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4. STRATÉGIE D’INTERVENTION

4.3 Pistes de solutions aux obstacles et contraintes

4.3.6 Ajustement de la structure et du fonctionnement administratif

L’ajustement de la structure et du fonctionnement administratif est essentiel pour permettre l’action et favoriser sa cohérence dans l’administration municipale. L’ajustement implique de mobiliser les ressources humaines suffisantes au besoin de la DIDD, de désigner des responsables et de positionner adéquatement le développement durable. Comme il est proposé à la figure 4.4, cet ajustement peut s’effectuer selon un ordre de priorité qui considère les ressources internes d’une municipalité rurale. Ainsi, celle aux prises avec des contraintes importantes peut viser à réaliser les ajustements prioritaires. Ce moyen d’action est facilement réalisable puisqu’il concerne essentiellement que la municipalité.

Il est recommandé dans un premier temps que la direction générale ainsi qu’un membre du conseil en soient responsables. Ceci vise à faciliter la coordination à l’interne, autant sur le plan administratif que sur le plan politique, ainsi qu'assurer une certaine pérennité de la DIDD advenant un changement de personnel. En fait, en positionnant la responsabilité du développement durable dans la direction générale, il est plus aisé de coordonner les actions dans les autres services. La direction générale possède effectivement les pouvoirs nécessaires pour l’intégrer dans les décisions et activités administratives. La présence d’un conseiller responsable de la DIDD au palier décisionnel peut assurer une représentation adéquate du dossier auprès de la population et un lien entre l’administration et le conseil. C’est dans une optique similaire que la municipalité de Rivière- Ouelle désigne le directeur général et le maire responsable de l’application de sa Politique de développement durable (Joncas, 2013).

Figure 4.4 Structure administrative proposée pour faciliter l’intégration du développement durable.

Pour les municipalités ayant plus de ressources et une structure administrative plus étoffée, il est suggéré, dans un deuxième temps, qu’un employé soit chargé en plus de la DIDD. Ce coordonnateur au développement durable peut effectuer la collecte de l’information, son traitement, produire les documents nécessaires, planifier les rencontres et représenter l’administration auprès de comités territoriaux. Sa présence permet de surmonter une partie des contraintes reliées au manque de ressources humaines et de décharger les autres employés. Évidemment, lorsque cela est possible, il est idéal que ce poste soit dans un service spécifique qui chapeaute les autres et non joint à celui de l’environnement, comme expliqué dans le chapitre 3. Ceci permet de relever l’obstacle associé au positionnement inadéquat du développement durable dans l’administration. Si la personne sélectionnée pour ce poste est un employé, alors ses compétences doivent être suffisantes pour réaliser son mandat. Autrement, il est à prévoir de le former adéquatement. De plus, une part de sa charge de travail habituelle ne doit être accordée qu’à la démarche pour assurer un support suffisant. Lorsque la municipalité possède davantage de moyens et n’a pas un

tel employé, elle peut engager une personne spécialisée. Ceci peut alors aider à surmonter les difficultés associées au manque de compétence à l’interne.

Concernant l’intégration horizontale de la démarche, il est recommandé, également dans un deuxième temps, qu’il soit désigné un responsable dans chaque service. Celui-ci doit veiller à ce que son service applique le développement durable dans ses activités et décisions. Le directeur de service est la personne idéale par sa connaissance des activités départementales et par son pouvoir suffisant. Autrement, un employé sénior peut en être responsable. À l’image de la municipalité de Rivière-Ouelle, il peut être pertinent de préciser dans un document formel que les employés et élus sont aussi responsables d’appliquer le développement durable dans leurs activités et décisions (Joncas, 2013). Ceci permet que tous soient impliqués formellement et pas uniquement les responsables.

La coordination entre les services est également importante pour relever les obstacles reliés au manque d’intégration horizontale et au travail en silo. En fait, un comité au développement durable peut être créé, dans un troisième temps, pour faciliter la communication, assurer une mise en œuvre coordonnée ainsi qu’une intégration efficace du développement durable entre les services. En donnant l’occasion à chacun de se réunir pour discuter des difficultés rencontrées, dossiers en cours ou projets, il est plus aisé d’assurer un suivi adéquat et de corriger toutes situations problématiques. Néanmoins, pour éviter d’alourdir la gestion administrative, surtout pour les petites municipalités, les rencontres de ce comité peuvent s’effectuer à l’intérieur des plages horaires prévues auxquels participent déjà les directeurs de services.

Dans un quatrième temps, il est recommandé qu’un comité consultatif soit chargé du développement durable pour faciliter l’intégration des préoccupations, valeurs et besoins des acteurs dans l’administration. D’ailleurs, ce comité peut être tout à fait approprié lorsque les ressources de la municipalité sont limitées. En fait, en travaillant sur certains dossiers de la démarche il réduit la charge de travail des employés municipaux. Même si sa création et sa coordination demandent des ressources, les avantages reliés à sa présence peuvent les contrebalancer. Puisque son succès repose sur un support de la municipalité qui favorise la participation active et la mobilisation des acteurs, son degré de priorité est moindre par la difficulté que cela peut représenter pour certaines petites municipalités rurales. D’autre part, le choix des participants peut s’effectuer en sélectionnant un représentant de chaque groupe d’acteurs qui est motivé, disponible et qui possède certaines connaissances utiles. C’est dans une optique similaire que la municipalité de Dixville a mis en place un comité de pilotage, représentatif des acteurs de sa collectivité, pour assurer une gouvernance participative de sa démarche (Municipalité de Dixville,

s.d.). Il est à souligner que pour prévenir tous conflits, une procédure de participation peut être établie pour y définir notamment le rôle, les responsabilités et le comportement à adopter. Par sa composition hétérogène, il est prévisible que les savoirs et motivations varient entre les participants. En favorisant néanmoins le travail collaboratif, le renforcement des capacités individuelles et groupales est en mesure de s’accroitre tout en limitant les occasions de conflits.

Parallèlement aux deux comités proposés, d’autres peuvent s’ajouter pour réaliser des actions spécifiques à une thématique donnée. Ces comités internes ou externes peuvent fournir un support précis à la municipalité. Les possibilités dépendent des besoins et de la présence de personnes prêtes à s’investir. À titre d’exemple, la municipalité de Dixville prévoit de mettre en place des tables de travail pour les projets de sa démarche (Municipalité de Dixville, s.d.). La composition est établie selon les acteurs interpelés, tant locaux que régionaux, afin de permettre une action coordonnée aux différentes échelles (idem).