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Rappelons que le sujet du débat était le suivant : « Qu’est-ce qui est vraiment important dans la vie ? »

Clara B : (cf. annexe n°5 a) Elle est intervenue quatre fois dans ce débat avec un temps d’intervention global de 42 secondes et utilise les mêmes pronoms personnels que dans le premier débat, à savoir la première personne du singulier et la troisième personne du pluriel. Par contre, elle n’emploie plus la première personne du pluriel. Nous pensons que cela est dû au changement du thème du débat. En effet, la question est beaucoup plus ouverte et on ne retrouve pas l’effet fot d’identification au groupe que l’on pouvait observer dans le premier débat en opposant fille et garçon. De la même façon que dans le premier débat, Clara utilise la première personne du singulier pour donner son avis, comme à l’item 13 : “moi je trouve”, ou encore à l’item 23 : “je suis complètement d’accord”. Globalement, nous retrouvons les mêmes signes de réflexivité chez Clara que lors du débat précédent, la même présence de vérité générale, l’utilisation identique de tournures impersonnelles, celle de propositions subordonnées introduites par la conjonction de subordination “parce que” à l’item 5 et 23. Cette fois, l’élève s’appuie moins sur l’exemple et son propre vécu, ce qui la dispose davantage vers une réflexion universelle, comme le montre l’item 13 : “le plus important dans la vie c’est l’amour”. Ce phénomène reste lié, nous pensons, au thème du débat qui fait moins appel à son identité et à sa propre expérience. Clara continue également à rebondir sur les propos de ses camarades pour formuler son accord, et elle complète les contenus comme on peut le voir à l’item 5 : “ Elle a raison Léna parce que ce qui est important c’est d’avoir des gens gentils et bons autour de soi”. Ainsi, Clara reprend les propos de Léna : “il y a aussi la famille” (item 4), en explicitant ce que revêt pour elle cette importance de la famille. Ainsi, parfois la réflexivité d’un élève est déclenchée par un autre élève sans intervention de l’enseignant. On peut cependant dans ce débat relever un autre signe de réflexivité chez Clara : quand elle s’aperçoit que

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ses propos sont mal interprétés par le groupe, elle y revient pour les expliciter afin que ses camarades comprennent réellement ce qu’elle a voulu dire. En effet, quand Clara avance le fait à l’item 13 que c’est l’amour qui compte le plus dans la vie, les autres élèves pensent automatiquement au fait d’être en couple et “d’avoir un amoureux ou une amoureuse”. Cela est certainement en cohérence avec la période de développement personnel que les élèves traversent à partir de la mi-année du CM2. Clara, devant la réaction de ses camarades, précise alors à l’item 16 qu’il ne s’agit “pas forcément de l’amour être amoureux et tout ça”. Mais le malentendu continue puisque Sacha à l’item 20 avance l’idée qu’il y a des célibataires qui sont parfaitement heureux. Clara poursuit alors à l’item 23 pour préciser qu’elle parle de l’amour en général que l’on peut ressentir par exemple quand on est en famille. Nous pensons que cette initiative de Clara revenant elle-même sur ses propos face à l’interprétation erronée du groupe, puis de les repréciser n’a été permise que grâce au dispositif mis en place qui contraint l’enseignant à ne pas intervenir. En effet, ayant été nous-mêmes les enseignantes menant ce débat, nous serions intervenues si le dispositif nous l’avait permis. Ceci aurait été dommageable, puisque Clara s’est montré capable de faire évoluer elle-même la situation. Pour terminer, nous constatons, comme nous pouvions le pressentir, que le changement de dispositif n’a pas d’influence significative sur la réflexivité de Clara.

Léna : (cf. annexe n° 5 b) Elle intervient quatre fois dans le débat avec un temps d’intervention global de 47 secondes. Ainsi, si l’on compare avec le débat précédent, pour un même nombre d’interventions, Léna s’est exprimée plus longtemps (47 au lieu de 39 secondes). On peut ainsi penser que Léna a étoffé ses interventions et donc mieux argumenté son propos. En effet, alors qu’on ne relevait aucune proposition subordonnée dans le premier débat, on en note trois utilisant la conjonction de subordination “parce que”, comme par exemple à l’item 18 : “on est obligé d’avoir de l’argent pour manger parce que… c’est pas les gens qui vont te donner de..”. Même si l’on observe encore des hésitations dans les propos de Léna, comme à l’item 7 : “parce que… je sais pas.. c’est quand”, ou encore à l’item 26 : “parce que… enfin… je sais pas mais voilà quoi..”, on constate une réelle évolution dans les propos de Léna. En effet, ses idées sont plus personnelles, on ne relève aucune idée reçue contrairement au débat précédent. De plus, cette fois- ci, quand elle reprend une idée déjà donnée, elle en précise l’origine et la complète, comme on peut le voir à l’item 7 : “et la famille comme dit Dina et Elina”. Elle apporte des idées nouvelles qui reflètent sa propre pensée comme à l’item 4. Comme nous avons pu l’analyser pour Clara, on peut voir que Léna est également capable de rectifier une idée mal interprétée par l’un de ses camarades. En effet, Paul, à l’item 24, explique son désaccord avec Léna et Clara, car celles-ci auraient dit que les gens qui vivaient dans la rue étaient heureux. C’est alors qu’à l’item 26, Léna reprend ce que vient de dire Paul en expliquant que ce n’est pas ça qu’elle a dit ; “j’ai pas dit ça j’ai juste dit…”. On note donc une réflexivité plus avancée chez Léna que lors du précédent débat. Cependant, nous ne

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pensons pas que cette évolution soit liée au changement de dispositif, mais plutôt au fait que les élèves aient pratiqué assez régulièrement ce genre d’exercice. Il apparaît donc que le fait d’être régulièrement confronté au débat permettrait de favoriser chez les élèves une posture de plus en plus réflexive, ainsi que le développement chez l’élève de certaines compétences du discours. En effet, cela leur permet d’expérimenter le fait que si la pensée est claire pour un individu, pour que l’autre la comprenne de la même façon, un discours clair et construit est nécessaire. Léna a encore des progrès à faire pour arriver à ce type de discours, mais on peut espérer que la pratique régulière de débat lui permettra de progresser en ce sens. L’idée centrale de Léna, dans ce débat, semble résider dans le fait que ce qui est vraiment important dans la vie, c’est d’être, d’exister : “c’est pas l’argent qui va te donner heu.. la vie” (item18), “t’as pas besoin d’argent et que dans la rue c’est déjà bien…parce que… enfin...” (item 26), mais elle ne parvient pas tout à fait à transmettre cette idée à ses camarades. Ceci ne signifie pas que Léna ne fait pas preuve de réflexivité, mais que le niveau de la mise en mots et donc les compétences orales joueraient un rôle important pour pouvoir développer une posture réflexive.

Paul : (cf. annexe n°5 c) Il est intervenu à trois reprises au cours du débat avec un temps d’intervention global de 35 secondes, ce qui est nettement moins que pour le premier débat ( quatorze interventions avec un temps global de 2 minutes et 28 secondes), ceci est sans doute dû au fait que le débat ne dure qu’une dizaine de minutes au lieu d’une vingtaine. Tout comme Léna, on note une évolution dans les propos de Paul. On y observe notamment l’apparition de l’utilisation de la deuxième personne du singulier, comme à l’item 10 : “sans argent tu peux pas manger”, mais également l’utilisation de la deuxième personne du pluriel à l’item 24 : “vous vous dites que ils sont heureux”. Ainsi, Paul semble s’adresser directement à ses camarades. C’est la première fois que nous pouvons repérer l’utilisation de ces deux pronoms personnels dans les interventions analysées jusqu’à présent. De plus, à l’item 10 Paul reprend des idées déjà formalisées en synthèse de ce qui vient d’être dit, et complète en apportant une idée personnelles : “c’est vrai la santé la famille… des amis et tout ça.. et… aussi il faudrait avoir de l’argent”. Cet élève semble donc mieux prendre en compte les idées des autres et être plus à l’écoute du groupe. En effet, dans le premier débat, Paul restait beaucoup sur ses idées et prenait moins en compte celles des autres. Il se positionne également par rapport aux idées des autres comme à l’item 24 : “je suis pas d’accord avec Léna et Clara”. Ainsi, il semble qu’il ait effectivement progressé dans sa prise en compte de l’autre. On peut également souligner l’emploi du conditionnel dans le discours de Paul à l’item 10 : “il faudrait avoir de l’argent”, ce qui démontre sa capacité d’abstraction. Celui-ci intervient aussi auprès de ses camarades pour rappeler les règles du débat à l’item 15 : “on se moque pas”. En effet, il rappelle cette règle suite à l’intervention de Clara à l’item 13 au sujet de l’amour qui déclenche des rires

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prendre en charge le bon déroulement du débat. Tout comme pour Léna, l’évolution de Paul est plus due à la pratique régulière du débat qu’au changement de dispositif lui-même, à part peut être dans sa façon de s’adresser directement à ses camarades en usant de l’utilisation de la deuxième personne.