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Partie I. Animal et société occidentale du XXI ème siècle : des « communautés hybrides »

I. La profession vétérinaire, concernée de facto par l’évolution du rapport Homme-Animau

2. Évolution de la relation Homme-animaux et conséquences sur la santé animale, publique et

En tant que professionnel de la santé animale, les vétérinaires sont impliqués directement dans l’évaluation, et l’amélioration du bien-être animal de manière générale. Or, les parties précédentes discutent justement des conséquences de l’évolution du statut animal influe sur son bien-être et sur sa santé.

Notamment, la partie II illustre les conséquences concrètes de notre relation à l’animal de compagnie au travers d’exemples choisis. Par cette approche, nous avons montré que la modification de notre rapport aux animaux, décrit dans la partie I, souvent associée à une mauvaise connaissance des animaux, pouvait compromettre leur bien-être et même leur santé. Or d’après la définition citée en 1, la santé animale reste le cœur du métier vétérinaire. De manière simple, si l’évolution actuelle de la relation Homme-Animaux a des conséquences sur la santé et le bien-être des animaux de compagnie, le vétérinaire est, d’ores et déjà, par définition, impliqué. De la même façon, le débat en cours sur l’exploitation animale en général et notamment l’élevage et la mise à mort des animaux de rente a mis la question du bien-être des animaux de production sur le devant de la scène. Cette problématique ne peut en aucun cas être négligée par la profession vétérinaire et ne peut être abandonnée aux seuls agronomes, et techniciens agricoles. Elle peut et doit être abordée par les vétérinaires auprès du public mais également au sein des élevages et des abattoirs, dans un but d’information et d’accompagnement entre autres.

De plus, en adoptant une vision à moyen voire long terme appuyée sur ce qui a été discuté en partie 1, la remise en question de la relation Homme-Animaux qui en cours actuellement est à même d’avoir des conséquences pratiques majeures sur nos interactions avec les animaux de manière générale. En adoptant un point de vue extrême tel qu’il a été décrit en partie 1, devrons-nous un jour rendre leur liberté aux animaux et les laisser libres au milieu/à coté de nous à leur guise ? Une telle cohabitation impliquerait des risques zoonotiques et physiques majeurs, deux aspects qui impliquent directement la profession vétérinaire. Devrons nous, par exemple, accentuer la prévention voire le soin prodigués à la faune sauvage pour protéger la santé humaine et améliorer le bien-être animal en général ? C’est ce qui a été mis en place lors de la prise en charge de la rage vulpine par exemple, par vaccination des renards, et qui pourraient être envisager pour lutter contre la tuberculose au sein de la faune sauvage également. Une cohabitation plus étroite encore avec le monde animal impliquerait probablement la mise en place de ce type d’actions à bien plus grande échelle. Par ailleurs, à moyen terme, l’évolution des mœurs, notamment en filière DAOA, modifie notre approche en termes de santé publique. S’il n’y a pas d’opposition inconciliable entre bien-être animal et hygiène des aliments, les anciens principes de santé publique doivent à présent être adaptés à des situations épidémiologiques différentes. Ce changement constitue un travail important impliquant amplement la profession vétérinaire, tant dans l’analyse fondamentale des risques liés aux nouvelles pratiques que dans son application sur l’ensemble de la chaîne d’alimentation. Un des exemples les plus caractéristiques de cette évolution est la

prise en compte des nouveaux facteurs de risque épidémiologiques de l’élevage en plein air par rapport à l’élevage hors-sol, impliquant, entre autres, une recrudescence du parasitisme, et un risque infectieux accru par un contact possible avec la faune sauvage. Le contact avec la faune sauvage est d’ailleurs un motif d’inquiétude majeur concernant la propagation de maladies graves, comme la tuberculose, qui est par ailleurs zoonotique, ou encore, de manière moins connue, la maladie d’Aujeszky (DGAL, 2016). Cette situation interroge d’ailleurs les dernières grandes épizooties : l’épizootie d’influenza aviaire, l’extension de la peste porcine ont-ils quelque chose à voir avec les nouvelles conditions d’élevage ? Dans ce contexte, le vétérinaire en tant qu’acteur de la filière agro-alimentaire a un rôle majeur à jouer dans l’évaluation des risques, l’accompagnement des éleveurs, la zootechnie et la gestion des espaces notamment.

De même notre rapport aux animaux en général est en plein bouleversement avec des frontières domestiques/sauvages et domestiques/compagnie qui se fondent les unes dans les autres, avec une opposition frontale entre un désir humain de risque nul et l’envie irrésistible d’aller vers l’animal. Étant à la fois professionnel du risque représenté par l’animal, mais également du bien-être animal, nous sommes à même de dessiner les limites nécessaires dans notre rapport aux animaux sauvages. La médecine des Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) et de la faune sauvage, en plein développement, sera par ailleurs probablement amenée à prendre une valeur nouvelle dans les années à venir. La question se pose d’ailleurs de savoir s’il est possible et éthiquement acceptable d’apporter des soins à tout animal de faune sauvage « naturelle » (hors zoos, réserves etc.), comme le souhaiteraient souvent les particuliers.

Ainsi, l’évolution de la relation Homme-Animaux impacte la santé et le bien-être des animaux de compagnie, de rente voire même des animaux sauvages d’une part, et d’autre part impacte la santé publique, et notamment la gestion des denrées alimentaires d’origine animale et du risque zoonotique.

Par ailleurs, le rapport de la société actuelle à l’animal fait parfois du lien Homme-Animal le reflet d’une souffrance humaine en cours.

3. La relation Homme-Animaux au cœur de notre métier : empathie et