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Analyse rétrospective des déclarations d’incidents survenus au SMIG

2. RÉSUMÉ DE THÈSE

2.5 C ONTEXTUALISATION INSTITUTIONNELLE DES AIDES À LA DÉCISION

2.5.1 Besoins pharmacologiques

2.5.1.2 Analyse rétrospective des déclarations d’incidents survenus au SMIG

2.5.1.2.1 Introduction

Pour être efficientes, les ADI doivent avant tout être pertinentes, c’est-à-dire cliniquement utiles aux prescripteurs, en adéquation avec leur environnement. Entre deux établissements ou services médicaux, le profil des patients, les taux d’EIM avérés ou la

probabilité de leur survenue peuvent différer. Dans ce contexte, il semble opportun de procéder à l’analyse des incidents liés à un mésusage médicamenteux afin de définir quelles sont les besoins des prescripteurs de manière à identifier quelles devraient être axes de développement prioritaires de ces aides à la prescription.

2.5.1.2.2 Objectif

Cette étude visait à analyser rétrospectivement les incidents relatifs à des erreurs d’administration et/ou de prescription médicamenteuses survenus et volontairement déclarés au SMIG entre 2000 et 2010.

2.5.1.2.3 Méthode générale

Les déclarations d’incidents survenus entre novembre 2000 et fin octobre 2010 se rapportant à l’un des mots clés recherchés : « prescription », « administration », « débit » et

« DPI/PresCO », ont été extraites de la base de données Gestion Des Incidents du SMIG.

Parmi les incidents identifiés, des doublons et les rapports qui n’étaient pas exploitables en raison du manque de donnée ou de données incorrectes ont été exclus. Les incidents ainsi sélectionnés ont été analysés selon 4 critères: la catégorie, le type, le caractère et la classe médicamenteuse incriminée.

2.5.1.2.4 Résultats

Sur les 147 incidents recensés (sur un total de 852 déclarations au cours de la période d'étude), 64 ont été exclus. Les informations fournies dans les 83 incidents restants a permis de renseigner leur catégorie, type et caractère dans respectivement 100%, 95% et 93% des

cas. 87% des rapports analysés spécifiaient quel était le médicament impliqué dans l'incident.

Une grande majorité des incidents déclarés, soit plus de 80%, étaient liés à une erreur d’administration. 12% étaient dus à une erreur de prescription et 5% à une erreur engendrée par l’utilisation de SPI/DPI.

Les origines de ces incidents détaillées dans la figure 4 étaient multiples.

Figure 4 : Origine des incidents

L’erreur la plus fréquemment relatée (20%) était l’administration d’un médicament au mauvais patient. Venaient dans un second temps, les erreurs engendrées par l’activité infirmière. A titre d’exemple, 20% des erreurs d’administration des médicaments survenaient lors de la distribution ou du réglage du débit des perfusions. L’ensemble des erreurs liées au médicament incriminé représentaient plus de 30% des incidents déclarés, à la hauteur de 11% pour les erreurs de posologie, 5% pour les erreurs de voie d’administration et de conditionnement secondaire, 4% pour les erreurs de calcul et de dilution et enfin 3% pour les erreurs d’unités. Par ailleurs, les incidents imputables à

l’utilisation du SPI (PresCo) étaient exclusivement dus à des omissions des relevés des ordres médicaux (OM) pour les erreurs d’administration et à une ergonomie non optimale du logiciel pour les erreurs de prescription. Concernant les erreurs de prescription, outre les erreurs liées au SPI, on retrouvait par ordre décroissant, les erreurs de posologie (33%), les oublis d’arrêt de prescription (25%) et les erreurs de patient (17%).

Comme détaillé dans la figure 5, environ 36% des incidents étudiés étaient liés à des erreurs de molécules. En effet dans 25% des cas renseignés, un médicament qui n’était pas indiqué a été administré au patient, et dans près de 9% des cas un médicament a été administré à la place d’un autre. Les erreurs de posologie représentaient quant à elles, la part (50%) la plus importante des incidents analysés. 74% de ces erreurs correspondaient à des surdosages avec comme principales causes: une erreur de débit (23%) ou de posologie (26%), dont seulement 38% étaient dues à des prescriptions non appropriées.

Figure 5 : Caractère des incidents

Parmi les médicaments ayant fait l’objet d'une déclaration d’incidents, on retrouvait principalement des molécules dont un mésusage aurait pu conduire à des effets cliniques délétères importants. En effet, les quatre molécules les plus citées, représentant à elles

seules 28% des produits identifiés, étaient : l’héparine, l’insuline, la morphine et la méthadone. Les classes de médicaments les plus fréquemment impliquées étaient les stupéfiants (17%), les anticoagulants (14%), les oncologiques (13%), les psychotropes (11%) et les médicaments anti-infectieux (10%).

2.5.1.2.5 Discussion

Cette étude, a mis en évidence que la survenue des incidents déclarés était majoritairement engendrée par un disfonctionnement lors de l’administration plutôt que lors de la prescription des produits. D’autre part, cette étude a permis de révéler que les

« erreurs de patient », qui conduisent à l’administration de médicaments non prescrits, représentaient une part importante des incidents. Cette analyse a également révélé que les incidents analysés conduisaient fréquemment à des surdosages médicamenteux, consécutifs dans près d’un quart des cas, à des erreurs de retranscription ou de lecture. Le recours à l’utilisation du SPI/DPI par le corps infirmier a depuis, probablement permis de réduire la prévalence de ces erreurs. Parallèlement, si les doses, les fréquences d’administration et les unités de masse avaient été pré-renseignées au moment des faits dans les menus déroulant de l’onglet de prescription, une partie des erreurs de posologie analysées auraient pu être évitées. Pour étayer cette hypothèse, il serait intéressant de procéder à nouveau à l’analyse des déclarations d’incidents liés à ces erreurs depuis l’implémentation dans le SPI/DPI des ordres pré-structurés évoqués.

Toutefois les résultats de cette analyse doivent être relativisés. Le processus des déclarations d’incidents étant fondé sur une démarche volontaire, il est fort possible que la quantité des incidents déclarés était inférieure à la quantité des incidents réellement survenus au SMIG.

De plus, il est hautement probable que les incidents les plus sévères soient proportionnellement plus fréquemment déclarés que ceux qui le sont moins, ce qui constituerait un biais de sélection rendant ainsi les incidents déclarés non représentatifs des incidents réellement survenus. D’autre part cette analyse a révélé que les erreurs médicamenteuses survenues au SMIG entre 2000 et 2010 étaient très majoritairement consécutives à des défaillances infirmières. Ceci pourrait s’expliquer par le fait qu’au SMIG le corps infirmier est plus enclin à réaliser des déclarations d’incidents que les médecins.

2.5.1.2.6 Conclusion

Bien que les incidents analysés ne soient pas représentatifs des incidents réellement survenus dans le service, cette étude nous a permis de mettre en évidence quelles seraient les erreurs médicamenteuses susceptibles de survenir dans le SMIG et d’identifier des axes de développement de futures ADI, qui pourraient donc préférentiellement cibler les anticoagulants, des psychotropes ou des anti-infectieux.

2.5.1.3 Analyse rétrospectives des prescriptions au SMIG