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Interventions reposant sur des données factuelles

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©Camila Eugenia

Un adolescent a davantage de risques qu’un enfant de 5-9 ans d’être maltraité par un parent ou par une personne qui s’occupe de lui (177). Or, dans la conception et leur mise en œuvre, la plupart des interventions contre la maltraitance des enfants ciblent les pré-adolescents (178). L’OMS recommande que les interventions de lutte contre la maltraitance des enfants soient pluridimensionnelles, afin de répondre avec davantage d’efficacité aux besoins particuliers des adolescents, y compris la formation et l’information des professionnels sur la nature et les effets des mauvais traitements envers les adolescents, l’élaboration et le développement des services de prévention et de traitement pour les adolescents victimes et leur famille, et des systèmes qui évaluent mieux la situation et qui agissent plus efficacement auprès des adolescents maltraités (178). La Section A3.7.1.2 de l’annexe 3 répertorie les signes de maltraitance d’un adolescent, qui devraient alerter les cliniciens dans les structures de soins non spécialisées, et les amener à réagir.

Les programmes de visites à domicile dans les familles à risque et les programmes d’éducation parentale peuvent se révéler

efficaces pour réduire à la fois la violence physique et la violence psychologique envers les adolescents, de plusieurs manières : amélioration de l’information des parents sur le développement de l’adolescent, changer le comportement des parents, faire évoluer dans le bon sens l’interaction parents/adolescents, et renforcer la surveillance de la famille par des professionnels, soit pour détecter plus précocement un problème soit pour éviter sa survenue (180).

Cependant, les ressources, notamment humaines, allouées à ces programmes sont souvent inexistantes dans nombre de pays à revenu faible ou intermédiaire, et presque toutes les données factuelles sur l’efficacité des dispositifs proviennent de pays à revenu élevé.

Les pays doivent aussi définir des normes pour les services de soins et de protection des adolescents maltraités, par exemple pour la documentation des traumatismes, l’évaluation médico-légale, le soutien psychologique, la gestion coordonnée des cas, les actions en justice avec des adolescents pour témoins, les interventions des services sociaux auprès des familles, et les solutions de placement pour les adolescents (180).

« J’ai une amie qui est trop grosse. Les autres enfants s’en prennent à elle très souvent. Mais sa mère est pareille. Quand on la regarde, on voit sa mère. Et sa mère la frappe. Et son père les frappe toutes les deux et veut les quitter. Mon amie pleure beaucoup, et elle dit qu’elle n’aime pas sa famille. » Adolescente plus âgée en Colombie

N° 4 : Prévention et lutte contre la maltraitance des enfants Exemple : Mauvais traitements envers les adolescents

©Edith Kachingwe

3. Interventions reposant sur des données factuelles

Intervention pour la santé des adolescents dans le cadre de la Stratégie mondiale

Les stratégies primaires de prévention de la violence exercée par un partenaire intime ou de la violence sexuelle envers les adolescents sont notamment les suivantes :

Les interventions efficaces pour prévenir la violence d’un partenaire intime à l’encontre d’adolescents, ou sa récidive, ainsi que la victimisation, sont celles menées dans plusieurs contextes (à savoir à l’école et dans la communauté), axées sur les principaux adultes présents dans l’environnement des adolescents (enseignants et parents, par exemple), traitant des capacités relationnelles, et mesurant plus d’un type de violence (violence physique et sexuelle, par exemple) (184). Les interventions qui se sont révélées inefficaces sont celles dont la durée est relativement courte (1-3 heures, contre 8-28 heures, par exemple) ou qui ne portent que sur le programme scolaire et n’ont pas de dimension communautaire.

L’Encadré 3.1 résume les services de santé devant être fournis aux adolescents victimes de violence sexuelle ou de la violence d’un partenaire intime.

Jeunes adolescents (10-14 ans)

• interventions ciblant les enfants exposés à cette violence, telles qu’un accompagnement psychologique qui vise une amélioration sur le plan cognitif, affectif et comportemental ;

• sensibilisation en milieu scolaire, afin d’aider les enfants à identifier et, potentiellement, à éviter les situations de violence sexuelle ;

• initiatives de développement des aptitudes sociales et émotionnelles en milieu scolaire ;

• repérage et traitement des troubles comportementaux et affectifs ;

Adolescents plus âgés (15-19 ans)

• programmes en milieu scolaire destinés à prévenir la violence dans les relations amoureuses ;

• programmes multicomposantes pour la prévention de la violence ;

Tous les adolescents

• stratégies visant à limiter l’accès à l’alcool et l’abus d’alcool ;

• interventions reposant sur la théorie des normes sociales et axées sur le changement des normes sociales et culturelles fondées sur le genre ;

• campagnes de sensibilisation des médias ;

• actions ciblées auprès des hommes et des garçons (45) (181) (182) (183).

Les agents de santé en contact avec des adolescents victimes de violence sexuelle jouent un rôle central dans l’identification des cas individuels d’agression sexuelle. En général, une agression sexuelle (un viol) nécessite un large éventail de soins :

• aide directe ;

• test de grossesse et moyen de prévention de la grossesse (contraception d’urgence) ;

• interruption de grossesse (selon la législation), une prophylaxie contre le VIH, d’autres mesures de prophylaxie contre les IST et le traitement des traumatismes ;

• des soins de santé mentale, conformément aux lignes directrices de l’OMS ;

• une orientation-recours pour d’autres besoins juridiques ou psychosociaux ou l’accueil dans un refuge (185).

Dans une publication de 2013 intitulée Lutter contre la violence entre partenaires intimes et la violence sexuelle à l’encontre des femmes : recommandations cliniques et politiques, l’OMS énonce des recommandations plus détaillées (185). En outre, les besoins particuliers des adolescents ayant subi des violences doivent être pris en compte.

Bien souvent, par exemple, les adolescents sont timides ou ont du mal à parler de sexualité, et s’expriment plus librement sur ces questions si les parents ne sont pas présents. Il convient de leur demander, dans l’idéal en l’absence de leur père ou de leur mère, s’ils souhaitent que l’un de leurs parents soit présent pendant qu’ils racontent l’agression dont ils ont été victimes. Étant donné que le type d’examen clinique pratiqué (tel que des prélèvements cervicaux) et de traitement (comme le dosage du

traitement contre les IST) dépend de l’âge, il convient de se référer aux lignes directrices adaptées à l’âge (186).

Encadré 3.1. Services de santé pour les adolescents victimes de violence sexuelle ou de la violence d’un partenaire intime N° 5 : Prévention et lutte contre la violence sexuelle et autres formes de violence sexiste

Exemples : Violence sexuelle ou sexiste

Interventions reposant sur des données factuelles

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Intervention pour la santé des adolescents dans le cadre de la Stratégie mondiale

Selon l’UNESCO, l’éducation sexuelle complète (ESC) est

« une manière d’aborder l’enseignement de la sexualité et des relations interpersonnelles qui soit adaptée à l’âge, culturellement pertinente et fondée sur une information scientifiquement précise, réaliste et s’abstenant de jugements de valeur » (187) (376). Les caractéristiques d’un programme scolaire efficace en matière d’ESC, résumées dans la Section A3.1.2 de l’annexe 3, ont trait au développement, au contenu et à la mise en œuvre. Les données scientifiques les plus récentes attestent que l’ESC, dont l’éducation aux pratiques sexuelles à moindre risque et l’usage du préservatif, peut retarder le début et diminuer la fréquence des rapports sexuels, réduire le nombre de partenaires sexuels, accroître l’utilisation du préservatif et limiter les comportements sexuels à risque (188) (189). On peut nettement renforcer les programmes d’ESC dans le cadre scolaire, car la plupart des adolescents fréquentent l’école et ces programmes peuvent s’appuyer sur l’infrastructure et les capacités en place.

Dans tous les pays, quelle que soit la prévalence du VIH, l’ESC doit être intégrée dans les programmes scolaires et promouvoir notamment l’égalité entre les sexes ainsi que le respect des droits humains (265). Les représentants appropriés du secteur de la santé doivent être informés sur ce qui constitue une ESC efficace, et soutenir activement sa mise en œuvre à plusieurs niveaux écologiques :

• Politiques – les secteurs de la santé et de l’éducation doivent encourager des politiques claires, cohérentes et reposant sur des données factuelles, pour des environnements sans danger et favorables, et pour l’inclusion d’une éducation à la santé sexuelle et reproductive adaptée à l’âge dans les programmes scolaires.

• Communauté – les compétences collectives et la forte crédibilité du secteur de la santé font de ce dernier un précieux allié pour mobiliser des partenaires, dissiper les idées fausses, apporter des arguments fondés sur des données factuelles et soutenir des politiques et pratiques pertinentes afin de promouvoir la santé sexuelle et reproductive auprès des élèves, mais aussi auprès des jeunes non scolarisés, au sein de la communauté.

• École – en collaboration avec le secteur de l’éducation, le secteur de la santé peut mettre en avant l’ESC :

- en facilitant la formation et la formation continue des enseignants par l’intermédiaire des organisations professionnelles ;

- en examinant conjointement l’exactitude des informations et l’adéquation de la formation s’appuyant sur les compétences dans les programmes de l’enseignement primaire et

secondaire ;

- en contribuant à l’élaboration d’une éducation à l’ESC reposant sur des données factuelles, adaptées à l’âge et s’appuyant sur les compétences dans les programmes de l’enseignement primaire et secondaire ;

- en encourageant la définition, l’adaptation et l’utilisation de normes pour les programmes scolaires d’éducation à l’ESC à l’intention des adolescents ; et

- de façon générale, en soutenant l’ESC en proposant en milieu scolaire, ou en lien avec l’école, des services de santé et une orientation-recours.

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