bartelds et

al., 2006; Geertje M Bartelds et al., 2011; van Schouwenburg et al., 2013)

Figure 27 : Les différentes générations d'anticorps monoclonaux.

Les anticorps monoclonaux conventionnels obtenus par biologie cellulaire s'opposent aux anticorps recombinants obtenus par biologie cellulaire suivi d'étapes d'ingénierie moléculaire.

2.2.2) La 1ère génération d'anticorps : les anticorps chimériques

La chimérisation d'un anticorps consiste à exprimer les séquences d'ADN codant les domaines variables d'un anticorps d'origine animale (généralement murin), responsables de la spécificité pour l'antigène, en fusion avec les séquences d'ADN codant les régions constantes d'un anticorps humain. (Boulianne, Hozumi, & Shulman, 1984; Morrison, Johnson, Herzenberg, & Oi, 1984) Cette manipulation permet de réduire la proportion de résidus non-humains à 33 % et donc d'augmenter la tolérance des anticorps. Le suffixe de la

Dénomination Commune Internationnale (International ,onproprietary ,ames, INN) des

anticorps chimériques est "-ximab" (Abciximab, par exemple). Actuellement six anticorps

chimériques sont commercialisés pour un usage thérapeutique (Figure 28). Le premier

anticorps chimérique (sous un format Fab) à avoir été commercialisé est l'Abciximab

(ReoPro®, Centocor Ortho Biotech Inc., Horsham, Etats-Unis d'Amérique), le 16 décembre

1993. Il est utilisé en cardiologie en tant qu'anti coagulant, chez des personnes nécessitant une angioplastie coronaire. A l'inverse des autres anticorps thérapeutiques, l'Abciximab a été isolé sous forme d'immunoglobuline entière puis il a été clivé en un fragment Fab. Ce clivage lui confère une courte demi-vie, permettant son élimination rapide après injection. En tout, six anticorps chimériques ont obtenus des autorisations de mise sur le marché pour diverses indications cliniques, entre 1993 et 2011. Bien que plusieurs anticorps chimériques soient encore en essais cliniques, les anticorps chimériques sont très vite apparus comme imparfaitement tolérés. (Norman, Chatenoud, Cohen, Goldman, & Shield, 1993; E. Schmidt,

Hennig, Mengede, Zillikens, & Kromminga, 2009; Su & Lichtenstein, 2003; Wagner et al.,

2003) Par exemple, jusqu'à 61 % des patients traités avec l'Infliximab ont développé une réponse anticorps anti-Infliximab après cinq injections. (Getts, Getts, McCarthy, Chastain, & Miller, 2010; Su & Lichtenstein, 2003) Pour pallier ce problème, une nouvelle génération d'anticorps recombinants a été développée.

Nom générique Nom commercial Entreprise Cible Particularités Prescription Première AMM

Abciximab REOPRO® Centocor Inc. Eli Lilly ITGA2B ITGB3 Anti plaquettes ( prévention pré-opératoire) 16 décembre 1993 (FDA) Basiliximab SIMULECT® Novartis Pharmaceuticals Corp. IL2RA Prévention des rejets lors des

transplantations d'organes

12 mai 1998 (FDA) Brentuximab vedotin ADCETRIS Seattle genetics, Inc. TNFRSF8 Conjugué au

MMAE Lymphome Hodgkinien

19 août 2011 (FDA) Cetuximab ERBITUX® ImClone Systems Inc. Merck & Co., Inc. EGFR Cancers colorectaux métastatiques 12 février 2004

(FDA)

Infliximab REMICADE® Janssen Biotechn Inc. TNF

Spondylarthrite ankylosante. Maladie de Crohn's. Psoriasis sévère.

Colite ulcéreuse. Arthrite psoriasique. Arthrite rhumatoïde 24 août 1998 (FDA) Rituximab MABTHERA ® RITUXAN® CureTech IDEC Pharmaceuticals, Inc. Genentech Inc. MS4A1

Leucémie lymphocytaire chronique. Granulome de Wegener. Lymphome non-Hodgkinien.

Arthrite rhumatoïde

1er novembre 1997 (FDA)

Figure 28 : Liste des anticorps chimériques disposant d'une autorisation de mise sur le marché pour un usage thérapeutique.

AMM : Autorisation de Mise sur le Marché. FDA : U S Food and Drug Administration. D'après IMGT (http://www.imgt.org), en date du 21/02/2013.

2.2.3) La 2ème génération d'anticorps : les anticorps

humanisés

Les anticorps humanisés (suffixe de la dénomination commune internationale en "-zumab") sont technologiquement plus difficile à obtenir que les anticorps chimériques. Le principe général de l'humanisation, tel que proposé par Greg Winter à la fin des années 1980 (P. T. Jones, Dear, Foote, Neuberger, & Winter, 1986; Riechmann, Clark, Waldmann, &

Winter, 1988) consiste à greffer les régions hypervariables (Complementary Determining

Regions, CDR) d'un anticorps d'intérêt, souvent murin, sur les régions charpentes (Framework Region, FR) d'un anticorps humain. Cette technique permet théoriquement de conserver la spécificité de l'anticorps pour sa cible, tout en ne conservant qu'environ 10 % de résidus codés par des séquences non-humaines. Cependant, les régions charpentes contraignent la conformation des CDR, permettant de maintenir une conformation tri-dimensionnelle précise du site de fixation de l'antigène sur l'anticorps. Ainsi, bien que la majorité des acides aminés qui composent les FR n'interviennent pas directement dans l'interaction avec l'épitope, certains des acides aminés des FR parentaux sont indirectement importants pour la conformation tridimensionnelle des CDR et doivent aussi être greffés pour maintenir la fonctionnalité de l'anticorps. (Foote & Winter, 1992). Plusieurs approches ont été développées pour sélectionner les FR qui serviront de charpente à la greffe des CDR. Il peut s'agir de FR i)

réarrangés (Co et al., 1996) ii) consensus (P. Carter et al., 1992; Tiwari, Khanna, Acharya, &

L'inconvénient des FR réarrangés est qu'ils peuvent être reconnus comme n'appartenant pas au Soi immunologique humain. En effet, lors du processus de réarrangement de l'ADN codant les domaines variables, des acides aminés non codés par le génome peuvent être introduits dans les FR, et être immunogènes. Les FR consensus, eux, correspondent à une séquence construite synthétiquement dans le but de préserver la conformation des CDR. Les acides aminés de chaque position, composant les FR consensus, correspondent à ceux les plus fréquemment retrouvés à la même position dans les séquences germinales humaines. Cette séquence n'est donc pas retrouvée naturellement dans l'organisme et peut donc aussi être immunogène mais elle respecte en général la conformation des CDR murins. Les FR germinaux apparaissent comme un cadre privilégié pour l'humanisation. En effet, ils sont retrouvé dans les IgM, n'ayant pas subi le mécanisme de maturation d'affinité, et ils ne sont donc pas immunogènes. Les seules différences de séquences de ces FR germinaux correspondent à la variation allélique inter-individus ; elles sont minimes et donc peu

susceptibles d'engendrer une réponse immunitaire. (Hwang et al., 2005)

Depuis 1986, plusieurs variantes d'humanisation ont été utilisées afin de contourner les brevets existants et d'optimiser la tolérance des anticorps humanisés. (Brevets US patent

US5225539, US5693761 ou encore US5821337) (Co & Queen, 1991; P. T. Jones et al., 1986;

Ostberg & Queen, 1995; Queen et al., 1989) Pour aider au travail d'humanisation, Jose

Saldanha et al (Saldanha, 2013) ont regroupés dans une base de données, accessible en ligne,

l'ensemble des anticorps humanisés et l'emplacement des résidus mutés qui ont dû être restaurés pour préserver les affinités des anticorps. Parmi ces alternatives on peut par exemple citer :

• la SDR (pour Specificity-Determining Region), qui est une approche consistant

à greffer au sein du domaine variable d'un anticorps humain uniquement les acides aminés des CDR et FR qui ont été déterminés par cristallographie, ou

par des outils in silico, comme nécessaires à la spécificité de l'anticorps.

(Kashmiri, De Pascalis, Gonzales, & Schlom, 2005) Seul un tiers des acides aminés des CDR sont greffés, en moyenne, car les deux tiers restants ne sont pas impliqués dans l'interaction avec l'antigène. (Padlan, Abergel, & Tipper, 1995) Cette technique permet ainsi de réduire le nombre de résidus non-humains dans l'anticorps thérapeutique, et d'augmenter sa tolérance sans affecter son affinité.

• La HSC (pour Human String Content) (Lazar, Desjarlais, Jacinto, Karki, &

font partie du Soi, et ne sont donc pas immunogènes. Ces séquences ne comportent en particulier pas d'épitope T, qui sont nécessaires à l'activation de la réponse immunitaire adaptative. Les épitopes T sont majoritairement des séquences de neuf acides aminés, et la stratégie HSC vise à les éliminer. Pour cela, la séquence du domaine variable de l'anticorps est découpée informatiquement en peptides de neuf résidus, qui sont ensuite alignés avec toutes les séquences germinales humaines. Si une séquence est identifiée comme identique à une séquence germinale humaine, celle-ci ne peut pas former un épitope. A l'inverse, si le peptide de neuf acides aminés comporte des différences avec les séquences germinales humaines, les lymphocytes n'auront jamais été en contact avec ce peptide et le détecteront donc comme non-Soi. Des mutations sont alors introduites pour supprimer l'épitope potentiel en cherchant à remplacer sa séquence par une séquence germinale humaine.

• La super-humanisation, ou germinalisation, a été utilisée pour la première fois

en 2002 (Tan et al., 2002) pour humaniser l'anticorps murin 9.3 dirigé contre le

CD28. La séquence germinale humaine la plus proche de l'anticorps isolé a été identifiée. Les résidus de l'anticorps murin différents de la séquence germinale de l'anticorps humain le plus proche ont été mutés pour être remplacés par les acides aminés humains correspondant, si ceux-ci ne diminuent pas l'affinité de

l'immunoglobuline pour sa cible (Figure 29 et Figure 30). (Gonzales et al.,

2004; Hwang et al., 2005; Pelat et al., 2008) Cette approche a été appliquée

aux FR des anticorps de primates non-humains isolés dans notre laboratoire. En effet, l'utilisation d'espèces dont les anticorps sont proches de celles des anticorps humains diminue le nombre de résidus à muter par rapport à l'espèce murine et, généralement, les résidus à muter ont des propriétés physico-chimiques plus proches des résidus humains retrouvés aux mêmes positions. La proximité entre les anticorps macaques et humains a été mis en évidence dans plusieurs travaux de notre unité, et vérifié dans les travaux présentés dans

ce manuscrit. (Pelat et al., 2007, 2008, 2009). Par exemple, le Fab 35PA83,

provenant d'un macaque, comportait 22 acides aminés différents par rapport à la séquence germinale de l'anticorps humain le plus proche, 12 dans sa chaine

lourde et 10 dans sa chaine légère. Le Fab Hu435PA83 est le variant le plus

germinalisé qui préserve l'affinité (3,4 nM pour le Fab parental contre 3,7 nM

et trois des 12 acides aminés de sa chaine lourde n'ont pas pu être mutés

("germinalisé") en leurs homologues germinaux humains (Figure 30). (Pelat et

al., 2008)

Figure 29 : Principe de la germinalisation.

A) Séquence de l'anticorps isolé. B)Séquence germinale humaine. Les résidus en gras sont ceux qui divergent entre les deux séquences et dont le plus grand nombre possible doit être remplacé par les acides aminés humains situés à la même position. Seules les mutations respectant l'affinité seront conservées. (Pelat et al., 2008)

Figure 30 : Germinalisation du Fab 35PA83.

35PA83 : séquence du Fab isolé. Hu235PA83 : séquence du Fab 35PA83 complètement germinalisé. Hu435PA83 : séquence du 35PA83 la plus germinalisée possible, conservant l'affinité du Fab initial. Les acides aminés divergeant entre les trois séquences sont représentés en gras. Les différentes régions sont annotées selon la numérotation IMGT. Les acides aminés composant les CDR selon la nomenclature IMGT sont représentés en italique. Les acides aminés de la région N ne sont pas codés par de l'ADN germinal. (Pelat et al., 2008)

• La technique de "resurfacing" ("placage") consiste à supprimer uniquement les acides aminés formant des épitopes B exposés au solvant. Afin d'identifier ces résidus, l'anticorps isolé est modélisé à l'aide d'outils bioinformatiques comme WAM (http://antibody.bath.ac.uk), Modeller (http://salilab.org/index.html, Swiss PDB Viewer (http://spdv.vital-it.ch), ou encore CrystalProtein (http://crystalprotein.com/). Les acides aminés cryptiques n'étant pas exposés au solvant, ils ne sont pas accessibles aux lymphocytes B et ne forment donc

pas d'épitope B. (Novotný et al., 1986) Seuls les acides aminés d'origine

non-humaine et exposés au solvant seront donc remplacés par les acides aminés humains retrouvés aux mêmes positions, dans la structure tridimensionnelle de la séquence de l'anticorps humain le plus proche. Les mutations ne respectant

pas l'affinité ne seront pas conservées. (Pedersen et al., 1994; Roguska et al.,

1994; Skrlj, Vranac, Popović, Curin Šerbec, & Dolinar, 2011) Skrlj et al ont

humanisé par resurfacing le scFv V5B2 en introduisant 13 mutations dans les

FR sans altérer l'affinité du scFv, confirmant ainsi que les acides aminés exposés ne sont pas obligatoirement impliqués dans la reconnaissance de

l'antigène. (Skrlj et al., 2011) Cette technique a été aussi appliquée à des

anticorps actuellement en essais cliniques comme le Lorvotuzumab mertansine

(Roguska et al., 1994) ou le Cantuzumab mertansine (Rodon et al., 2008), tout

deux en phase II. L'absence d'observation d'anticorps anti-Cantuzumab

mertansine chez les patients traités met en évidence le succès du resurfacing.

(Tolcher et al., 2003)

• La technique de "désimmunisation" repose sur le fait que les mécanismes

d'apprêtement des peptides antigèniques sur les CMH étant connus, il est possible de modéliser bioinformatiquement les épitopes T. Cette technique consiste à localiser les épitopes T dans une séquence, puis à les supprimer en introduisant des mutations. De même que précédemment, seules les mutations ne perturbant par l'affinité sont conservées Plusieurs sociétés proposent des

solutions informatiques (comme EPIVax: http://www.ePIVax.com/) ou ex vivo

(comme Antitope : http://www.antitope.co.uk/) qui permettent de détecter la présence d'épitopes T potentiels dans une protéine, afin de pouvoir les supprimer. (De Groot, Goldberg, Moise, & Martin, 2006)

Le Daclizumab (Zenapax®, F. Hoffmann-La Roche Ltd, Bâle, Suisse / Protein Design Labs, BioPharma, Fremont Etats-Unis d'Amérique) a été le premier anticorps humanisé à avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché, le 4 décembre 1997. Il cible l'IL2RA, présent à la surface de cellules immunitaires et était donc utilisé afin d'éviter les phénomènes de rejets lors des greffes de reins. Son efficacité et sa tolérance ont permis de montrer la diminution de l'immunogénicité par l'humanisation, bien que cette tolérance soit aussi favorisée par son action immunosuppressive. (Bellet & Dangles-Marie, 2005) On peut noter que son retrait du marché aux Etats-Unis d'Amérique est dû à la diminution du marché, et non pas à des problèmes d'immunogénicité. La société Protein Design Labs BioPharma (Fremont, Etats-Unis d'Amérique) est d'ailleurs en train de tester le Daclizumab (phases I et II d'essais cliniques) dans neuf indications cliniques nouvelles comme des transplantations d'organes ou les leucémies. Actuellement, 13 anticorps humanisés sont disponibles. En 2012 deux

anticorps ont reçus une autorisation de mise sur le marché : le Mogamulizumab (Poteligeo®,

Kyowa Hakko Kirin, Tokyo) le 20 mars 2012 et le Pertuzumab (PerjetaTM, Genentech Inc,

San Francisco) le 8 juin 2012. Cependant, dans certains cas, les anticorps humanisés continuent à être immunogènes, et des anticorps neutralisants anti-anticorps humanisés ont été

détectés. (Getts et al., 2010; Hwang & Foote, 2005) En particulier, plus de 40 % des patients

traités avec le Teplizumab (MacroGenics Inc.), l'Alemtuzumab (Campath® / MabCampath® /

LEMTRADA, Berlex Inc. / Genzyme Corp. / Millennium Pharmaceuticals Inc) ou le

Vedolizumab (Genentech Inc. / Millennium Pharmaceuticals Inc. / MRC Technology) ont

développé une réponse anticorps anti-anticorps thérapeutiques. (Getts et al., 2010; Somerfield

et al., 2010) L'existance de problèmes de tolérance des anticorps humanisés ont conduit au développement d'une génération d'anticorps mieux tolérés, les anticorps humains.

Nom générique Nom commercial Entreprise Cible Particularités Prescription Première AMM

Alemtuzumab CAMPATH

®

LEMTRADA™

Berlex Inc. Genzyme Corp. Millennium Pharmaceuticals Inc.

Sanofi-Aventis

CD52 Leucémie lymphocytaire chronique. 07 mai 2001 (FDA)

Bevacizumab AVASTIN® Genentech Inc. VEGFA

Carcinome des cellules rénales. Cancers du sein. Cancers colorectaux métastatique.

Glioblastome. Cancers métastatiques des cellules

pulmonaires à grande taille.

26 février 2004 (FDA)

Certolizumab pegol Cimzia® Celltech, UCB TNF Conjugué avec le pégol

Maladie de Crohn. Arthrite rhumatoïde.

22 avril 2008 (FDA) Eculizumab Soliris Alexion Pharmaceuticals Inc. C5 Hémoglobinurie paroxystique nocturne 16 mars 2007 (FDA) Mogamulizumab Poteligeo® Kyowa Hakko Kirin

Amgen CCR4 Leucémies lymphocytaires de l'adulte 30 mars 2012 (MHLW) Natalizumab Tysabri®

Biogen IDEC Pharmaceuticals. Elan Pharmaceuticals

International Ltd.

ITGA4 Maladie de Crohn.Sclérose multiple. 23 novembre 2004 (FDA) Nimotuzumab Theracim® YM BioSciences Inc. EGFR Cancers de la tête et du coup.

Cancers pancréatiques.

02 septembre 2004 (EMA) Omalizumab Xolair®

Genentech Inc. Novartis Pharmaceuticals Corp.

Tanox Inc.

IgE Fc Asthme sévère persistant 20 juin 2003 (FDA) Palivizumab Synagis® Abbott Laboratories. MedImmune Inc. F RSV Virus respiratoire syncytial 19 juin 1998

(FDA) Pertuzumab Perjeta™ Genentech Inc. ERBB2 Cancer du sein 8 juin 2012 (FDA) Ranibizumab Lucentis® Genentech Inc.

Novartis Pharmaceuticals Corp. VEGFA

Dégénérescence maculaire liée à l'âge

30 juin 2006 (FDA) Tocilizumab Actemra RoActemra® Chugai pharmaceuticals Co. Ltd. F. Hoffmann-La Roche Ltd. IL6R

Arthrite idiopathique juvénile systémique. Arthrite rhumatoïde.

17 avril 2008 (Japon) Trastuzumab Herceptin® F. Hoffmann-La Roche Ltd. Genentech Inc. ERBB2

Cancers du sein métastatiques surexprimant ERBB2.

Cancers gastriques.

1er septembre 2008 (FDA)

Figure 31 : Liste des anticorps humanisés disposant d'une autorisation de mise sur le marché pour un usage thérapeutique.

AMM : Autorisation de Mise sur le Marché. FDA : U S Food and Drug Administration. MHLW : Ministry of Health, Labour and Welfare. D'après IMGT, en date du 21/02/2013.

2.2.4) La 3ème génération d'anticorps : les anticorps humains

Des sauts technologiques réalisés récemment permettent d'obtenir des anticorps recombinants entièrement humain (suffixe de la dénomination commune internationale en "-umab", comme l'Adalimumab, par exemple). Si en théorie les technologies cellulaires d'immortalisation peuvent être adaptées pour obtenir des anticorps humains, plusieurs difficultés non résolues rendent son utilisation difficile comme il a été vu précédemment. Différentes alternatives ont donc été développées pour obtenir des anticorps entièrement humain, en particulier l'obtention de souris transgéniques, et la construction et le criblage de banques de fragments d'anticorps.

2.2.4.1) Les souris transgéniques

Bien que les souris soient phylogénétiquement éloignées de l'Homme, les mécanismes de recombinaison des gènes codant les anticorps, les mécanismes additionels de génération de la diversité des anticorps, et les enzymes qui les catalysent sont similaires. Des transgénèses

ont été effectuées pour insérer les séquences d'ADN codant les immunoglobulines humaines dans le génome murin afin de permettre leur expression et leur maturation par les souris.

(Brüggemann et al., 1989) Les principales lignées de souris transgéniques sont les souris

XenoMouse® et HuMab®, développées par Abgenix (Amgen, Thousand Oaks, Etats-Unis) et

Medarex (Bristol-Myers Squibb, Princeton, Etats-Unis d'Amérique) respectivement. (Lonberg, 2005) Différentes stratégies existent pour inactiver un répertoire de gènes et les

remplacer par un autre répertoire génique. Par exemple, dans le cas des XenoMouse®, les

manipulations génétiques ont été réalisées au niveau des cellules souches embryonnaires. Dans un premier temps, l'expression des chaines lourdes et des chaines légères κ des immunoglobulines murines a été inactivée grâce à la délétion des régions JH et Cκ. (Green, 1999) La réalisation de croisements successifs a ensuite permis d'obtenir des souris homozygotes, présentant les délétions des régions JH et Cκ sur leurs deux chromosomes, pour rendre impossible la production d’anticorps. Dans un second temps, les segments géniques codant les anticorps humains ont été introduits dans le génome murin à l'aide de chromosomes

artificiels de levures (Yeast Artificial Chromosomes, YAC). (Mendez et al., 1997) Finalement,

près de 90 % du répertoire VH a été inséré, ainsi que les régions constantes humaines γ 1, γ 2 et γ 4, ce qui permet de générer une diversité importante d'anticorps. (Bellet, Pecking, & Dangles-Marie, 2008; Green, 1999; Lonberg, 2005)

D'autre modèles de souris transgéniques, comme les Trans-Chromo mouse (T-C

mouse®, Kirin Brewing Company, Tokyo, Japon) ont également été développés grâce à

l'introduction de mini chromosomes contenant les segments géniques codant des chaines lourdes et des chaines légères κ humaines dans des souris, et en inactivant les locus codant les immunoglobulines murines. Leur immunisation permet l'expression de l'ensemble des

isotypes d'anticorps humains. (Ishida et al., 2002; Tomizuka et al., 2000)

La société Regeneron (Tarrytown, Etats-Unis d'Amérique, http://www.regeneron.com)

a développée des souris transgéniques appelées VelocImmuneTM qui permettent la production

d'anticorps dont les domaines variables sont humains. Dans ces souris, l'ADN codant les domaines variables des immunoglobulines murines (6 mégabases) a été remplacé par les gènes codant les domaines variables des immunoglobulines humaines. Les anticorps produits