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Une alimentation raisonnée, une nouvelle alimentation pour nos enfants

Chapitre 3  Les habitudes alimentaires : d’une prise de conscience globale à un intérêt individuel

3. Une alimentation raisonnée, une nouvelle alimentation pour nos enfants

Pour les enfants et les adolescents, l’alimentation de manière collective se caractérise par la confrontation entre les habitudes prises dans son environnement familial et les différentes habitudes des autres individus. Nous pouvons donc constater plusieurs comportements différents selon l’âge et, par conséquent, des habitudes différentes selon les âges.

3.1 Comportements enfantins face à l’alimentation

Suite à l’analyse du CERIN sur l’alimentation des adolescents d’aujourd’hui, nous avons pu noter qu’il existe plusieurs profils selon l’âge des enfants.

• Avant 10 ans, l’alimentation est confiée entièrement aux parents. L’enfant n’émet pas d’avis objectif sur son alimentation. Le « j’aime » et « j’aime pas » sont les seuls indicateurs qui indiquent les préférences de l’enfant.

• A partir de 10 ans : l’enfant a une plus grande autonomie. Il a un premier contact à l’alimentation de par le fait de faire ses premières courses, qui sont implicitement guidées par un adulte de référence. Il réalise ses premières expériences extérieures chez ses amis, rencontre de deux environnements, il « copie » les goûts « des grands » avec le café, les fromages forts ou les fruits de mer.

• Pour les 11-14 ans : ici, les normes familiales sont importantes. Les repas de références sont ceux partagés par la famille. C’est également durant cette période que l’adolescent vivra ses premières expériences au restaurant, en famille. Les repas pris à l’extérieur généralement chez les grands-parents, oncles et tantes seront aussi des références en matière d’alimentation. C’est ainsi que l’adolescent va forger ses premiers avis en matière d’alimentation en faisant références à ses expériences.

• A l’âge de 15 ans : l’attrait de la liberté. Dans cette tranche d’âge l’enfant affirme ses goûts alimentaires. Les goûts sont développés grâce à la prise de repas à l’extérieur entre amis mais aussi par une certaine autonomie en se préparant soi-même ses repas. Ce cap est symbole d’une revendication de sa liberté et de sa maturité à faire des choix en matière d’alimentation.

• Pour les adolescents entre 15 et 18 ans : Le jeune adulte doit équilibrer son alimentation entre normes diététiques, sensation de faim et de satiété, et la liberté de choix sur ce qu’il veut manger. L’adolescent est partagé entre les différents régimes alimentaires qu’il apprécie tels que le fast-food ou la cuisine équilibrée. Il est à noter que dans cette tranche d’âge l’adolescent prend généralement l’habitude de grignoter.

Les enfants ne réagissent pas tous d’une même manière face à leur alimentation. Néanmoins il est important de préciser que le comportement de l’enfant dépendra de son environnement social, culturel et éducatif (CERIN, 2009, biblio p.93).

3.2 L’alimentation durable chez l’enfant

Ici, nous développerons deux points de vue : l’alimentation durable perçue par les enfants et les démarches mises en place pour l’introduction des produits locaux dans la restauration scolaire.

Comme expliqué dans l’ouvrage « Comportement  Alimentaire,   rédigé  par  l’INRA » nous allons expliquer ce qui détermine ou oriente les comportements alimentaires du point de vue d’un enfant (INRA, 2012, biblio p.93).

L’enfant développe au fur et à mesure une sensibilité qui lui est personnelle au vu de son cadre alimentaire prescrit. Généralement la famille et la restauration scolaire sont les deux terrains où l’enfant explore et éduque son palais. Pour un enfant l’alimentation au premier abord est signe de plaisir et de gourmandise, l’apport nutritionnel et l’équilibre alimentaire se développeront dans un second temps. C’est ainsi que généralement les légumes et les fruits sont préférés au détriment des féculents et des produits gras ou sucrés.

La notion d’alimentation raisonnée ne sera pas perçue directement par l’enfant, elle sera transmise de façon indirecte. Pour un enfant la perception de manger des bons produits se fera par différents marqueurs. Une institution socialisatrice telle que les grands parents par exemple, représente pour eux l’esprit d’une autre époque où les approvisionnements se faisaient au jardin, où la nourriture qui leur est servie reste de bonne qualité. Cela peut expliquer la connaissance du produit par l’enfant, il a déjà mangé ce produit dans un contexte affectif. Un marqueur visuel, les enfants sont sensibles aux couleurs et à l’image du plat. Des couleurs ternes donnerons moins envie que des couleurs vives et un produit uniforme. L’esthétique est très importante pour les enfants. Les enfants sont également sensibles aux odeurs, c’est à cet âge-là que l’enfant forme ses souvenirs et habitudes organoleptiques. Ces trois facteurs mis en corrélation font que l’enfant, au premier abord, est séduit par un plat.

Figure 4 - Facteurs de goût de l’enfant

Il en revient donc de la responsabilité de la famille ou de la restauration scolaire de bien appréhender en amont ces trois facteurs principaux pour mieux équilibrer l’alimentation de l’enfant.

Susciter l’envie est donc l’enjeu principal des familles et de la restauration scolaire. En effet les méthodes sont les mêmes mais appliquées à deux échelles différentes. En effet, l’éducation alimentaire est une responsabilité à double entrée, d’une part les familles espèrent que leur enfant mange correctement au restaurant scolaire et d’une autre, l’espoir que la continuité de l’équilibre alimentaire mis en place dans le scolaire soit prolongée durant les repas pris au sein de la famille.

Les moyens mis en œuvre pour intégrer les produits locaux dans l’alimentation de l’enfant s’inscrivent dans une démarche qui prend en compte :

- La sensibilité de l’enfant : Aspects organoleptiques.

- La production culinaire : Nouvelles recettes, associations de saveurs

- La dimension culturelle : Découverte d’une cuisine de différents horizons, avec des produits typiques.

- Sociabiliser l’enfant avec la nourriture : Repas, lieux d’échanges et de partage, des avis extérieurs peuvent influencer l’enfant dans son comportement alimentaire.

Ces éléments vont donc permettre à l’enfant de mieux comprendre l’introduction des produits issus d’une agriculture raisonnée et de mesurer à leur âge l’importance de l’alimentation et ainsi développer les prémices de l’équilibre alimentaire ainsi que la notion d’alimentation de proximité.

Pour conclure, les habitudes alimentaires ont un intérêt global dans notre société car elles déterminent notre façon de manger, notre façon de consommer et permettent ainsi de savoir ce que nous voulons laisser aux autres générations. Par conséquent, l’ensemble de la chaîne de l’alimentation, de la production à la distribution en passant par la demande, doit être dirigé vers le même objectif, celui d’adopter une alimentation raisonnée. L’éducation alimentaire est donc la retransmission des habitudes alimentaires de notre entourage. Cette prise de conscience doit être abordée de manière éducative pour apprendre aux enfants l’intérêt et l’impact d’une alimentation durable dans une économie globalisée.

Grâce à nos recherches nous avons pu mettre en lien la restauration scolaire, les circuits courts et l’évolution des habitudes alimentaires. En effet on constate qu’avec l’évolution des pratiques et des habitudes alimentaires et les nouveaux modes de consommations les enjeux environnementaux sont désormais omniprésents et une clé de l’avenir dans nos sociétés. La restauration est un secteur qui impacte sur les façons de penser et les a priori des individus sur des produits et des menus différents et est impacté par ces changements dans les modes de fonctionnement et d’approvisionnement, ainsi la restauration collective influe sur le comportement de nombreuses personnes dès le plus jeune âge et permet donc de sensibiliser aux « pratiques ». D’un autre côté, l’utilisation, dans la restauration collective, des circuits courts est une des réponses possibles aux nouvelles attentes en matière de développement durable des convives. Ainsi avec l’étude de ces éléments nous nous sommes demandés en quoi les prises de conscience sociétales en matière d’alimentation poussent à la valorisation des circuits courts dans la restauration scolaire.

PARTIE 2