HAL Id: jpa-00207225
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Submitted on 1 Jan 1972
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Apport du dichroisme circulaire a la connaissance des modifications structurales de l’hémoglobine en solution
au cours de la fixation de l’oxygène
G. Melki
To cite this version:
G. Melki. Apport du dichroisme circulaire a la connaissance des modifications structurales de
l’hémoglobine en solution au cours de la fixation de l’oxygène. Journal de Physique, 1972, 33 (1),
pp.37-47. �10.1051/jphys:0197200330103700�. �jpa-00207225�
APPORT DU DICHROISME CIRCULAIRE A LA CONNAISSANCE DES MODI-
FICATIONS STRUCTURALES DE L’HÉMOGLOBINE EN SOLUTION AU COURS
DE LA FIXATION DE L’OXYGÈNE
G. MELKI
Service de
Cardiologie, Hôpital Émile Roux,
94 2014 Limeil-Brevannes(Reçu
le 6 novembre1970,
révisé 12juin 1971)
Résumé. 2014 L’intensité et la position des bandes de dichroïsme circulaire de la molécule d’hémo-
globine sont étudiées pour la forme oxyhémoglobine et la forme désoxyhémoglobine. Elles sont
aussi comparées avec celles de chaînes 03B1 et 03B2 oxygénées et désoxygénées.
Une étude analytique des résultats obtenus est ensuite entreprise en vue d’apprécier la part due
au couplage entre les différentes transitions électroniques sur les modifications des bandes spectrales
observées en dichroïsme circulaire lors du passage de l’oxy- à la désoxyhémoglobine. L’importance
de ce couplage, déjà souligné par différents auteurs, nous a amené à comparer non plus l’ellip- ticité des bandes mais leurs forces rotatoires respectives. Ceci nous a permis de souligner combien
toute
interprétation
structurale se fondant sur une variation d’intensité d’une seule et même bandedichroïque doit être avancée avec beaucoup de
prudence
et en tous cas après avoir tenu compte des modifications d’intensité des autres bandes spectrales.De cette étude comparative et analytique nous pouvons conclure que certaines des variations du spectre de dichroïsme circulaire de l’hémoglobine au cours de la fixation d’oxygène, notamment celles de bandes ultraviolettes bien déterminées, sont très certainement dues à des modifications de la structure tertiaire de la protéine induites par la fixation du ligand.
Abstract. 2014 Intensities and positions of circular dichroism bands of haemoglobin molecule are studied for the oxyhaemoglobin form and the desoxyhaemoglobin form. They are also compared
with those of the oxygenated and desoxygenated 03B1 and 03B2 chains.
Then an analytical study of the experimental results is undertaken in order to appreciate the
part
of the coupling between the different electronic transitions, to the modifications of
spectral
bandsobserved in circular dichroism during conversion of oxy- to deoxy-haemoglobin. The importance of
this coupling, already pointed out by different authors, have incited us to compare, not only the ellipticities of the bands, but also their respective rotational strengths. That permit us to underline how a structural interpretation, founded on intensity variations of only one dichroic
band,
must beproposed
with a great caution and always after taking into account the intensity modifications of the other spectral bands.By this comparative and
analytical
study, we can conclude that some variations of the dichroic spectrum of haemoglobin occuring during the fixation of oxygen, notably those of the well determi- ned ultraviolet bands, are certainly due to modifications of the tertiary structure of the protein,induced by the fixation of ligand.
Classification Physics Abstracts ;
22.10
Introduction. - Les modifications conformation- nelles de la molécule
d’hémoglobine
induites parl’oxygénation
ont été bien démontrées par cristallo-graphie
aux rayons X(Perutz) [1]
ainsi que par d’autresprocédés [2].
Ces modifications conformationnelles sont àl’origine
duphénomène
decoopération
inter-héminique
bien connu del’hémoglobine
etexpliquant
les caractères de la
cinétique
de réaction de l’hémo-globine
avecl’oxygène ;
seproduisant
essentiellementen
solution,
elles sont difficiles à suivre par lesprocédés cristallographiques
etpeuvent
êtreplus
aisémentétudiées
grâce
aux méthodes faisantappel
à lapola-
risation rotatoire. Dans le cas de
l’hémoglobine,
ondistingue
troisgrands
types d’effets Cotton. Les effets Cotton dits« intrinsèques » [3] qui
ont lieu en ultra-violet lointain entre 250 et 180 nm ; dus au chromo-
phore peptidique,
ilspermettent
de mesurer le tauxd’alpha
hélice[4], [5].
Les effets Cotton dits « latéraux » peuvent s’observer entre 350 et 250 nm, ils sont dusaux acides aminés
aromatiques
ou soufrés. Enfin,les effets Cotton dits
« extrinsèques » [8]
sont dus àl’hème et peuvent servir à caractériser
l’asymétrie
de
configuration
de l’hème avec la chaînepolypep- tidique
avoisinante.Plusieurs travaux ont
déjà
étéentrepris
endisper-
sion
optique
rotatoire et en dichroïsme circulaire en vue d’obtenir desrenseignements
sur la fixationd’oxygène
par la moléculed’hémoglobine.
Dans leproche
U.V., Beychok [9]
a initialementpublié
les spectres de dichroïsme circulaire des formesoxygénées
et
désoxygénées
et aussi des chaînesisolées ;
cetteétude est fondamentale car elle fut la
première
à apporter desrenseignements
intéressants en mon-trant
l’importance
de la contribution des transitions-Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0197200330103700
héminiques
dans cetterégion spectrale (bande
à260
nm)
etégalement
des interactions des chaînes.Une série de travaux a suivi dans le même
domaine ;
Li et Johnson
[10]
ont étudié l’activitéoptique
desbandes
héminiques
del’oxy-,
de ladésoxyhémoglobine
ainsi que différents dérivés de
l’hémoglobine
liés àplusieurs ligands
et ont recherché une corrélation entrel’amplitude
des bandes et les momentsmagnétiques
des molécules. Ueda et coll.[11] ont pré-
senté aussi les spectres de D. C. de
l’Hb, Hb02
etHbCO et des chaînes en détaillant surtout la
région
visible et la
région
duproche
U. V.Sugita
et coll.[12]
ont
publié
les spectres del’oxy-
et de ladésoxyhémo- globine
humaine et delamproie
dans larégion
deSoret,
dans leproche
U. V. et dans le lointain U. V.En marge de ces
problèmes
de fixationd’oxygène,
Strauss et coll.
[13]
ontenregistré respectivement
lesspectres de D. 0. R. et de D. C. de
l’oxyhémoglobine
et ont recalculé le spectre de D. 0. R.
théorique
enfonction du spectre de D. C.
expérimental
et viceversa.
Tous ces travaux viennent
compléter
une série derésultats observés en
dispersion optique
rotatoire[14], [15]
et apportent uncomplément
d’information par la finesse et lacomplexité
moinsgrande
des spectres de dichroïsme circulaire que vient encore améliorer leperfectionnement
des modèles commerciaux dedichrographes.
Cependant
aucun travail à notre connaissance neprésente
le spectre de dichroïsme circulaire de ladésoxy-
et de
l’oxyhémoglobine
lelong
de la gammespectrale
allant de 615 à 180 nm, gamme autorisée par les
appareils
actuels.Or,
seules les mesures desparamètres
des bandes
dichroïques
du spectre des deux variétésd’hémoglobine,
sur unlarge
intervallespectral,
sontsusceptibles
de permettre uneinterprétation
structu-rale valable. En
effet,
la discussion d’une variationd’amplitude
d’une même bandedichroïque,
pour êtreinterprétée
en termes de structure ou deconformation,
nécessite la
comparaison
de cette variation aveccelles des autres bandes
spectrales
mesurées de lamême manière c’est-à-dire sur le même échantillon dosé
préalablement,
avec le mêmeappareil,
avecla même verrerie et par le même
expérimentateur.
Un tel
procédé
estimportant
actuellement d’autantqu’on
connaît mieux lasignification
des bandesdichroïques
del’hémoglobine.
En outre, il est
difficile,
en se référant aux travauxantérieurs
cités,
de comparer lesellipticités
de deuxbandes
dichroïques
situées dans des domaines spec-traux différents. En effet les valeurs des
ellipticités
sont rarement concordantes car d’une
part
elles sontexprimées
bien souvent en unités différentes d’un auteur à l’autre sansqu’il
soitpossible
d’en fairel’interconversion,
d’autrepart
on observe de notables fluctuations sur les valeursd’ellipticités
d’un travailà
l’autre, peut-être
en rapportégalement
avec unchoix différent des coefficients d’extinction de l’hémo-
.globine
trouvés dans les tables etresponsable
d’unecertaine erreur sur la valeur de la concentration des échantillons.
C’est ce
qui
nous a amené àpratiquer
une sériede spectres en dichroïsme circulaire de
l’hémoglobine
entière et des chaînes oc
et fl
isoléesoxygénées
etdésoxy- génées
lelong
de la gammespectrale
600-185 nm.Le dichroïsme circulaire a
l’avantage
sur ladispersion optique
rotatoire de donner des effets Cotton nepré-
sentant
qu’un
seul extremumpositif
ounégatif
ainsique des bandes
beaucoup
mieux résolues[16].
Pour effectuer la
comparaison
des variations des bandesdichroïques
d’une formed’hémoglobine
àl’autre nous avons
comparé
différentesgrandeurs
caractérisant les bandes :
-
l’ellipticité
maximum de la même bande pour chacune des deux variétés moléculairesexprimée
selon la même unité
(degré . cm2 /décimole
d’acideaminé),
- la surface
comprise
souschaque
bande entrele spectre et la
ligne
debase,
- la mesure
approchée
des forces rotatoires des bandes. En raison del’aspect particulier
du spectredichroïque
del’hémoglobine (comme
nous allons levoir
ci-dessous),
formé de bandesgroupées
dans desdomaines spectraux limités avec de
larges
intervallessans
absorption dichroïque
ainsi que de laquasi-
inexistence de bandes de sens inverse et
qui
se chevau-chent,
nous avons mesuréplus
exactement la sommealgébrique
de chacune des composantesgaussiennes
du spectre dans un domaine limité. En dehors des cas
où le spectre est
complexe
chacune des valeurs obte-nues est en réalité
largement représentative
d’unebande
dichroïque principale.
Matériel et méthodes. -
1)
PRÉPARATION DESÉCHANTILLONS. - Les solutions
d’hémoglobine
sontpréparées
parpurification
au toluène selon la méthodede Drabkin
[17] ; l’hémolysat
estcentrifugé
uneheure à 15 000 g avant son utilisation ultérieure. La
préparation
des chaînes aet /3
s’effectue de la manière suivante. Laglobine
soluble àpH
7 estpréparée
en vuede la
séparation
des chaînes par l’acétone-acide acé-tique
à froid selon la méthode de Anson etMirsky [18] ]
modifiée par Schroeder
[19],
et en effectuant la neutralisation pardialyse
defaçon
lente(2 heures)
et
progressive.
Laglobine (300 mg)
est dissoute ensuitedans 10 ml de tampon
phosphate 0,05
M contenant 8 M d’urée et0,05
M demercaptoéthanol.
Le tamponest
ajusté
àpH 6,7
par l’acidephosphorique. Après dialyse
de 3 heures contre ce tampon, l’échantillon deglobine
estchromatographié
sur colonne de car-boxyméthylcellulose
et élué par ungradient
depH
selon latechnique
deOlegg, Naughton
et Weatherall[20].
Après élution,
les chaînes sont collectées etdialysées
contre de l’eau contenant
0,1
M de NaCI etpassées
sur colonne de
Séphadex
G 25équilibrée préalable-
ment avec la même eau salée en vue d’éliminer les
phosphates.
Chaque
échantillon est ensuitedialysé
et concentrécontre une
grande quantité
d’eau contenant dupoly- vinyl pyrolidone.
Tous lesproduits
examinés enspectroscopie
sont dilués dans de l’eau distilléeajustée
à
pH 7,
parNaOH ;
lepH
estsoigneusement
contrôléimmédiatement avant l’obtention d’un spectre.
2)
DÉSOXYGÉNATION. -L’oxygénation complète
sefait évidemment en
agitant
les solutions à l’air. Ladésoxygénation
s’obtient en faisantbarboter,
dans unecuve de verre fermée par un bouchon de
caoutchouc,
un courant d’azote amené à l’intérieur de la solution par une
aiguille ;
une autreaiguille
assure la sortiedu gaz ; la
désoxygénation
totale nécessite au moinsune demi-heure. Les échantillons sont
prélevés
parune
aiguille
fine montée sur uneseringue
«Plastipak » remplie puis
vidée d’azote. Ils sont introduits dans les cuves de quartz pour examenspectroscopique ;
ces cuves
possèdent
un collet surlequel
estadapté
un bouchon de caoutchouc à fermeture
hermétique ;
deux fines
aiguilles
traversent cebouchon ;
les cuvessont soumises d’abord à un courant
d’azote ;
l’intro- duction de l’échantillon se fait par uneaiguille longue qui
est montée sur laseringue
etqui
peutpénétrer profondément,
même à l’intérieur de la cuve de 1 mm detrajet optique.
Ladésoxygénation complète
estobtenue d’une part
quand
la solution est décoloréeuniformément et de manière
homogène
et d’autre partlorsque
la densitéoptique
à 560 nm atteint unevaleur maximale en
plateau.
La méthode
classique [15] qui
consiste à réduirel’hémoglobine
au moyen de dithionite(Na2S204)
nous a donné des résultats semblables mais nous
préférons
ladésoxygénation
à l’azote de manière à diminuer lesrisques
de dénaturation.3)
MATÉRIEL DE SPECTROSCOPIE. - C’est la mêmecuve de quartz
Suprasil
de 1 mm detrajet optique qui
nous a servi pour toutes les mesures en ultraviolet lointain sur leDichrographe
et la même cuve de 1 cmpour celles dans le visible et le
proche
U. V.Les spectres
d’absorption
sont réalisés surappareil
UNICAM étalonné
soigneusement
avantchaque
mesure.
Les concentrations
d’hémoglobine
sont évaluéesspectrophotométriquement
en prenant comme coeffi-cient
d’absorption
a540 =0,85 ml/(mg
xcm) [16],
contrôlé
cependant
au moyen de la solution étalon du C. N. T. S.Le pourcentage de
l’oxyhémoglobine
est donné par la formule :où
DHb02’ DHb et
D sontrespectivement
les densitésoptiques
à 560 nm del’hémoglobine oxygénée,
del’hémoglobine complètement
réduite par du dithio- nite et del’hémoglobine
étudiée.Les spectres de dichroïsme circulaire sont
enregis-
trés
grâce
à unappareil
JouanRoussel,
modèle CD 185équipé
d’unelampe
au xénon. La différence des coeffi- cients d’extinction des composants droit etgauche
est calculée par la formule :
d est la déviation
enregistrée
en mm,s la sensibilité
utilisée,
c la concentration en grammes par
litre,
1 est le
trajet optique
de la cuve en cm,M est la masse moléculaire moyenne par résidu d’acide
aminé ;
elle estprise égale
à107,3, 108,7
et108
[21] ] respectivement
pour leschaînes,
et pourl’hémoglobine
entière.L’ellipticité
est donnée par la formule[16] :
[0]
estexprimé
endegré
xcm’/décimole
d’acideaminé.
L’étalonnage
del’appareil
se fait avec une solutionde testostérone dans l’éthanol dont le Ae connu à
216 nm est égal à 218
± 10.La vitesse
d’enregistrement
des spectres est choisie très lente(réglage
« OA ou OB»)
de sorte quechaque
cm de
papier représente
5 ou 10 nm. Dans l’ultraviolet lointain nous utilisonstoujours
la vitesse laplus
lente
(7,25 nm/minute).
L’erreur relative sur lesdéviations extrêmes est de 2
%
et un peuplus
forteau-dessous de 210 nm en raison de la tension
imposée
à
l’appareil.
Les courbesprésentées
sont la moyenne de 5 spectres établis avec la même variété moléculaire mais au moyen d’échantillons différents.Nous
soulignerons
lalongueur
et la difficulté desmanipulations
en anaérobie surtout pour l’étudedichroïque,
car en raison des fortes différences d’ab-sorption,
la cuve utilisée pour le dichroïsme en ultra- violet lointain doit être de 1 mm et celle pour lesmesures de saturation en
oxygène
à 560 nm, de 1 cm.L’utilisation d’une même cuve pour toutes les
mesures dans chacun de ces deux domaines spectraux permet de meilleures
comparaisons.
Mesure des forces rotatoires.
Une
première
méthode consiste à utiliser la méthoded’intégration
enappliquant
les formulesclassiques
relatives aux forces rotatoires. Ainsi la force rotatoire d’une bande k est donnée par la formule
[22] :
dans
laquelle NA
est le nombred’Aogadro,
h la cons-tante de Planck et c la vitesse de la
lumière,
cetteformule est valable
lorsque
l’effetdichroïque
estexprimé
enellipticité molaire ;
en unités C. G. S.cette formule devient :
Les valeurs sont données habituellement en ergs x
cm’
x radian ou en Biot(1
Biot =10-40
unité C. G.
S.).
La force rotatoire
Rk
s’obtient donc en calculantl’intégrale
des courbes :Pour un groupe de
transitions,
la sommealgébrique
des forces rotatoires des bandes dans le domaine où a
lieu
l’absorption dichroïque
est évaluée parintégration
de la formule
précédente
entre deuxlongueurs
d’ondequi
limitent l’intervalled’absorption.
Une autre méthode consiste à
décomposer
le spectreen
gaussiennes.
Si l’on assimile en effet une bande àune
gaussienne, l’expression
de la force rotatoirese
simplifie
etl’ellipticité
est alors donnée par la formule :où
[0]1
estl’ellipticité
dumaximum, Âo
lalongueur
d’onde
correspondante
etAk
lademi-largeur
de bandeà l’ordonnée
e-’
du sommet de la bande.Après
substitution de cette
expression
dans la formulepré-
cédente donnant
Rk, l’intégrale
sesimplifie
et l’onobtient en unités C. G. S. :
ceci permet une évaluation
rapide
des forces rotatoires pour des bandesapproximativement gaussiennes.
Il est bien entendu nécessaire pour
chaque
intervalled’absorption dichroïque
dedécomposer
le spectreen
gaussiennes, lorsque
lespectre
revêt une allurecomplexe.
Résultats. - Les résultats
qui
suivent comportent les spectresd’absorption
et de dichroïsme circulaire des formesoxygénées
del’hémoglobine
et de chacunedes chaînes a et
fl,
ainsi que des formesdésoxygénées.
Il sera établi une
comparaison
des différents spectres dans un double but. D’unepart, analyser
les carac-téristiques
duspectre
d’une même formed’hémoglo-
bine avec celles des chaînes
correspondantes isolées,
de manière à savoir si l’interaction des chaînes a
et fl
dans la molécule entière comporte une traduction
spectrale ;
dansl’afhrmative,
observer si cette tra- duction estplus significative
pour les formesoxygé-
nées ou pour les formes réduites. D’autre part, obser-
ver et mesurer les variations des forces rotatoires des bandes
dichroïques
seproduisant
lors du passage de la formecomplètement oxygénée
à la formecomplètement réduite,
d’un même échantillon molé- culaire.RÉSULTATS OBTENUS SUR L’HÉMOGLOBINE ADULTE
NORMALE ET DES CHAINES a ET
p.
-a) Spectreî
obtenusdans le domaine visible
(600-460 nm).
- Lafigure
1représente
les spectresd’absorption
del’oxyhémo-
FiG. 1. - Spectres d’absorption de l’oxyhémoglobine (-)
et de la désoxyhémoglobine (- - -) de 460 à 600 nm ; c = 1,20 mg/
ml, trajet optique 1 cm, solvant H20 à pH 7, température 20 °C ; le coefficient d’absorption a est exprimé en ml/(mg x cm).
globine
et de ladésoxyhémoglobine.
Lapremière présente
deuxpics d’absorption
situés à 578 et 540 nm, la seconde unlarge pic
dont le maximum est à 560 nm.La
figure
2a montre les spectresdichroïques
deFIG. 2a. - Spectres d’ellipticité de l’oxyhémoglobine (-),
des chaînes a (- -) et,8 (- -) oxygénées, et moyenne arithmé- tique (+ +) pour les chaînes a et fl (mêmes conditions expéri-
mentales que Fig. 1), l’ellipticité [0] est exprimée en degré x cm2 j
décimole.
l’Hb02
et des chaînes ocet fl oxygénées. L’Hb02 présente
deux bandesdichroïques positives
à 578 et540 nm et une bande
négative
à 520 nm. Les deuxchaînes
oxygénées présentent
deuxpics positifs
situésaux mêmes
longueurs
d’onde quel’Hb02,
mais lachaîne a, contrairement à la chaîne
[3,
neprésente
pas depic négatif
à 520 nm.La
figure
2b montre les spectresdichroïques
deFIG. 2b. - Spectres d’ellipticité de la désoxyhémoglobine (-)
des chaînes a (- -) et fl (- · -. -) oxygénées et moyenne arithmé-
tique (+ +) pour les chaînes a et 8 (mêmes conditions expéri-
mentales que Fig. 2a).
l’hémoglobine désoxygénée
et des chaînes a etp désoxy- génées ;
tous troisprésentent
un effet Cottonpositif
étalé et dont le maximum est situé à 560 nm ; sur celui de la
première
on peut observer unépaulement
vers510 nm.
Il est intéressant de constater que
l’ellipticité
dela chaîne oc est
plus grande
que celle de la chaînefl,
aussi bien pour la forme
oxygénée
quedésoxygénée.
Si le spectre de la
désoxyhémoglobine
reste très voisinde la courbe de la moyenne
arithmétique
des chaînesdésoxygénées,
il n’en est pas de même pour les formesoxygénées ;
eneffet,
on peut remarquer dans ce cas que les deux courbes s’entrecroisent à 560 nm, 520 nm et 480 nm, etprésentent
des différencesplus marquées
que dans le cas
précédent.
Si les
ellipticités
sont du même ordre degrandeur
pour les formes
oxygénées
etdésoxygénées,
les forcestotales rotatoires des bandes situées au-delà de 500 nm sont
différentes ;
le rapport des forces rotatoiresdésoxy-Hb/oxy-Hb
estégal
à1,95 (voir
TableauI).
b) Spectres
obtenus dans larégion spectrale
460-360 nm. - Les spectres
d’absorption
des formesoxygénées
etdésoxygénées
del’hémoglobine
dansce domaine
spectral (Fig. 3)
sont très voisins l’un deFIG. 3. - Spectres d’absorption de l’oxyhémoglobine (-),
et de la désoxyhémoglobine (2013 ’ -), de 330 à 460 nm ; c = 1,2 mg/
ml, trajet optique Imm, solvant H20, à pH 7, température 20 °C.
Le coefficient d’absorption exprimé en ml/(mg x cm).
l’autre. On y observe le
pic d’absorption important
à 410 nm
qui correspond
à la bande de Soret.Les spectres de dichroïsme circulaire des
hémoglo-
bines
oxygénées
etdésoxygénées présentent
unedifférence
marquée spécialement
vers 420 nm oùl’ellipticité
de la formedésoxy prend
une valeur trèsintense par rapport à celle de la forme oxy.
Les spectres de dichroïsme de
l’Hb02
et des chaînes aet fl oxygénées
sontreprésentés
sur lafigure
4a.FIG. 4a. - Spectres d’ellipticité de l’oxyhémoglobine (-),
des chaînes a (- -) et P (-. -) oxygénées et la moyenne
arithmétique (++) pour les chaînes a et P entre 340 et 460 nm (mêmes conditions expérimentales que Fig. 2a).
L’oxyhémoglobine présente
un maximum à 420 nm,la chaîne a à 415 nm et la chaîne
fi
à 420 nm. Il estintéressant de remarquer ici
aussi, l’ellipticité plus importante
de la chaîne a que celle de lachaîne fi ;
en outre, un effet Cotton
négatif
à 390 nm est retrouvépour
l’hémoglobine
et pour la chaînefi
mais pas pourla chaîne oc.
Les spectres des formes
désoxygénées
de l’hémo-globine
et des chaînes a etfi
sontprésentés figure
4b.FIG. 4b. - Spectres d’ellipticité des formes désoxygénées des
mêmes molécules que figure 4a, avec des notations semblables.
On peut remarquer en
particulier l’importance
del’ellipticité
à 422 nm de ladésoxyhémoglobine
par rapport à celle des deux chaînesséparément
et à leurmoyenne
arithmétique.
Le rapport des forces rotatoires de la
désoxyhémo- globine
à celui del’oxyhémoglobine
est trouvéégal
à
1,20 ;
ici encore, tout comme pour les bandes obser- vées dans levisible,
ce rapport est nettementsupé-
rieur à 1
(voir
TableauI).
c) Spectres
obtenus dans leproche
ultraviolet(250
nm-360nm).
- Les spectresd’absorption
desdeux formes
d’hémoglobine présentent
tous deuxdeux
pics d’absorption (Fig. 5) ;
l’un est situé à 265 nm,FIG. 5. - Spectres d’absorption de l’oxyhémoglobine (-)
et de la désoxyhémoglobine (2013’2013), entre 250 et 370 nm ;
c = 3 mg/ml, trajet optique 1 cm solvant H20, à pH 7, tempé-
rature 20 °C. Le spectre de la désoxyhémoglobine est très voisin.
l’autre à 345 nm. Ce dernier
présente
un coefficient d’extinctionlégèrement
inférieur auprécédent.
En dichroïsme
circulaire,
on remarque l’absence de toute activitéoptique
entre 360 et 310 nm, aussibien pour les formes
oxygénées
que réduites des molécules étudiées.Par contre, au-dessous de 310 nm, on observe une
intense activité
optique ;
les effets Cotton observés icicorrespondraient
essentiellement à des transitionsélectroniques
sur les noyauxaromatiques
latérauxde la chaîne
polypeptidique (Blout ) [3].
Les spectres
dichroïques
des formesoxygénées
del’hémoglobine
et des deux chaînes(Fig. 6a)
montrentune
légère
bandepositive
située à 300 nm, et une trèsample
bandepositive
de forme très arrondie dont le maximum est situé vers 265 nm.FIG. 6a. - Spectres d’ellipticité de l’oxyhémoglobine (-)
des chaînes ce (- -) et 8 (2013’2013) oxygénées et la moyenne
arithmétique (+ +) des chaînes a et 18
(mêmes
conditions expé-rimentales que (Fig. 5) entre 240 et 300
nm).
On pourra remarquer
l’importance
de la surfacesous-jacente
à la bande à 265 nmqui
est biensupé-
rieure à celle observée
plus
haut pour la bande à 420 nm. Là encore le spectre del’hémoglobine
s’écartenettement du tracé de la moyenne
arithmétique
desdeux
chaînes,
notamment entre 300 et 280 nm.Les spectres
dichroïques
des formesdésoxygénées
des mêmes molécules
(Fig. 6b) présentent
tous uneFIG. 6b. - Spectres d’ellipticité des formes désoxygénées des
mêmes molécules que figure 6a, avec des notations semblables.
forte bande
positive
à 265 nm ; la bandepositive
à 300 nm est extrêmement faible. Une bande
négative
située à 290 nm se retrouve pour la
désoxyhémoglobine
et pour la
chaînes
mais pas du tout pour la chaîne a.Il est très
important
de remarquerqu’ici l’ellipticité
du
pic
à 265 nm de la formedésoxygénée
est bieninférieure à celle de la forme
oxygénée.
Le rapport des forces rotatoiresrespectives
est, eneffet, égal
à
0,59,
àl’opposé
de ce que nous avons pu observerplus
haut dans le domaine du visible et de la banded’absorption
de Soret.d) Spectres
obtenus en ultraviolet lointain(au-
dessous de 250
nm).
- Les spectresd’absorption
de
l’hémoglobine
montrent l’existence d’uneabsorp-
tion extrêmement intense au-dessous de 250 nm ; il est
possible cependant,
en utilisant des solutionsaqueuses suffisamment
diluées,
de descendre au- dessous de 200 nm.Les spectres de dichroïsme circulaire des formes
oxygénées
montrent, comme pour lespolypeptides
en a hélice
droite,
un minimum à 222 nm, un second minimum à 209 nm, chevauchant avec leprécédent (Fig. 7),
ainsiqu’un pic positif important
à 195 nm.L’ellipticité
del’hémoglobine
à 222 nm estégale
à33 000
degrés. cm2/décimole,
cequi
permet d’évaluerson hélicité à environ 80
%.
La chaîne oc sembleprésenter
une hélicitélégèrement supérieure
à cellede la
chaînes (hélicité
de 82%
contre 78%).
Au cours de la
désoxygénation,
nous avons étudiél’aspect
etl’amplitude
du minimum à 222 nm ; iln’apparaît
pas de variationd’ellipticité
à 222 nm, aussi bien pour les chaînes a que pour les chaînesf3,
ainsi que pour
l’hémoglobine ; l’amplitude
et la formedes
pics
restentpratiquement
immuables à cetteFIG. 7. - Spectre d’ellipticité de l’oxyhémoglobine, de 240 à
200 nm ; c = 1,20 mg/ml, trajet optique 1 nm, solvant H20, pH 7, température 20 °C. Le spectre de la désoxyhémoglobine
coïncide avec celui-ci.
longueur
d’ondependant
l’interconversion molé- culaire.RÉSULTATS PARTICULIERS OBSERVÉS POUR CERTAINES
HÉMOGLOBINES ANORMALES. - Nous avons pu étudier
également
ladésoxygénation
deshémoglobines
anor-males S et C en dichroïsme circulaire à 222 nm. La
première
neprésente
aucune modification dupic
à 222 nm ;
cependant,
nous avons observé que la seconde(Fig. 8) présente
unelégère
diminution del’amplitude
de cepic lorsque
le pourcentage de satu- ration enoxygène décroît ; ainsi,
pour un tel pour-FIG. 8. - Modification de l’amplitude du pic dichroïque à
222 nm pour l’HbC au cours de la désoxygénation. [0]exp
est la déviation expérimentale exprimée en cm, A correspond à
l’HbC complètement oxygénée, B à un stade de désoxygéna- tion partielle et C à un stade de désoxygénation avancée. On pourra noter une diminution de 2 cm d’amplitude du pic à
222 nm en fin de désoxygénation.
centage de saturation en
oxygène
passant de 100%
à 30
%, l’amplitude
dupic
diminue de 4%,
et, pourune saturation
nulle,
cetteamplitude
a baissé de 10% ;
ces variations
d’amplitude
nous semblent être compa- tibles avec la sensibilité del’appareil
etreprésentent
une différence de hauteur du
pic
de 2 cm pour unpic
de 20 cm.
Discussion. - Des résultats
présentés ci-dessus,
il est
possible
de déduire lespoints
suivants :- il existe un certain nombre de
spécificités
spec- tralesdichroïques
des chaînes aet fi interprétables
en termes de structure ;
- l’interaction des chaînes dans la molécule entière peut avoir une traduction en dichroïsme
circulaire ;
- il est
possible d’évoquer
certaines modifications de structurespatiale
ayant lieupendant l’oxygénation,
à
l’origine
des variations de forces rotatoires de certaines bandesspectrales.
1)
SPÉCIFICITÉS SPECTRALES DICHROIQUES DES CHAI- NES OE ETfi.
- Il existe des différencesmarquées
entreles spectres
dichroïques
des chaînes aet fi
dansplusieurs
domaines spectraux. Si la structureprimaire
des deux chaînes est assez
proche,
l’existence duchromophore héminique
lié de manièreplus
oumoins
asymétrique
selon les chaînes estsusceptible
de rendre compte de
plusieurs
desphénomènes
obser-vés.
Stryer [23]
avait montré que la liaison de l’hème à unpolypeptide désorganisé, optiquement
inactifdans le
visible, s’accompagne
d’uneabsorption dichroïque
par suite de la création d’uneasymétrie
deconfiguration
au niveau de l’hème. Les spectresdichroïques
des chaînes ocet fl
diffèrent dans le visibleoù l’on a vu que la bande
négative présentée
par lachaîne fi
à 520 nm n’est pas retrouvée pour la chaîne a.Au niveau de la bande de Soret la
chaîne fi présente
une bande
positive
nettementdéplacée
vers lesplus grandes longueurs
d’onde(420 nm)
par rapport à celle de la chaîne oc(415 nm),
et unpic négatif
à 395 nmqui
n’existe pas pour la chaîne oc. En outre, des diffé-rences entre les spectres
dichroïques
de deux chaînes s’observent au niveau de la bande à 290 nm.Les différences
spectrales
des chaînes dans le visible et au niveau de la banded’absorption
de Soret font la preuve d’une différence de structureélectronique
de l’hème en rapport avec une
spécificité
conforma-tionnelle de la chaîne
peptidique
avoisinante.On pourra remarquer que la force rotatoire de la chaîne oc est constamment
plus importante
que cellede la
chaînes
pour les bandes desrégions spectrales
étudiées. Un résultat semblable avait été observé pour les constituants de la
cyan-méthémoglobine
par
Beychok [9].
2)
TRADUCTION EN DICHROISME CIRCULAIRE DEL’INTERACTION DES CHAINES DE LA MOLÉCULE ENTIÈRE. - La