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BACCALAUREAT GENERAL

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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20FRANESSG1 Page 1/5

BACCALAUREAT GENERAL

SESSION 2020

FRANÇAIS EPREUVE ANTICIPEE

SERIES ES-S-SG

Durée de l’épreuve : 4heures Coefficient : 2

L’usage de la calculatrice et des dictionnaires est interdit.

Le sujet comporte 5 pages, numérotées de 1 à 5.

Le candidat s’assurera qu’il est en possession du sujet

correspondant à sa série.

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20FRANESSG1 Page 2/5 OBJET D’ETUDE : LE ROMAN

Corpus de textes :

TEXTE A « La purifiée »de, Choukri Osman 2018 TEXTE B : « L’enfant » Jule Vallès 1869

TEXTE C : « LES MISERABLES 1 »: VICTOR HUGO, TOME II : LIVRE 3 : Chapitre 5

TEXTE A :

La narratrice évoque dans cet extrait les souffrances d’une petite fille lors de la cérémonie de l’excision.

La petite fille n’avait pas encore compris ce qu’elle faisait là que déjà mamie Fozia l’allongeait sur le dos. Une autre femme sans ménagement lui écarta les cuisses. Sa grand - mère lui maintenait la tête, une autre femme tenait fermement les mains croisées sur sa poitrine Deux autres femmes immobilisaient les jambes écartées de l’enfant.

La plus vieille des femmes présentes, une grand –mère à la peau craquelée par l’âge et aux doigts osseux chercha dans un sac, aussi vieux qu’elle, ses instruments .Elle en sortie des vieilles lames de barbier et du fil de suture .Tante Safia était tellement désolée pour sa fille .Que pouvait-elle faire contre les mères et mamies de la fillette ? Les dénoncer peut – être au père ? Elle n’a pas osé semer la zizanie dans cette famille, qui était devenue la sienne au fil des années. Leur sordide besogne pouvait commencer .La matrone s’assit un peu plus confortablement face à l’entre-jambe de la gamine .Elle prit la lame d’une main et de l’autre le clitoris de l’enfant .D’un coup sec et rapide, elle arracha le petit bout de chair.

Puis elle s’est mise à peler l’intérieur du petit sexe avec la lame comme on fait pour se débarrasser de la partie pourrie d’une pomme .Le sang giclait de la blessure, coulait entre les jambes .Avec un chiffon à la propreté douteuse, elle nettoyait pour mieux mutiler la pauvre enfant .Même les complices de la matrone détournaient le regard ou fermaient les yeux pour ne pas voir le carnage .Faisaient -elles semblant ou était-ce là un dernier sursaut d’humanité ? Enfin, la vieille femme arrêta d’arracher les lambeaux de chair .Elle prit une aiguille à coudre énorme ou était-ce un dé ? Avec un fil de suture elle se mit à recoudre le sexe de la fillette avec dextérité comme s’il s’agissait d’un vulgaire tissu abimé.

L’opération était terminée.

-La voila purifiée maintenant, se félicitait mamie Fozia qui pour la première fois regarda le visage de sa petite -fille .Filsan assommée par la douleur n’avait pas crié, aucune larme sur son visage .La douleur était tellement intense que la petite fille s’était retrouvée comme tétanisée, paralysée .Aucune expression sur la frimousse de la fillette .Elle clignait des yeux juste par automatisme, son regard restait vide.Safia ,la nounou comprit que quelque chose venait de se casser ,emporté à jamais par cet instant barbare dédié à quelque dieu païen . « La purifiée » de Choukri Osman 2018

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20FRANESSG1 Page 3/5 TEXTE B :

MA MÈRE

Ai-je été nourri par ma mère ? Est-ce une paysanne qui m’a donné son lait ? Je n’en sais rien. Quel que soit le sein que j’ai mordu, je ne me rappelle pas une caresse du temps où j’étais tout petit : je n’ai pas été dorloté, caressé; j’ai été beaucoup fouetté.

Ma mère dit qu’il ne faut pas gâter les enfants, et elle me fouette tous les matins ; quand elle n’a pas le temps le matin, c’est pour midi, rarement plus tard que quatre heures.

Mademoiselle Balandreau m’y met du suif(1). C’est une bonne vieille fille de cinquante ans.

Elle demeure au-dessous de nous. D’abord elle était contente : comme elle n’a pas d’horloge, ça lui donnait l’heure. « Vlin ! Vlan ! Zon ! Zon ! – voilà le petit Chose qu’on fouette ; il est temps de faire mon café au lait. »

Mais un jour que j’avais levé mon pan(2), parce que ça me cuisait trop, et que je prenais l’air entre deux portes, elle m’a vu ; mon derrière lui a fait pitié. Elle voulait d’abord le montrer à tout le monde, ameuter (3) les voisins autour ; mais elle a pensé que ce n’était pas le moyen de le sauver, et elle a inventé autre chose. Lorsqu’elle entend ma mère me dire : « Jacques, je vais te fouetter !

— Madame Vingtras, ne vous donnez pas la peine, je vais faire ça pour vous.

— Oh ! Chère demoiselle, vous êtes trop bonne ! »

Mademoiselle Balandreau m’emmène ; mais au lieu de me fouetter, elle frappe dans ses mains ; moi, je crie. Ma mère remercie, le soir, sa remplaçante.

« À votre service, » répond la brave fille, en me glissant un bonbon en cachette.

Mon premier souvenir date donc d’une fessée. Mon second est plein d’étonnement et de larmes. C’est au coin d’un feu de fagots, sous le manteau d’une vieille cheminée ; ma mère tricote dans un coin ; une cousine à moi, qui sers de bonne dans la maison pauvre, range sur des planches rongées, quelques assiettes de faïence bleue avec des coqs à crête rouge, et à queue bleue. Mon père a un couteau à la main et taille un morceau de sapin ; les copeaux tombent jaunes et soyeux comme des brins de rubans. Il me fait un chariot avec des languettes de bois frais. Les roues sont déjà taillées ; ce sont des ronds de pommes de terre avec leur cercle de peau brune qui fait le fer… Le chariot va être fini ; j’attends tout ému et les yeux grands ouverts, quand mon père pousse un cri et lève sa main pleine de sang. Il s’est enfoncé le couteau dans le doigt. Je deviens tout pâle et je m’avance vers lui ; un coup violent m’arrête ; c’est ma mère qui me l’a donné, l’écume(4) aux lèvres, les poings crispés.

« C’est ta faute si ton père s’est fait mal ! Et elle me chasse sur l’escalier noir, en me cognant encore le front contre la porte. Je crie, je demande grâce, et j’appelle mon père : je vois, avec ma terreur d’enfant, sa main qui pend toute hachée ; c’est moi qui en suis cause ! Pourquoi ne me laisse-t-on pas entrer pour savoir ? On me battra après si l’on veut. Je crie, on ne me répond pas. J’entends qu’on remue des carafes, qu’on ouvre un tiroir ; on met des compresses.

« Ce n’est rien, vient me dire ma cousine,» en pliant une bande de linge tachée de rouge. Je sanglote, j’étouffe : ma mère reparaît et me pousse dans le cabinet où je couche, où j’ai peur tous les soirs. Je puis avoir cinq ans et me crois un parricide (5).

Ce n’est pas ma faute, pourtant !

« L’enfant », Jule Vallès, 1869 (1) Graisse des ruminants qu’on enlève des morceaux de boucherie (2) Partie flottante d’un vêtement

(3) Prévenir

(4) Mousse blanchâtre sur les coins des lèvres de la mère, a la suite de la colère (5) Tuer son père

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20FRANESSG1 Page 4/5 TEXTE C :

Un soir d’hiver, Mme Thénardier envoie la petite cosette à l’autre bout de la forêt pour chercher de l’eau à la source.

Sans se rendre compte de ce qu'elle éprouvait, Cosette se sentait saisir par cette énormité noire de la nature. Ce n'était plus seulement de la terreur qui la gagnait, c'était quelque chose de plus terrible même que la terreur. Elle frissonnait. Les expressions manquent pour dire ce qu'avait d'étrange ce frisson qui la glaçait jusqu'au fond du cœur. Son œil était devenu farouche. Elle croyait sentir qu'elle ne pourrait peut-être pas s'empêcher de revenir là à la même heure le lendemain.

Alors, par une sorte d'instinct, pour sortir de cet état singulier qu'elle ne comprenait pas, mais qui l'effrayait, elle se mit à compter à haute voix un, deux, trois, quatre, jusqu'à dix, et, quand elle eut fini, elle recommença. Cela lui rendit la perception vraie des choses qui l'entouraient. Elle sentit le froid à ses mains qu'elle avait mouillées en puisant de l'eau. Elle se leva. La peur lui était revenue, une peur naturelle et insurmontable. Elle n'eut plus qu'une pensée, s'enfuir ; s'enfuir à toutes jambes, à travers bois, à travers champs, jusqu'aux maisons, jusqu'aux fenêtres, jusqu'aux chandelles allumées. Son regard tomba sur le seau qui était devant elle. Tel était l'effroi que lui inspirait la Thénardier qu'elle n'osa pas s'enfuir sans le seau d'eau. Elle saisit l'anse(1) à deux mains. Elle eut de la peine à soulever le seau.

Elle fit ainsi une douzaine de pas, mais le seau était plein, il était lourd, elle fut forcée de le reposer à terre. Elle respira un instant, puis elle enleva l'anse de nouveau, et se remit à marcher, cette fois un peu plus longtemps. Mais il fallut s'arrêter encore. Après quelques secondes de repos, elle repartit. Elle marchait penchée en avant, la tête baissée, comme une vieille ; le poids du seau tendait et raidissait ses bras maigres ; l'anse de fer achevait d'engourdir et de geler ses petites mains mouillées ; de temps en temps elle était forcée de s'arrêter, et chaque fois qu'elle s'arrêtait l'eau froide qui débordait du seau tombait sur ses jambes nues. Cela se passait au fond d'un bois, la nuit, en hiver, loin de tout regard humain ; c'était un enfant de huit ans. Il n'y avait que Dieu en ce moment qui voyait cette chose triste.

Et sans doute sa mère, hélas !

Car il est des choses qui font ouvrir les yeux aux mortes dans leur tombeau.

Elle soufflait avec une sorte de râlement douloureux ; des sanglots lui serraient la gorge, mais elle n'osait pas pleurer, tant elle avait peur de la Thénardier, même loin. C'était son habitude de se figurer toujours que la Thénardier était là.

Cependant elle ne pouvait pas faire beaucoup de chemin de la sorte, et elle allait bien lentement. Elle avait beau diminuer la durée des stations et marcher entre chaque le plus longtemps possible, elle pensait avec angoisse qu'il lui faudrait plus d'une heure pour retourner ainsi à Montfermeil et que la Thénardier la battrait. Cette angoisse se mêlait à son épouvante d'être seule dans le bois la nuit. Elle était harassée de fatigue et n'était pas encore sortie de la forêt. Parvenue près d'un vieux châtaignier qu'elle connaissait, elle fit une dernière halte plus longue que les autres pour se bien reposer, puis elle rassembla toutes ses forces, reprit le seau et se remit à marcher courageusement. Cependant le pauvre petit être désespéré ne put s'empêcher de s'écrier : Ô mon Dieu ! mon Dieu .En ce moment, elle sentit tout à coup que le seau ne pesait plus rien. Une main, qui lui parut énorme, venait de saisir l'anse et la soulevait vigoureusement. Elle leva la tête. Une grande forme noire, droite et debout, marchait auprès d'elle dans l'obscurité. C'était un homme qui était arrivé derrière elle et qu'elle n'avait pas entendu venir. Cet homme, sans dire un mot, avait empoigné l'anse du seau qu'elle portait. Il y a des instincts pour toutes les rencontres de la vie. L'enfant n'eut pas peur.

VICTOR HUGO, LES MISERABLES : TOME II : LIVRE 3 : Chapitre 5, 1862

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20FRANESSG1 Page 5/5 I- Questions d’analyse :(4points)

a) Quel est le thème commun aux trois textes ?

b) Quels sentiments éprouvent les trois personnages du corpus ? Citez des références du texte.

II- Travail d’écriture (16 points)

Vous traiterez au choix l’un des deux sujets suivants : 1 - Commentaire composé

Vous ferez le commentaire du texte B « L’enfant » de Jules Vallès en vous appuyant sur le parcours de lecture suivant :

- Une enfance difficile

-Le comportement injuste d’une mère 2 – Ecriture d’invention :

Vingt ans après, à l’occasion de la journée de la femme djiboutienne, la jeune narratrice de

« la purifiée » de Choukri Osman (texte A) fait un discours devant les femmes du quartier pour les sensibiliser contre les pratiques de l’excision.

Faites son discours en illustrant ses arguments d’exemples tirés de ses propres expériences.(40 lignes).

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