• Aucun résultat trouvé

Évolution du contexte International

LA BIODIVERSITE AMAZONIENNE

2.2. Évolution du contexte International

Devant de telles menaces la mobilisation internationale en faveur de l’environnement a commencé au début des années 1970. Nous pouvons citer par exemple, la convention sur les zones humides d’importance internationale signée en 1971, la première conférence internationale consacrée à l’environnement qui s’est déroulée à Stockholm en 1972, ou encore la convention sur le commerce international des espèces menacées de la faune et de la flore signée en 1973. La conférence de Stockholm, avec comme secrétaire général Maurice Strong introduisit le principe d’éco-développement48 qui s’attachait déjà à concilier croissance et préservation des ressources naturelles. C’est aussi à la même époque que la société civile a commencé à s’organiser autour de la question environnementale par l’intermédiaire d’ONG, d’associations ou de fondations (création de Greenpeace en 1971, de WWF en 1961). Cependant ces actions étaient des actions sectorielles, encadrées par des accords ciblés. Ce n’est qu’en 1983 que l’assemblé générale des Nations Unies nomma une commission mondiale sur l’environnement et le développement : la commission Brundtlamd (avec

47 Le Brésil est responsable de 5% des émissions planétaires (Goldemberg, 1989).

notamment Maurice Strong). Le rapport final de cette commission, sorti en 1988 sous le nom « notre avenir à tous », fait un bilan catastrophique de l´économie sur l’écologie, avec la reconnaissance de l’émergence de problématiques globales comme : le réchauffement climatique, la diminution de la couche d’ozone, la déforestation, les atteintes à la biodiversité, et les pollutions. La commission, devant les risques écologiques liés au développement, reprend l’idée d’éco-développement et propose la notion de « développement durable », qui est défini comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ». Ce nouveau paradigme prône une approche prenant en compte les effets sociaux et environnementaux de la croissance économique. Il encourage aussi une approche globale articulant l’échelle mondiale, nationale et locale, l’ensemble de la planète étant jugé concerné par les mêmes enjeux. Ce paradigme n’est en fait que le dernier avatar de 50 ans de théorie du développement. En effet, la croissance économique est toujours considérée comme le moteur du développement, avec le commerce international, lui même moteur de la croissance et garant d’une répartition équitable des richesses49, et ce à tort ou à raison. C’est sans doute pour cela que cette notion de « développement durable » s’est facilement imposée comme un réfèrent commun aux organisations internationales, aux états, à la société civile et aux ONG.

Le 1er sommet de la terre à Rio, en 1992, devait faire le point sur les avancées faites depuis la commission Brundtlamd et poursuivre les réflexions de cette dernière en proposant des mesures pour concilier développement et environnement. Ce sommet a eu une grande ampleur internationale avec la participation de plus de 150 pays et, pour la première fois, l’implication de la société civile à travers la présence de centaines d’ONG. Cinq documents virent le jour (Allemand, 2003) :

ƒ La charte de la terre qui proclame 27 principes concernant l’environnement comme : « le droit pour les états d’exploiter leurs Ressources Naturelles selon leur politique propre, la nécessité de réduire les modes de consommation contraires au développement durable, le principe de précaution et le principe de pollueur payeur » ; ƒ La convention sur le changement climatique (effet de serre) ; qui engageait les pays les plus riches à ramener en l’an 2000 leurs émissions de gaz à effet de serre à leur niveau de 1990. Cette convention a été complétée et révisée par le protocole de Kyoto en 1997, qui impose aux pays industrialisés de réduire d’ici 2012 leurs émissions d’au moins 5% par rapport à 1990. Ce protocole a été ratifié par 141 pays et vient d’entrer

49 Référence sur l’histoire des théories du développement consulter le livre « Le Développement : histoire d’une

en vigueur sept ans après sa signature. Le protocole laisse aux pays une certaine marge de manœuvre en ce qui concerne les moyens d'atteindre ces objectifs comme l’échange de permis de polluer ou l’investissement dans les mécanismes de développement propre (cf. encadré « les mécanismes de développement propre ») ; ƒ La convention sur la biodiversité50. Cette convention vise à encadrer la conservation et

l’utilisation raisonnée, de la diversité biologique, mais aussi le partage équitable des profits liés à son exploitation (153 pays signèrent, les USA ont refusé) ;

ƒ La convention sur la désertification signée en 1994. Faute d’accord avec les États-unis et le Brésil une quatrième convention sur la protection des forêts n’a pu être signée, les participants se bornant à la définition de principes cadres : « La déclaration sur la forêt », 17 principes dépourvus de force obligatoire concernant toutes les forêts ;

ƒ l’Agenda 21 ou « le bréviaire du développement durable » est un ensemble de recommandations qui n’ont pas de force obligatoire. Sur les 40 chapitres, des objectifs et des priorités sont définis et les coûts des différentes mesures sont évalués.

Le 2nd sommet de la terre à Johannesbourg (2002) a été l’occasion de mesurer les lenteurs, les disfonctionnements, voire même les retours en arrière. L’idée de créer une autorité mondiale de l’environnement pour contraindre les états et les multinationales à respecter leurs engagements a été abandonnée. On a vu l’émergence de nouvelles formes de régulation sous forme notamment d’éco-labélisation ou d’initiatives comme le « pacte mondial » (Global Compact) élaboré par l’Onu avec le concours de syndicats, de multinationales, d’ONG, qui se sont volontairement engagés à sauvegarder l’environnement (Allemand, 2003). Comment parvenir à coordonner leurs actions efficacement ? C’est l’enjeu d’un autre débat autour de la « gouvernance51 » (mondial), concept apparu en même temps que celui du « développement durable52 ».

50 Dont les négociations étaient conduites depuis 1988 à Nairobi.

51 Le concept de « gouvernance » affirme que le marché ne peut pas, à lui seul, engendrer une croissance

économique durable et un développement harmonieux. Pour créer les conditions d’un développement harmonieux, il faut unir tous les partenaires du développement État, société civile, investisseurs, ..., pour qu’ils coordonnent leurs actions.

52 En parallèle, l’augmentation des effets négatifs du développement (réchauffement climatique, atteinte à la

biodiversité, etc.) a engendré la naissance et l’adoption du paradigme de « développement durable ». Il s’agit d’avoir une approche globale prenant en compte les effets sociaux et environnementaux de la croissance économique. Aujourd’hui le développement durable s’est imposé auprès de tous (organisations internationales, états, société civile, ONG, …) et tous les programmes de développement sont accompagnés de consultations des populations locales, d’études d’impacts environnementaux, etc.

Beaucoup de critiques ont été faites entre les déclarations d’intension et la réalité des efforts ; sur la divergence d’intérêts entre les pays du Nord et du Sud53 ; sur l’illusion d’une lutte contre les gaz à effet de serre suite à la non ratification des États-unis54 du protocole de Kyoto ; ou encore sur la bureaucratie et les lenteurs des négociations55. Cependant ces discussions ont engendré la possibilité de rémunérer les services environnementaux et la conservation des milieux naturels. Elles ont entraîné l’essor d’un nouveau concept économique, qui présente la nature et ses fonctions comme un bien rare sujet à commercialisation, à échange et dont la perte peut être indemnisée comme n’importe quel autre bien (cf. encadré « le prix des services environnementaux ») (Weber, 1996 ; Lescuyer, 2000).

53 En effet, de nombreux pays du sud considèrent le « développement durable » comme une invention des pays

du Nord, destinée à préserver leurs intérêts.

54 Principal émetteur de gaz à effet de serre avec 36,1% du total des émissions (niveau de 1990, date de

référence). La Russie second plus gros émetteur de gaz à effet de serre avec 17,4% donne son accord pour signer le protocole de Kyoto en septembre 2004.

55 Plus de 10 ans se sont écoulés entre la signature de la convention sur le changement climatique en 1992 à Rio