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Partie II La composante discursive - Le système des puissances surnaturelles dans le Sou shen ji surnaturelles dans le Sou shen ji

Chapitre 5 Les immortels

5.3 Analyse discursive des textes

Après cette courte introduction des « immortels » chinois, voyons maintenant des exemples concrets pour abstraire les unités sémantiques correspondant à l’image des immortels :

Chijiang Ziyu vivait au temps de Hunag di, l’empereur Jaune. Il ne mangeait aucune des cinq céréales, ne mâchant que les fleurs des cent plantes.

Quand vint le temps de Yao, il fut charpentier. Il pouvait, au gré du vent et de la pluie, s’éléver et descendre. A l’époque, il vendait de la cordelette près de la porte du marché ; c’est pourquoi on l’appelait le Père-la-Corde. ( SSJ, p. 1 ; ARE, p. 31 )

Ning Feng zi vivait au temps de l’empereur Jaune. La tradition rapporte qu’il était maître potier de l’empereur.

tirer des fumées des cinq couleurs. Longtemps après, il enseigna son art à Feng zi. Feng zi dressa un bûcher et se fit consumer ; s’élevant et descendant, porté par les volutes des fumées. On examina les cendres, il restait ses os.

Dès lors, les gens se réunirent pour l’ensevelir dans une montagne située au nord de Ning. C’est pourquoi il fut appelé Ning Feng zi, soit Feng zi de Ning.

( SSJ, p. 2 ; ARE, p. 32 )

Wo Quan était un viellard qui cueillait des simples sur le mont Huai. Il se plaisait à manger des pignes. Son corps se couvrit de poils de sept pouces de long, ses yeux devinrent carrés. Il pouvait voler et suivre un cheval au galop. Il laissa des gaines de pin à Yao. Mais celui-ci n’eut guère le loisir de les prendre. Il s’agissait du pin jian ; tous ceux qui en absorbent peuvent vivre trois cents ans. ( SSJ, p. 2 ; ARE, p. 32 )

Pengzu fut un grand dignitaire sous les Yin. Son nom était Qian et son prénom Keng. Il était petit-fils de l’empereur Zhuanxu et fils puîné de Luzhong. Il fut signalé pendant sept cents ans, des Xia jusqu’à la fin des Shang. Il se nourissait invariablement de cannelle et d’amadouvier.

A Liyang, se trouve l’ermitage de l’immortel Pengzu. On disait jadis que ceux qui lui demandaient dans leurs prières la pluie ou le vent ne manquaient pas d’être exaucés. Deux tigres se tenaient généralement de part et d’autre du sanctuaire. Aujourd’hui encore, après les sacrifices, on voit sur le sol l’empreinte de deux tigres.

( SSJ, p. 3, ARE, p. 33 )

Shimen était un disciple de Xiaofu ; il savait s’occuper des feux. Il se nourissait de fleurs de pêcher en boutons. Il fut maître des Dragons de Kongjia des Xia.

Kongjia, ne pouvant régler les passions de son coeur, le fit tuer et ensevelir en un lieu reculé.

Un matin, la tempête vint accueillir Shimen. Tous les arbres de la montagne brûlèrent. Kongjia alla lui faire des sacrifices et des prières. Sur le chemin du retour, il mourut. ( SSJ, p. 3 ; ARE, p. 33 )

Guan Xian était un homme du pays de Song. Il vivait de sa pêche et habita plus de cent ans au bord de la rivière Sui. Le poisson, il le rejetait à l’eau, le vendait, ou le mangeait lui- même. Il portait toujours le chapeau et la ceinture des lettrés ; il se plaisait à planter des litchis et en mangeait les fleurs et les fruits.

Le duc Jing de Song voulut qu’il lui enseignât son art, mais Xian s’y refusant, le duc le tua.

Quelques décennies plus tard, on le vit en haut d’une porte des murailles de Song, assis sur les talons, jouant du luth. Après plusieurs dizaines de jours, il partit. Tous les gens de Song lui offrirent des sacrifices. ( SSJ, p. 4 ; ARE, p. 34 )

Les six petites histoires sont toutes choisies dans le premier chapitre consacré aux « immortels ». Toutes présentant la vie et les forces magiques d’un tel ou tel immortel, ces histoires peuvent constituer ensemble un corpus homogène pour notre analyse discursive des immortels. Alors on a les figures suivantes :

« il ne mangeait aucune des cinq céréales », « ne mâchant que les fleurs des cent plantes », « manger des pignes »,

« se nourrissait invariablement de cannelle et d’amadouvier », « se nourissait de fleurs de pêcher en boutons »,

« mangeait les fleurs et les fruits »,

Et avec ces figures se met en place le parcours figuratif « nourriture végétale », étroitement lié à un autre parcours nommé « la vie naturelle » apparaissant sous les figures :

« cueillait des simples sur le mont Huai », « se plaisait à planter des litchis »,

« son corps se couvrit de poils de sept pouces de long »,

« vivant de sa pêche et habita plus de cent ans au bord de la rivière Sui ».

Il est à noter qu’à ce style de vie dite « naturelle » correspond une attitude à l’égard du monde extérieur. Il est aisé de remarquer que les immortels ont une vie paisible et reculée,

qui leur permet d’être délivrés de tous les vacarmes du monde et de retourner à eux-mêmes. Toutes les valeurs considérées dans le monde ne comptent aucunement pour eux. Nous voyons encore s’installer un parcours figuratif nommé « forces magiques » avec les figures :

« il pouvait, au gré du vent et de la pluie, s’élever et descendre », « en tirer des fumées des cinq couleurs »,

« pouvait voler et suivre un cheval au galop », « savait occuper des feux ».

Et finalement les figures :

« demandaient dans leurs prières la pluie ou le vent », « ne manquaient pas d’être exaucés »,

nous rappellent le parcours figuratif repéré dans la partie des dieux « faveurs aux êtres humains ».