• Aucun résultat trouvé

Du début du XIXe siècle à la moitié du XXe siècle, la moyenne Garonne connait une phase

d’aménagement afin de stabiliser son lit. Au cours de la première moitié du XIXe siècle, des travaux

vont être réalisés mais de manière ponctuelle, sans vision globale (Valette, 2002). De par son instabilité, la Garonne de Toulouse à la confluence avec le Tarn, fait l’objet d’un intérêt moindre pour la navigation. De fait, les travaux de rectification ne vont pas permettre la fixation du lit, la Garonne gardant son instabilité. En effet, pour les Ponts et Chaussée « l’état de la Garonne et les variations

continuelles de son lit et de ses abords, paraissent devoir s’opposer à la rédaction d’un plan général d’amélioration, parce qu’il suffit souvent d’une seule inondation pour changer totalement les lieux (…). Il vaudrait mieux se borner à projeter les travaux au fur et à mesure des besoins et suivant l’importance des fonds qu’il serait possible d’y appliquer (…) » (AD 31, 3Sbis1). Le rôle des Ponts et Chaussées durant

cette période, va être d’encourager les travaux réalisés par les riverains en favorisant les actions permettant un rétrécissement du lit. De fait, les riverains vont entreprendre de manière individuelle la protection de leur berge, en suivant toutefois un plan d’ensemble établi par les services de l’Etat (Valette, 2002).

Les actions menées sont de plusieurs types : (1) des plantations sur les berges pour réduire l’érosion, (2) des plantations le long des propriétés pour fixer les terrains, (3) des plantations sur les atterrissement pour favoriser l’alluvionnement, (4) des plantations dans les bras secondaires pour réduire la largeur du lit, (5) construction de trainées, (6) barrages des bras secondaires, (7) construction de cales et (8) construction de digues (Tab. 2.9).

Plantations Travaux défensifs

Action Part (%) Action Part (%)

(1) Berge 45,1 (5) Trainée 62,3

(2) Propriétés 26,1 (6) Barrage 32,6

(3) Atterrissements 18,5 (7) Cale 4,3

(4) Bras secondaires 10,3 (8) Digue 0,8

Tableau 2.9 : Répartition des différents types d’actions (d’après Valette, 2002).

Toutefois, la réalisation de ces actions se fait au coup par coup, de manière désordonnée et parfois sans autorisation, les services de l’Etat ordonnant parfois leur destruction suivant leur situation. De plus, les surfaces concernées par les interventions restent relativement restreintes, de quelques dizaines à une centaine de mètres, ne permettant pas une stabilisation globale du cours d’eau et reportant les problèmes vers l’amont ou l’aval (Valette, 2002). En définitive, en dépit de l’encadrement

128 de ces interventions par les services de l’Etat, les plantations et les ouvrages défensifs présentent une faible efficacité, la Garonne toulousaine gardant son caractère mobile. En 1868, les Ponts et Chaussées font état de l’échec des travaux de rectification en ces termes : « Déjà, divers riverains de la Garonne,

dans votre département ont tenté de mettre leurs immeubles à l’ abri de l’action des courants et les résultats ont été le plus souvent nuls. Ces insuccès ont détruit, chez la population de la région supérieure de la Garonne, la confiance qu’y avaient fait naître les bons résultats obtenus par les travaux de défense exécutés dans la partie inférieure du fleuve » (AD 31, 3S33).

La seconde moitié du XIXe siècle marque un recul de l’intérêt pour l’aménagement de la rivière

en raison de l’abandon de la navigation au profit du chemin de fer et du canal latéral à la Garonne (Valette, 2002). De plus, si la canalisation de la Garonne en aval de la confluence du Tarn est un succès, dès 1836 « il fut reconnu que cette canalisation était impraticable entre le Tarn et Toulouse, et qu’elle

devait être remplacée par un canal artificiel » (AD 47, S1397). Ainsi, au cours de la seconde moitié du

XIXe siècle, toute demande visant à l’amélioration de la navigation sur la moyenne Garonne

toulousaine est rejetée. En effet, « après avoir construit à grands frais le canal latéral à la Garonne et

le chemin de fer de Bordeaux à Sète, l’Etat ne saurait consentir à entreprendre dans le lit du fleuve, une nouvelle série de travaux » (AD 31, 3Sbis1). De fait, dès 1860 le projet de rectification du lit de la

Garonne entre Toulouse et la confluence avec le Tarn est abandonné.

Malgré tout, en 1866 les Ponts et Chaussées mènent des études en vue d’améliorer la navigation entre Toulouse et la confluence avec le Tarn. Cependant, il apparait comme impossible d’établir une navigation régulière et seul l’entretien de passes navigables par dragages est préconisé (Valette, 2002). L’objectif de ces dragages est d’une part de rectifier le cours d’eau et d’autre part d’améliorer la navigation entre Toulouse et la confluence avec le Tarn, l’administration jugeant que « les extractions de graviers et de sables de la Garonne sont utiles à la fixation du lit et à la navigation :

on pourrait donc les considérer comme se rattachant à un intérêt général » (AD 31, S101). Il s’agit de

dragages et de déroctages qui vont d’abord être réalisés par les seuls services de l’Etat qui sont en charge de l’entretien du cours d’eau. En raison de la forte instabilité de ce dernier durant cette période, l’Etat va autoriser les riverains à prélever des alluvions afin de faire face à la trop grande mobilité de la Garonne qui rend difficile la navigation (Valette, 2002). Le dragage du cours d’eau doit permettre d’approfondir le « lit du fleuve de manière à offrir partout une profondeur de 0,80 m pour la passe des

bateaux » (AD 31, 3Sbis1). Cette activité qui s’est déroulée des années 1860 jusqu’au début du XXe

siècle devait permettre la rectification, l’élargissement et un approfondissement suffisant du chenal à des fins de navigation (Valette, 2002). Toutefois, ce procédé n’est pas jugé suffisamment efficace, les ingénieurs des Ponts et Chaussées préconisant de « faire les ouvrages nécessaires pour réunir dans un

129

recreusement du lit » (AD 31, S101). Par conséquent, à la fin du XIXe siècle, la moyenne Garonne

toulousaine n’est toujours pas stabilisée. Ainsi au début du XXe siècle, pour les ingénieurs des Ponts et

Chaussées, le « fleuve est à l’état presque sauvage, il se promène d’un côté à l’autre de la vallée, se

formant au besoin un lit entier tout neuf » (AD 47, S1397).