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Pour pouvoir réussir ce passage et cette transformation jugée cruciale dans la vie de chaque individu, deux principes primordiaux et nécessaires régissent ce processus de

2. Autour de l’identité et des conflits identitaires

2.4. Les éléments constitutifs de l’identité

L’identité, comme nous l’avons déjà vu plus haut, est, selon Mucchielli (1986) basée avant tout sur une prise de conscience de Soi et un sentiment interne ; ce sentiment est complexe et composite englobant différents types de sentiments. A ces derniers, s’ajoute un ensemble de facteurs et de données identitaires de nature psychologique, sociale, culturelle, historique et physique primordiales dans la construction de l’identité.

2.4.1. Les données identitaires

Cela implique un ensemble de données

- Les données matérielles et les propriétés physiques : cette catégorie englobe toutes les caractéristiques physiques propres à l’individu telles : l’âge, les traits physiques,

l’apparence, etc., ainsi que les éléments matériels, financiers et moraux que l’individu possède : sa richesse, ses biens, son niveau intellectuel, etc.

- Les données provenant du passé et de ses origines: cela désigne les faits relatifs à la naissance, l’origine familiale, les liens de parenté ainsi que l’éducation qu’a reçu l’individu, les moments de joie et de souffrance qui ont marqué sa vie et qui constituent son expérience personnelle et collective, les trais culturels acquis provenant d’un passé commun : coutumes, croyances, etc.

- Les données psychologiques et culturelles : cela signifie que l’individu, durant le processus de construction de sa propre identité, puise dans sa culture d’appartenance pour s’imprégner de ses traits culturels et s’approprier ses coutumes, ses dogmes, son idéologie, sa confession religieuse et développer des représentations et des perceptions groupales, des valeurs, des comportements moraux et affectifs collectifs.

- Les données psychosociales telles : le statut social, la profession, les qualités et les défauts, les capacités, le comportement au sein du groupe social et les penchants, etc.

Tous ces éléments définitoires que nous venons de présenter servent de source principale dans laquelle chaque individu puise pour se définir et se présenter lui-même ou bien se présenter et juger l’identité d’autrui. Ces différents facteurs identitaires ne peuvent être considérés séparément, ils se combinent et se conjuguent pour, à la fois définir un acteur social et déterminer son unicité et sa singularité par rapport aux autres membres du groupe.

2.4.2. Le sentiment identitaire composite

Le sentiment d’identité qui est d’ordre interne et affectif, constitue le premier facteur par le biais duquel l’individu prend conscience de sa propre existence et celle du groupe avec qui il interagit, pour accéder à la connaissance de ses propres caractéristiques qui, d’un côté, le distinguent des autres, et d’un autre, le rendent similaire et semblable à eux.

• Le sentiment de son être matériel : développer un sentiment identitaire commence d’abord par le développement d’un sentiment de son être matériel qui désigne une prise de conscience, collective et partagée, des éléments physiques et matériels qui constituent le groupe. Cela implique une connaissance de la part de l’individu de

son environnement territorial, personnel et social, le patrimoine que possède le groupe, ses caractéristiques physiques : nombre, pouvoir, traits communs, etc. • Le sentiment d’appartenance groupale : l’individu vit, grandit et s’épanouit au sein

d’un milieu social qui lui inculque un ensemble de valeurs et de normes partagées entre tous ses membres. Ce processus d’assimilation sociale fait naître chez l’individu un sentiment d’appartenance au groupe auquel il se réfère et s’identifie, et fait régner également un sentiment général de solidarité et d’union entre les membres.

• Le sentiment d’unité et de cohérence : le sentiment identitaire dote l’individu d’un certain sentiment de cohérence intérieure qui influencera ses agissements et ses comportements. Ce sentiment procure une sensation de satisfaction et de paix avec soi-même, mais une fois perturbé, une crise identitaire risque fort de se manifester. • Le sentiment de continuité dans le temps : être conscient de son identité revient à se sentir identique et soi-même en traversant le temps. La personne ressent une continuité qui caractérise toute son existence et cela peut expliquer le gêne qu’éprouve un individu lorsqu’il entend un énoncé du genre « vous avez changé ! », c’est ce sentiment de continuité qui le pousse à rétorquer « non je suis toujours le même ». Le sentiment de continuité de notre identité, dans le temps et dans l’espace, se traduit par la préservation de nos systèmes de valeurs ainsi que nos perceptions et interprétations du monde environnant.

• Le sentiment d’unicité et singularité : ce sentiment fonde tout le processus de construction identitaire. Comme nous l’avons déjà expliqué plus haut, c’est à travers la différence perçue par rapport à l’autre, que l’individu prend conscience de son être. Il se conçoit comme unique, singulier et trace des lignes et des repères qui le distinguent d’autrui.

• Le sentiment de valeur et d’existence aux yeux d’autrui: vivre en communauté implique que l’individu entre souvent en contact avec les autres membres, interagir et donc faire valoir son identité aux yeux des autres. Ce sentiment fait que l’être social soit à la recherche de l’estime de l’autre, c’est pourquoi toutes ses conduites sont motivées par le besoin d’être évalué et apprécié, le besoin d’exister et d’être quelqu’un pour un autre.

• Le sentiment de confiance et de valorisation : une fois le sentiment de valeur et d’estime aux yeux des autres est développé, à côté du sentiment d’appartenance à

ce même groupe social, un autre sentiment naît, celui de la confiance. Une confiance en soi, qui découle de la valorisation et l’estime socialement reconnues, puis une confiance à autrui. En étant conscient des valeurs partagées par les autres membres et de son image valorisée parmi eux, l’individu arrive à se sentir en mesure de faire confiance à autrui du moment qu’il appartient au même groupe, partage la même histoire et puise dans le même réservoir culturel.