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Six semaines s’étaient écoulées déjà depuis l’arrivée de Joseph à l’hôpital. La condition de la santé de ce dernier nécessitait une hospitalisation plus longue. Joseph s’ennuyait étant seul; alors passer un examen en radiologie pour ses poumons lui chan-geait les idées quelque peu. Martin se décida à lui envoyer l’équipe d’Anne. Mais comme il y avait une bénévole manquante, Anne se devait de la remplacer. C’est donc elle qui prit le fauteuil roulant pour aller chercher Joseph. Deux préposés l’attendaient pour asseoir Joseph dans le fauteuil roulant. Lorsqu’ils terminèrent, ils se retirèrent et Joseph était assis dans son fauteuil roulant.

– Bonjour! dit Joseph à Anne, la bénévole.

– Bonjour! Monsieur Joseph, dit Anne, est-ce que vous vous sentez bien?

– La douleur est passée, mais le docteur m’a dit de ne pas marcher, car je suis encore trop faible, répondit Joseph.

– La radiologie, c’est bien au sous-sol? demanda Anne pour faire la conversation, car elle savait très bien où se situait la radiologie.

Joseph réfléchit un instant et lui dit: – Oui, c’est au sous-sol.

Joseph avait amené ses petits pains qu’il apprenait par cœur. Anne en les voyant lui dit:

– Vous semblez bien concentré sur votre lecture, que lisez-vous Monsieur Joseph? – Ce sont des petits pains spirituels, des petits pains de la Parole de Dieu, expliqua Jo-seph.

– Allez-vous pouvoir m’en montrer un lorsque nous serons arrivés? Ils semblent très in-téressants, vos petits pains, demanda Anne, curieuse.

séries, mais il y en a réellement onze séries, expliqua Joseph.

– Et tu les as toutes, les séries? demanda Anne pour faire la conversation. – Non, il me manque encore deux séries, répondit Joseph.

Joseph n’avait pas encore fait demander les deux séries manquantes au Service Myriam Bethléem.

Arrivée à l’ascenseur pour descendre au sous-sol, Anne demanda à Joseph de lui montrer un petit pain de la Parole de Dieu.

– Parmi laquelle des neuf séries dois-je piger un petit pain? demanda Joseph. – Ah! N’importe laquelle, répondit Anne.

– Alors je vais en piger un et je vous le montrerai, répondit Joseph. Il lui montra le petit pain suivant:

« Ceux qui espèrent en Dieu renouvellent leur force. » Is 40, 31.

– C’est un extrait du livre du prophète Isaïe au chapitre 40, verset 31, lui expliqua Jo-seph et le petit pain dit:

– Ceux qui espèrent en Dieu renouvellent leur force.

– Ah! Voudrais-tu en piger un autre, je ne le comprends pas celui-là, demanda Anne. – Ce n’est pas bon d’en piger un deuxième. Il faut garder le premier comme le bon, af-firma Joseph.

– Veux-tu relire le petit pain, alors? demanda Anne qui ne voulait pas être prise au dé-pourvu de ne pas comprendre une phrase.

– Est-ce que vous espérez en Dieu? lui demanda Joseph. – Je ne sais pas, je n’y ai jamais vraiment pensé, dit Anne.

– Alors vous ne renouvelez pas vos forces, c’est dommage! dit Joseph. – Hum! Tu me donnes le goût d’y croire en Dieu, avoua Anne.

– C’est facile vous dites: Je crois en Dieu et vous y croyez. Le croyez-vous? lui deman-da Joseph.

– Je crois en Dieu, dit Anne tout bas en son for intérieur pour obéir humblement à l’adolescent.

Et soudain, elle sentit que son intérieur se renouvelait, quelque chose de neuf ve-nait de frapper en son for intérieur, au plus profond de son âme. C’était difficile à dé-crire. Mais c’était dans son intérieur, non à l’extérieur d’elle-même comme quand on parle à quelqu’un. C’était comme du miel qui coulait lentement à l’intérieur d’elle-même. Quelque chose florissait à l’intérieur d’elle-d’elle-même.

– Est-ce que tu peux me le prêter pour un jour ou deux, je te le ramènerai, lui demanda Anne?

– Oui. Si vous me le ramenez, lui dit Joseph.

– Te rends-tu compte que tu m’as fait beaucoup de bien avec ce petit pain? lui avoua Anne.

– Ce n’est pas moi, c’est Dieu qui vous a fait du bien! Moi je n’y suis absolument pour rien! confessa Joseph.

Anne ne savait pas que Dieu passe parfois par une personne pour en rejoindre une autre. En fait, Dieu passe souvent par l’Église pour rejoindre une personne. Joseph avait raison, il n’y était pour rien dans le don de la foi que Dieu avait fait à Anne. Joseph n’avait été que l’instrument de Dieu, au service de l’Église, en lui prêtant un petit pain.

Anne et Joseph étaient arrivés à la radiologie. Elle disposa le fauteuil de manière à répondre rapidement à un appel de la radiologie pour Joseph. Ils attendaient et Anne en profita pour relire et relire son petit pain de la Parole de Dieu.

Elle n’en croyait pas ses yeux, elle avait maintenant la foi en Dieu. Il n’y a pas cinq minutes, elle n’avait pas la foi et ne savait rien de ce que c’était que d’avoir la foi, et une minute plus tard elle l’avait! Elle jubilait de joie! Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que d’avoir la foi.

– Je vais cacher comment je me sens, car cela pourrait paraître à travers moi et dans mes yeux pour une personne avertie, pensa justement Anne en son for intérieur.

Elle se ferma comme une fleur se ferme. Rien ne transparaissait de son change-ment intérieur, sauf dans ses yeux qui étincelaient comme des soleils.

Pour l’instant, elle ne savait pas comment réagir à ce nouvel état qui était mainte-nant le sien. Tout était nouveau pour elle, elle n’avait jamais vécu rien de pareil aupara-vant. Elle était pour quelques moments, comme une lampe sur laquelle on avait mis un sceau, rien ne transparaissait d’elle.

– J’ai la foi, dit-elle tout bas à Joseph, comme pour apprivoiser son nouvel état. – Moi aussi, dit fortement Joseph, nous sommes bénis de Dieu.

– Oui! Beaucoup, dit Anne.

Et elle se rassurait, devenait plus forte jusqu’à s’ouvrir comme une fleur s’ouvre et libère ses parfums. Elle était ravie en Dieu.

Elle relisait le petit pain: « Ceux qui espèrent en Dieu renouvellent leur force. » Elle savait maintenant ce que voulait dire cette Parole, mais ne pouvait l’expliquer qu’avec des comparaisons boiteuses. Elle préférait, contrairement à l’habitude de cer-tains d’aller voir quelques versets avant et après la Parole, garder cette Parole au fond de son cœur, mais ne voulait pas la déranger pour tout l’or du monde! Elle avait tellement peur de perdre sa foi. Plus on possède un grand bien, plus on a peur de le perdre!

La vie d’Anne ne sera jamais plus la même, Dieu avait fait son nid dans son cœur, dans son âme, et son esprit ne s’opposait plus à Dieu, mais le recherchait. Son esprit se régalait de la simple Parole qu’elle avait lue. Merveille de Dieu!

« Quel est en effet le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert? N'est-ce pas celui qui est à table? Et moi [Jésus], je suis au milieu de vous comme celui qui sert! » Lc 22, 27