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Consultations pharmaceutiques de thérapies ciblées en dermatologie : quel bénéfice ?

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Academic year: 2022

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Images en Dermatologie

Vol. X - n° 3

mai-juin 2017 108

Mise au point

Consultations pharmaceutiques de thérapies ciblées en dermatologie : quel bénéfice ?

Pharmacist consultation for patients with oral therapy in dermatology:

what benefits?

C. Tabele

1

, S. Monestier

2

(

1

Pharmacie de l’hôpital de la Timone, AP-HM ;

2

Service de dermatologie, hôpital de la Timone, AP-HM, Marseille)

Contexte

Depuis 2012, la prise en charge des cancers cutanés par les thérapies ciblées a clairement permis d’améliorer leur pronostic. Cependant, ces nouvelles thérapies présentent de nombreuses interactions médicamenteuses et des effets indésirables fréquents, d’où l’intérêt des consulta- tions pharmaceutiques (CP) auprès de patients atteints de mélanome/ carcinome sous thérapies ciblées. Cela s’intègre parfaitement dans les critères de la circulaire “Frontière” de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) : un hôpital de jour (HDJ) peut être facturé si la prise en charge du patient est multidisciplinaire, incluant professionnels médicaux et para- médicaux (hors infirmiers) ainsi que la réalisation de 2 plateaux techniques (hors acte de biologie) [1]. De plus, une mission d’intérêt général (MIG) permet depuis mars 2016 une meilleure valorisation des primoprescriptions de thérapies ciblées (2).

Objectifs

Rapporter l’expérience de la mise en place d’une CP dans un service d’ oncodermatologie et évaluer son impact médico- économique.

Méthode

Entre mars 2016 et avril 2017, tous les patients atteints de mélanome ou carcinome basocellulaire traités par thérapies ciblées ont été reçus, dans le cadre d’une CP, par un même pharmacien spécifiquement formé, lors de la prescription ini- tiale, mais aussi dans le suivi des traitements. Les CP, d’environ 35 minutes chacune, se sont déroulées de la façon suivante :

▶ réalisation d’un bilan médicamenteux optimisé (3 sources différentes) avec revue de médication ;

▶ réalisation d’interventions pharmaceutiques (avis pharma- ceutiques transmis à l’oncodermatologue, concernant la propo- sition de suppression de médicaments, de modification de posologie, les informations à prendre en compte pour l’admi- nistration et le suivi, et les propositions visant à améliorer la prise en charge thérapeutique) ;

▶ évaluation de l’observance médicamenteuse (questionnaire de Morisky, évaluation des connaissances du patient, calcul de l’indice Medication Possession Ratio pour connaître le taux de dispensation des thérapies ciblées par rapport aux pres- criptions) ;

▶ recueil des effets indésirables ;

▶ explication du plan de prise des traitements et de gestion des effets indésirables au patient.

Un retour de l’intervention pharmaceutique était fait auprès des médecins. Les facturations d’HDJ ont été réalisées lorsque le patient voyait le médecin, l’infirmier clinicien/ diététicien et le pharmacien (1

er

 plateau technique) et lorsqu’un scanner était réalisé (2

nd

 plateau technique). Ces venues en HDJ ainsi que les primoprescriptions ont été répertoriées grâce au dossier médical patient.

Résultats

De mars 2016 à avril 2017, 69 patients ont été inclus : 34 hommes, 35 femmes, d’âge moyen 63 ans (± 15 ans) au cours de 198 CP, dont 35 primoprescriptions. Les patients recevaient majoritairement une bithérapie par dabrafénib + tramétinib (70 %) ou vémurafénib + cobimétinib (20 %). Lors des CP, 246 effets indésirables (en moyenne 3,5/ patient) et 53 interactions médicamenteuses (en moyenne 0,8/ patient) ont été détectés. Les interactions médicamenteuses recensées concernaient surtout la coprescription des thérapies ciblées avec des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), des psycho- tropes et des antihypertenseurs (figure 1).

Différentes mesures ont été adoptées pour gérer les inter- actions médicamenteuses détectées (figure 2) : réévaluation du traitement antihypertenseur (notamment en cas de tension déséquilibrée sous inhibiteur calcique), arrêts de traitement (comme pour les IPP ou pansements gastriques s’ils n’étaient pas nécessaires), optimisation des plans de prise des médi- caments (espacement des prises de 2 heures entre thérapies ciblées et IPP, par exemple) et, enfin, un quart des patients Mots-clés : Thérapies ciblées • Consultation pharmaceutique •

Interactions médicamenteuses • Mélanome

Keywords: Oral anticancer medication • Pharmacist consul­

tations • Drug­drug interactions • Melanoma

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ont pu bénéficier de conseils concernant la bonne gestion de l’ensemble de leur traitement.

En 1 an, les CP, couplées aux consultations médicales et infirmier clinicien/diététicien, ont permis la facturation de 128 HDJ avec le forfait Groupe homogène de séjour (GHS) “Explorations et surveil- lance des affections de la peau” (586,16 €/HDJ) [93 €/ consultation].

Sans l’intervention du pharmacien, seules 128 consultations médi- cales isolées (28 €/ consultation) et 35 primoprescriptions auraient pu être facturées. À raison de 35 minutes par CP, le coût moyen total d’interventions d’un pharmacien lors des 163 CP a été de 5 135 €, ce qui est largement couvert par la facturation de l’HDJ, avec revalorisation de l’activité pluridisciplinaire en dermato logie d’environ 73 000 €.

Discussion et conclusion

La mise en place de CP chez les patients traités par thérapies ciblées dans le service de dermatologie a permis :

▶ de faire bénéficier les patients d’une mise au point person- nalisée du plan de prise de leur traitement ;

▶ de vérifier la bonne compréhension des informations médi- cales données antérieurement ;

▶ de mieux détecter et gérer les effets indésirables liés à la thérapie ciblée.

La revue de médication a mis en évidence de nombreuses inter- actions médicamenteuses, et permis d’améliorer la collabora- tion médicopharmaceutique, réduisant le temps médical passé à vérifier les interactions médicamenteuses. En plus de l’apport qualitatif pour une meilleure prise en charge du patient, les CP en oncodermatologie ont permis la facturation d’HDJ, permettant de mieux valoriser une activité médicale consommatrice de temps. II

Références bibliographiques

1. Instruction n° DGOS/R/2010/201 du 15 juin 2010 relative aux conditions de facturation d’un groupe homogène de séjour (GHS) pour les prises en charge hospitalières de moins d’une journée ainsi que pour les prises en charge dans une unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD).

2. Agence technique de l’information sur l’hospitalisation. Notice technique PMSI 2016.

Psychotropes

ACO : anticoagulant oral.

Anti-HTA Antalgique Anticholestérol ACO

Antiagrégant Contraception Pansement digestif Autres

IPP 11 % 17 %

6 % 6 %

6 % 7 %

17 % 6 %

9 % 15 %

29 % Conseils au patient

26 % Arrêt

d’un ou plusieurs médicaments 24 % Adaptation du plan de prise de médicaments 21 %

Réévaluation de la thérapeutique globale

Figure 1. Médicaments impliqués dans les interactions médicamen- teuses avec les thérapies ciblées.

Figure 2. Gestion des interactions médicamenteuses.

C. Tabele déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

S. Monestier déclare avoir des liens d’intérêts avec Novartis et Roche.

Toute l’équipe Edimark vous souhaite un bel été d’évasion

et de respiration Belles lectures !

Claudie Damour-Terrasson, directrice des publications

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Références

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