• Aucun résultat trouvé

anthropologue, professeur honoraire au Collège de France, membre du CCNE

Bonjour. Merci à vous tous d’être là.

Je vais apporter sur ce sujet un éclairage d’une autre nature que celui de Jean-Claude Ameisen. Je suis membre du CCNE pour la deuxième fois et je m’intéresse profondément, en tant que citoyenne et anthropo-logue, aux questions qui y sont débattues. Je suis également intéressée, mais aussi parfois désolée, surprise ou inquiète devant les points de vue, commentaires et raisonnements tenus tant par les politiques, les anima-teurs des médias, que par les éducaanima-teurs et l’homme de la rue, en ce qu’ils sont la conséquence abrupte, me semble-t-il, d’un défaut massif, propre à notre société, d’enseignement en milieu scolaire des sciences sociales et plus particulièrement de l’anthropologie. On trouve normal d’enseigner aux jeunes le développement de l’univers, de la nature, du corps, mais rien n’est dit de la manière dont nous vivons en société, sauf peut-être sous l’aspect économique. Or cela a des conséquences graves sur la façon dont nous appréhendons ensuite les questions et le monde qui nous entourent.

En quoi ce défaut de connaissances minimales peut-il infl uer sur nos réfl exions ? Comment se fait-il qu’il soit tacitement admis qu’une personne ayant fait des études et atteint un assez haut niveau de respon-sabilités politiques, éducatives, économiques ou autres, et qui serait tota-lement vexée et confuse d’être prise en défaut de méconnaissance ou d’ignorance des lois de la gravitation ou de la division des cellules, puisse admettre sans barguigner, voire même parfois avec complaisance, ne rien savoir et ne rien comprendre des lois qui régissent notre univers mental et social d’hommes et de femmes contemporains dans les diverses sociétés du mo nde ?

Leur absence d’inscription dans le système éducatif avant l’uni-versité fait que les sciences humaines en général, et l’anthropologie en

particulier, ont du mal à sortir du milieu de ceux qui les pratiquent, dont les analyses et découvertes sont remplacées dans l’opinion publique partagée par ce que j’appellerais « le sens commun », c’est-à-dire quelque chose qui, loin de déboucher sur un universel conceptuel, est directement greffé sur des cultures locales et est le fruit d’une évolution à partir des émergences locales de façons de penser et de s’organiser qui ont eu lieu dans la très haute préhistoire et dont nous sommes les héritiers. Nous sommes, nous Français d’aujourd’hui, héritiers de l’une de ces lignes, que nous avons spontanément tendance à considérer comme allant de soi et ayant par conséquent vocation à être universelle.

Cela mérite, me semble-t-il, réfl exion ou, à tout le moins, humilité.

Comme nous l’a rappelé Jean-Claude Ameisen, l’origine de la vie remonte à quelque 3  milliards d’années. Nous savons que la sexuation, c’est-à-dire la période à laquelle la vie a  quitté le statut de bactérie, apparaît il y  a  750 ou 800  millions d’années. L’humanité pensante s’est mise en place au paléolithique, voici environ 400 000 ans et l’on peut inférer que les débuts de ses questionnements sur elle-même et sur le monde ont à peu près cet âge. Nous vivons toujours aujourd’hui sur les découvertes et organisations mentales mises en place à cette époque-là. Le néoli-thique, marqué par l’apparition de homo sapiens sapiens et caractérisé par la découverte de l’agriculture, de l’élevage, l’utilisation des métaux, la poterie, mais aussi l’utilisation de stocks, la sédentarité, l’urbanisation, les échanges commerciaux, permettant l’émergence de l’État, a  30 000 ans tout au plus. Si nous nous inscrivons toujours dans cette histoire, les religions révélées, dont nous pensons l’emprise intellectuelle universelle et ontologiquement nécessaire, n’ont que 7 000 ans. Tout cela pour vous donner un ordre de grandeur dans les manières de concevoir et de gérer le corps et le cosmos.

Il conviendrait parallèlement de nous ôter de l’esprit l’idée d’un progrès de civilisation, qui nous aurait fait passer de la sauvagerie primi-tive à l’être occidental civilisé que nous sommes. Il apparaît que les ques-tions que se pose l’humanité, et que l’on peut résumer par une volonté d’échapper au malheur biologique et tant que faire se peut à la malé-diction de la mort, de se conserver et de se reproduire, existent depuis ses origines. Nous le percevons très clairement à travers les mythes que nous étudions sur le terrain. En raison d’un certain nombre de contraintes immédiatement observables par les sens, qui constituaient le seul procédé d’approche scientifi que dont disposaient nos grands ancêtres, n’existaient à chaque fois que quelques possibilités limitées d’émergence d’institutions et de représentations mentales, se présentant sous forme de structures. Il faut bien savoir que ces quelques possibilités ont toutes été explorées par l’esprit humain et que les problèmes que nous croyons, avec l’arrogance de notre époque, être des nouveautés, sont en fait des questions que l’humanité s’est toujours posées et qu’elle a toujours réso-lues dans des sociétés diverses, sous une forme ou une autre. Certaines d’entre elles, bien que logiquement possibles, n’ont pas été pensées pendant longtemps, car elles étaient impensables à un moment donné.

Ainsi, l’État n’est pas pensable en l’absence de stocks, de commerce,

de sédentarisation : il n’est donc apparu qu’à partir du néolithique.

Lorsque des possibilités deviennent pensables, c’est-à-dire énonçables et soumises à la critique, elles peuvent devenir émotionnellement conce-vables, donc admissibles pour le plus grand nombre et ainsi en passe d’être réalisées. Ces évolutions prennent beaucoup de temps. Nous les voyons d’ailleurs se produire, en accéléré depuis deux ou trois décennies, dans le domaine qui nous occupe, à savoir celui de la procréation et des questions bioéthiques qui l’entourent.

À la lumière de ces quelques éléments, j’en appelle à la modestie et à la prudence : nous sommes à un certain moment de l’histoire globale de l’humanité et pensons à partir des acquis que cette humanité a accu-mulés et des systèmes qu’elle a construits à partir de biais initiaux dus au fait que le seul moyen d’approche du réel était celui des sens, c’est-à-dire en s’en tenant à une limite étroite du champ potentiel d’observation, qui s’est considérablement ouvert depuis, ne serait-ce qu’avec l’invention de l’optique qui nous a permis d’accéder à l’extrêmement lointain comme à l’infi niment petit. Ce biais initial doit toujours rester présent à nos esprits, car nous continuons à vivre avec.

Il n’y a, par ailleurs, pas de progrès en civilisation, mais seulement en savoir et en technique. Les questions vitales ont toutes, déjà, été pensées et des solutions y  ont été apportées depuis la préhistoire par des sociétés différentes, qui illustrent à chaque fois l’une des solutions possibles du problème initialement posé.

J’espère avoir fait toucher du doigt l’importance de cette compré-hension et de ce regard anthropologiques sur les problèmes qui nous sont soumis.

Je vais à présent aborder de façon plus spécifi que les biais actuels de pensée induits par l’absence de formation à cette réfl exion.

Dans les discussions de tous ordres, on observera en premier lieu la confusion qui se fait jour dans les esprits entre des mots, des concepts, utilisés souvent de façon très inappropriée, parfois avec de véritables contre-sens, et en tout cas sans se référer à des défi nitions, qui existent dans le domaine savant de l’anthropologie ou d’autres disciplines humaines, mais ne sont pas connues du grand public dans la mesure où elles ne sont pas transmises par l’éducation. On parle ainsi, de façon pratiquement indiffé-renciée, de « parenté », de « parentalité », de « projet parental », de « consan-guinité », de « fi liation », de « famille », mais aussi de « vérité » (qu’elle soit organique, physiologique ou génétique) ou de « volonté ». Or cet imbroglio est tout à fait contreproductif, car il n’existe en réalité pas de confusion possible entre « parenté », « parentalité » et « fi liation ».

Ce sont trois concepts radicalement différents :

La parenté

Ce terme désigne l’ensemble des individus qui sont reliés à un indi-vidu de référence (que l’on appelle « ego ») par différentes voies de

recon-naissance, lesquelles peuvent être fondées sur la consanguinité réelle (le frère de mon père, la sœur de ma mère, mes grands-parents,  etc.) ou fi ctive (dans le cas de l’adoption), ou sur l’alliance.

Dans notre système de parenté, nous considérons en effet comme des parents les consanguins de ceux que nous épousons (les parents consanguins de votre épouse par exemple, Jean-Claude) ainsi que les conjoints de nos divers parents (par exemple l’épouse du frère de notre père ou l’époux de la sœur de notre mère).

Dans certains cas, la parenté peut être élargie à d’autres considé-rations : elle peut par exemple, comme ce fut le cas en France jusqu’au XVIIIe siècle avec ce que l’on a nommé les « communautés taisibles », être conçue comme l’appartenance à une même « grande maison ». Elle peut même parfois être étendue à la domesticité, comme cela est encore le cas dans différentes sociétés du monde.

Cet ensemble est diversement vécu par les individus en fonction de la résidence, des intérêts communs, des fréquentations et des affections réciproques qui vont se nouer, de l’histoire de vie de chacun et de la collec-tivité. Il existe toujours, nous en avons tous l’expérience, des parents que l’on perd de vue, que l’on oublie, dont on n’a pas connaissance, que l’on ignore. Il s’agit donc d’une réalité mouvante, non réductible à la famille au sens large, même si l’une (la famille) est inscrite dans le cadre plus large de l’autre (la parenté). On se reconnaît des liens de parenté.

Et c’est d’ailleurs souvent ce que l’on cherche et trouve avec plaisir lorsqu’on rencontre quelqu’un à l’occasion d’une réception quelconque, dans des milieux relativement clos : « Ah, ainsi vous êtes le cousin du mari de l’une de mes tantes ! ». Cela sert alors de base à de nouvelles relations de parenté.

La parenté ainsi entendue se développe selon des axes de descen-dance (ou d’ascendescen-dance selon le point de vue que l’on adopte), des niveaux générationnels (entre vos ancêtres et vous) et de la collatéralité, c’est-à-dire des embranchements de la parenté consanguine sur les frères et sœurs par rapport à une ligne principale qui débouche sur vous.

Ces rapports de la parenté sont décrits par une terminologie usuelle, nommée « terminologie de parenté » (père, mère, frère, sœur, oncle, tante,  etc. , dans notre langue et notre système), dont il importe de dire d’emblée qu’elle n’est pas universellement construite de la même manière dans toutes les sociétés, mais correspond à une combinatoire qui est advenue à l’existence chez nous parmi six grandes formules struc-turales existant de par le monde.

Notre formule, qui nous paraît si naturelle et universelle, ne l’est pas du tout. Elle n’est qu’une parmi six. Notre système de parenté est de type esquimau, selon la description que l’on en fait en anthropologie. Les autres portent aussi les noms de sociétés particulières : on parle de parenté de type hawaïen, soudanais, iroquois, crow et omaha. Il est important de comprendre qu’il existe une typologie de structures de terminologies de parenté et que notre terminologie n’est pas biologiquement, naturellement fondée.

La parentalité

Le terme de parentalité est relativement récent, puisqu’il n’a pas plus de deux décennies. Il concerne seulement le lien effectif, affectif, éducatif, nourricier et autre, sous-tendu par la volonté des individus de l’assumer, et qui existe entre les deux parents. Ce mot désigne le lien entre père et mère et la situation de fi ls et fi lle : parents – enfants. Il rend compte d’une volonté clairement affi chée. La possibilité de refus de ce rapport est sous-jacente dans l’accouchement sous X  par exemple, ou encore dans la non reconnaissance de paternité, fréquente dans notre culture.

En revanche, la revendication de ce lien est à la base non seulement des rapports usuels conduisant à la création d’une famille, mais aussi de l’adoption et de tous les modes de procréation médicalement assistée. Il s’agit là aussi non de modes dérivant obligatoirement de la nature et des choses, mais de choix collectivement pensés. Un enfant doit être admis dans l’imaginaire de ses parents, lequel est le refl et de la structure sociale et de l’histoire dans lesquels le père et la mère sont plongés. Le projet parental est donc, de ce point de vue, toujours de mise, pour chaque enfant venant au monde et pas seulement pour les embryons conservés au froid. Il faut toujours qu’il y ait un projet parental.

La fi liation

La fi liation est radicalement autre chose. Il faut tout d’abord signaler que, pour l’anthropologue que je suis, entendre parler de « fi liation biolo-gique » est une abomination, une hérésie, un contresens absolu. La fi liation ne peut être que sociale. Biologiquement, on peut parler d’engendrement (par les hommes) ou d’enfantement (par les femmes), mais la fi liation est un lien social, une convention qui nous permet d’inscrire un enfant dans une ou plusieurs lignes de descendance selon la sélection propre à la société dans laquelle on vit. Cela nous paraît étrange, à nous Français, et plus généralement à nous Occidentaux, car nous avons tendance à confondre « c onsanguinité » e t « fi liation ».

Notre société reconnaît un mode de fi liation que nous appelons

« indifférencié » ou « cognatique », c’est-à-dire la validité de toutes les lignes aboutissant à ego (au nombre de deux si l’on s’arrête au niveau des parents, quatre au niveau des grands-parents, huit au niveau des arrières grands-parents et ainsi de suite). Bien évidemment, on ne se souvient que très rarement de toutes ces lignes, en raison de la sélection opérée par la mémoire et de la fréquentation usuelle, qui désignent le champ de la parenté connue par chacun. Mais vous pouvez théoriquement avoir un héritage de biens comme de statut provenant de la mère de votre grand-père maternel. La loi et toute la structure mentale de notre société le permettent.

On observe cependant chez nous quelques marques d’un privilège agnatique, comme le nom (ainsi, malgré la loi assez récente qui permet

en France le double nom, c’est dans 95 % des cas le nom du père qui est choisi en premier lorsqu’un couple décide de donner les deux noms à ses enfants et c’est par conséquent ce nom-là qui sera transmis à la généra-tion suivante), la résidence (il va de soi, chez nous, que la résidence est virilocale : la femme doit suivre son mari) ou la transmission des métiers.

Cette tendance purement agnatique s’exprime ainsi dans de multiples domaines dans notre système de fi liation cognatique. Mais ce type de fi liation, qui nous paraît si naturel, n’est pas le cas universel.

Cela constitue d’ailleurs un exemple idéal pour faire comprendre qu’il existe des lois en anthropologie, comme il en existe dans les milieux naturels, avec des possibilités limitées d’émergences instituées compte tenu de la combinatoire de composants nécessaires de ce que j’appelle des « butoirs », des contraintes pour la pensée.

Il faut nous en représenter quelques-unes pour percevoir ce à quoi l’homme des origines a été confronté pour donner du sens au monde.

Tout d’abord, il n’y a  que deux sexes dans le monde animal des mammifères. Par ailleurs, la rencontre sexuelle est nécessaire pour qu’il y ait des enfants. Les générations se suivent enfi n dans un certain ordre.

Pour ce qui est de l’engendrement, les individus sexués occupent des positions de parents et d’enfants. Si l’on représente les positions de père et mère, et de fi ls et fi lle, comme superposées généalogiquement, voire en y ajoutant la génération des grands-parents, il n’y a que six manières logico-mathématiques de les lier les unes aux autres, qui correspondent à autant de réalisations de systèmes de fi liation : le système cognatique (le nôtre), les systèmes unilinéaires (qui ne prennent, parmi les huit lignes d’inscription, qu’une seule ligne, c’est-à-dire celle passant du père au père du père, et au père du père du père, les autres étant évacuées), les systèmes matrilinéaire (la primauté étant donnée à la ligne de la mère ; le fi ls, alors, ne transmet pas), les systèmes bilinéaires (qui choisissent seulement ces deux lignes-là) et enfi n des systèmes très rares, parallèles (où un homme tient sa fi liation de son père et une fi lle de sa mère) ou croisés (dans lesquels c’est l’inverse). La fi liation cognatique indifféren-ciée que nous considérons comme universelle ne l’est donc pas.

Il est également important de savoir que l’on ne peut pas inventer de nouveaux modes de fi liation : tous sont inscrits dans ce modèle à quatre points. On peut modifi er, subvertir, transformer, mais non (contrai-rement à ce que l’on entend souvent exprimer) inventer, en raison de ces contraintes observées à la pensée par le réel observable au temps de la préhistoire et encore de nos jours. On ne le pourrait que si l’on changeait radicalement la donne, en créant la vie sans recourir à des cellules germi-nales ou somatiques, ce qui n’est pas encore le cas, même si certains y  travaillent. Cela constituerait alors une vraie nouveauté. Tout dépend de cette advenue à l’existence, plutôt que du choix délibéré, de l’une ou l’autre forme de fi liation par chaque société. Mais en raison de la trans-mission immédiate, chaque individu conçoit le mode qu’il connaît comme s’il s’agissait d’un modèle universel, normal et logiquement fondé, alors qu’il est en fait un parmi d’autres. Les personnes appartenant à une

société patrilinéaire, comme c’est le cas chez ceux chez qui j’ai l’honneur de travailler en tant qu’anthropologue, trouvent notre système de parenté très étonnant et diffi cile à concevoir. Cela fait écho à notre propre diffi culté à concevoir d’autres modes de fi liation que le nôtre.

Un autre biais est celui de la valence différentielle des sexes. Nous nous sommes, dans notre système cognatique de fi liation, accommodés culturellement du fait qu’un enfant puisse ne pas avoir de fi liation du tout, ni même de parenté par ailleurs : c’est le cas de ce que l’on appelait

« les enfants trouvés », qui étaient abandonnés et non adoptés. Certains enfants n’ont qu’une moitié de fi liation : c’est le cas des enfants nés de père inconnu et que l’on qualifi ait autrefois de « bâtards ». L’absence du tout ou la présence de seulement la moitié de la fi liation nous convient parfaitement. Nous nous accommodons aussi du remplacement : un enfant adopté de façon plénière voit ainsi sa fi liation naturelle remplacée par sa fi liation adoptive.

Ne pourrions-nous de même nous accommoder (ce qui constituerait alors non une invention mais un raffi nement, une innovation) du double-ment ? Cela est reconnu dans d’autres sociétés, notamdouble-ment océaniennes, où l’on pratique beaucoup le don d’enfant. Cela existe aussi dans le cadre de l’adoption simple, peu pratiquée chez nous, mais dans laquelle l’enfant reste l’enfant de ses géniteurs et prend les droits de sa famille adoptive : il a donc une double fi liation totale. Il serait aussi possible d’imaginer une double fi liation par moitié : ce serait le cas si l’on reconnaissait le droit d’inscription de la fi liation à deux pères ou à deux mères. Cela fait l’objet

Ne pourrions-nous de même nous accommoder (ce qui constituerait alors non une invention mais un raffi nement, une innovation) du double-ment ? Cela est reconnu dans d’autres sociétés, notamdouble-ment océaniennes, où l’on pratique beaucoup le don d’enfant. Cela existe aussi dans le cadre de l’adoption simple, peu pratiquée chez nous, mais dans laquelle l’enfant reste l’enfant de ses géniteurs et prend les droits de sa famille adoptive : il a donc une double fi liation totale. Il serait aussi possible d’imaginer une double fi liation par moitié : ce serait le cas si l’on reconnaissait le droit d’inscription de la fi liation à deux pères ou à deux mères. Cela fait l’objet