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PARTIE I. CADRAGE THEORIQUE ET METHODOLOGIE

3. La récolte et le traitement des données : analyser l’instrument « dans tous ses états »

3.2. Analyser les archives et mener des entretiens pour comprendre l’instrument « circulant » : une

Pour mettre en œuvre concrètement notre démarche généalogique dans la récolte de données, nous avons utilisé un nombre important21 de sources « primaires » d’information, qui nous permettent de retracer cet historique. Ces sources proviennent en majorité des archives de l’IRSN (qui, notons-le, ne comprennent pas uniquement les documents émis par l’Institut, mais sont également constituées de documents des exploitants et de l’autorité de sûreté), de l’AIEA (accessibles grâce au serveur d’archives publiques « INIS ») et de la Nuclear Regulatory Commission (NRC, autorité de sûreté des Etats-Unis), dont certains documents sont en libre consultation sur le site internet de l’agence. Les sources proviennent également des documents des archives publiques d’EDF, du CEA ou encore de Framatome22. Toutefois, la majeure partie des archives techniques de ces organisations ne sont pas publiques, et celles qui sont publiques ne sont pas du tout de la même finesse technique que celles de l’IRSN.

Concernant plus particulièrement l’inondation, les archives de la revue « la Houille Blanche » de la Société Hydrotechnique de France ont constitué également une ressource importante pour pouvoir comprendre et resituer certains choix, en matière d’évaluation du risque d’inondation dans leur contexte scientifiques et techniques.

Enfin, nous nous appuyons également sur des coupures de presse, obtenues auprès de ces mêmes organismes ou recueillies dans les archives des journaux « Sud-ouest » et « Le Monde ».

Les sources primaires contiennent :

- Des textes législatifs ou réglementaires. On retrouvera notamment dans cette catégorie les lois, les décrets, les arrêtés, les notes d’informations et les directives. Ces textes émanent directement de la Présidence de la République ou de certains ministères. Nous retrouvons aussi dans cette catégorie des documents réglementaires ou para-réglementaires publiés par le régulateur. Il peut s’agir de règles, de guides ou encore de décisions de l’autorité de sûreté. Pour ce travail nous avons utilisé une majorité de documents français mais

21 Ce travail a nécessité la consultation de plus d’une centaine de boites d’archives dans différents centres

d’archives en France. Près de 1000 documents ont été utilisés directement pour notre analyse.

22

Depuis 2006, Framatome a pris le nom d’AREVA NP. Des archives « générales » sur Framatome ont été consultées à l’Académie François Bourdon (Le Creusot).

également quelques documents de l’autorité de sûreté américaine, notamment des codes et des guides. Enfin des textes législatifs de l’état fédéral américain complètent ces sources. - Des courriers échangés entre le régulateur, l’expert et les exploitants. Ces courriers prennent

la forme de lettres de l’autorité de sûreté, d’avis de l’expert et de réponses des exploitants. Ces courriers sont souvent complétés par des annexes.

- Des documents à caractère technique ou scientifique, parfois annexés à des courriers. Il s’agit de rapports d’expertise, de notes d’études des exploitants, de travaux scientifiques de l’expert ou de l’exploitant. On trouve également dans cette catégorie des rapports de sûreté produits par l’exploitant et analysés par l’expert et l’autorité de sûreté.

- Des comptes rendus de réunions de groupes de travail. Il peut s’agir de réunions entre différents experts ou scientifiques d’un même service, de réunions interservices ou inter- organisationnelles entre l’autorité de sûreté, l’expert et les exploitants. Il existe également des comptes rendus de réunions avec des organisations externes au triptyque autorité de sûreté/expert/exploitants.

- Des « minutes » des réunions de Groupes Permanents d’Experts (GP). Ces groupes sont constitués de membres de différentes organisations et traitent spécifiquement de sujets de sûreté nucléaire. Les verbatim sont issus de comptes rendus qui constituent une retranscription fidèle des discussions entre les membres des GP.

- Des rapports ministériels ou parlementaires sur les questions de sûreté nucléaire. - Des photographies d’installations nucléaires et d’acteurs de la régulation.

Enfin, ces analyses d’archives sont complétées par 42 entretiens, menés auprès d’acteurs en charge de la sûreté nucléaire, ou en relation avec ce domaine, entre 1975 et aujourd’hui. Il s’agit d’entretiens semi-directifs, enregistrés pour la grande majorité, ayant fait l’objet de retranscriptions23. Il s’agit :

- D’anciens et d’actuels responsables et experts de la sûreté nucléaire à l’IRSN, à EDF, à AREVA, au CEA et à l’ASN ;

- D’anciens et d’actuels ingénieurs sur les questions d’inondation de ces mêmes organismes ; - D’inspecteurs ASN ;

- De responsables de sociétés savantes (Société hydrotechnique de France) ;

23 Nous avons également utilisé les enregistrements de six entretiens réalisés par Grégory Rolina, chercheur en

gestion et membre du programme Agoras, et notre directrice de thèse, Frédérique Pallez, qui ont interviewé d’anciens experts et décideurs de la sûreté dans le cadre d’une étude sur le cas « Grands Froids », une autre agression climatique faisant l’objet d’une évaluation des risques par les experts de la sûreté.

- De responsables et d’experts d’institutions en charge des questions d’eau (Institut National de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA) et service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM)). Ces deux organismes sont en effet intervenus à divers titres dans l’histoire de la régulation ;

- De salariés d’EDF et d’AREVA sur site (Chef d’exploitation, ingénieurs conduite, référents inondations sur les centrales du Blayais et du Tricastin) ;

- De responsables et d’experts d’institutions publiques (DREAL, Autorité Environnementale) ; - De membres de Commissions Locales d’Informations (CLI) du Blayais et du Tricastin.

On notera que certains des entretiens mentionnés dans cette liste (les derniers) concernent surtout le travail concernant l’instrument « situé » sur deux sites nucléaires particuliers, que nous traitons ci- dessous. Il était toutefois difficile de répartir strictement les entretiens entre ces deux sections, les sujets abordés dans un même entretien pouvant aborder plusieurs thématiques. On trouvera une liste des personnes interrogées en annexe.

3.3. Un travail d’observation et d’entretiens sur deux sites nucléaires pour comprendre