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Actes de langage et cognition

4. La pragmatique

4.3 Actes de langage et cognition

On a vu précédemment que la théorie des actes de langage formulée par Austin et développée par Searle part de la prémisse que toutes les énonciations réalisent des actions, ce qui est bien résumé par la formule célèbre « dire c’est faire ». Les énonciations « font des choses » à travers des forces spécifiques, les actes illocutionnaires. On a vu aussi que, dans la vie réelle, quelques phrases semblent moins évidentes que d’autres, et c’est à cause de ces difficultés qu’on a décidé d’aller vers d’autres sources pour essayer d’expliquer quelques questions restées en suspens. MARMARIDOU (2000) se base sur la linguistique cognitive pour expliquer les actes de langage avec beaucoup de cohérence.

D’après la théorie cognitiviste, les actes de langage réalisent la conceptualisation d’un système complexe d’interaction entre locuteur et auditeur. De cette façon, les actes de langage ne sont plus simplement l’exécution d’un énoncé par le locuteur, mais l’auditeur est considéré comme aussi actif que le locuteur. Ainsi, les conditions pour la réalisation des actes de langage peuvent faire référence au succès atteint, suivi de la réponse de l’auditeur, et pas seulement à l’exécution « heureuse » des énoncés par le locuteur, comme Searle l’a proposé.

L’obtention de la réponse souhaitée par le locuteur pendant une interaction implique un effort de l’auditeur et du locuteur. Cet aspect de l’acte de langage rappelle le concept de dynamique de force de Talmy (1988). D’après Talmy, en effet, on conceptualise et on exprime avec le langage des interactions physiques à travers les schémas pré-conceptuels de dynamique de force, qui se basent sur notre expérience cinesthésique. On conceptualise et on exprime aussi métaphoriquement, les interactions psychologiques et sociales par ces mêmes schémas.

Dans la dynamique de force, on a toujours deux participants. L’un exerce une force et on l’appelle l’agoniste (auditeur), l’autre exerce une contre-force, et on l’appelle l’antagoniste (le locuteur). De cette façon, l’agoniste subit l’action qui est exercée par l’autre participant, l’antagoniste. L’agoniste est au cœur de la scène, et l’antagoniste est celui qui cause les changements dans l’état originel de l’agoniste. La dynamique de force est directement associée à la notion de cause. Si un événement a lieu, il est dû au fait que l’un des participants possède une force intrinsèque qui provoque l’événement. Dans la dynamique de force, il y a toujours une interaction, jamais des participants complètement passifs. Concernant les actes de langage étudiés sous cette conception, l’auditeur ne sera jamais une création passive du locuteur.

D’après Marmaridou, il est évident que les actes de langage ne peuvent pas être étudiés indépendamment des contextes sociaux dans lesquels ils ont lieu et sans les interactions communicatives. Il est également clair qu’un problème important dans l’analyse des actes de langage consiste à savoir comment ils sont compris de manière à se situer dans des cadres socioculturels de la connaissance. Dans cette optique, la conventionalité, l’intentionnalité et l’interactivité des actes de langage sont des aspects de leur compréhension et ne sont pas mutuellement exclusifs. Ayant pour but d’étudier les fondements du discours expérientiel des actes de langage, qui existent à la fois au niveau cognitif et social, cette approche expérientielle a en vue d’expliquer comment nous agissons par la parole et comment nous intériorisons des significations institutionnelles et socioculturelles grâce à l’action du discours.

L’auteur montre que les actes de langage constituent des énonciations qui sont associées aux actions. Les actes de langage sont compris ainsi comme un modèle cognitif idéalisé qui est déterminé culturellement et socialement. Les actions évoquent et sont évoquées par les cadres (frames) lexicaux, qui peuvent eux-mêmes exécuter ou décrire des actes de langage. Les cadres (frames) lexicaux sont appelés verbes d’actions ou performatifs. Ces verbes qui apparaissent dans l’acte de langage sont des space-Builders (ou introducteurs d’espaces) qui sont chargés de créer un espace où une proposition est introduite.

Les actes de langage et les verbes qui les constituent sont basés sur des métaphores où l’action est comprise comme le mouvement d’un objet dans l’espace. Un aspect important de cette compréhension métaphorique des actes de langage est que le mouvement est conçu en termes de force qui est exercée par le locuteur, comme on l’a vu auparavant.

La proposition cognitive des actes de langage met l’accent sur son caractère expérientiel et essaie d’expliquer l’association entre les aspects conventionnel, interactionnel et intentionnel de la catégorie. Marmaridou explique que les actes de langage sont conçus par un modèle cognitif idéalisé qui peut se présenter de façon plus ou moins prototypique. C’ est-à-dire que l’acte de langage le plus proche du prototype est socioculturellement et /ou linguistiquement conventionalisé, alors que les moins proches du prototype sont caractérisés par une forte structure interactive qui implique l’identité sociale de l’auditeur.

La linguistique cognitive est une approche du langage basée sur l’expérience humaine du monde. Les structures du langage ne sont pas vues comme autonomes, mais

Pour aller plus loin dans les détails de l’approche cognitive des actes de langage, il nous faut d’abord examiner les notions fondamentales de la linguistique cognitive. Nous reviendrons sur la proposition cognitive des actes de langage à la fin du prochain chapitre.