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Couche cachée

A1 D IFFERENCES SEXUELLES

a) la symphyse pubienne

Depuis l’utilisation de la symphyse pubienne comme indicateur de l’âge au décès des adultes, des standards différents pour chaque sexe sont recommandés ce qui complique son utilisation. En effet, chez la femme, il y a une plus forte variabilité morphologique (Suchey et al., 1979, 1981 ; Snow, 1983 ; Jackes, 1985 ; Meindl et al., 1985 ; Klepinger et al., 1992) et un vieillissement osseux plus rapide que chez l’homme (Brooks, 1955 ; McKern et Stewart 1957, Stewart, 1957 ; Gilbert et Mc Kern 1973 ; Santos, 1996). Mais ce sont uniquement les âges moyens et les intervalles de confiance des phases morphologiques qui diffèrent selon le sexe. Les caractères morphologiques n’en sont pas moins similaires. Dans la méthode Suchey- Brooks, les limites inférieures de variation pour chaque phase sont identiques pour les deux sexes ; les limites supérieures, en revanche, sont plus élevées chez les femmes.

Dans notre étude, nous n’avons pas confirmé l’existence de différences sexuelles pour les caractères observés. Etant donné que deux d’entre eux sont des processus de maturation osseuse de la symphyse pubienne, ce résultat n’est pas surprenant. En effet, l’étude de Garmus (1993) a aussi montré qu’il n’y a pas de différence entre sexes pour la face de la symphyse si on exclue l’observation des exostoses (donc des phénomènes dégénératifs). Il n’est donc pas nécessaire d’évaluer les changements de la morphologie de la symphyse pubienne selon le sexe. Il s’agit d’une avancée significative au niveau méthodologique, démontrant la pertinence de la modification des caractères.

b) la surface sacro-pelvienne iliaque

De nombreuses études (Ali et Mc Laughlin, 1991 ; Mittler et Sheridan, 1992 ; Bruzek et al., 1996) signalent que selon le sexe, il y a des tendances différentes dans la forme et la taille de la surface articulaire sacro-pelvienne iliaque, particularités qui peuvent influencer la dégénérescence de l’articulation. La croissance différentielle, entre sexes, du bassin à l’adolescence peut impliquer des différences morphologiques des surfaces articulaires (Hoyme, 1984). L’ossification de l’élément costal des vertèbres sacrées S1 et S2, qui donne naissance à la facette auriculaire sur les deux faces du sacrum, se poursuit dans l’adolescence tardive et est plus précoce chez les filles que les garçons (Bollow et al., 1997).

Comme pour la symphyse pubienne, les hormones de grossesse vont influencer la laxité des ligaments articulaires, et augmenter la mobilité (Sashin, 1930, Borel et Fernström, 1957). Chez les femmes multipares, l’espace sacro-iliaque est asymétrique entre la droite et la gauche ; la sclérose subchondrale est également fréquente, ce qui est rare chez les hommes ou les femmes nullipares (Faflia et al., 1998). Les capacités mobiles de l’articulation sacro- iliaque sont différentes entre hommes et femmes. Les surfaces articulaires sont plus plates et moins congruentes chez la femme (Wellinger, 1987 ; Bookhout et Boissonnault, 1996). Comme le centre de gravité au dessus de l’articulation sacro-iliaque chez l’homme est en position plus ventrale, la contrainte mécanique pour établir l’équilibre est forte. Le développement de rides et de dépressions sur les surfaces articulaires iliaques et sacrales permettent une plus grande stabilité (Vleeming et al., 1990). L’immobilité est presque constante chez l’homme à partir de la 4ème décennie, alors qu’elle apparaît, chez la femme, une décennie plus tard (Sashin, 1930).

Les résultats de notre étude, aucune différence sexuelle des caractères de la surface sacro- pelvienne iliaque, corroborent les précédentes études sur cette articulation (Lovejoy et al., 1985b ; Murray et Murray, 1991). Cependant, des différences entre sexes de la modification de l’apex et de la tubérosité iliaque auraient été justifiées. En effet, la zone ligamentaire subit des contraintes différentes entre sexe. Il en est de même pour la modification de la surface dont les porosités, illustrent, en fait l’atteinte ostéoporotique, atteinte plus fréquente chez la femme après la ménopause. Mais même dans les échantillons constitués exclusivement d’individus âgés, il n’y a pas de différence notoire.

c) l’extrémité sternale de la quatrième côte

Des différences suffisamment spécifiques entre l’extrémité sternale des côtes masculines et féminines rendent obligatoire la création de standards propres à chaque sexe (Iscan et al., 1980 ; Iscan et Loth, 1986a ; Yavuz et al., 1998). Il faut, en effet, tenir compte d’une vitesse de croissance différente et de particularités morphologiques selon le sexe. Etant donné que les femmes entrent dans la puberté plus tôt que les hommes, les changements de la quatrième côte commencent plus tôt.

Des études sur la minéralisation du cartilage costal et sur l’augmentation de la production osseuse, avec l’âge, indiquent des différences entre sexes (Stewart et Mc Cormick, 1984 ; Mc Cormick et Stewart, 1988 ; Rao et al., 1988 ; Kurihara et al., 1996 ; Inoi, 1997). La calcification du cartilage costal est une tendance masculine (McCormick, 1980 ; Teale,

1989) ; elle se produit sur les parois du cartilage, ce qui s’illustre par la formation d’exostoses s’étendant du bord supérieur au bord inférieur de la côte (Iscan et al., 1984b, Iscan et Loth, 1986c). Ce modèle de projection osseuse est rare chez les femmes, la calcification commence plutôt par le centre du cartilage.

Les tests statistiques démontrent clairement qu’il y a une différence de modification de l’extrémité sternale de la quatrième côte, avec l’âge, selon le sexe. Cependant, nous devons préciser que les échantillons que nous avons observés sont relativement faibles pour le groupe féminin. Sur le plan pratique, le traitement en fonction du sexe représente une complication plutôt qu’un avantage.