HAL Id: jpa-00237966
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00237966
Submitted on 1 Jan 1882
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Recherches expérimentales sur le phénomène de Purkinje
J. Macé de Lépinay, W. Nicati
To cite this version:
J. Macé de Lépinay, W. Nicati. Recherches expérimentales sur le phénomène de Purkinje. J. Phys.
Theor. Appl., 1882, 1 (1), pp.33-39. �10.1051/jphystap:01882001003300�. �jpa-00237966�
33
RECHERCHES
EXPÉRIMENTALES
SUR LE PHÉNOMÈNE DE PURKINJE ;PAR MM. J. MACÉ DE LÉPINAY ET W. NICATI.
1. Le
phénomène
que nous nous sommesproposé d’étudier,
dé-couvert par
Purkinje (i),
étudiédepuis
parDove, Helmholtz (2), Dobrowolsky (3), joue
un rôlecapital,
ainsi que le fait remarquer Helmholtz(4),
dans toutes lesexpériences ayant
pour but la com-paraison photométrique
de deux surfaces éclairées par des sources de couleurs différentes.Cependant
Fraunhofer(1),
Vierordt(6)
etDraper (7) qui,
avantnous-mêmes,
s’étaientproposé
d’étudier ladistribution de la lumière dans le
spectre solaire,
n’en ont tenuaucun
compte.
Helmholtz l’énonce ainsi : L’intensité de la sensation est une
jonction
de l’intensité lumineusequi diffère
suivantl’espèce
delumière
(8).
L’intensité de la sensation croîtplus
lentement et dé-croît
plus
lentement pour le bleu que pour le rouge, pour une même variation de l’intensité lumineuseohjective (9).
Pour faire mieux saisir
quelle
est lasignification
de la définitionque nous venons de
reproduire,
il nous suffira derappeler
l’unedes
expériences
de Helmholtz :imaginons
deux sources de lumièrescolorées,
l’unebleue,
l’autrejaune;
nous pourronstoujours
lesdisposer
devant un écran blanc de telle sorte que les deuxombres, produites
parelles,
d’unetige
opaqueplacée
devant l’écranparais-
(1) Zur Physiologie der Sinne, t. II, p. iog.
(2) Optique physiologique, p. 318 (421 de la traduction).
(3) P.flüger’s Archiv. f. d. gesammte Physzologie, t. XXIV,p. 189; 1881.
(4) Optique physiologique, p. 317 (420 de la traduction).
(5) Denkschriften der Bayrischen Akademie; 18 15.
(6) Anwendung des Spectralcxpparcztes, etc. Tübinben; 1871.
(1)Philosophical Magazine, 3e série, t. VIII, et Journal de Physique, t. IX, p. 210.
(8) Conlptes rendus des séances de l’Acadéinie des Sciences, 3 mai, II oc- tobre, 27 décembre 1880.
(9) L’appréciation de l’égalité d’éclairage de deux ombres voisines de couleurs très différentes, qui semble à première vue impossible, se fait cependant sans peine, quoique les erreurs possibles puissent être quatre ou cinq fois plus fortes
que si les deux ombres comparées avaient même coloration.
J. de Phys., 2e série, t. I. (Janvier 1882.) 3
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:01882001003300
sent
également
éclairées.Rapprochons
alors l’une et l’autre sourcede
l’écran, j usqu’â
doubler parexemple
lesquantités
de lumièreenvoyées
sur l’écran par l’une et l’autre source : nous constateronsde suite que l’ombre bleue
paraîtra plus
sornbre quel’ombre jaune.
Réciproquement,
si nous avions réduit à la moitié de leur valeurprimitive
lesquantités
de lumièreenvoyées
sur l’écran par l’une et F autre source, l’omhre bleue aurait paruplus
éclairée que l’ombre ,jaune.
II. Les recherches que nous avons
entreprises
pour étudierquantitativelllent
cephénomène reposent
sur les remarques sui-vantes :
Si nous faisons tomber sur une page
imprimée
de la lumière de couleurquelconque
et d’intensité deplus
enplus faible,
onéprouve
pour la lire une difficulté
croissante,
etl’observateur,
pour distin- guer lescaractères,
doit s’enrapprocher
deplus
enplus.
C’est cequ’on exprime
en disant que l’acuité visuelle diminue avec l’inten- sité del’éclairage (1).
L’acuité visuelledépend
donc essentielle-(1) L’acuité visuelle est mesurée par l’inverse de l’angle sous lequel on doit voir
un objet déterminé pour en reconnaître la forme. On estime habituellement sa valeur
en présentant à l’observateur un tableau placé à 5m de distance, sur lequel sont des-
sinés des caractères d’imprimerie de diverses grandeurs, et en déterminant quels
sont les plus petits d’entre eux qui sont encore distingués dans ces conditions. On ohtient des résultats numériques plus précis en n’employant, comme nous l’avons fait, qu’une seule grandeur de lettres, et mesurant la distance à laquelle l’observa-
teur doit se rapprocher pour les distinguer. Ajoutons que, pour éviter les erreurs
qui proviennent de ce que diverses lettres de même grandeur ne sont pas tout à fait équivalentes, nous avons substitué aux caractères d’imprimerie ordinairement em-
ployés, et qui ont la forme que nous reproduisons ici (fig. 1), un signe de même forme générale, constitué par trois traits horizontaux, noirs sur fond blanchi à la céruse, de 5mm de longueur, distant de imm et larges d’autant (fig. 2).
D’après les conventious faites, l’acuité visuelle est égale à i (V = i) lorsque l’obser-
vateur voit l’intervalle de deux traits consécutifs sous l’angle de i’. Il est facile de voir qu’avec les dimensions du signe que nous avons employé, lorsque la distance de l’ob-
servateur à l’objet était de rt mètres, l’acuité visuelle était
35 ment de l’intensité de
l’éclairage,
c’est-à-direplus
exactement de Iciquantité
de lumière perçue parl’0153il,
ou encore de 1 "intensité de la sensation llllllineuse.On
voit, d’après
cequi précède,
que, pour étudier lephénolllène
de
Purkinje,
nous étions conduits à résoudre laquestion
sui-vante : Conznzezzt
varie,
pour chacune des radiationssimples
(litspectre
solaire,
l’ acuilevisitelle,
avec l’intensité lumineuse ob-jectiVe ?
III. Deux méthodes différentes ont été
adoptées
par nous, pour résoudre cettequestion, l’une,
dans lesexpériences
relatives à larégion
de la raie D duspectre,
l’autre pour celles relatives à treizeautres
régions
duspectre, comprises
entre l’extrême rouge et laraie G dans
l’indigo.
Nous nous contenterions de décrire ici la pre- mière d’entreelles,
laplus
directe et laplus générale (i).
Après
avoir fixé lesigne
dans larégion
voulue du spectre,réglons
la fente du
spectroscope
de telle sorte que l’acuité visuelle prenneune certaine
valeur,
V - o, 328 parexemple.
Immédiatementaprès,
doublons laquantité
de lumière blanchequi
traverse lafente
(2),
nous trouvons que l’acuité visuelle est devenueElle a donc
augmenté
de AV = 0,064.
A la suite d’un
grand
nombre de mesuresanalogues,
toutes reh..-(1) Pour tous les détails relatifs à la seconde méthode, nous prions les lecteurs de
se reporter à notre Mémoire : Recherches sur- la cOlnparaison plzotomzétr-ique des
diverses parties d’un même spectre, Chap.’ IX (Ann. de Chimie et de Physique)
51 série, t. XXIV, p. 289; 1881). Ils pourront se convaincre que cette méthode ne le cède en rien à la première, au point de vue de la précision.
(2) La disposition expérimentale que nous avions adoptée pour faire varier rapi- dement, dans une proportion connue, la quantité de Iumière solaire qui traversait la fente repose sur un principe qui, découvert par Bouguer, a été utilisé par de nom- breux expérimentateurs, entre autres par MNI. Charpentier et Cornu (Journal de Physique) t. X; 1881). Le faisceau de lumière solaire traversait une lentille à grande
distance focale qui donnait une petite image du Soleil en coïncidence anec la fente du spectroscope. Des diaphragme, munis d’ouverture de 1mmq, 2mmq, 3mmq, 1mmq, etc., pouvaient recouvrir successivement la lentille, et être rapidement substitués l’iiii à l’autre. La quantité de lumière qui traverse la fente du spectroscope est, à chaque instant, proportionnelle à la surface de l’ouv erture du diaphragme.
tives à la même
région
duspectre (raie D),
nous avons pu dresserun Tableau dont nous donnons ici un extrait.
Dans la
première
colonne de ce Tableaufigurent
les valeurs queprend
l’acuité visuellelorsqu’on emploie
unequantité
convenablede
lumière ;
dans la deuxième colonnefigurent
les accroissements de l’acuité visuellelorsqu’on
vient à doubler laquantité
de lumièreobjective.
Dans
lafig. 3, qui
résume les donnéesnumériques
inscrites dansce
Tableau,
nous avonspris
pour abscisses les valeursprimitives
de l’acuité visuelle
V,
pour ordonnées les accroissements 3V de cetteacuité, lorsqu’on
vient à doubler laquantité
de lumière.Fig. 3.
Cette courbe étant
construite,
il nous sera facile d’obtenir cellequi,
pour la mêmerégion
duspectre, figurera
comment varie l’a-cuité visuelle avec l’intensité lumineuse
objective. Représentons
en effet par i oo la
quantité
delumière jaune
nécessaire pour ob- tenir la valeur V=o, 33
de l’acuité visuelle. L’ordonnée corres-pondante
de la courbe(fig. 3)
se trouve êtreo, o67.
Nous concluons de làqu’en employant
unequantité
de lumière 200, l’acuité visuelle devientEn
répétant
pour l’acuité visuelle o,397
le mêmeraisonnement,
et ainsi de suite deproche
enproche,
nous pourrons dresser le Ta- bleau suivant :37
Si nous prenons pour abscisses les
quantités
delumière,
pour ordonnées les acuitésvisuelles,
nous obtiendrons la courbe dessinéeen traits
pleins
dansla fig. 4.
Les données
numériques,
obtenuespar la
secondeméthode, qui
nous permettront de construire les courbes
correspondantes
à cha-cune des treize autres
régions
étudiées duspectre,
sont résumées dans le Tableau suivant :TABLEAU III.
Dans ce
Tableau,
ainsiqu’on peut
levoir,
nous n’avons inscritqu’une
seule série de nombres pour toutes les radiationscomprises
entre l’extrême rouge et la radiation de
longueur d’onde k=003BC, 507 (deuxième
colonneverticale),
cette dernière radiation correspon- dant à la limite du vert pur et du vert bleuâtre.C’est
qu’en
effet de toutes les mesures relatives aux radiationsmoins
réfrangibles
que celle-ci ressort, avec unegrande netteté,
laloi
suivante, établie,
pensons-nous, pour lapremière
fois :PItEMIÈRE LOI. - La relation
qui
existe entre l’acuité visuelle.et l’intensité lumineuse
objective
estidentique pour toutes les radia-
tions moins
refrangibles
que celle delongueur
d’onde k ok" , 007.On peut encore l’énoncer ainsi :
Le
phénomène
dePurkinje
ne seproduit
pas, du moins d’unemanière
appréciable,
pour toutes les radiations moinsréfrangibles
que celle de
longueur
d’onde k= 003BC,507’
Par contre, de la
comparaison
des nombres inscrits dans les di-verses colonnes du même Tableau ressort, avec
évidence,
laloi sui-vante :
SECONDE LOI. - L’acuité visuelle croît
plus
lentement et dé-croît
plus
Lentenzent pour le bleu que pour les radial ions moinsi-,éfi-angibles,
pour une même variation de l’intezzsité lumineuseobjective,
et cettedifférence
est d’autantplccs
accentuée que l’on considère tcne radiationplus réfrangible à
artir dit ’vert.Cette même loi ressort encore
plus
nettement de l’examen des courbes dessinées(fig. 4),
enprenant
pour abscisses les intensitésFig. 4.
lumineuses
objectives,
et pour ordonnées les acuités visuelles. Danscette
figure,
la courbe dessinée en traitspleins correspond
aux ra-diations
rouges-jaunes-vertes,
la courbe dessinée en traits discon-tinus,
à la radiation delongueur
d’onde î. =003BC, 442.
Fig. 5.
Si nous nous
reportons
à la remarque que nous avons faiteprécé-
demment, que l’acuité
visuelledépend
essentiellement de l’intensité de la sensationlumineuse,
nous voyons que la loi que nous venons39 de donner est
identique
au fond à l’énoncé duphénomène
de Pur-kinje,
donné parHelmholtz,
et que nous avonsreproduit
au com-mencement de cet article. C est ce que démontre encore
plus
com-plètement l’analogie complète
queprésentent
les courbes que nousavons construites
(fig.4)
avec cellesqui figurent
dans l’Optique physiologique
de Helmholtz(1)
et que nousreproduisons
ici(fig. 5), et qui pourraient figurer, d’après lui,
commentvarie,
pour le
jaune
et pour lebleu,
l’intensité de lasensation,
avec l’in-tensité
objective
de la lumière( ’-’ ).
SUR L’APPLICATION DE LA PHOTOMÉTRIE A L’ÉTUDE DES PHÉNOMÈNES
DE LA DIFFUSION DES LIQUIDES;
PAR M. S. v. WROBLEWSKI (3).
Berthollet
(4),
en1803,
acomparé
la diffusion d’un sel soluble dans l’eau à lapropagation
de la chaleur dans un solide. Plusrécemment,
on a donné le nom decoefficient
dediffusibilité
à laquantité qui
seraitl’analogue
ducoefficient
de conductibilitécalorifique)
et l’on aessayé
de déterminer ce coefficient avecexactitude. Les nombres
ci-après, qui
serapportent
au clilo-rure de
sodium,
démontrent le peu de succès de ces tentatives.Le coefficient de diffusibilité devrait avoir les valeurs suivantes :
(1) Page 3ig (422 de la traduction).
(S) On trouvera, exposées dans l’Optiqtte physiologique de Helmholtz, les nom-
breuses conséquences de la propriété singulière de la rétine que nous avons étudiée.
L’une des plus importantes est que la sensation produite par une source de lumière blanche n’est pas constante, mais varie 3vec son intensité, depuis le blanc jaunâtre (vive lumière solaire), jusqu’au blanc bleuâtre ( lumiére de la Lune). On pourrait,
pensons-nous, figurer d’une manière exacte, quoique peu scientifique, cette consé-
quence du phénomène de Purkinje, en altérant de la manière suivante un proverbe
bien connu : « La nuit, tous les chats sont bleus ».
(2) Extrait par l’auteur d’un Mémoire publié dans les Annalen der Physik und Chen2ie, t. XIII, p. 606-G23; 1881.
(4) BERTHOLLET, Essai de statique chinlÍque. Paris, 1803. Vol. 1, p. 409-429.