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Étude de l’influence de l’épaisseur de couche active

instables (présence d’agrégats). Cet additif a donc été abandonné.

3.7 Étude de l’influence de l’épaisseur de couche active

3.7.1 Variation expérimentale de l’épaisseur

Comme il l’a été vu dans l’analyse bibliographique initiale, les performances des cellules

à base de PCDTBT : PC71BM sont sensibles à l’épaisseur et restent cantonnées à des

épaisseurs faibles. Or, pour optimiser les tandems il sera nécessaire de modifier les

épais-seurs de couches actives. Il est donc particulièrement important de connaître en détail les

conséquences de la variation de l’épaisseur du PCDTBT : PC71BM dans nos dispositifs.

Des cellules dont la couche active variant de 50 nm à 400 nm d’épaisseur ont été

confec-tionnées. La figure 3.17 montre les courbes J(V) de quelques unes d’entre elles, tandis que

la figure 3.18 fournit le détail des résultats expérimentaux.

-0.2 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 -15 -10 -5 0 5 10 Jsc ( m A / cm 2 ) V (V) 60 nm 80 nm 95 nm 145 nm 190 nm 295 nm

Figure 3.17 – Courbes J(V) des cellules de PCDTBT : PC71BM de différentes

épaisseurs.

La remarque la plus immédiate est que l’épaisseur de couche active a effectivement une

très grande influence sur les performances. La Voc reste à peu près constante quelle que

soit l’épaisseur, entre 880 et 910 mV. Le courant en revanche connaît deux optimums :

le premier très étroit à 75 nm environ, le deuxième plus large autour de 200-250 nm. Le

deuxième est à peine plus élevé que le premier, 1 mA.cm-2. Par contre ces deux optimums

ne sont pas équivalents en termes de facteur de forme. Celui-ci diminue constamment au

fur et à mesure de l’épaississement de la couche active. Il passe ainsi de 62-63 % à 40 %. Les

causes de cette baisse sont révélées par l’évolution des résistances séries à la Voc et shunt

à V=0 V. La Roc augmente linéairement avec l’épaisseur, contribuant à diminuer le FF.

La Rsc, elle, s’amenuise avec l’épaisseur, trahissant l’incapacité croissante du dispositif à

extraire les charges produites dans les conditions de court-circuit. Ceci dévoile entre autre

l’affaiblissement naturel du champ électrique intrinsèque (built-in voltage) dans la couche

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 870 875 880 885 890 895 900 905 910 915 920 épaisseur CA (nm ) V o c ( m V )

(a) Tension de circuit ouvert

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 10.0 10.5 11.0 11.5 12.0 12.5 J s c ( m A / c m 2 ) épaisseur CA (nm )

(b) Courant de court-circuit

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 35 40 45 50 55 60 65 épaisseur CA (nm ) F a c t e u r d e F o r m e ( % )

(c) Facteur de forme

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 3.5 4.0 4.5 5.0 5.5 6.0 6.5 épaisseur CA (nm ) P C E ( % )

(d) Efficacité

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 8 12 16 20 24 épaisseur CA (nm ) R o c ( Oh m )

(e) Résistance série à la tension de circuit ouvert

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 épaisseur CA (nm ) R s c ( o h m )

(f) Résistance shunt en court-circuit

Figure3.18 – Variation des principaux paramètres des cellules en fonction de

l’épais-seur de la couche de PCDTBT : PC71BM. Les points en rouge sont ceux pour lesquels

3.7. Étude de l’influence de l’épaisseur de couche active 59

à mesure que celle-ci s’épaissit. Tout cela résulte en un rendement qui atteint un maximum

à 70-80 nm d’épaisseur, maximum diminuant rapidement dès que la couche active s’éloigne

d’une vingtaine de nanomètres de l’optimum. Le deuxième optimum, à 200-220 nm, existe

en courant mais est peu visible en rendement car les charges supplémentaires créées à cette

épaisseur peinent à s’extraire de la couche active. Il est notable que le facteur de forme

baisse de près de 10 % entre 100 et 150 nm d’épaisseur : cela signifie que la mauvaise

extraction de charge est sensible dès le passage au-delà de 100 nm.

400 500 600 700 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 A b s o r b a n c e ( a . u . ) longueur d'onde (nm ) 50 nm 60 nm 75 nm 95 nm 145 nm 190 nm 295 nm

(a) Absorption

400 500 600 700 800 0 20 40 60 80 100 E QE ( % ) longueur d'onde (nm ) 60 nm 75 nm 95 nm 145 nm 190 nm 295 nm

(b) Efficacité Quantique Externe

400 500 600 700 800 0 20 40 60 80 100 120 E QI ( % ) longueur d'onde (nm ) Epaisseur CA: 60 nm 80 nm 95 nm 145 nm 190 nm 295 nm

(c) Efficacité Quantique Interne

Figure 3.19 – Spectres d’absorption,d’EQE et d’EQI de cellules avec différentes

épaisseurs de couche active.

La figure 3.19 montre l’absorption et l’efficacité quantique externe (EQE) de différentes

cellules (mesurée à 0 V). L’absorption croit avec l’épaisseur, connaissant un saut net au

passage de 100 nm à 145 nm. L’EQE varie également mais de façon plus chaotique

puis-qu’elle résulte de deux tendances conflictuelles : l’absorption d’une part, et la capacité de

la cellule à extraire les charges produites de l’autre part. Cette capacité réduit avec

l’épais-seur, comme l’a montré la Rsc. La combinaison de l’absorption et de l’EQE donne accès

à l’EQI, qui donne le taux de photons absorbés convertis en électrons extraits. La figure

3.19 montre l’EQI de cellules simples avec différentes épaisseurs de couche active. Il est

nettement visible que l’EQI décroit avec l’épaisseur sur l’ensemble de la gamme spectrale.

L’existence d’un pic d’EQI au-dessus de 120 % provient des erreurs de mesure. Ce pic

survient pour la cellule la plus fine, pour laquelle l’erreur de mesure de l’absorption est la

plus grande. De plus, le banc de mesure d’EQE employé était mal calibré au moment des

mesures, particulièrement pour les longueurs d’onde plus petites que 400 nm. Le recalcul

des courants de court-circuit à partir de l’EQE et d’un spectre AM1.5 donne les résultats

du tableau 3.15. Le Jsc recalculé est systématiquement plus faible, d’environ 2 mA.cm-2.

Il a été confirmé avec d’autres expériences que la mauvaise calibration du banc était

in-hérente à l’appareil. Les valeurs d’EQE et d’EQI sont donc sujettes à caution mais les

comparaisons d’une courbe à l’autre sont légitimes.

Cellule Jsc expérimental mA.cm-2 Jsc recalculé mA.cm-2

Cellule 60 nm 11.2 9.1

Cellule 80 nm 11.0 9.4

Cellule 95 nm 11.3 8.9

Cellule 145 nm 10.9 9.0

Cellule 190 nm 12.4 10.0

Cellule 245 nm 12.6 10.3

Tableau 3.15 – Courant de court-circuit expérimental et recalculé à partir de l’EQE

de cellules simples en fonction de l’épaisseur de couche active.

Cette expérience confirme et renforce les observations initiales de la littérature, à savoir

que

– le PCDTBT donne d’excellents rendements à faible épaisseur (70-80 nm),

– mais le rendement est très sensible aux variations d’épaisseur autour de cet optimum.

– le deuxième optimum ne monte pas aussi haut en efficacité que le premier.

Ainsi, dans la fabrication de tandems, il faudra garder en tête que les performances du

PCDTBT diminuent rapidement dès que son épaisseur augmente au-delà de 100 nm.

3.7.2 Simulations optiques

La figure 3.20 montre les courbes de variation du Jsc des cellules, points expérimentaux et

simulations numériques, en fonction de l’épaisseur de CA et pour plusieurs valeurs d’EQI

fixées. Trois zones peuvent être distinguées sur ce graphique, aux épaisseurs faibles (50-170

nm), moyennes (170-280 nm) et élevées (au-delà de 280 nm). Pour les épaisseurs faibles,

les points expérimentaux correspondent très bien à la courbe simulée pour une EQI de

100 %, une caractéristique qui a contribué à la célébrité et à l’intérêt du PCDTBT [42].

Les points des zones d’épaisseurs moyennes et épaisses correspondent à des EQI

décrois-santes, à 90 % puis 80 % et en-deçà. Cette comparaison entre expérience et simulation met

ainsi en évidence la décroissance de l’EQI. Celle-ci traduit l’importance croissante des

phé-nomènes électriques néfastes (recombinaisons, mauvaise extraction) dans l’évolution des

performances avec l’épaisseur.

La faiblesse en rendement du deuxième optimum en épaisseur du PCDTBT est également

provoquée par une particularité optique. La figure 3.22 compare deux cellules simples dont

3.7. Étude de l’influence de l’épaisseur de couche active 61

50 100 150 200 250 300 350 400 8 9 10 11 12 13 14 15 16 J s c ( m A / c m 2 )

Epaisseur couche active (nm ) Simulation EQI=100%

Simulation EQI=90%

Simulation EQI=80%

Expérience

Figure 3.20 – Comparaison du Jscdes cellules en fonction de l’épaisseur entre les

points expérimentaux et les simulations pour différentes EQI.

l’architecture étant identique par ailleurs. La sous-figure (a) montre l’évolution des courants

en fonction de l’épaisseur simulée pour une EQI=100 %, tandis que les deux sous-figures

(b) et (c) montrent les profils d’absorption de la lumière au sein de ces cellules (exposées à

un spectre AM 1.5) en fonction de la longueur d’onde et de la position dans la cellule. Les

épaisseurs de couche active sont fixées au deuxième optimum en épaisseur, tel que déterminé

par la simulation des courants. Premièrement, la figure (a) montre que l’écart de courant

entre les cellules diminue quand l’épaisseur augmente : le courant du P3HT s’accroit plus

rapidement que celui du PCDTBT. La comparaison des figures (b) et (c) fournissent une

explication : le deuxième pic d’absorption, celui proche du TiOx, contribue plus fortement

à l’absorption globale et donc au courant pour le P3HT que pour le PCDTBT. Ainsi, pour

le PCDTBT, les gains optiques liés à l’augmentation de l’épaisseur sont moins importants

et moins intéressants que pour le P3HT.

Les expériences et les simulations ont ainsi révélé deux raisons, l’une électrique, l’autre

optique, à l’absence de véritable deuxième optimum d’épaisseur pour les cellules à base

de PCDTBT : PC71BM. D’abord, les pertes liées aux phénomènes électriques gagnent

rapidement en puissance à mesure que l’épaisseur de couche active augmente. À 250 nm

d’épaisseur elles sont donc considérables. Ensuite, les gains en absorption lumineuse au

deuxième optimum sont moindres que pour d’autres polymères et ne permettent pas de

compenser les pertes électriques.

50 100 150 200 250 300 350 400 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 1 1 = 2.0 mA/cm 2 J s c ( m A / c m 2 )

Epaisseur couche active (nm )

PCDTBT : PC 71 BM P3HT : PC 61 BM 2 = 1.5 mA/cm 2 2

Figure3.21 – Courants simulés en fonction de l’épaisseur de couche active pour des

cellules à base de PCDTBT ou de P3HT.