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L’angoisse et l’homme angoissé

L’angoisse est ce moment trouble qui est présent juste avant le saut qualitatif et la possible arrivée du péché. Avant de plonger dans l’observation des deux types angoissés, celui du mal et celui du bien, dont dérivent tous les autres, une approche plus exhaustive du concept d’angoisse est de mise.

D’abord on aperçoit l’angoisse et on la pressent. La plupart, sinon chacun, d’entre nous connaît l’état dans lequel elle nous plonge : un calme trouble ou un trouble calme. Elle ressemble { l’eau d’un lac qui en surface est lisse et placide, mais dont on sent le courant, ce puissant mouvement qui a lieu sous la surface. Haufniensis pour décrire cet état dit : « il y a calme et repos ; mais en même temps il y a autre chose qui n’est cependant pas trouble et lutte ; car il n’y a rien contre quoi lutter. Mais qu’est-ce alors ? Rien. Mais l’effet de ce rien ? Il enfante l’angoisse. C’est l{ le mystère profond de l’innocence d’être en même temps de l’angoisse »33. Ainsi dans cet état d’innocence

même l’angoisse est présente, puisqu’elle est ce pressentiment de rien ! De ce rien, paradoxalement, naît l’angoisse. Avant donc le saut qualitatif, l’apparition du péché, l’homme innocent est angoissé. À cet effet notre auteur ajoute : « L’angoisse est une détermination de l’esprit rêveur, et, { ce titre, a sa place dans la psychologie »34 . Avant

l’action, il va sans dire cela semble un lieu commun, il y a l’angoisse ; l’esprit qui rêve n’est pas l’esprit qui agit. Aussi l’utilisation du terme de rêveur souligne l’atmosphère dans laquelle l’individu est plongé, celle des songes incertains où il rêve encore sans trop savoir à quoi. Car dans le rêve certes il n’y a pas d’action et aucune décision n’a encore été prise. L’individu n’a pas encore décidé de prendre un chemin en particulier.

33 Kierkegaard, Le concept d’angoisse, simple éclaircissement psychologique au problème du péché originel,

Tel Gallimard, trad. K. Ferlov et J-J. Gateau, 1948, p.201

Il rêve sans trop savoir ce qui s’offre { lui. On pourrait dire en appuyant sur les traits qu’il est innocent et encore indéterminé.

Cet état de l’individu, celui de l’angoisse, ne la précise pas pour autant. Quelle est donc alors cette angoisse ? « L’angoisse est la réalité de la liberté parce qu’elle en est le possible »35. Elle est ce qui permet le péché, par conséquent elle va de pair avec la

liberté. En l’absence de liberté nul péché ne peut se produire et sans angoisse aucune liberté n’est possible. L’angoisse est cet étrange moment où rien ne se passe, mais tout se prépare. Les possibles ne sont pas encore présents aux yeux de l’homme innocent. Il ne peut donc pas encore savoir, d’où son innocence, encore moins faire un choix. Il n’a pas non plus conscience de sa liberté, puisqu’elle n’est pas encore présente. Pourtant, elle se fait sentir par son absence. Ce face à face avec ce rien fait monter l’angoisse et permet l’arrivée de la liberté. C’est pourquoi cet étrange moment place l’individu dans une position particulière d’attente et d’impatience, de confort et de désir de bouger. « L’angoisse est une antipathie sympatisante et une sympathie anthipatisante »36 comme le soutient Haufniensis. J’ajouterais un désir indésiré ou un

indésirable désir. Elle pousse et tire l’homme qui la subit. Elle le fait basculer. L’homme est pris au piège face { celle-ci, puisque « fuir l’angoisse, il ne le peut, car il l’aime ; l’aimer vraiment, non plus, car il la fuit »37. Ce basculement proche d’un

étourdissement où la tête reste néanmoins lucide est le moment où l’innocence culmine tout comme l’ignorance qui va main dans la main avec elle. L’intéressant est qu’{ ce moment, il n’y a toujours pas de connaissance du bien et du mal, l’auteur le décrit magnifiquement : « toute la réalité du savoir se projette dans l’angoisse comme l’immense néant de l’ignorance »38. La liberté n’est pas encore apparue, encore moins

ce qu’il va être possible à notre individu de faire ou de comprendre ou de voir. L’emploi du terme néant montre aussi ce vide immense que pressent l’individu, de

35 Kierkegaard, Le concept d’angoisse, simple éclaircissement psychologique au problème du péché originel,

Tel Gallimard, trad. K. Ferlov et J-J. Gateau, 1948, p.202

36 Ibid

37 Op. cite p.204 38 Ibid

même qu’il fait voir qu’il n’y a aucune connaissance de la connaissance. Elle est absente à elle-même, elle ne peut pas être { ce moment autre chose qu’un néant, qu’une absence. En la voyant de cette façon, on comprend pourquoi l’angoisse est de l’angoisse, qu’elle est cet état trouble et calme. C’est un vide dans un endroit encore inconnu à notre individu, mais comme il est une totalité, il pressent néanmoins ce vide. Il va de soi que le savoir de l’aboutissement de l’action est lui aussi secret, inconnu.

L’angoisse grandit et l’ignorance croît avec elle. Plus elle grandit, plus elle a de prise et plus elle se répand. Haufniensis ajoute : « Ce qui s’offrait { l’innocence comme le néant de l’angoisse est maintenant entré en lui-même, et ici encore reste un néant : l’angoissante possibilité de pouvoir »39. La liberté c’est de pouvoir, pouvoir se tromper,

pouvoir choisir, pouvoir vouloir. L’angoisse pressent cette puissance du pouvoir et ce pouvoir en évoque un autre : « La possibilité infinie de pouvoir, qu’éveillait la défense a grandi du fait que cette possibilité en évoque une autre comme sa conséquence »40.

La boucle infinie des choix se fait sentir, pouvoir vouloir, vouloir pouvoir. Une infinité de possibilités entraîne une autre infinité de possibilités, à l’image de ces toiles d’araignée qui ne cessent de grandir. Si le néant le pouvait, on dirait qu’il s’agrandit. Le néant ne le pouvant, l’angoisse, elle, le peut. Alors elle se propage, elle entre plus profondément dans l’individu. Elle le pourchasse et le traque. Il n’y a encore aucun possible de présent, tout se joue sur l’absence de présence. C’est { cette limite, avant que les possibles n’apparaissent et que le saut ne puisse s’effectuer, qu’en tant que psychologue je peux me rendre. Cet étrange domaine où le néant domine est le terrain de recherche. L’angoisse est l{. Après vient le saut, où le psychologue n’a plus rien à observer. Ce n’est plus de son ressort, mais avant, oui. L’observateur est présent au moment où l’individu angoissé s’approche furtivement.

39 Kierkegaard, Le concept d’angoisse, simple éclaircissement psychologique au problème du péché originel,

Tel Gallimard, trad. K. Ferlov et J-J. Gateau, 1948, p.205

Un dernier arrêt avant de se lancer pour expliquer, pourquoi je me lance tout de suite dans l’observation de l’homme angoissé au lieu de suivre le livre et de parler de l’angoisse dans l’a-spiritualité. C’est tout simplement parce que mon interrogation principale porte sur la difficulté à exercer sa liberté par soi-même. L’homme a- sprirituel et la notion de destin à laquelle il se rapporte ne sont donc pas nécessaires dans cette étude, bien qu’il soit fort pertinent du point de vue de l’observation de nos comportements quand ceux-ci sont régis par ce que l’on considère comme des signes.

Les angoissés

Un premier problème se pose puisque l’angoisse a lieu dans la réalité et que la réalité ne peut pas être réduite à un seul moment. La réalité posée ainsi est une « réalité abusive » (p.280) selon le terme d’Haufniensis. Retour au départ : l’angoisse est l{. Elle se fait sentir. Ensuite, il y a le saut. Celui-ci permet la naissance du péché. Ce dernier est posé dans la réalité. Et une fois posée, celle-ci permet de faire renaître l’angoisse. Celle-ci peut maintenant se tourner vers cette réalité, le passé qui contient le saut, et vers l’avenir, où les possibles sont encore inconnus. L’individu peut alors agir différemment face à cette réalité posée, à cette apparition du péché.

Cette réalité est une réalité abusive, car elle ne couvre pas tous les plans de l’existence humaine et en même temps, elle sort de son rôle. Elle sort de son rôle dans la mesure où elle finit par prendre toute la place, l{ où elle n’est qu’une parmi tant d’autres. Chaque réalité de chaque saut est comme grossie { la loupe. Tandis qu’elle devrait être plus minime, parce qu’elle est toujours entourée d’autres sauts, d’autres réalités. Il semble qu’elle soit abusive aussi parce qu’elle prétend définir le tout l{ où elle n’est qu’une partie. De ce fait même, elle peut déformer la réalité en la concentrant sur elle- même, à l’exemple d’une jeune fille qui oublie tout le reste de sa soirée, parce que sa robe a un faux pli. Le faux pli est la réalité abusive.

Tout angoissé, de ce fait, tourne son esprit vers cette réalité abusive, que ce soit vers un saut futur, qu’il peut commettre, ou vers un saut passé, qu’il a commis. Il déforme de ce fait la réalité, sa réalité. L’observateur que je tente d’être garde { l’esprit cette donnée afin de mieux les démasquer.

L’angoissé face au mal

Ce premier type, en bon angoissé, ne se laisse pas facilement percevoir, il est celui qui s’angoisse { l’idée de recommencer un péché, d’être { nouveau un pécheur. L’individu se fige alors dans l’angoisse qui cherche alors { nier ce péché tout en étant incapable de le nier entièrement. Il va sans dire que s’il pouvait le nier totalement l’angoisse disparaîtrait. Comme dans le phénomène du désir-fuite que l’homme ressent face { l’angoisse, celui qui est angoissé { l’idée de recommencer n’est pas capable de nier totalement son péché, car il l’aime et le déteste { la fois. Il se retrouve dans une drôle de position où il a peur de recommencer, c’est-à-dire de reproduire le même saut, et en même temps il contemple ce dernier et concentre son angoisse sur son passé. Sa réalité abusive est le fait que ce saut devient le sujet central de l’angoisse. Il annihile presque tous les autres possibles, car il concentre l’individu sur un moment en particulier. L’image qu’emploie Haufniensis montre bien la difficulté où se retrouve l’angoissé face au mal : « Tandis que la réalité du péché tient comme le commandeur une main de la liberté dans sa droite glacée, l’autre gesticule avec l’illusion, la tromperie et les appels charmeurs du mirage »41. L’individu { la cime de cette

situation craint { la fois d’un côté le péché et son retour { cause de la liberté, il craint donc de refaire le mal ; et de l’autre côté, il s’imagine se résignant, se repentant et ainsi de suite. Le mirage du commandeur est le plus fort, il hypnotise l’homme angoissé.

41 Kierkegaard, Le concept d’angoisse, simple éclaircissement psychologique au problème du péché originel,

Il tombe alors dans un état particulier où : « Il est ravalé à un possible par rapport au péché, autrement dit le repentir, incapable d’abolir le péché, ne peut que s’en attrister »42. La phrase suivante d’Haufniensis décrit bien l’impossible de la situation

et de la boucle malsaine qui se crée { l’intérieur de l’individu : « Le remords a perdu la raison, et l’angoisse s’est condensée en remords »43. L’individu dans cet état ne cesse

d’échouer face { lui-même et devient presque incapable de se ressaisir. La seule chose capable de l’aider dans un cas semblable est la foi. Ainsi pour déjouer ce que l’auteur nomme le « repentir dément »44 c’est « la foi, le courage de croire que notre état même

est un nouveau péché, le courage de renoncer { l’angoisse sans angoisse, ce que seule peut la foi, sans cependant pour cela qu’elle la détruise, mais éternellement jeune elle- même, elle ne cesse de se dénouer des affres de l’angoisse»45. Que peut-il bien vouloir

dire avec cette citation ? Que la foi peut faire cesser l’angoisse, mais encore ? Que la foi permet d’accepter la situation telle qu’elle est et d’admettre aussi que cette situation est de l’angoisse. Il faut donc admettre aussi qu’elle-même est un péché, que l’angoisse du péché est un péché ! La foi est ce mouvement où on accepte que cette angoisse est du péché sans pour autant s’angoisser { l’idée que c’est du péché. C’est accepter la situation sans s’angoisser, ce qui permet de sortir de ce repentir dément. L’angoisse réapparaîtra sans cesse comme le dit la citation, et la foi refera sans cesse son travail d’arrêter l’angoisse pour continuer, car elle aussi se renouvelle sans cesse. Sinon l’angoisse prédispose { l’angoisse qui redevient de l’angoisse et le repentir dément poursuit sa route. Seule la foi peut donc permettre { l’individu de se calmer, avec la foi le repentir peut survenir.

Cet individu est angoissé donc à la fois par son passé qui a posé le péché et par la possibilité que le péché revienne dans son futur, ce qui est inévitable ou presque. Il se

42

Kierkegaard, Le concept d’angoisse, simple éclaircissement psychologique au problème du péché originel, Tel Gallimard, trad. K. Ferlov et J-J. Gateau, 1948, p.284

43 Ibid 44Idem, p.285 45 Idem, p.286

fige alors dans cette position angoissée face au mal. Il se transforme en angoisse et il s’affaisse sous le poids du remords, de ce repentir dément.

En tant qu’observateur novice, le seul exemple qui me vient en tête est celui d’un homme qui aurait trompé sa femme. Depuis longtemps, elle le sait et elle lui a pardonné. Lui, par contre, n’arrive pas { se pardonner et il ne cesse de repenser { cet unique moment. Alors sans qu’il le veuille, parce qu’il est obnubilé par ce fait ancien, il délaisse sa femme. La peur, l’angoisse de recommencer le tenaille et il ne sort plus, ne parle plus à ses collègues féminines, évite les amies de sa femme, évite ses propres amies. Il s’enferme { l’intérieur de peur de ce qu’il pourrait faire. Je comprends alors ce que dit Haufniensis, car si cet homme pouvait faire fi de ce fait, de cette réalité abusive, il pourrait vraiment s’occuper de son présent et prendre réellement soin de sa femme. La tâche que pose la nouvelle éthique me revient en tête : se donner « la conscience du réel pour but à la réalité ».

L’angoissé du bien ou le démoniaque

Avant de regarder l’homme qui s’angoisse face au bien, voici l’explication de l’angoisse du bien et la définition de ce dernier : « l’angoisse du bien ; car l’angoisse use aussi bien, pour s’exprimer, du mutisme que du cri. Le Bien signifie naturellement la réintégration de la liberté, la rédemption, le salut, etc. »46. Le bien prend une

signification intéressante dans ce cas-ci, puisqu’il est défini comme la liberté. Le bien c’est donc être libre ou plutôt user de sa liberté. Ce qui ramène, encore, au tout début du travail sur la tâche de l’éthique. Cette définition permet de mieux comprendre cette tâche et de considérer l’homme comme non éthique, dans le mal, quand il n’use pas de

46 Kierkegaard, Le concept d’angoisse, simple éclaircissement psychologique au problème du péché originel,

sa liberté. Le bien ne peut donc pas être l’absence de péchés, ce qui est impossible, mais bien cette possibilité de liberté que nous avons tous ; ce qui donne à nouveau une autre idée de ce qu’est l’existence humaine.

Notons aussi le rappel qu’Haufniensis fait que chaque homme est { la fois lui-même et l’humanité. Chaque possible humain est donc un possible pour chacun d’entre nous. C’est pourquoi il réitère : « Si le démoniaque est un destin, il peut arriver à tout le monde »47. Dès lors, même l’angoisse du bien peut être notre destin { tous. Ce

démoniaque reste problématique, car il craint la liberté et si cela peut être notre destin à tous, cela veut dire qu’il se peut que nous n’usions pas de notre liberté.

Enfin sur l’ampleur du démoniaque et de sa signification, Haufniensis ajoute : « Mais il faut d’abord s’être rendu compte de cette ampleur pour voir peut-être que nombre même de ceux qui prétendaient traiter le démoniaque en relèvent eux-mêmes et qu’il y en a des traces en nous tous. S’il est vrai que l’homme est un pécheur »48. Le

démoniaque en étant angoissé du bien refuse, comme on l’a mentionné plus haut, la liberté. Ce n’est pas tant que l’individu ait peur de refaire les mêmes péchés ou de faire des péchés, il serait plutôt dans l’angoisse de faire autre chose. C’est pourquoi Haufniensis écrit : « Le démoniaque est la non-liberté qui veut se circonscrire »49, en

d’autres mots une non-liberté qui veut rester une non-liberté. Le démoniaque s’enferme en lui-même, il coupe tout accès avec la réalité dans la mesure où plus il se retranche de la réalité plus il tombe profondément en lui-même. La chute en lui-même apparaît comme son désir réel, mais on ne peut même pas le dire ainsi parce qu’un désir réel impliquerait un choix de sa volonté, ce qui n’est pas le cas.

47 Kierkegaard, Le concept d’angoisse, simple éclaircissement psychologique au problème du péché originel,

Tel Gallimard, trad. K. Ferlov et J-J. Gateau, 1948, p.290

48 Idem, p.292 49 Idem, p.293

Le démoniaque est pour cette raison considéré comme « l’hermétisme et l’ouverture involontaire »50. L’ouverture en étant involontaire est justement le contraire de la

liberté, car la liberté élargit. Puisque pour le démoniaque c’est involontaire, on voit qu’il se fait faux bond { lui-même, et ce au cœur même de son enfermement. L{, il est seul, seul avec lui-même. C’est un fait du hasard si le démoniaque se met { parler, quand cela lui arrive, c’est qu’il s’échappe lui-même. Le démoniaque se tait pour rester enfermé dans sa non-liberté, enfermé en lui-même, et d’un autre côté, dès qu’il en a l’occasion il ne peut s’empêcher de s’épancher. Haufniensis ajoute : « L’hermétique est justement le muet qui n’y arrive pas ; le langage, la parole sont des libérateurs, ceux-l{ même qui délivrent de l’abstraction vide de l’hermétisme »51. En lui-même le

démoniaque se perd et il devient une sorte d’abysse de vide et l’angoisse s’approche englobant tout sur son passage. Le vide, l’angoisse et son néant vont de pair. Le démoniaque étourdi se plaît à parler involontairement pour récupérer son souffle si l’on peut dire. Il est muet le plus longtemps qu’il le peut, car plus il est muet, plus il se convainc dans son hermétisme d’avoir raison, et plus il sombre. Cette chute dans son rien le propulse de plus en plus profondément en lui-même, le coupant davantage de la réalité { mesure qu’il tombe. Alors même s’il parle de temps en temps et qu’il libère sa conscience momentanément, rien ne change. Ce qui fait dire à Haufniensis que quand le démoniaque parle il monologue, car « il parle avec lui-même »52 . Autrement

dit, le démoniaque enfermé en lui-même se parle à lui-même. L’autre n’est qu’une