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Chapitre 3. Effets de l’activité physique maternelle sur la croissance fœtale et le devenir de l’enfant

3.3 Santé de l’enfant à long terme

3.3.1 Activité physique maternelle et croissance chez l’enfant

À ce jour, très peu d’études randomisées ont évalué les effets à long terme d’une intervention d’activité physique prénatale sur la croissance de l’enfant. Les résultats des études observationnelles seront donc également abordés dans la présente section.

Une étude de cohorte suédoise (n=30) a mis en évidence une corrélation positive entre l’activité physique maternelle mesurée objectivement à 28-32 semaines de gestation et la masse maigre de l’enfant standardisée pour l’âge et le sexe à 11-19 semaines en post-partum (r=0.52, p=0.037, significative après ajustement de Bonferroni) (Pomeroy et al. 2013). Cette association, bien qu’obtenue avec une petite taille d’échantillon, était ajustée pour l’âge gestationnel à l’accouchement, l’âge de l’enfant, son alimentation et la parité maternelle. À l’opposé, dans le cadre du suivi d’une étude de cohorte, Clapp et collègues n’ont observé aucune différence significative au niveau du poids, de la taille ou de la composition corporelle à l’âge d’un an chez des enfants de mères ayant poursuivi une pratique régulière d’activité physique durant la grossesse, comparativement aux enfants de mères n’ayant pas maintenu une telle pratique (n=104) (Clapp et al. 1998). Les différences anthropométriques (poids et adiposité significativement plus faibles chez les nouveau-nés des femmes actives) présentes en période néonatale entre les enfants de ces 2 groupes de femmes bien appariées en termes d’âge, de poids, de condition physique, de parité et de niveau socio-économique n’étaient donc plus visibles à l’âge d’un an.

Dans le cadre du suivi d’une étude cas-témoin prospective (n=40) avec appariement des mères pour diverses caractéristiques anthropométriques et sociodémographiques, la même équipe a cependant observé que les différences de poids et de masse adipeuse présentes à la naissance entre les enfants de mères ayant poursuivi une pratique régulière d’activité physique durant la grossesse et ceux de mères n’ayant pas maintenu une telle pratique étaient toujours apparentes chez les enfants à l’âge de 5 ans (Clapp 1996).

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Une étude de cohorte avec évaluation rétrospective de l’activité physique durant la grossesse (n initial=300, n lors du suivi=110) a montré lors d’un suivi que le poids ainsi que le score Z du poids ajusté pour la taille tendaient à être négativement associés à l’activité physique de loisir réalisée par la mère durant le 3e trimestre

de la grossesse dans un sous-groupe de 23 enfants évalués entre 18 et 24 mois (r=-0.39 et -0.40, corrélation de Spearman, p=0.06) (Mattran et al. 2011).

Dans le cadre du suivi de l’étude randomisée LIP chez des femmes obèses, aucune différence n’a été observée au niveau anthropométrique (poids, taille, IMC, plis cutanés, masse grasse évaluée par DEXA) chez les enfants des groupes intervention ou contrôle à l’âge de 2.8 ans (n=157) (Tanvig et al. 2014). Cependant, parmi les femmes ayant complété l’étude originale (n=304), bien qu’un gain de poids inférieur ait été observé dans le groupe avec intervention, le poids de naissance des enfants de ce groupe était supérieur par rapport à celui des enfants du groupe contrôle (3742 g vs 3593 g, p=0.039) (Vinter et al. 2011). Cette différence présente à la naissance pourrait donc avoir été atténuée durant l’enfance ou pourrait être attribuable au taux de non-réponse lors du suivi.

Chez des enfants un peu plus âgés, les résultats d’une étude de cohorte danoise (Danish National Birth

Cohort, n=40 280) n’ont pas montré d’associations entre la pratique d’exercice auto-rapportée par la mère à

16 et 30 semaines de grossesse et l’IMC de l’enfant ou son risque de surpoids à l’âge de 7 ans, calculés à partir des données de poids et taille rapportées par la mère (Schou Andersen et al. 2012). En effet, après ajustement pour les habitudes tabagiques maternelles durant la grossesse, le statut socio-économique et l’IMC maternel pré-grossesse, les associations inverses observées entre l’activité physique maternelle21 et les

paramètres anthropométriques de l’enfant n’étaient plus significatives.

Pivarnik et collègues n’ont pas non plus observé de différence significative au niveau du poids, de la taille et de l’IMC à 8-10 ans des enfants dont les mères atteignaient ou non les recommandations en matière d’activité physique durant la grossesse (n=20, cohorte initiale n=51), bien que le poids à la naissance fût inférieur dans le groupe chez qui les mères atteignaient les recommandations (Pivarnik et al. 2014).

À l’opposé, dans une cohorte rétrospective de grande envergure (n=5125), des niveaux modérés d’activité physique durant la grossesse étaient associés à une diminution du risque de surpoids ou d’obésité chez les enfants à l’âge de 8 ans (OR ajusté 0.77, IC à 95% 0.65, 0.91), comparativement à l’inactivité (Mourtakos et al. 2015).

21 L’activité physique des femmes était catégorisée selon sa durée hebdomadaire, son mode principal ou était dichotomisée en catégories active ou inactive.

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Finalement, dans une cohorte de 4451 enfants de 9 ans, l’activité physique maternelle d’intensité vigoureuse auto-rapportée à 18 semaines de grossesse n’était pas significativement associée au contenu osseux ou à la densité osseuse durant l’enfance (Tobias et al. 2005). Cependant, dans cette cohorte, l’effet potentiellement confondant de l’activité physique et de l’alimentation de l’enfant, des paramètres importants du développement osseux (Rizzoli 2014; Specker et al. 2015), n’était pas pris en considération.

Bref, compte tenu du faible nombre d’études portant sur les effets de l’activité physique prénatale sur la croissance postnatale de l’enfant, il semble trop tôt pour affirmer que l’activité physique maternelle pourrait influencer la croissance de l’enfant à long terme, bien que certaines données suggèrent une telle possibilité. Il apparaît donc primordial que les recherches futures se penchent sur cette question importante afin d’évaluer la pertinence, d’un point de vue de prévention de l’obésité chez l’enfant, d’allouer des ressources aux interventions visant à favoriser la pratique d’activité physique durant la grossesse et/ou en période postnatale.

3.3.2 Évidences relatives aux effets métaboliques de l’activité physique maternelle