26 | La Lettre du Neurologue • Vol. XX - n° 1-2 - janvier-février 2016
REVUE DE PRESSE
dirigée par le Pr T. Moreau
Commentaire
Ces résultats confortent ceux de la première publi- cation : le maintien du donépézil au stade modéré à sévère de la MA apporte un bénéfice clinique permettant d’éviter ou de retarder l’institution- nalisation. La mémantine en monothérapie ou la bithérapie n’influent pas sur le nombre d’admis- sions en institution.
Références bibliographiques
1. Howard R, McShane R, Lindesay J et al.Nursing home pla- cement in the Donepezil and Memantine in Moderate to Severe Alzheimer’s Disease (DOMINO-AD) trial: secondary and post-hoc analyses. Lancet Neurol 2015;14(12):1171-81.
2. Howard R, McShane R, Lindesay J et al. Donepezil and memantine for moderate-to-severe Alzheimer's disease.
N Engl J Med 2012;366(10):893-903.
Commentaire
Le traceur [F-18]-AV-1451 (T807) en TEP apparaît être un bon marqueur de la pathologie tau dans la MA et pourrait être utilisé dans des essais théra- peutiques. Cependant, il ne semble pas détecter les tauopathies non Alzheimer.
Références bibliographiques
1. Marquié M, Normandin MD, Vanderburg CR et al. Vali- dating novel tau positron emission tomography tracer [F-18]-AV-1451 (T807) on postmortem brain tissue. Ann Neurol 2015;78(5):787-800.
2. Johnson KA, Schultz A, Betensky RA et al. Tau PET imaging in aging and early Alzheimer disease. Ann Neurol 2016;79(1):110-9.
Aux stades modéré et sévère de la MA, le maintien du donépézil permet de réduire le risque d’admission en institution :
résultats de l’étude DOMINO
Les traitements actuels de la maladie d’Alzheimer (MA) reposent sur les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, qui peuvent être associés à un antagoniste des récepteurs NMDA, la mémantine. L’intérêt de poursuivre ces traitements aux stades modéré et sévère de la MA restait débattu. DOMINO est une étude anglaise multicentrique, randomisée, en double aveugle contre placebo (1). Au total, 295 patients, âgés en moyenne de 77 ans, tous déjà traités par donépézil 10 mg pendant au moins 3 mois, ont été inclus et randomisés en 4 bras :
✓poursuite du donépézil en monothérapie ;
✓arrêt du donépézil ;
✓arrêt du donépézil et introduction de la mémantine 20 mg/j en monothérapie ;
✓poursuite du donépézil et association à la mémantine en bithérapie, pendant 12 mois.
Puis les patients ont été suivis en ouvert toutes les 26 semaines pendant 3 ans, le choix du traitement étant laissé aux malades et aux médecins.
Le bénéfice du maintien du donépézil sur les critères d’évaluation primaires − à savoir le déclin cognitif et fonctionnel à 12 mois − avait déjà été publié en 2012 (2). Les auteurs rapportent ici les données sur le critère secondaire, défini par le nombre de placements en institution à 12 mois, puis durant le suivi en ouvert.
Au total, 55 % des malades (n = 162) ont été admis en institution, en raison des soins nécessaires, durant les 4 ans de suivi. Au terme de la première année, l’arrêt du donépézil était associé à un risque doublé de placement, alors que la mémantine n’influait pas sur le nombre d’admissions en institution. Traiter 5,88 patients pendant 12 mois permet d’éviter 1 placement en institution. Cet effet, mesuré à 12 mois, n’était pas évalué dans les 3 années de suivi ultérieur, avec un nombre important de perdus de vue dans cette seconde partie de l’étude poursuivie en ouvert.
M. Sarazin, Paris
Imagerie tau en TEP dans la MA
La maladie d’Alzheimer (MA) est caractérisée par l’accumulation de peptide amyloïde et de protéine tau anormalement phosphorylée, constituant les dégénérescences neurofibrillaires (DNF). Jusqu’à présent, seuls les dépôts amyloïdes anormaux étaient visualisables grâce à l’utilisation de ligands spécifiques en tomographie par émission de positons (TEP). L’arrivée de nouveaux ligands fixant les DNF permet d’étudier la pathologie tau in vivo. Parmi les différents ligands développés, le [F-18]-AV-1451 (T807) a fait l’objet de publications récentes.
Un premier travail (1) a permis d’analyser le site de fixation de ce ligand par autoradio- graphie sur des coupes histologiques de cerveaux. Les auteurs ont ainsi confirmé la bonne fixation du traceur sur les paires de filaments hélicoïdaux intra- et extraneuronaux et dans les neurites dystrophiques. En revanche, le ligand ne semble pas se fixer aux tauopathies non Alzheimer, responsables de certaines démences frontotemporales, de la dégénérescence cortico-basale et de la paralysie supranucléaire progressive.
Le deuxième article (2) rapporte les données cliniques de l’imagerie tau, avec ce même ligand en TEP, au sein d’une population de sujets contrôles (n = 56 ; âge : 75 ± 6 ans), de sujets ayant des troubles cognitifs légers (MCI) [n = 13 ; MMS = 26 ± 2 ; âge : 71 ± 9 ans] et de patients Alzheimer (n = 6 ; CDR = 1 ; MMS = 17 ± 5 ; âge : 63 ± 12 ans). L’imagerie en TEP avec le ligand [F-18]-AV-1451 (T807) était couplée à une imagerie amyloïde au PIB. La fixation du marqueur tau était plus élevée chez les patients que chez les sujets contrôles. De plus, elle était corrélée aux scores cognitifs et au déficit fonctionnel. La fixation du ligand dans le groupe des patients
0026_LNE 26 03/02/2016 16:33:21
La Lettre du Neurologue • Vol. XX - n° 1-2 - janvier-février 2016 | 27
Grandir ensemble,
c’est magique…
Continuons en 2016 !
Bonne et heureuse année à tous
Claudie Damour-Terrasson et toute l’équipe Edimark
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était particulièrement élevée dans les régions temporales inférieures. La pathologie tau (définie par une SUVR > 1,3) n’était détectée que chez les sujets ayant une imagerie amyloïde considérée comme positive. Les résultats sont cohérents avec les connaissances neuropathologiques. Il faut noter également des sites de fixation non spécifique (dite “off target”).
M. Sarazin, Paris
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Cette série nous apporte des informations très intéressantes sur des séquences classiquement non utilisées dans le suivi des patients SEP sous natalizumab. En effet, 55 % des patients souffrant d’une LEMP présentent un hyposignal T2EG ou SWI qui doit faire évoquer ce diagnostic et donc, dans le cas d’un traitement par natalizumab, arrêter le traitement. Le suivi prospectif de malades à risque avec ces séquences permettra de mieux préciser leur intérêt.
Référence bibliographique
Hodel J, Outteryck O, Verclytte S et al. Brain magnetic sus- ceptibility changes in patients with natalizumab-associated progressive multifocal leukoencephalopathy. AJNR Am J Neuroradiol 2015;36(12):2296-302.
La susceptibilité magnétique par IRM
pour diagnostiquer les LEMP plus précocement ?
L’IRM est cruciale pour le diagnostic précoce, idéalement au stade présymptomatique, des leucoencéphalopathies multifocales progressives (LEMP). Les auteurs rapportent une série monocentrique rétrospective − menée pendant 3 ans − de 17 patients ayant présenté une LEMP, incluant 12 patients traités par natalizumab, et analysés en IRM par une imagerie de susceptibilité magnétique : T2 écho de gradient (T2EG) et/ou Susceptibility Weighted Imaging (SWI). La LEMP était confirmée par une PCR JCV positive chez tous les sujets sauf 2, qui avaient néanmoins une évolution et une imagerie suggérant fortement le diagnostic.
Vingt-quatre lésions de LEMP (essentiellement frontales, rarement infratentorielles) ont été analysées. Cinquante-cinq pour cent des lésions présentaient un hyposignal en T2EG et/ ou SWI au stade présymptomatique, et toutes les lésions étaient en hyposignal au stade chronique. L’hyposignal était adjacent à la plage d’hypersignal observée en FLAIR. Au stade avancé de la LEMP, il existait un hypersignal T1 correspondant à la zone d’hyposignal T2EG pour 2 lésions. Lorsque la lésion de LEMP était adjacente à la substance grise profonde, un hyposignal T2EG au niveau des noyaux gris centraux était systématiquement retrouvé.
L’autopsie réalisée chez 1 patient n’a pas mis en évidence de calcification ou d’hémorragie suggérant une possible accumulation de fer. X. Ayrignac, Montpellier
0027_LNE 27 03/02/2016 16:33:21
28 | La Lettre du Neurologue • Vol. XX - n° 1-2 - janvier-février 2016
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dirigée par le Pr T. Moreau
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L’existence d’encéphalites dysimmunitaires au décours immédiat d’une encéphalite herpétique a été confirmée par la découverte d’anticorps anti- NMDAR (mais aussi d’autres anticorps). L’identi- fication de ces patients et leur prise en charge précoce par un traitement immunomodulateur sont primordiales pour leur pronostic. La détermi- nation exacte de la fréquence de ce tableau, qui, selon les auteurs, pourrait représenter 25 % des encéphalites herpétiques, nécessite une analyse prospective de plus grande ampleur.
Référence bibliographique
Armangue T, Moris G, Cantarín-Extremera V et al. Autoim- mune post-herpes simplex encephalitis of adults and teen- agers. Neurology 2015;85(20):1736-43.
Rechutes après une encéphalite herpétique ou une encéphalite dysimmune ?
Y penser, même chez l’adulte
Les auteurs de cet article rappellent que 12 à 27 % des patients, essentiellement des enfants, présentent au décours immédiat d’une encéphalite herpétique une aggravation de leurs symptômes en lien avec une encéphalite dysimmunitaire. Ils ont analysé les cas de 14 patients présentant une aggravation après une amélioration initiale sous traitement antiviral et une PCR herpès négative. Alors que tous les enfants présentent un syndrome choréo- athétosique, les 8 adolescents ou adultes ont plutôt une atteinte cognitive et psychiatrique ou une épilepsie réfractaire qui surviennent soit au décours immédiat de l’encéphalite, soit de manière retardée (médiane de 30 jours). Outre la PCR négative, il y a dans le liquide céphalorachidien (LCR) une cellularité modérée chez 5 patients et une hyperprotéinorachie chez 4 autres. Tous les sujets ont des anticorps (dans le LCR et/ou dans le sérum) dirigés soit contre la sous-unité GluN1 du récepteur NMDA, soit contre un antigène inconnu. L’IRM montre systématiquement une augmentation de taille des hypersignaux T2/FLAIR et, le plus souvent, une prise de contraste au niveau des lésions (non présente initialement pendant l’encéphalite herpétique).
L’état de l’un des patients s’est amélioré spontanément, et les 7 autres dont l’état continuait à s’aggraver ont tous répondu de manière significative aux traitements immunomodulateurs (corticoïdes, immunoglobulines ou échanges plasmatiques).
X. Ayrignac, Montpellier
X. Ayrignac et M. Sarazin déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
0028_LNE 28 03/02/2016 16:33:22