FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 18 9 9-1900 N° 4S
DES
Utiles et des Kystes Cingéii
DE LA LÈYRE SUPÉRIEURE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN
présentée et soutenue publiquement
le
20Décembre
1899"Emile-Gabriel-Marie GLAVE T
Né à Montélimar (Drôme), le 5 Mai 1877
Élèvedu Service de Santé de la Marine
/ MM. PIÉCHAUD professeur.... Président.
„ . , , . i BOURSIER professeur....]
Examinateurs de la Thèse . { nnTvor rrcur ■ ( u,n..
j PRINCETEAU agrege , Juges
(
CIIAMBRELENT agrégé )Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGrNOL
91 — RUE PORTE -DIJEAUX — 91 1899
Faculté de Médecine et de l'Iiarmacie de Bordeaux
M. DENABIAS, doyen — M. PITRES, doyen
honoraire.
PROFESSEURS MM. M1GE
AZAM DUPUY MOUSSOUS.
Professeui\s honoraives.
Clinique interne
MM. MM.
F
PICOT. Médecine légale MORACHE.
PITRES. Physique
BERGON1É.
„.. . , , DEMONS.
Chimie BLAREZ.
Clinique externe
jLANELONGUE.
Histoirenaturelle ... GUILLAUD.Pathologie et théra-
Pharmacie FIGUIER.
peutique générales.
VERGELY. Matière médicale
.... deNABIAS
Thérapeutique
ARNOZAN. Médecine expérimen-
Médecine opératoire. MASSE.
taie FERRE.
Clinique d'accouché-
Clinique ophtalmolo-
ments LEFOUR. gique BADAL.
Anatomie pathologi-
Clinique des maladies
que COYNE.
chirurgicales des
en-Anatomie CANNIEU fants P1ECHAUD.
Anatomiegénérale et Clinique gynécologique
BOURSIER.
histologie VIAULT. Clinique
médicale des
Physiologie JOLYET.
maladies des enfants A. MOUSSOUS.
Hygiène LAYET. Chimie
biologique... DENIGÈS.
ACi ÉGÉS Ihl :
section de médecine(Pathologie interne et Médecine légale.)
MM. CASSAET. | MM. Un DANTEC.
AUCHÉ. | HOBBS.
SABRAZÈS.
section de chirujrgie et accouchements
[MM. DENUCÉ. |
\ VILLAR I . ... , \MM. CHAMBRECENT
Pathologieexterne Accouchements.
FIEUX.
Anatomie,
BRAQUEHAYE
\ CHAYANNAZ. |
section dessciencesanatom1quks et filysioi.ogiquks
jMM. PRINCETEAU
|Physiologie MM. PACHON.
N. | Histoire naturelle
BEILLE.
section des sciencesphysiques
Physique MM. SIGALAS. | Pharmacie M.
BARTHE.
C OU SBS F $»M 3" Bjfid«Ifld A T A B SBKM :
Clinique des maladiescutanées etsyphilitiques MM.
DUBREUILH.
Clinique des maladies des voies urinaires. nn"c,c,AM
Maladies dularynx, des oreilles etdunez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
HydrologieetMinéralogie
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUC..
CHAMBRELENT.
DUPOUY.
PACHON.
N.
LAGRANGE.
CARLES.
Le Secrétairede la Faculté: LEMAIRE.
Par délibération du 5 août1879, la Facultéaarrêté que les
«PÎ'^ns.auâurs^et
Thèsesqui luisontprésentées doivent êtreconsidérées comme piopito
qu'ellen'entendleur donner niapprobationniimprobation.
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR
PIÉCHAUD
PROFESSEUR DE CLINIQUE CHIRURGICALE INFANTILE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
CHIRURGIEN DES HOPITAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A la fin de notre
scolarité médicale, qu'il nous soit permis
d'adresser l'hommage
de notre profonde et respectueuse
reconnaissanceà
tous
ceuxqui se sont intéressés à nous.
M. le Prof. A. Moussous a
été pour nous un maître plein
de sollicitudeet de
bienveillance; qu'il reçoive l'expression
de notre vive
admiration.
M. le Dr
Guyot, chef de clinique chirurgicale infantile, nous
a donné l'idée
première de
cetravail et nous a prodigué ses
conseils; nous
lui adressons nos bien sincères remercie¬
ments.
Enfin, que
M. le Prof. Piéchaud veuille bien recevoir
l'hommage de
notre vive gratitude pour son accueil si
bienveillant et l'honneur
qu'il nous tait en acceptant la
présidence
de notre thèse. Nous regrettons de ne pouvoir
lui offrir un travail
pl.us digne de ses savantes leçons.
Bordeaux,15
décembre 1899.
E. G.m
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INTRODUCTION
L'histoire des fistules de la tète et du cou et des kystes congénitaux a été
faite d'une façon magistrale,
parM. Lan-
nelongue,dans
sesdeux traités des affections et des kystes
congénitaux. Et
cependant, si l'on
ycherche la pathologie embryonnaire de la lèvre supérieure,
onest tout surpris de
nevoir dans ces deux ouvrages que deux
observations
se rapportantà cette région
:Tune de tumeur congénitale mal
définie anatomiquement, l'autre
d'une fistule de la même
origine.Malgré toutes nos
recherches*
nousn'avons
purecueillir
enplus de ces
deux
cas,dans la littérature médicale,
que deux observations : l'unede fistule, l'autre de tumeurcon¬génitales de cette région.
, C'est pourquoi, ayant eu
la chance de voir
unkyste congé¬
nital de la lèvre, nous avons cru intéressant d'étudier cette tumeur, en rattachantà son étude celle des fistules congéni¬
tales sur lesquelles notre
attention avait été appelée, l'an
dernier, àlaClinique de M. le Prof. Piéchand.
DIVISION DU SUJET
Le premier
chapitre comprend l'embryogénie de la
ques¬tion.
Dans unsecond chapitre se trouvent
les observations.
La troisième partie contient
l'anatomie pathologique des
fistules et des kystes congénitaux.
Enfin dans un
quatrième
et dernierchapitre sont exposés
les faits cliniques qui ont rapport
à l'étiologie, la symptoma-
tologie, le diagnostic, lepronostic et le traitement de
ces affections.Suivent nos conclusions.
CHAPITRE PREMIER
EMBRYOGÉNIE
L'étude de la
pathogénie de toute affection congénitale
comporte
nécessairement l'étude du développement de la
région qui en
est le siège. Nous rappellerons donc tout
d'abord les quelques
notions d'embryologie nécessaires à la
compréhension de la formation des fistules et des kystes
congénitaux.
Trois bourgeons
déjà visibles
auvingtième jour de la vie
intra-utérine contribuent au
développement du maxillaire
et de la lèvre
supérieure
:1°
unbourgeon médian ou frontal
qui est un
appendice de la vésicule cérébrale antérieure;
2° deux bourgeons
latéraux
oumaxillaires primitivement
destinés à former les deux
mâchoires, mais qui ne tardent
pas à se
subdiviser
pourdonner naissance aux bourgeons
maxillaires supérieurs
et inférieurs.
Lebourgeon
médian
se creusebientôt à sa partie moyenne
d'une échancrure qui
le partage
endeux bourgeons plus
petits, les
bourgeons incisifs; ceux-ci, d'après Albrecht, se
subdiviseraient à leur tour en
deux parties. A ce moment
donc, la lèvre
supérieure est formée par six bourgeons dont
quatre
incisifs, et deux maxillaires, séparés par cinq fentes.
Mais ils marchentà la rencontre
les
unsdes autres, et au trente-cinquième jour de la vie intra-utérine les bourgeons
maxillaires ne sont plus
séparés des bourgeons incisifs que
par une fente
représentant le lac lacrymal et le canal nasal.
Bientôt la réunion
s'opère de haut
enbas, chaque bourgeon
s'unissant à ceux qui se trouvent sur ses
parties latérales,
pour
contribuer à former
par sapartie antérieure les tissus
mous qui constitueront
la lèvre supérieure et
par sapartie
profondele squelette de la mâchoire supérieure. Et ainsi la
lèvre supérieure,
primitivement formée de si nombreuses
parties distinctes, setrouvedéfinitivement constituée.
Mais durant cette longue évolution, il peut, se faire un arrêt; une des fentes peut rester béante, les
deux bourgeons
qui la limitent ne la comblant plus. Cetarrêt de développe¬
ment étantplus ou moins tardifet plus ou moins
complet,
il s'ensuit une fissure ou une fistule. C'est là la théorie qu'accepte le P1' Lannelongue et qui permet,
dit-il, d'expli¬
quer la dissemblance apparente entre une
fistule
presque imperceptible et un bec-de-lièvre simple ou compliquéde
gueule de loup.Pour la formation des kystes dermoïdes, il faut admettre
une notion de plus, un mécanisme plus compliqué.
Aussi des théories nombreuses ont-elleé été émises pour expliquer la formation des kystes dermoïdes. Geoffroy Saint- Hilairé, avec sa
diplogenèsè
par inclusion, fait du kystedermoïde le plussimple un individu primitivement distinct,
soudé à un autre, mais qui n'a subi qu'un
développement
incomplet. Lebertrapproche leskystes dermoïdes des autres néoplasmes, admettant leur formation autogène et sponta¬née. On a encore admis que ces tumeurs hétérotopiques
étaient un produit de conception de siège anormal ou pro¬
venaient de cellules nodales
(Bard),
cellulesimmédiatement
dérivées de l'ovule, d'une complexité extrême leur permet¬
tant d'engendrer les tissus les plus différents. Enfin Wal- deyer, Répin. et Mathias Duval ont soutenu la formation
parthénogénétique
des kystes dermoïdes. Mais il s'agissait de kystesplus complexes, des kystes ovariques.Toutes ces théories sont en effet trop complexes pour expliquer la formation de kystes aussi
simples
quele sont
ceux de la face en général. Au contraire, la théorie de l'en¬
clavement, attribuée tantôt à Remak, tantôt à Verneuil,
explique
d'une manière très satisfaisante la formation de
cestumeurs parle
plissement et l'invagination d'une petite
région de
la
peaudans les parties sous-jacentes. L'expéri¬
mentation et la clinique sont
d'ailleurs
venuesapporter
uncertain appoint en
faveur de cette dernière théorie. M. le
Prof. Massea obtenu le développement
de lambeaux ecto-
dermiquesintroduits dans l'iris et dans le ventre de jeunes
rats. Le Fort cite d'assez nombreux cas
de développement
d'une parcelle do
tégument cutané, invaginée par un trau¬
matisme dans la
profondeur des tissus. Dans les deux cas
intervient donc un traumatisme, soit
expérimental, sait
accidentel. Gela veut-il dire qu'on
puisse faire l'analogie complète entre
ceskystes dermoïdes traumatiques et les tu¬
meurs congénitales de
même nature? Ou bien vaut-il mieux
admettre que ce sont
des adhérences profondes qui détermi¬
nent l'enclavement de l'ectoderme? Ce sont
là évidemment
des questions trop
difficiles à résoudre pour que nous es¬
sayions
seulement de discuter les arguments qui sont pour
oucontre ces deux théories.
En résumé, comme les
fistules et les kystes congénitaux
de la face, ceux dela
lèvre supérieure sont dus, les premiè¬
res à un simple
arrêt de développement, les seconds à un
enclavement de l'ectoderme dans les fentes
nombreuses qui
contribuent à la formation de la
lèvre
etdu maxillaire
supérieurs.CHAPITRE II
OBSERVATIONS
Observation I
(Obs. LXX1X du Traité
des kystes congénitaux de Lannelongue
etAcbard, 1886).
Tumeur congénitale de
la lèvre supérieure.
Léonie L..., âgéede onze ans,
entrée à l'hôpital Sainte-Eugénie, le
26 avril 1877, salle
Sainte-Eugénie,
no33.
Cetteenfant porte à
la lèvre supérieure, du côté gauche, une tumeur
quien modifie
la forme. La lèvre,
eneffet, est épaissie de ce côté à
partir de laligne
médiane et, quand la bouche est fermée, elle vient se
placer devant la lèvre
inférieure. En relevant la lèvre supérieure, on
trouve surla muqueuse une
série de saillies, groupées comme les petits
grains d'une
framboise, mais plus détachées cependant. Ces petites
sailliessont les unes sur les autres au
milieu de la tumeur, tandis qu'un
peu plus loin ellesse
dessinent moins et soulèvent la muqueuse. Cha¬
cuned'ellesesttransparente et
paraît remplie d'un liquide clair ; la mu¬
queuseest amincie àson
niveau, et il semblerait que l'épithélium seul
larecouvre. L'uned'elles a été piquée et
il
enest sorti
unliquide clair,
transparent,séreux,
qui,
aumicroscope, présente de nombreuses cellu¬
les épithéliales,
gonflées et granuleuses et quelques leucocytes.
Cette tumeur seraitd'origine
congénitale, d'après
ce quedit la mère,
etelle n'a pasfait
de grands progrès puisqu'elle a seulement les dimen¬
sions d'une amande. L'enfant raconte
qu'elle augmente de volume
pendantl'hiver. Autour de
cette tumeur
on netrouve point de vaisseaux
dilatés.
Une coupe médiane
antéro-postérieure de la
tumeur montrequ'elle
estformée d'un tissu d'aspectérectile, criblé
d'orifices visibles
àl'œil
nu etprésentant çà etlà des glandules hypertrophiées.
Observation II
(Reverdin
etMayor).
(InRevue méd. de la SuisseRomande, Genève, 1885).
Tumeur sous-muqueuse de la lèvre supérieure
probablement
congénitale.Mlle SuzanneA..., trente-six ans.
MllcA... portedepuis son enfanceunepetite grosseurà
la lèvre
su¬périeure; elle estlogée sousla muqueuse
au-dessus du bord libre, à
peu près à égale distance de ce bord et du cul-de sacgingivo-labial et
oc¬cupela partie moyenne de lamoitié droite de la lèvre ; cette tumeur a toujours été mobile;
Ml,e
A... lafaisait
voyager,dit-elle,
soussalèvre
et du plus loin qu'ellese souvienne elle avait à peu près
le volume
d'unegrossetète d'épingle; elle était restée stationnaire
depuis l'en¬
fance, mais depuisquelque tempselle s'est mis àse développer et a ac¬
quisassez de volumepour faire une saillie visible sous
la
peau,lors¬
qu'elle rit; ily a un an ènvironque sa sœur a remarquéce
fait. Comme
cettepetite tumeurqui la gêne fort peu, du reste, continue à se
déve¬
lopper,elle me demande si je pourrais la faire
disparaître.
Je trouve enrenversant la lèvre une tumeur sous-muqueuse, par¬
faitement mobile etpouvant même être un peu déplacée ;
elle est de
consistance très dure, telle,quela premièreidée qui vient est
celle d'un
fibrome; elleale volume d'untrès grospois, est à peu près
régulière¬
mentarrondie, mais présente cependant un léger
étranglement qui la
faitparaître bilobée ;la muqueuse à son niveau est absolument nor¬
male.
Le 11juin 1884,j'enlève latumeur; uneincision faiteà
la
muqueuse, elle s'énuclée avecla plus grande facilité; un point de suturede soie
phéniquéeréunit la plaie qui seguéritpar premièreintention;
j'ai
revu la malade depuisenparfait état.Leskystes muqueuxde la lèvre ne sont pas rares,j'en ai vu
quel¬
quesexemples,et au premier abord la tumeur de
Mlle
A...aurait
puêtreprise pour unkyste;
quand
ceskystes
sont trèstendus ils donnent
au doigtunesensationde dureté assez
grande,mais leur forme
estordi¬
nairement plus régulière, un peu aplatie, et ils nepeuvent être
mobili¬
sés autant quecela était le casici. On a rencontré, dit-on, encore
dans
lalèvre, de petits enchondromes, je ne sais si de
pareilles productions
peuvent débuter dans l'enfance. On cite aussiles adénomes, mais
ceux-ci,quel'onasouvent confondusavec des
épithéliomes, siègent
non pas du côté de la muqueuse, mais à la peau, cesontdespolyadé-
nomes.
Duplay ne parle des fibromes de la lèvreque pour en contester
l'exis¬
tence ; sur la coupe,à l'état frais, notre tumeur présentait une
colora¬
tionjaunâtre assez uniforme, etqui ne paraissaitpas
confirmer l'idée de
fibrome; aussi, après l'opération commeavant, le diagnostic reste en suspens.Il s'agitprobablement, il faut le noter, d'une tumeur
congéni¬
tale; aumoins son début remonte àl'enfance, la malade croit l'avoir toujourseue.
Examenhistologiquè de latumeur,par
le
Dr Mayor.—La
tumeur, qui semble très nettement circonscritepar une sortede coquefibreuse,
présente, àl'œilnuetsur lacoupe, l'aspect d'un tissu homogène,jau¬
nâtre, creusé d'une infinité de petites cavités. Ces loges, dont la capa¬
citénedépasse pas le volumed'une tête d'épingle, sont
remplies les
unes d'une matièrecaséeuse, blanchâtre; les autres,d'une substance d'aspect muqueuxou gélatiniforme. Portéssous le microscope,les produits d'un
raclage pratiqué à l'état fraisse montrentconstitués
parde nombreu¬
sescellulesépidermiquesparvenues à diverses
périodes de leur évolu¬
tion et par des matièresgrasses. Celles-ci
affectent
tantôtla forme de
cristauxplus ou moins réguliers, tantôt
celle
de massesgranuleuses
etdegouttelettes libres ou contenues dans des cellules épithéliales dégé¬
nérées.
Sur les coupes colorées au
picro-carmin
ou àl'hématoxyline le tissu
semontreavecles caractèressuivants :
Il semble quel'on soiten face d'une masse de
tissu conjonctif péné¬
trée de tous côtés par un système de bourgeons
épithéliaux, dont les
unssontpleins et les autresévidés à leur centre, et qui offrent, suivant
larégion de la tumeur que l'on considère, les aspects
les plus variés.
I. Laissantpour l'instant le stroma
conjonctif de côté,
nous nous Gla,occuperons
des
massesépithéliales et des ramifications cylindroïdes
qu'elles
s'envoient réciproquement. L'épithélium qui les constitue est de
nature pavimenteuse.
A)En
certains points,
auniveau des bourgeons les plus considérables,
onpeut
reconnaître,
enallant de la paroi conjonctive vers le centre de
la masse, lasérie
des principales couches de l'épiderme.
lo Uneassise decellules
ovoïdes
ànoyauxallongés dans le sens de la
normale àlasurface
d'implantation
;2°
unezonede cellules polygonales
à protoplasma
granuleux, h
grosnoyau arrondi; 3° viennent ensuite des
cellules plus
volumineuses, où le protoplasma s'éclaircit, où le noyau
n'occupeplus
la
presquetotalité du
corpscellulaire et dont le bord ac¬
quiert
l'apparence pectinée; 4o enfin les cellules s'aplatissent de plus
enpluspour
former
unépithélium corné dont les éléments s'imbriquent
etconstituentde véritables globes
épidermiques. Quelques-uns de ces
globes sont
d'un volume réellement gigantesque. Quelquefois, par leur
accroissementgraduel,
ils
ontamené l'aplatis- sement de toutes les cel¬
lules constituant le bourgeon
épithélial
aucentre duquel ils s'étaient
développés.
C'est là,
onle sait, l'apparence qui a reçu le nom de perle
épidermique
(épittiélioma perlé).
Ailleurs,aucontraire,
l'évolution de l'épithélium
nes'est pas faite
versla formecornée :tantôtles cellules, au
lieu de s'aplatir, se sont
gonfléesd'une
matière muciforme et
sesont fusionnées en une masse
homogènecolorée en rosepar
le picro-earmin, tantôt elles se sont char¬
gées degraisse,et
celle-ci s'est naturellement agrégée sous forme d'amas
granuleux ou
cristallins. En certains points, très rares il est vrai, on
trouve ces amasnoyésdans
la
gangueconjonctive et
necontenant plus
que quelques
débris de cellules épithéliales qui en attestent l'origine. Je
doisajouter que
la dégénérescence graisseuse se montre également dans
lesglobes
épithéliaux
; car uncertain nombre d'entre eux contiennent
des cristaux d'acides gras. Tels sont
les aspects qu'offrent le plus géné¬
ralementdans notretumeurles élémentsépithéliaux,
mais
nousavons
rencontré sur deuxpoints des
dispositions toutes différentes.
B) On observeen
certaines régions, des lacunes irrégulières, envoyant
dans le tissu conjonctif ambiant des
prolongements triangulaires plus ou
moinsallongés. Ces lacunes sont
tapissées de deux
outrois couches d'un
épithélium dontles cellules
profondes sont arrondies, tandis que les su-
perlîcielles s'aplatissent
sansdevenir cornées. Sur
nos coupesces lacunes
étaientvides. Je nesais quel avait été
leur
contenu :il est probable
cependantqu'il était fluide, muciforme.
C)
Ailleurs, il s'agit d'un système de cavités, de tubes sectionnés par
lerasoir, les unssuivant leur grand axe, les autres
transversalement
ou obliquement.
Accolée
parl'intermédiaire de cloisons conjonctives
plusou moins
grêles,
cestubes rappellent l'aspect de certaines glandes.
Cetteillusion estd'autant pluslégitimequepar
leur réunion
ces canaux constituentune masse arrondiepareilleà un lobuleglandulaire,
et en¬veloppéed'une gaine
fibreuse.
Mais, en examinant à un fortgrossissement les
cellules qui tapissent
l'intérieur de cestubes, on reconnaît promptement
qu'elles n'offrent
au¬cundes caractères de l'épithélium glandulaire.
Ils'agit, iciencore, de
cellules pavimenteuses disposées
surdeux à trois
couches etdont les plus voisines de la lumière
du canal
sesont aplaties
sans cependant avoir subi
la transformation cornée. Parfois, elles
sem¬blent,comme danscertaines des cavitésdécrites plus haut,
s'être gonflées
etconfonduesen une masse muciforme.
II.Quant autissu conjonctif, squelette de la tumeur,
il
estengénéral
assezdense. Au pourtour des lacunes
polyédriques dont
nous avons signalé l'existence(/i),
iloffre
un aspectfibreux et
sedispose
sousforme
deprolongements
arrondis, hémisphériques, qui font saillie dans la
cavité lacunaire,en donnant àses diverticules leur aspect
spécial.
Au niveau de la masse d'aspect glandulaire
(C) le tissu conjonctif
est fasciculé et se ramifie dans l'intervalledes tubes dontil constitueenquelquesortelesoutien.
Autour desgrosses masses
épithéliales
etdes globes épidermiques, il
neprésente aucune constancedans sa
disposition. Tantôt il
estfibreux,
solide; tantôt, au contraire, plus lâche, plus riche en
cellules. Mais
enaucun casilne revient à l'état embryonnaire;
nulle
part on ne rencon¬tre de ces amas de cellules arrondies qui se colorent vivement par
le
carmin et qui sont sicommunes dans
les
tumeursd'origine épithéliale.
Cependant, dans les régions où il est devenu moins serré,
le tissu
con-jouctifs'e'stparfois laissé pénétrer parles
cellules épithéliales qui n'of¬
frentplus alors aucune régularité dans leur disposition.
III. Les vaisseaux sontextrêmement rares dans notre tumeur. On y
— 20 —
rencontrequelques
capillaires plus
oumoins volumineux, mais
pas un seul vaisseau qui présente desfibres musculaires dans
saparoi.IV. Cependant la trame
fondamentale
esttraversée
en certaines régionspar cestraînées de tissu élastique de nouvelle formation
que l'on rencontresi fréquemment, ainsi que nous l'avons établi, mon ami Quénu etmoi, dansles tumeursd'origine épithéliale. On peut constater, parfois, que,ainsi quecela
estde règle, le tissu élastique s'est développé
auvoisinage des vaisseaux.
V. Si l'on considère cette tumeur en faisant abstraction pour un ins¬
tantdeces deuxrégions où l'épithélium tapisse simplement les parois
de lacunesou de tubes vides àleur centre, on se trouve presque néces¬
sairement amené à la rapprocher de certaines variétés decancroïdes
dans lesquelles les amas épithéliaux
tendent^vers la dégénérescence
graisseuse ou versla formation de globes plus ou moins irréguliers. Ici
ces globes neprésentent qu'une anomalie : la transformation graisseuse
des cellulesqui constituent leur centre. La dénomination quise présente
donc tout d'abord à l'esprit noussemble être celle-ci : épithélioma.
Cependant, même dans les régions relativement facilesà interpréter, la tumeurnerépondpasd'une façon absolueà aucun des types
d'épithé-
liomaque l'on est habituéà rencontrer dans la cavité buccale, et d'ail¬
leurs elle offre en certainspointsune dispositionde ses éléments
consti¬
tutifs tout àfait anormale dans ce genrede néoplasmes.
C'est ici que l'observation clinique peut venir en aide àl'examen anatomique. La maladeraconte, en effet, qu'elle possédait cette
petite
tumeur dès l'enfance, et que l'augmentation de volume graduel
du
néoplasme est de date tout à fait récente. Je suis donc disposé à faire rentrer notre cas dans cette série de tumeurs rappelées par Conheim comme l'un des argumentsenfaveur deson opinionsurl'ori¬
gine congénitale ougerme primordial destumeurs. Dans lescasdont
il
s'agit, la prédisposition congénitale, l'anomalie de développement se traduit dèsl'enfance, d'une façon latenteen quelquesorte,parla pré¬
senced'un petit amasd'éléments hétérotopiés, victimes d'une
inclusion embryonnaire,
et quineprennentundévelpppement
morbidequ'à partir
d'un certain âge.
Enadmettant cettehypothèse,nous nous expliquerons
peut-être plus
facilement la présence de ces tubes tapissés d'un épithéliumqui n'a
— Él —
aucuneanalogie avec
celui des glandes buccales, mais qui présente, au
contraire, une similitude
absolue
avecl'épithélium protecteur de la
bouche. L'inclusion se serait
faite à la période embryonnaire avant
toute différenciation
glandulaire de l'épithélium buccal. Pendant un
temps fort
long la tumeur est restée stationnaire. Puis, sous quelque
influence inconnue, une
prolifération épithéliale
acommencé, aboutis¬
santpar place à
la formation d'épithélium corné, ailleurs à la dégéné¬
rescence graisseuse,
ailleurs
encoreà la pénétration violente des cellules
épithéliales
dans le
stromaconjonctif ambiant.
Je résumerai donc ma manière
de voir de la façon suivante :
Petite tumeur congénitale,
résultant probablement d'une inclusion em¬
bryonnaire, et
dont les éléments épithéliaux ont proliféré de façon à
menacer les tissus voisinsd'unenvahissement
qui eut amené la consti¬
tutiond'uncancroïde.
Observation 111
(Personnelle).
Kyste
congénital de la lèvre supérieure.
Gaétan IL.., cinq ans, demeurant
à Beautiran (Gironde), est amené
par sa mère,le 22
novembre 1899, à la consultation de M. le Prof. Pié-
chaud pour une tumeur
de la lèvre supérieure.
Cettetumeur, quiserait
congénitale, est visible surtout depuis l'âge
de trois mois,époque à
laquelle l'enfant aurait
eu uneéruption vacci¬
nalegénéralisée ;
elle était
grosseà cette époque comme un pois chiche,
maisson volume a augmentésurtout
depuis deux
ans.Quandonexamine le petit malade, on est
frappé
parla saillie de sa
lèvresupérieure
qui semble soulevée,
commes'il existait un objet rond
entresa lèvre et sagencive, au
niveau du frein de la lèvre. Cet aspect
est surtout frappant si
l'on fait rire le malade
ousi
onle regarde de
profil.
La peau n'est pas
modifiée
àsonniveau, elle est seulement distendue;
ilen estde mêmepour la muqueuse
qui cependant
a unaspect un peu
plusblanchâtre quedansles parties environnantes. Il n'y a pas de vas-
cularisation anormale.
Si l'on essaie de mobiliser lapeau au-dessous
de la tumeur, toute la
lèvreestentraînée,sans doute àcause de sa distension considérable ;les mouvementssont moins étendus-que normalement, la tumeur étant adhérente aux parties profondes.
Alapalpation, on perçoit à traversla peau unetumeur rénitente du
volumed'une noisette. Si l'on combine la palpation par la peau et la muqueuse buccale, on sentquela tumeur est constituée par deux lobes, l'unplus volumineuxque l'autre, du volume d'un gros pois, rénitent,
situé àdroitedela ligne médiane, perceptible surtout par la muqueuse dontil estplus rapproché; l'autre,un peuplus petit, plus superficielet perceptiblesurtoutparla peau, situé un peu à gauche de la ligne mé¬
diane.Ces deux lobes sont séparés par un sillon peuprofond placé au niveau du freinde lalèvre.
Supérieurement, la tumeur serait indépendantede la cloison médiane du nez.
Pas deretentissementganglionnaire.
Pas de troubles fonctionnels.
Faitintéressant à noter : la mèreporte dans la région du cou, au niveau ducartilage thyroïde, un peu en dehors de la ligne médiane età droite, unetumeur ovalaireàgrand axe vertical, du volume d'une très grosse noix etqui serait congénitale. A son niveau, la peau estmobile, de colorationnormale, mais profondément la tumeur est intimement liéeaux voies respiratoiressous-jacentes. Au palper, latumeur, dure à
sesdeux extrémitéssupérieure etinférieure où elle donne l'impression
defibromeet par endroitmême de chondrome, présente à sa partie
moyennequelqueslobules de consistance bien moindre, liquide même.
En somme, on estenprésenced'une tumeurqui participe à la fois du
chondro-fibromeet du kyste congénital,ce qui ne choque d'ailleurs en rienles données embryogéniques des tumeurs congénitales de cette ré¬
gion, développées dans les fentes branchiales.
Le 9 décembre,M. le Prof. Piéchaudpratique l'énucléation du kyste
labialde 1enfant par uneincisiontranvex^sale de la muqueuse. La tu¬
meurest multiloculaire, adhérente aux parties profondes. Ouverte en
un point, ils'écouledu magmablanc jaunâtre analogue à du
mastic.
Après extirpation de latumeur onvoitunepoche béante, située
immé¬
diatement au-dessous de la cloison médiane du nez. Suture aucrin noir.
Eoccimen bactériologique
(pratiqué
parnotre camarade, M. Bousse-
not). —
Prélevant une parcelle du contenu du kyste, recueilli aseptique-
raent aumomentde
l'opération, nous avons ensemencé un tube de
bouillon et misce
dernier à l'étuve à 37°. Le lendemain trouble léger
trèsmanifeste.
Second ensemencement en strie,s, sur gélose et sérum gé-
latinisé. Douzeheures
après
nousobtenons dans chacun des tubes une
mince
pellicule blanche,
sanscaractères spéciaux constituée exclusive¬
mentpar
du staphylocoque blanc.
Examenhistologique :
caractères macroscopiques. — La tumeur
présenteun
aspect irrégulier ; elle est multiloculaire. Son volume a la
grosseur
d'une noisette.
Caractères microscopiques.
—L'examen microscopique permet de
constater quelatumeur
est constituée par plusieurs petits kystes aux¬
quelssont
adhérents des masses musculaires dépendant sans doute du
muscle orbiculaire deslèvres.
Ces faisceaux musculaires se présentent
tantôt
longitudinalement, tantôt
encoupe transversale.
Laparoi
des poches est constituée par du tissu fibreux, auquel est inti¬
mementlié du tissu musculaire.
.On
a pu yretrouver quelques glandes
sébacées.
Lecontenu descavités
kystiques présente tous les caractères de la ma¬
tièresébacée.
ObservationIV 4
(Due à l'obligeance
de M. le Prof. Piéchaud. Publiée dans le Précis de
Clinique
chirurgicale infantile. Collection Testât.)
Fistule congénitale
de la lèvre supérieure.
Enfant de quatre ans,
présentant à sa* naissance un petit -pertuis
cutané àpeine
apparent placé
surla ligne médiane au-dessous de la
cloison,par
lequel s'écoule de temps en temps une gouttelette de liquide
séreux, et leplus
souvent recouvert d'une croûte jaunâtre.
Aucun accident ne s'était
produit jusqu'alors. A cette époque le
liquide étaitdevenu
plus abondant et présentait l'aspect purulent. Un
finstylet
introduit
parla fistule conduisait directement dans une cavité
creusée dansle frein de lalèvre. Dece
côté
onvoyait
eneffet de l'em¬
pâtement, etle
doigt appuyé
sur cepoint déterminait un écoulement
notable de sérosité louche. Autour de la fistule et de son prolongement profond il n'existaitpasde modification des parties molles ou osseuses.
Le trajet fistuleuxetla cavitéqui lui est annexée sont enlevés par la face muqueuse.
Examen
liistologique
de la tumeur, pratiqué par M. le Prof.Coyne. —« Cetrajet fistuleuxest représenté àsa partie extérieure par
une zone
fibro-conjonctive
dans laquelleon voitapparaîtredes faisceaux musculaires striés qui appartiennent évidemment à la couche muscu¬laire de lalèvre supérieure. Ense rapprochant de la cavité du trajet,
on rencontre en troisou quatre endroits le fond de culs-de-sac glandu¬
laires qui appartiennent à desparties profondes de glandes sébacées; en effet il s'agitde formations glandulaires bosselées avec des cellules dont lesnoyaux seuls ont fixé la matière colorante.
«Entrecesdébrisetletrajet il existe encore une zonefibro-conjonctive
assezépaisse danslaquelle les lacunes
lymphatiques
apparaissent assez nettementdessinées ; cette couche interne présente certaines modifica¬tionsdans le voisinage immédiat de la cavité du trajet fistuleux.
»En premierlieucetrajetseprésente sous une forme ovalaire qui.au niveau d'une deces extrémités, contient un diverticule dans un des côtés ; ilest constitué par une sorte debourgeon qui présente nettement tous les caractères dun revêtement cutané♦ ; en effet, on y trouve des
couches multiples d'épithélium
dermo-papillaire
et au-dessous des glandessébacées très évidentes accompagnées en un point d'une zoneengainantlesracines d'un poil follet.
»I)ans le fond de cediverticuleetsur l'autre surface,on observe éga¬
lement un revêtement
dermo-papillaire,
moins continu avec les embouchures desglandes sébacées. Dansla cavité elle-même le revête¬ment
épidermique
esttrès irrégulier; il s'est détaché par place et est figurépar deslamelles de cellules épithéliales aplaties représentant la couche cornée dissociéeetformant des lambeaux flottants. Par places, la surface du trajetestconstituée parle derme sans aucun révêtement épithélial. Ace niveau,il est trèsenflammé, les vaisseaux sont dilatés eton yobserve unegrande quantité de cellules embryonnaires dissé¬minées dans les mailles de son réticulum; en d'autres endroits, on retrouve lacoucheprofonde del'épithélium représenté par les cellules
cylindriques
quihérissenten palissade le derme enflammé. Enfin par— 25 -
placeson
trouve des couches multiples d'épithélium polyédrique en¬
flammé, vacuolaire et
séparé des couches cornées par des espaces plus
oumoins considérables.
» Enrésumé, dansles pointsoù
le
processusde suppuration n'a rien
altéré, on trouve
les caractères du revêtement cutané avec glandes
sébacées etprésence
de poils
;dans la partie élargie où le processus de
suppuration a
duré longtemps,
ontrouve les caractères inflammatoires
surajoutés. »
Observation Y
(Arch. f. klin. Chir.,
XLYI, 1, G. Feurer.
—Revue des sciences médicales
T. XL1II, p. 234.)
Fistule congénitale de
la lèvre supérieure.
Jeune homme de vingt ans
portant depuis
sanaissance une fistule
borgne dont
l'orifice extérieur siège
surle bord libre de la lèvre supé¬
rieure, à droite de laligne
médiane et dont le trajet se dirige de haut
enbas et d'avanten arrière, si bien que,
tandis
quel'orifice extérieur
esttrèsrapproché
de la
peau,le cul-de-sac terminal se trouve au con¬
traire immédiatement sous la muqueuse au
niveau de
sonpoint de
réflexion sousle maxillaire supérieur.
Cette fistule sécrète d'une façon
continueun liquide
semblable à la salive.
Extirpation
complète et guérison.
Ces fistules, ajoute
l'auteur, s'expliquent
parle même mécanisme
queles becs-de-lièvre,
c'est à dire le défaut de coalescence complète des
parties quiconstituent
le massif maxillaire supérieur. C'est ce que con¬
firmel'examen histologiquede
la fistule excisée.
Observation YI
(Lannelongue etMénard,Affections
congénitales,
p.264.)
Fistule du frein de la lèvre supérieure.
Henry P...,
âgé de quatorze
ans,ajusteur, entre à l'hôpital Trous¬
seau le23 février 1800, salleDenonvilliers,
lit 10,
pour sefaire traiter
d'uneanltylose dugenoudroit en position vicieuse, consécutive à une arthrite chronique d'origine syphilitique.
Ilporte en outresurle frein de la lèvre supérieure une fistule qui n'est nullement le fait d'une suppuration, qui n'a jamais existé en ce
pointetqui est le résultat d'un léger vice de conformation. L'orifice ouvert à lafaceinterne dela lèvre supérieure, surla ligne médiane, à la base dufrein, est entouré d'un bourrelet muqueux et déprimé en infundibulum. Letrajet qui lui faitsuite, long de 3 millimètres, admet facilement l'extrémité d'un stylet de trousse. Il se dirige de bas en haut dansl'épaisseur du frein. La pression en fait sortir une gouttelette de liquidemuqueux-.
o
C HA.PITRE III
ANATOMIE
PATHOLOGIQUE
1° Kystes.
Deux tumeurs,
parmi les trois qui font l'objet de nos ob¬
servations,
présentent évidemment les caractères des kys¬
tesde nature
ectodermique. La troisième, que nous ne citons
que pour
mémoire, est trop mal définie au point de vue his-
tologique pour
qu'on puisse la classer dans tel ou tel groupe;
nous ne nous en occuperons
donc pas.
Les kystes
dermoïdes sont, d'après Broca, des tumeurs
constituéesparune
cavité close dont la paroi présente, par
sa surface externe, des
rapports de continuité avec les tissus
ambiantset dontla
surface interne est en rapport avec un
contenu souvent
liquide, rarement solide, quelquefois orga¬
nisé et vivant, mais
toujours indépendant de la circulation
générale.
Ce sontlà les
caractères généraux des kystes dermoïdes.
A la lèvre, comme
dans tous les autres points de la face et
du corps,les
kystes dermoïdes se présentent sous le même
aspect.
Caractères macroscopiques. —
Nous n'insisterons pas
surla forme, la
consistance, les rapports de nos kystes der¬
moïdes, car nous
ferons cette étude au sujet de la sympto-
matologiede ces
tumeurs.
Nous appellerons
seulement l'attention sur la multilocu-
larité des deux tumeurs, mais tandis que l'une
(Observation personnelle)
est formée de plusieurs kystes dermoïdes sim¬ples, accolés, l'autre (Observation de Reverdin et
Mayor)
estune tumeur unique, mais
polykystique
: c'est cequi ressort de leurexamenmicroscopique.
Caractèresmicroscopiques. — Les kystes dermoïdes pré¬
sentent à étudieruneparoiet un contenu :
1° Paroi. — La paroi, mince et lisse dans un cas, plus épaisse et à surface interne plus complexe dans l'autre, rap¬
pelle parsa structure fondamentale celle de la peau ;on peut y retrouver, en effet, tous ses éléments et toute la série des
principales
couchesdePépiderme:
1° une première assisedes cellules ovoïdes à noyaux
allongés
dans le sens de la normale à la surfaced'implantation
; 2° une zone decellules polygonalesàprotoplasme granuleuxàgros noyauxarrondis;.3°des cellules plus volumineuses à protoplasma plus rare, à bord épaissis, à apparencepresquecornée;4°jun
épitbélium
corné formant même de vrais globes
épidermiques.
On peut voir aussi dans l'une des tumeurs tout au moins les élé¬ments du derme formé de tissu conjonctif, avec des amas
glandulaires mal
définis, déformés,
dégénérés, mais quipourraient bien être un vestige de glandes sébacées.
A côté deces éléments normaux dérivés de l'ecloderme, il faut reconnaître la
présence,
dans l'observationde Mayor, d'amas de cellules étrangères à ce feuillet du blastoderme.Pourexpliquer ce fait, Mayor fait intervenir la théorie de Conheim : durantl'évolution
embryonnaire,
les éléments de 1 un des trois feuillets du blastodermepeuvents'inclure dansun feuillet voisin, y sommeiller, puis sous l'influence de
causes mal connues recouvrer leur activité et donner nais¬
sance à de nouveaux tissus.
Contenu. — Le contenu des kystes dermoïdes est de la matière sébacée qu'elle soitépaissecomme du suif, ou fluide
comme del'huile. Dansce magma, on retrouve desamasde cellules épitliéliales et d'écaillés
épidermiques
infiltrées de graisse, des poils, des dents, du tissu osseux,du cartilage,- 29 -
parfois même des éléments du système nerveux et des fibres
musculaires.
Dansles kystes
de la région qui nous occupe, rien de tout
cela; dans
l'une des observations, le contenu kystique a été
fortementaltérépar
l'introduction d'éléments étrangers; dans
l'autre,la
matière sébacée, normale, blanc jaunâtre, assez
épaisse, sans
rien qui rappelle tous ces éléments si divers,
qu'on a
rencontrés dans les kystes d'autres régions.
Au milieu de cet amas, pas de
vaisseaux
;le contenu des
kystes
est indépendant de la circulation générale. Si Mayor
a trouvédans sa tumeurdes
vestiges de capillaires sanguins,
c'est que ces
canalicules
sesont formés secondairement
après prolifération des éléments épithéliaux.
Etude
microbiologique.
—L'examen microscopique per¬
met encore de faire l'étude
microbiologique du contenu des
kystes
dermoïdes. Poncet
enavait eu le premier l'idée; après
lui, Garré fit les mêmes
recherches, mais elles restèrent in¬
fructueuses. Verueuilet Clado
trouvèrent
pourla première
fois dans des kystes en
voie d'accroissement des micro-orga¬
nismes. M. Lannelongue, sur
9 kystes examinés, n'a
puob¬
tenir decultures de microbes que2 fois,
et
encoreest-il
pro¬bable que dans
les
2 casles kystes avaient été en rapport
avecl'extérieur par
des fistules.
Nous avons fait pratiquer
l'examen bactériologique de la
matière sébacée du kyste
qui fait l'objet de notre observa- '
tion
personnelle
;des ensemencements successifs sur gélose
et sérum
gélatinisé
ontdonné naissance à des colonies de
staphylocoque
blanc.
2° Fistules.
Des trois observations qu'il nous a
été permis de réunir,
de fistules congénitales
de la lèvre supérieure,
uneseule
con¬tient un examen histologique complet.
G. Feurer dit bien
que ces fistules sont
constituées
« parle défaut de coales-
cence