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Allocution de Madame Claudie Haigneré présidente d’Universcience

Bonjour à tous.

Monsieur le Président du Comité consultatif national d’éthique, cher Professeur Grimfeld,

Mesdames, Messieurs,

Chers confrères, chers collègues, chers amis,

Laissez-moi le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à Universcience, ce nouvel établissement public issu, depuis plus d’un an, du rapprochement du Palais de la Découverte et de la Cité des Sciences et de l’Industrie.

Universcience s’associe aujourd’hui pour la première fois de façon aussi concrète au CCNE pour organiser les Journées annuelles d’éthique.

Cette rencontre entre nos deux organismes n’est pas vraiment le fruit du hasard et ne se traduit pas simplement par la mise à disposition d’un lieu pour que vous puissiez travailler, échanger et débattre. Suite à la demande de nos Ministères de tutelle, à savoir le Ministère de la Culture et de la Communication et le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Universcience s’est en effet vu confi er une partie du rôle d’ani-mation du débat public en matière de culture scientifi que et technique.

Bien évidemment, cet établissement, et notamment la Cité des Sciences et de l’Industrie, mène une réfl exion sur les modes de transmission de la culture scientifi que et technique et sur les modalités de partage des connaissances pour que chacun puisse participer de façon responsable aux grands enjeux de notre société. Cette démarche a très vite révélé les limites intellectuelles, morales, politiques, d’une simple information qui serait descendante, du sachant vers le profane. Ces limites se traduisent par un certain discours assez désenchanté sur la science et la recherche, que l’on entend parfois aujourd’hui. Pourtant, dans ce XXIe siècle, la recherche, la science, l’innovation et les applications technologiques qui

en découlent sont omniprésentes dans notre quotidien et dans l’évolu-tion de nos sociétés. Or il est vrai que l’innoval’évolu-tion est davantage perçue aujourd’hui à travers les risques qu’elle engendre que via le progrès qu’elle peut créer.

On oublie trop souvent que la science vise à apporter de la raison là où les inquiétudes sont portées par la méconnaissance. Fussent-ils irra-tionnels, ces inquiétudes, ces peurs, ces risques ressentis (parfois au-delà des risques réels) ne sauraient pour autant être ignorés. Ne pas tenter de rassurer en partageant les connaissances serait, pour les scientifi ques que vous êtes et que je suis aussi, faire montre d’une arrogance injustifi ée.

Sans doute avez-vous remarqué que je préfère parler de « partage » plutôt que de « transmission » : je considère en effet que le « savant » a aussi beaucoup à apprendre de ses échanges avec les citoyens. Dans la mesure où les sciences et leurs applications ont des impacts majeurs sur la vie des générations présentes et futures, le citoyen est bien sûr en droit de connaître, de participer, de débattre. Cette civilisation qui se veut démocratique n’a-t-elle pas l’obligation et la responsabilité de consulter le mieux et le plus largement possible la société civile sur les sujets qui touchent ses propres conditions d’existence, quitte, dans certains cas, à infl échir les stratégies politiques et les pratiques qui y sont liées ?

Les questions de bioéthique, que nous allons aborder aujourd’hui et demain, ne nécessitent-elles pas, plus que tout autre, la mise en œuvre de ce dialogue ? Universcience a le souhait de rendre ces sujets acces-sibles à un public le plus large possible et s’est mobilisé en ce sens, au travers de plusieurs manifestations récentes. En 2008, en amont des États généraux de la bioéthique et dans la perspective de la révision de la loi de 2004, Universcience a ainsi proposé un cycle de conférences consacré à « La loi bioéthique en questions », qui a  été très apprécié et a  connu une participation considérable et de nombreux téléchargements des conférences présentées. Peut-être avez-vous eu par ailleurs l’occasion de parcourir, au premier étage de la maison, l’espace « Science actualités » qui propose actuellement un dossier que je trouve fort bien conçu (j’en félicite les équipes) sur « les (nouvelles) façons de faire des enfants ».

Vous êtes aujourd’hui, avec le début, le 8  février, de l’examen du projet de révision de la loi bioéthique par l’Assemblée nationale en séance publique, au cœur de l’actualité. À la lumière de ce contexte particulier, notre engagement et notre implication très forte aux côtés du Comité consultatif national d’éthique prennent tout leur sens.

Permettez-moi de remercier chaleureusement le Président Alain Grimfeld, qui a  soutenu cette idée d’organiser les Journées annuelles d’éthique du CCNE à Universcience et avec lequel nous souhaitons conti-nuer à réfl échir à la manière dont nous pouvons aller plus loin sur ces collaborations et ces pratiques à partager. Je voulais remercier également Marie-Hélène Mouneyrat, Secrétaire générale du CCNE, qui a  œuvré à l’organisation concrète du colloque. Mes remerciements vont égale-ment à tous les chercheurs et les scientifi ques qui vont participer à ces échanges et partager leur parole, leurs réfl exions et leur partie de vérité

et de connaissances. Permettez-moi aussi de remercier Roland Schaer, directeur « Sciences et société » de la maison, ainsi que toute l’équipe du Collège d’Universcience (en particulier Bénédicte Leclerc et Anne Grange), qui se mobilise au quotidien et a proposé au public, depuis 2002, plus de 500 conférences avec des chercheurs de toutes disciplines, pour partager les savoirs et enrichir notre culture commune au travers de la découverte des méandres de la connaissance, dans lesquelles nous allons avancer un peu plus ensemble aujourd’hui.

Je vous remercie beaucoup et vous souhaite de bonnes journées de travail.