Les évènements sportifs de la PJJ au service de l’intégration des jeunes

leur permettant d’être valorisés au sein même du groupe sportif. Notons aussi que la pratique de ce sport, qui demande l’apprentissage de gestes sportifs spécifiques leur a permis, semble t-il, d’être sensibilisés à cette « […] épreuve de l’attente […] » (Blanchard, op.cit. 56) qui, malgré son caractère moindre face aux délais scolaires par exemple, leur permettra une meilleure gestion de leur émotions et de leur stress (Le Breton, 2003), qui est une compétence psycho-sociales fondamentale pour répondre aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne.

Ainsi, dans un prochain paragraphe nous allons développer comment les évènements sportifs de la PJJ, en l’occurrence le challenge Michelet, peuvent eux aussi contribuer à la remobilisation des jeunes, favorisant alors le processus d’intégration sociale, bien que cela ne soit pas évaluable à l’échelle même des jeunes.

C. Les évènements sportifs de la PJJ au service de l’intégration des jeunes

Le challenge Michelet est une manifestation à caractère sportif regroupant 320 jeunes, issus des différentes régions françaises ainsi qu’une délégation belge, pris en charge par la PJJ. Aussi, pendant cette semaine d’épreuves sportives, les jeunes sont accompagnés d’éducateurs et autres professionnels. Cet évènement est à l’initiative de la PJJ, partenaire de l’association Edmond Michelet qui donne le cadre à cet manifestation. Elle se tient chaque année dans différentes villes françaises, cette année Rennes étant la ville sollicitée pour l’organisation de cette 46ème édition. Ainsi, les différentes inter-régions, formant chacune une délégation, s’organisent de façon indépendante à la préparation de cette semaine sportive, notamment, pour l’inter-région Grand Ouest, par des journées inter- régionales regroupant certains jeunes sous protection judiciaire issus du territoire.

Partie 3 chapitre I : le sport, un support d’accompagnement, un outil pédagogique et du plaisir

C’est alors dans ce cadre là que nous avons eu la possibilité d’observer les jeunes au cours de ces journées de préparation au challenge Michelet. Nous constatons bien que l’évènement sportif en lui-même est pris dans un ensemble, un projet global que nous pouvons nommer « le projet Michelet ». C’est ce que relève un professionnel de la PJJ au cours de notre entrevue.

« […] l’intérêt c’est pas le challenge, c’est le projet challenge Michelet, quoi sur une année en fait. » (Extrait de l’entretien avec Erwan, professeur technique STAPS)

Effectivement, nous constatons alors l’effet d’un tel évènement à portée nationale dans la remobilisation des jeunes. En effet, au delà du fait que cela leur permette de valoriser un investissement personnel comme se projeter sur du long terme, le projet Michelet permet aussi aux professionnels de sensibiliser les adolescents aux différentes compétences psycho-sociales mises en relief par le sport, que ce soit les valeurs que nous lui attribuons ou l’intégration dans le groupe sportif ayant comme point d’ancrage la socialisation des jeunes. C’est ainsi que nous constatons une amélioration dans le comportement des jeunes (langage utilisé, rapport à l’autre) au cours de la pratique. Ils s’ouvrent de façon plus systématique sur l’extérieur et l’inconnu par l’appropriation de lieux nouveaux et la découverte d’autres personnes.

De plus, nous relevons que ces adolescents s’engagent dans une démarche de solidarité par un sentiment d’appartenance à un groupe nouveau, en l’occurrence le groupe sportif créé pendant ces journées de regroupement. En effet, il s’agit donc d’un projet commun à plusieurs jeunes qui vont avancer ensemble et pour certains cela marquera à coup sûr une étape dans leur parcours.

« […] pour certains le challenge voilà ça va marquer un moment de leur parcours. Après avec quel retentissement on en sait rien, mais en tout cas ça aura un impact certain tenant sur leur parcours. » (Extrait de l’entretien avec Erwan, professeur technique STAPS)

D’une autre manière, un évènement comme le challenge Michelet, à ampleur nationale, engage un réel travail d’équipe et une vraie cohésion au sein de structures où sont pris en charge les jeunes. Ainsi, par exemple, les professionnels

Partie 3 chapitre I : le sport, un support d’accompagnement, un outil pédagogique et du plaisir

sportives, afin d’en assurer son bon déroulement. Ils seront intégrés à l’organisation de cette manifestation tout comme les jeunes des 2 structures ne participant pas aux épreuves sportives. Ces jeunes auront la possibilité, entre autres, en plus d’encourager les copains, d’effectuer un reportage journalier du challenge et de prendre part au « village animation » établi autour des infrastructures sportives toute la semaine permettant d’accueillir et d’initier les jeunes hors compétition à des animations diverses. Nous voyons bien comment le sport peut entraîner une dynamique qui lie à la fois des jeunes, des professionnels, des structures et un territoire.

« Ah on va essayer pour certains avec un atelier avec des journalistes pour essayer de faire un reportage quotidien sur le challenge Michelet. Donc là y’a des jeunes qui peuvent participer à ça, prendre des photos, aller interviewer, si ils veulent parce que c’est pas toujours facile. Mais certains peuvent se prendre au jeu de le faire. » (Extrait de l’entretien avec Maxime, professeur technique STAPS)

Enfin, nous retrouvons, à travers cette manifestation sportive, la possibilité pour les jeunes de prendre du plaisir notamment grâce à la valorisation des adultes. En effet, bien que le challenge Michelet soit pris dans une perspective plus globale de projet, les jeunes ne se projettent pas réellement sur ce « planning de préparation ». Effectivement, pour avoir discuter avec eux ils nous indiquent bien qu’ils y participent avant tout dans une démarche sportive, c’est à dire le résultat sportif comme fin en soi, et dans une perspective de divertissement, c’est à dire la pratique physique vécue comme une finalité. Les jeunes n’hésitent d’ailleurs pas à nous interpeller en nous disant que celui-ci leur permet de se changer les idées, « de souffler » en se retrouvant hors de leur milieu de prise en charge.

Plus encore, certains jeunes auraient « trouvé leur voie » professionnelle en partie grâce au challenge Michelet. En effet, il peut parfois servir de déclencheur à un projet professionnel bien défini car les jeunes ont par exemple la possibilité de rencontrer, au cours de cette semaine d’épreuves sportives, des sportifs de haut niveau, des personnes issus d’autres univers professionnels (sur les stands du village animation entre autres) et d’échanger avec eux. Lorsque nous parlions d’entrée en relation avec les jeunes, c’est aussi ce que permet un évènement comme le challenge Michelet.

Partie 3 chapitre I : le sport, un support d’accompagnement, un outil pédagogique et du plaisir

Ainsi, certains en sortent grandis et s’investissent par la suite dans une pratique sportive fréquente ou même dans des démarches professionnelles dans le secteur du sport (un jeune a souhaité faire un BPJEPS suite au challenge et souhaite s’investir de nouveau, puisqu’il a participé à la 46ème édition cette fois-ci en soutien à l’organisation). Néanmoins, cela relève d’une infime partie de jeunes pris en charge et pour permettre cela, ce sont des adolescents qui doivent déjà être dans une démarche de remobilisation et de changement, ce qui n’est pas souvent le cas, l’insertion professionnelle restant un fort enjeu pour ces mineurs délinquants.