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Colette MONFRAIX : (cf. annexe n°7) Dans son dispositif, l’enseignante n’a pas un rôle majeur, elle a pour fonctions d’étayer les rôles distribués aux élèves, de recentrer le débat lorsque celui-ci semble dériver, de guider les élèves dans leur réflexion mais aussi de les aider à approfondir leur pensée en revenant régulièrement sur leurs propos. Lors de ce débat, elle est intervenue 30 fois sur 70 interventions au total, pour un temps de parole de 4 minutes et 27 secondes (le débat lui, a duré 12 minutes et 22 secondes). Les raisons de ses interventions sont diverses : tout d’abord elle a pour rôle de lancer le débat en s’assurant que chacun des élèves a connaissance de la fonction qui lui incombe, puis c’est à elle de prononcer le thème sur lequel les élèves vont débattre. Par la suite, nous avons relevé un nombre important d’interventions ayant pour but d’étayer les rôles des élèves : celui du synthétiseur afin de lui signaler qu’une synthèse serait la bienvenue et de l’aider à se rappeler des différentes idées formulées au cours du temps écoulé, celui du reformulateur lorsque le propos d’un discutant n’est pas clair pour le reste des élèves ou a besoin d’être conceptualisé, celui du distributeur de parole lorsqu”il n’ose pas prendre en considération les parents d’élèves et leurs demandes de s’exprimer. Nous pouvons penser que ce fort étayage se justifie par la nouveauté de cet exercice pour les élèves mais qu’il tendra à diminuer voire à être délégué totalement aux élèves responsables au fur et à mesure des débats. Une des autres causes de la prise de parole de l’enseignante est son objectif de pousser les élèves à préciser leur pensée. A trois reprises (items 40,42,44) Colette MONFRAIX amène l’élève à l’aide d’interrogations à aller plus loin dans son idée “pourquoi c’est pas possible Abbygaëlle vas-y pousse ta réflexion...qu’est-ce qui est pas possible pour toi dedans?” Nous pouvons penser que la capacité des élèves à construire une pensée réflexive est fortement liée à cet étayage de l’enseignant. En effet c’est lorsqu’on regarde plus en détails que l’on se rend compte de la diversité de réflexion entre les trois élèves que nous avons pris en référence. Sur notre grille, ils sont tous les trois capables de faire preuve d’une pensée réfléchie mais lorsqu’on observe les interventions de l’enseignante on s’aperçoit que tous n’ont pas la capacité de pousser leur pensée sans l’aide du professeur. Luis est repris plusieurs fois, l’idée d’Abbygaëlle est relancée par l’enseignante, seule Chloé semble dès le départ capable de formuler son idée, de la justifier sans qu’il y ait une nécessité de revenir sur cette dernière pour la comprendre dans sa globalité. Ce constat nous permet de dire que le rôle choisi par l’enseignant dans son

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dispositif témoigne de l’objectif qu’il poursuit : amener rapidement les élèves à développer leur pensée en les accompagnant le plus possible ou prendre le parti de ne pas pousser les élèves dans leurs idées mais de les laisser se rendre compte par eux-mêmes, dans un temps plus long, du besoin d’aller plus loin. C’est le distinguo entre la posture d’accompagnement de l’enseignant et la posture de lâcher-prise expérimentée par Elodie JAUBERTHIE ci- après. Concernant le temps de chacune des interventions de Colette MONFRAIX, nous pouvons constater que dans l’ensemble, elles sont relativement courtes : une seule fois elle prend la parole pour revenir longuement sur l’idée d’Abbygaëlle qui lui semble importante (item41). Pour le reste, elle semble vouloir laisser un maximum la parole aux élèves et limiter ses interventions pour ne pas entrer dans un sur-étayage. Les personnes qu’elle utilise sont en lien avec la nature de ses prises de parole: lorsqu’elle étaye le rôle d’un des élèves, elle s’adresse directement à lui “tu synthétises” (item 36), lorsqu’elle guide le débat elle s’adresse à l’ensemble des discutants “vous pouvez réagir à …” (item 74), lorsqu’elle reformule les idées d’un élève elle utilise la 3ème personne “Chloé a dit un mot important…” (74). Colette MONFRAIX assure uniquement le bon fonctionnement du débat mais n’intervient pas sur les idées des élèves, elle donne cette responsabilité aux autres discutants. Ceci a pour effet de maintenir le débat très centré sur l’exemple des attentats de Paris donné dès le début par Abbygaëlle, sans s’ouvrir sur d’autres phénomènes injustifiables. En effet, à un moment, Martin (item 39) tente de déplacer le débat sur l’exemple des résistants lors de la guerre 39-45 mais cette idée ne sera ni relevée, ni approfondie puisque les élèves semblent tous présenter encore des difficultés à rebondir sur les propos de leurs camarades. Ce choix de l’enseignant peut s’expliquer par l’envie de responsabiliser et de rendre les élèves rapidement autonomes dans les débats. Nous pouvons donc penser qu’ils se chargeront eux-mêmes au fur et à mesure des ateliers philosophiques, de relever, d’interagir et de prendre en compte les idées des autres discutants. Les temps utilisés par l’enseignante ne permettent pas réellement de rendre compte de sa posture puisqu’elle n’utilise qu’une seule fois l’impératif pour s’adresser à un parent d’élève “prenez le bâton de parole” (item 77). Ce constat confirme l’idée que l’enseignante ne maintient pas sa position haute mais se met en retrait pour permettre aux élèves d’être réellement acteurs de leur débat. En référence à la grille enseignante que nous avons construite selon les postures enseignantes de Dominique BUCHETON, nous pouvons donc dire que la posture de l’enseignante dans le dispositif de Colette MONFRAIX est une posture d’accompagnement : ses interventions ont des objectifs clairement définis visant à fluidifier le débat et non pas à l’influencer ou à l’orienter vers la pensée du professeur.

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