• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 Présentation des résultats

4.3 Facteurs ayant favorisé la mobilisation des 16 competences de leader

4.3.3 Accomplir des tâches complexes et réelles

Tout au long de l’expédition, les étudiants devaient accomplir plusieurs tâches de différents styles, comme sauver une victime d’une avalanche (simulation), monter des campements hivernaux, dormir dehors, planifier des journées d’expédition et veiller à leur bon déroulement, cuisiner, s’orienter à l’aide de différents outils (cartes, boussoles, GPS), etc. Les tâches où les étudiants mobilisaient le plus grand nombre de compétences de leader sont celles où le leadership leur était attribué et où le défi était grand, complexe et réel. Pour accomplir ce type de tâche, les participants devaient inévitablement s’entraider et tous devaient participer activement. L’impact des décisions et des actions qui étaient prises leur incombait et était réel. Par exemple, un étudiant a dit lors d’un retour de groupe : « Je ne sais pas vous, mais moi j'y croyais à fond, j'étais dans le jeu. ». Ceci favorisait l’engagement et provoquait plusieurs émotions chez les participants. Voici des exemples de tâches où plusieurs compétences de leaders ont été mobilisées :

 Lors de la troisième journée de l’expédition, les participants ont décidé de faire l’ascension du Petit-Mont-Saint-Anne. Après les 10 premières minutes de marche, un ruisseau les empêchait de poursuive leur route. Les leaders du jour n’avaient évidemment jamais été confrontés à ce type de situation et c’est eux qui devaient coordonner la traverse, avec le style

de leadership de leur choix. Le ruisseau ne représentait aucun danger, mais les étudiants percevaient un risque important. Les intervenants ont donc laissé planer le risque perçu par les étudiants pour qu’ils aient une situation complexe, voire dangereuse à gérer, mais sans risque réel. Les leaders du jour ont analysé la situation, consulté le groupe et adopté une stratégie, ce qui a permis à l’équipe de poursuivre son trajet. Tous ont traversé et personne ne s’est mouillé les pieds.

 Au sommet du Petit-Mont-Saint-Anne, deux choix s’offraient aux participants concernant leur itinéraire de retour; revenir sur leur pas sur un sentier balisé ou revenir par un autre versant de la montagne, en hors- piste. Ils ont d’abord tenté le trajet hors-piste. C’est alors que plusieurs sont tombés dans des trous de neige. Un participant s’est même retrouvé dans un trou pratiquement aussi grand que lui. Les participants avaient également de la difficulté à s’orienter puisqu’il n’y avait pas de sentier et qu’il était complexe pour eux de s’orienter à l’aide d’instruments (carte, boussole, GPS). Le chaos s’est rapidement installé. Les participants partaient dans tous les sens. Les leaders du jour ont donc réuni tous les participants pour évaluer les besoins de chacun et pour prendre une décision qui saurait satisfaire le plus grand nombre de participants. Le groupe a finalement fait demi-tour. Cette décision a été difficile à prendre et à vivre pour les leaders du jour, puisqu’elle n’était pas unanime.

 Le quatrième jour de l’expédition, l’objectif des participants était de parcourir 10 km à la suite desquels ils devaient monter un campement hivernal pour y passer la nuit. Tel que mentionné précédemment, c’est dans une zone sauvage où la forêt est plutôt dense que les étudiants ont dû se chercher un site et monter leur campement. Dans ce type d’environnement et avec peu d’expérience en camping hivernal, les solutions ne sont pas des évidences. Les étudiants ont élaboré une vision

commune basée principalement sur leur créativité, étant donné que leur expérience et leurs connaissances étaient limitées.

 La simulation de l’avalanche ayant fait une victime était un défi complexe à relever pour les étudiants, qui n’avaient aucune connaissance en recherche et sauvetage. De plus, les intervenants avaient volontairement fourni du matériel difficile à utiliser pour générer encore plus de confusion, ce qui a fonctionné. Par exemple, les étudiants avaient à leur disposition des radios et des détecteurs de victime d’avalanche (DVA). Pour ajouter au chaos, tout le monde est parti de tous bords tous côtés en raison du sentiment d’urgence. Comme l’a mentionné une étudiante : « j'étais comme une poule pas de tête ». Vers le milieu de l’activité, les étudiants se sont ressaisis. Ils se sont attribué des rôles et ont tenté de se définir et de partager une vision commune.

Outre ces exemples et de façon plus générale, l’environnement humain et physique, de par leur aspect hautement évolutif, ajoutait une forme de complexité constante à l’expédition. Composer avec les différents niveaux de déstabilisation des participants causés par différents éléments (conditions climatiques, environnement physique et social, etc.) en est un bon exemple. Même se déplacer d’un point A à un point B pouvait devenir une tâche complexe, car tous avaient un rythme de progression différent, des bris de raquettes survenaient, des ampoules, etc. De plus, étant donné le peu d’expérience en plein air qu’avaient les participants et leur haut niveau d’engagement, des tâches simples pouvaient se transformer en processus laborieux de prise de décision. Par exemple, choisir l’heure du départ, répartir le matériel, etc. Ainsi, l’expédition au complet et la majorité des activités programmées étaient composées de situations complexes, excepté la dernière journée. Les participants devaient donc constamment travailler en équipe, mobiliser les forces de chacun et mettre en place différents processus liés à la communication, au leadership, à la prise de décision, etc. La complexité des tâches a alors permis aux étudiants de mobiliser chacune des 16 compétences de leaders.

4.3.4 Expérimenter de nouveaux comportements et assumer différents rôles