FACULTE DE MEDECINE DE PARIS.
N° 285.
THÈSE
POUR
LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée et soutenue le 20 décembre 1870,
Par
GustaveGOYARD,
Né à La Clayette (Saône-et-Loire), AncienInterne desHôpitanx deLyon
,
Ancien Externe des Hôpitaux de Paris.
PLAIES PÉNÉTRANTES DE L’ARDOMEN
ET PROCÉDÉ DE SUTURE NOUVELLE
POUR LA GUÉRISON DES ANUS CONTRE-NATURE
Le Candidat répondraauxquestions qui lui serontfaitessurlesdiverses parties de l'enseignement médical.
PARIS
A.
PARENT, IMPRIMEUR DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE
31, RUE MONSIEUR—LE-PRINCE, 3î
1870
FACULTE DE MÉDECINE DE PAtUS
Doyen, M. WURTZ.
E^rot’espeurs. MM.
Anatomie • * SAPPEV.
Physiologie ^ * ®^NGhT.
Physique médicale. ...a.., GAVAnnhl.
Chimie organiqueetchimie minérale WURTZ.
Histoire naturelle médicale RAILLON.
PathologieetIhérapeutiouegénérales CHAUrrAKi>»
,AXENFELb.
Pathologiemédicale .
jHARDY.
Pathologie chirurgicale f
veRNKuÎl.
Anatomie pathologique VULFlAîft.
Histologie *» •. ROBIN.
Opérations el appareils. DENONVILLIKIU
Pharmacologie. REGNAULD.
Thérapeutique eL matière médicale GUBLER.
Hygiène. BOUCHABDAT.
Médecine légale TARDIEU.
Accouchements, maladiesdesfemmesencouche
etdes enfantsnouveau-nés.
Histoirede laMédecine etde laChirurgie Pathologie comparée etexpérimentale. .
Clinique médicale.
PAJOT.
DAREMBERG.
BROWN-SÉQUARD.
Chargéde cours.
,BOUILLAUb.
SÉE(G.).
LASÈGUR.
I BEH1EB.
, LAUGIER.
Clinique cliiruig,cale GOSSELIN.
BAILLY. MM. DE SEYNES. MM. ISAMBERT.
BALL. DESPLATS. JACCOUD.
BLACHEZ. DUPLAY. JOULIN.
BUCOUÜY. FOURNIER. LABBÉ (Léon).
C0RN1L. GRIMA.UX.. LEFURT.
CRUVEiLHlER. GUYON. LUTZ,
. PANAS.
MM.
'iBROGA.
'RICHET.
Clinique d’aecouchemenls DEPAUL.
Doyen honoraire, M.le Baron Faul DUBOIS.
Professeurs honoraires •
MM. ANDRAL, le baron Jules (ÎLUQUET, CRUVEILH1ER, DUMAS et NÉLATON.
Agrésés en exercice.
PAUL.
PÉR1ER PETER POLAILLON PROUST.
RAYNAUD.
TILLAUX.
Agrégés libres charges de cours complémentaires.
clinique des maladies dela peau MM.N
des maladies des enfants ROGER.
—
des maladies mentaleselnerveuses N.de rophlhalmologie TRÉLAT.
chef des travauxanatomiques Marc SÉE.
(Examinateurs de la thèse.
MM. SAPPEY, Président
:
GOSSELIN, PÉRIER, BALL.
M.LE FILLEUL, Secrétaire.
Pardélibérationdu7décembreI79SJ’hculca arrêtéquele«opinion*émîtes dansles ditsertationt quilui seront présentées doireut être considérées,Domine propresilourt au'eurt,et qu’ellen’entend leur donner aucuneapprobation ni improbation
A LA
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
de
1870.331
rïviK [ÜÇKI
'à
.0f8i h
.
INTRODUCTION
Je ne chercherai pasàfaire
une
histoirecomplète des plaies pénétrantes de l'abdomen; je ne
veux
pas
non
plus les passer toutesen revue au pointde vue de la diversité des causes qui les produisent.Je
me
bornerai simplement à présenter quelques considérationset à rapporter quelques observations sur celles qui sont produites par les projectiles de guerre, et, plus particulièrement,surcelles qui in- téressent le canal intestinal.A
cette époque, où denombreux
blessés sont déjà plus ou moinsgravement
frappés, où l’on peut croire que la lutte engagée avecacharnement
entre deux nations puissantes et résolues se prolongera longtempsencore, le chapitre de ce g*enre de bles- sures estun
de ceux certainement qui méritent le plus vif intérêt. Outre que la science pure peut s’enrichir, par l’observation des faits, de données nouvelles, c’est,un
sujetd’unepalpitante sollicitudede chercher à conjurer des accidents mortels ou à hâter
une
guérison tardive chezceuxquiont long- temps désespéré de lavie ou de la santé.1870
—
Goyard At i j ,i i * U n ï\
*
J - 'V >ti'\ I
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PLAIES PÉNÉTRANTES
DE L’ABDOMEN
ET PROCÉDÉ DE SDTÜRE NOUVELLE
POUR LA GUÉRISON
DES ANUS CONTRE-NATURE
DIVISION.
Quelques vues d’ensemble sur la question
me
permettront d’abord d’envisag*er quelle opinion générale on esten droit de se faireaujourd’hui sur
les plaies pénétrantesdel’abdomen.
J’examinerai ensuite successivement les
deux
catégories dans lesquelles on peut ranger ces plaies :
1° Les unes simples ou réputées telles, qui peu- vent se guérir sans intervention chirurgicale;
2° Les autres compliquées, c’est-à-dire qui s’ac-
compagnent
d’accidentsimmédiats. Celles-ci néces- sitent diverses opérations,et le choix delaconduite à tenir est lepoint important de leur étude. Faut-il tenter lemoyen
le plus simple et leplus rapide de guérison et se confier presque aveuglémentaux
forces réparatrices de l’organisme?
Ou
bien faut-il—
8—
s’avancerindirectement, mais peut-être plus sûre- ment, vers le succès? Mettre à contribution la pa- tience
du
malade, les soins de ceuxquil’entourent et lesressources toujours croissantes de la science?C’est à résoudre ce problème difficile que peuvent
mener
l’étude des faits et les considérations de phy- siologie pathologique.PLAIES PÉNÉTRANTES EN GÉNÉRAL.
On
s’est fait de tout tempsune
idée terrible des blessures qui ouvrent plus ou moins largement la cavitéabdominale. Les gensdu monde
ont sur ellesun jugement
arrêté, c’est qu’elles sont inévitable-ment
mortelles. Bien longtemps les chirurgiens ont pensé là-dessuscomme
les personnes étran- gères à la science. Jusqu’à notre siècle, la plupart de ceux qui ont écrit sur les plaies d’intestins se sont accordés à les regardercomme
au-dessus des ressources de l’art, bien que bonnombre
de cas, suivis de g’uérison, se trouvent disséminés dans leurs observations. Des malades dont l’abdomen avait étégravement
lésé, traversé de part en part, guérissaient néanmoins.On
considérait ces faitscomme
des coups heureux; rien de plus ; on n’al- lait pas plus loin.Depuis lors, les travaux de nos grands chirur- giens français et de
nombreux
observateurs, de Dupuytren, de Sabatier, de Larrey, de Boyer, de—
9—
Jobert, de Baudens, sont venus éclairer la physio- logie pathologique de ces sortesde plaies.
On
apu
ainsi entrevoir assez nettement les
phénomènes
réparateurs qui se succèdent pouramener
la gué- rison, et il aétépermis,un
cas étantdonné, defon- der des espérances raisonnées sur la terminaison heureuse de lamaladie.Toutefois, malgréceprogrès considérable réalisé
dans la science, il est aujourd’hui encore bien des médecinsqui, dominés par une idée
vague
degra- vité exceptionnelle, ou influencés par le préjug’écommun,
sont disposés à regardercomme
perdu le blessé qu’on rapporte dans ces fâcheuses condi-tions. Il n’en est rien, pourtant; car il n’est pas rare devoir tantôtles
moyens
chirurgicaux réparer avec succèsles désordres lesplus inquiétants, tan- tôt la guérison s’opérer d’elle-même avec la sim-plicité et l’innocuité des plaies
communes;
il n’a fallu, dans ces cas, que des précautions plus sou- tenues et des soins plus délicats.J’ai parlédes cas de plaies pénétrantes graves de l’abdomen, et pourtant suivies de guérison, que
l’on trouve consignées dans les auteurs.
En
voici quelques-uns:On
lit, danslesMémoiresdelaSociétéd’Edimbourg,fobservation d’un jeune
homme
auquelun
forge- ron enfonçadans lapartie postérieure et inférieuredu
bassin,un morceau
de ferlong et rouge. Cet instrument sortit au-dessousdu
pubis. Les urines—
10—
coulaientpar les
deux
plaies; néanmoins ce jeunehomme
guérit à l’aide demoyens
convenables.Un
soldatde l’infanterie de ligne, reçutun
coup de fusil, dont la balle frappa le pubis, et sortit à lapartie postérieure droitedu
bassin, vers l’articu- lationdu sacrum
avec le coccyx. Desesquilles sor- tirent par la plaie postérieure, quidonna même
issue à des matières stercorales. L’ouverture anté- rieure laissa écouler de l’urine; il y avaitparalysie incomplète des
membres
inférieurs, surtoutdu
côté droit. Le malade eut danscette situation à suppor- terun
transport long et pénible, qui duraplusieurs jours et pendant lequel, il fut presque entièrement privé de secours chirurgicaux. Quatre mois aprèsil jouissait d’une très-belle santé; la plaie posté- risure était entièrement cicatrisée; l’antérieure laissait encore écouler quelques gouttes d’urine,
quand
lavessie était fortement distendue.La
chirurgie militaire de Percycontientnombre
d’exemples semblables de guérison.?
Il n’est pas sans intérêt de considérer quelle est
sur
un champ
de bataille, la fréquence relativedes blessures de l’abdomen.Une
statistique prise sur 662 blessés des combats de ces derniers jours, ceux des 29 et 30novembre
et 2 décembre donne les ré-sultats suivants (1) :
(1) Statistiquedue àAJ. le Dr Amédée LeFaure.
—
11Blessures àlajambe 221
Id. aubras 83
Id. àla main 71
Id. à la tête 53
Id. aupied 47
Id. à l’cpaule .. 46
Id. au côté, à l’aine 45
Id. àla poitrine 25
Id. au ventre 16
Id. aux fesses 15
Id. au dos 13
Id. àl’œil 10
Id. aux cuisses 9
Id. aux reins 7
Id. à l’estomac 1
Total 662
Ces chiffres nous présentent plus d’un enseigne- ment. Ils nous montrent d’abord que les blessures dans les
membres,
soit les inférieurs, soitles supé-rieurs, sont beaucoup plus fréquentes que celles
du
troncoude latête. Elles forment
un
total de422, ce qui faitque, sur 10Ublessures, ily en a 60 de celles-là. Toutes ces blessures sont justiciables de nos
moyens
thérapeutiques.Même
aveclesplus graves,si le blessé reçoit les soins suffisants, on peut tou- jours, sauf de rares exceptions
, compter sur la gmérison. Toutefois lemalade doitquelquefois ache- ter cette guérison au prix de longues souffrances, ou
même du
sacrificedu membre
blessé.A
la tête, les blessures sont représentés parun
nombre
assez considérable : 53.Parmi
elles, beau--
12—
coup ne sont
que
superficielles, ont labouré Je cuir chevelu par exemple, ouentamé
le menton, ou ef- fleuré la joue.Un
bien petitnombre
conduisent fatalement et rapidement à la mort, car lorsque ce sont les org'anes importants de cette région qui ont été lésés, les accidents sont tels que le blessé suc-combe
sur le lieumême du
combat. Quelques-unes enfin laissentaprèselles desinfirmitésplusoumoins pénibles.Les blessures de l’abdomen ne figurent que pour
le chiffre 16, ce qui fait2 à 3 pour 100. Si l’on éva- luait le
nombre
de blessuresdes différentesrégionsdu
corps, relativement à l’étendue en surface qu’of- frent ces régions, on serait doncbien loin delavé-rité.
La
raison de cetteimmunité
dontjouirait en quelque sorte la région abdominale, est facile à donner. C’estque cette partiedu
corps est celle qui trouve le plus facilement des abris contre les vio- lences extérieures. Ces abris sont detoutes sortes :d’abord les
membres
supérieurs qui vont et vien- nent au devantdu
tronc, et lui servent (souvent à leur détriment), de protection efficace. Ensuite lesarmes, lespièces d’équipement,
même
lescuirasses,qui, si on ne les trouvepas encore souvent sous les
vêtements des blessés, abondent
du
moins chez lesmarchands. Il n’est pas rare que le ceinturon fasse dévier
une
balle.Mais lefusil surtout, rendsouvent, à ce point de vue, d’excellents services à celui quile porte.
On
voit en effet, aprèsun
combat, soit entre les mains des soldats, soit sur lechamp
de—
13—
bataille, bon
nombre
de fusils dont lescrosses sont plus ou moins complètement brisées parles balles.Or, précisément la crosse est presque toujours au devant de l’abdom en,etenabriteunenotable portion
.
Enfin,lorsquelessoldatssontblessés, ilsnesont pas toujours debout, s’offrant
comme une
cible posée dechamp
sous lapluiedes projectiles. Ils sontpar-fois accroupis derrière
un
talus, ne laissant dé- passer que la tête de temps en temps, ou bien ils sont à demi couchés dansun
sillon ouun
fossé, ou plus ou moins bien dissimulés derrièreun
arbre.Dans
toutes ces postures, c’est toujours la rég-ionabdominale qui est la
mieux
garantie, soit par les abris extérieurs, soit par les autres partiesdu
corps.
Il faut ajouter enfin que, de
même
que pour larégâon céphalique, il y a dans l’abdomen des or- g’anes, les gros vaisseaux, par exemple, dont la lésion entraîne une mort rapide. Certaines plaies
abdominales échappent donc
aux
statistiques faitessur les blessés, parce qu’elles comptent dans Je re- levédes morts.
Voici une autre petite statistique que j’ai recueil- lie sur les blessés qui
me
sont passés sous lesyeux
depuislecommencement
de cette g'uerre, soitdansles ambulances provisoires établies à la hâte dans
les villages après les batailles livrées dans les Vos- ges, soit dans les ambulances plus confortables
aménagées
dans Paris depuis son investissement.Elleporte exclusivement surles lésionsde larégâon
1870.
—
Goyard . °—
14-
abdominale. Elle
donne un
aperçu grossier, mais exact de la mortalité qui résulte de ces sortes de blessures.Sur 24 cas,
Plais pénétrantes 18
Plaies nonpénétrantes 6
Parmi
les blessés atteints de plaiespénétrantes;Sont morts danslajournée 2
Sont morts dansles trois premiersjours 7 Sont morts dansles dix premiersjours 2 Sont dans une situation qui permet d’espérer la
guérison 1
Sont en voiede guérison 3
Parmi
les blessés atteints de plaiesnon
péné- trantes;Un
présenteune
blessure en séton qui alabouréles muscles et
donné
lieu àune
péritonite.Chez deux, la balle a creusé
un
sillon assez pro- fond pour faire craindre des complications inflam- matoires desorg'anesvoisins.Les trois autres présentent des blessures sans gravité.
Ces recherches sont certainement incomplètes, en ce sens queles malades qui n’ont pas
succombé
n’ontpasété suivisjusqu’àleur complèteg'uérison;
cependant elles montrent que le blessé n’est pas toujours mortellementfrappé. Et
comme
les casqui guérissentnesont pas toujoursceuxqui se présen-— la-
tent avec les apparences les plus bénignes, le chi- rurgien doit toujours,
quand
le malade n’est pas rapidement emporté, agircomme
en vue d’une guérison certaine.PLAIES PÉNÉTRANTES SIMPLES.
Les chirurgiens ne sont pas tous parfaitement d’accord sur ce que l’on doit entendre par plaies pénétrantes simples de l’abdomen. Les discussions se sont engagées à ce sujet,
comme
àpropos des plaies analogues de poitrine. Les uns,comme
Mal- gaigne (1), considérant qu’entre le péritoine viscé- ral et le pariétal il n’existe qu’une cavité virtuelle, et que tout instrument vulnérant qui blesse l’un doit nécessairement intéreser l’autre, que dès lorsil y a lésion d’un viscère de l’abdomen^ n’admet- tent pas que ces plaies puissent exister : « ou
du
moins, dit Malgaigne dans sa Médecine opératoire,
elles doivent être
extrêmement
rares. » D’autres chirurgiens,non
moinsautorisés,Boyer(2), Dupuy- tren (3), Nélaton (4), trouvent cette division des plaies del’abdomen judicieuse et utile.De
fait, l'es- prit ne se refusepas absolumentaies comprendre;par exemple, laponction de l’abdomen dansl’ascite est
une
plaiepénétrante simple. Toutefois, je crois(1) Anatomiechirurgicale, t. II.
(2) Traité desmaladieschirurgicales, t. Yîl.
(3) Leçonsorales, t. VI.
(4) Élémentsdepathologie chirurgicale, t. IV.
—
16—
qu’il ne serait pas exact de partir de cette donnée pour dire que les plaies pénétrantes qui ont guéri plus ou moins facilement n’avaientétécompliquées d’aucune lésion des viscères. Les observations de coups de feu, de coupsd’épée ou decoups de pointe de sabre, réputéessimples, étayanttraversél’abdo-
men
sans léseraucun
viscère, ne prouvent qu’une chose, c’est que ces blessures ne sont pas toujourstrès-graves.
En
résumé, il est peut-être difficile d’établir que dans les plaies pénétrantes de l’abdomen, les vis- cères contenus dans la cavité peuvent ne subir aucune lésion immédiate.Au
surplus, cette distinctionqui peutavoir quel- qu'avantage au point de vue nosologique, importe fort peu cliniquement. Ce qu’il est important de considérer, c’est l’innocuité ou la gravité dansl’évolution ultérieure de la blessure.
Une
anse in- testinale ouquelqu’autreviscère peutêtrecontus oumême
légèrement entamé, sans que lamarche
bé- nigue de la plaie soit arrêtée; au contraire, les or-ganes
abdominaux
peuvent avoir été absolument respectés, et cependantune
péritonite survenir et emporter le malade.On
peut donc dire avec plus de raison que la plaie est simple,quand
aucun accident sérieux nevient entraver la guéri- son.C’est à ce titre queje place ici l’observation sui- vanterecueilliesur
un
desblessésducommencement
du siège.La
plaiedontil s’agitn’est pasrigoureuse-—
17—
ment
simple, maiselle a été bénigne, par ses suites et son appareil symptomatique.Observation.
Pierre Es., sous-lieutenant au 59e de ligne, âg'é
de 27 ans, robuste et bien constitué.
Le 29 septembre, il conduisait ses
hommes
à la prisedu
villag-ede l’Hay, sous lesmurs
deParis.Ils se trouvèrent assaillis par
une
grêle de balles, etquant à lui, il en reçut d’abord plusieurs dans ses vêtements.
Une
premièrefrappa surlaplaque de son ceinturon, qu’elle brisa et détacha, mais ne lui fît
aucun
mal.Une
autre,dirigée verslarégrondu cœur,futdéviée de lafaçon suivante : elleperçason caban auniveau de la pochedecôté; là elle rencontra
une
petite liassede papiers de 2 à3 millimètres d’épais- seur, ladéchira irrégnlièrement et latraversa
; puis
elle se perdit totalement aprèsavoir percé encore la doublure
du
caban, mais sans laisser de traces surla tunique.
Peu
après, le sous-lieutenant ressentitune commotion
profondedansl’abdomen, enmême
temps qu'une douleur assez vive. Il comprit qu’il était grièvementblessé,et nepourrait plus se soute- nirlong-temps.Cependant songeantqu’ilfallaitàtout prix se mettre à l’abride nouveaux projectiles, il se mit à courir, en
comprimant
d’unemain
sa bles- sure, versune
petite maison qui se trouvait éloi-gnée
de quatre-ving'ts ou cent pas.A
son approche, sept ou huit soldats ennemis, qui occupaient lamaison, alarmés d’une allure si décidée, et le
—
18—
'
croyant suivi de quelques-uns de ses
hommes
Tprennent vivement la fuite. Le blessé, à bout de forces, aussitôt qu’il eut franchi la porte,
tomba
épuisé, mais sans perdre connaissance. Il put res- ter là en repos, jusqu’à ce qu’on vînt le prendre quelques heures après
, pour le transporter dans
une ambulance
établie près de làdans le villagede Cachan.Examiné
sur-le-champ parle chirurgien, il pré- senta lessymptômes
suivants : la paroi abdomi- nale était traverséeun
peuau-dessous etàdroite de l’ombilic. L’orifice, à peu près circulaire, étaitun
peu moins large qu’une piècedeun
franc. Les pa- rois de la plaie étaient écartées parune
portion de l’épiploon. Celui-ci faisait hernie, et, proéminant au devant de la paroi abdominale, constituait unetumeur
irrégulièrement arrondie, de la grosseur d’unœuf
depigeonenviron. Le ventre étaittendu, ballonné, dur et douloureuxàla pression. Le pouls était petit, filiforme et assez fréquent. Le maladeétait accablé d’une faiblesse extrême. Il avait l’in- telligence très-lucide, mais le visage était pâle et
mouillé de sueurs. Il était tourmenté parune dou- leurabdominalepénible sans être excessive.
On
essaya la réduction de la petitetumeur
épi- ploïque, mais cefuten vain. Le pédicule épais était étroitement serré dans le trajet de la plaie. Les pressionsménagées
et soutenues, n’obtenaient pasle
moindre
résultat, etaugmentaientles souffrancesdu
malade. Les choses furent laissées en place.On
—
19-
prescrivit
un
lavement au gros sel etàla glycérine, on appliquaun
cataplasme surle ventre ; on admi- nistraun
peu d’opium etune
diète sévère fut re-commandée.
Lelendemain, le malade étaità peu près dans la
même
situation. Il avait eu quelques nausées etun
vomissement dont les matièresn’étaient pas sterco- rales. Il avaitpeu dormi; laface étaittoujours pâle, le pouls filiforme,modérément
fréquent.Le
ventreétait plusdouloureux encorequela veille.
On
fitde nouveauquelquestentativespourréduirel’épiploon,mais sans plus de succès que la veille , de sorte qu’on l’abandonna définitivement au dehors.
Le
même
traitement que la veille fut prescrit, et la diète fut maintenue jusqu’à concurrence de quel- ques cuillerées debouillon. Le malade, pendant lajournée, souffrit beaucoup de son ventre; il eut quelques vomissementsbilieux, et goûta cependant de temps en temps quelques courts instants de somnolence.
Le jour suivant, le ventre était tout autant bal- lonné, mais la douleur n’avait pas augmenté. Le pouls, toujours filiforme, n’était pas plus fréquent.
Les vomissements ne reparurent pas dans le cou- rant de lajournée. Le
mêmé
traitement fut con- tinué.Lequatrièmejour, l’étatgénérai
du
maladecom-
mença
à s’améliorer; ildésiraitmanger. Le
ventre, toujours très-tendu, étaitmoins
douloureux.On
augmenta un
peu la quantité de son bouillon.—
“20Les jours suivants jusqu’au dixième, le progrès de sa santégénéralefut marqué. Le pouls reprit sa fréquence normale dès le cinquièmejour, l’appétit revint.
On
aug*mentaun
peu l’alimentation.La
lang'ue était bonne, le visag’e coloré. L’état local présentait peu d’amélioration, saufla douleur, qui avaitdiminué et ne devenaitvive qu’à la pression.
A
cette époque, on fut oblig’é d’évacuer lesma-
lades de l’ambulance, et l’on transporta le sous- lieutenant sur
un
brancard, avec toutes lesprécau- tions possibles, jusqu’àune
autreambulance
très- voisine, à Arcueil.Cependant les secousses inévitables du transport amenèrent le retourde quelques-uns des accidents du premierjour. Le lendemain, le malade avait de la fièvre, pas d’appétit; le ventre était devenu très-
douloureux, la tympanite avait auganenté. Toute-
fois il n’y eut pas de vomissements.
Avec
un
repos absolu et le traitement approprié, cessymptômes
disparurent au bout de deuxjours, et l’amélioration graduelle reprit son cours.Le
ventre resta longtemps ballonné et tendu.Quand
il devint un peu plus souple, on chercha à sentir la balle dans le ventre aumoyen
de la pal- pation , mais on ne réussit nullement.Au
bout d’un mois environ, latumeur
épiploïque se détacha. Depuis quelques jours on avait entouré son pédicule d’un fil pour hâter sa chute.Douze ou quinze jours après, le malade fut éva- cué sur Paris. Il présentait encore de temps en
—
21—
temps quelquescoliques; leventre était légèrement tendu. Il se soumettait toujours àladiète dans
une
certaine
mesure
, et prenait encore quelques lave- ments. La plaie extérieure était presque entière-ment
cicatrisée. Le malade pouvait être regardécomme
guéri.Appréciation. Cette relation mérite d’être consi- dérée à plus d’un titre et sous plus d’un point de vue.
D’abord elle nous montre qu’une balle a
pu
se déviercomplètement en traversant unepetite épais- seur de feuillesde papier. C’est làun
faitbienconnu
de ceuxdont le métier est d’être soldatset qui sont allés quelquefois au feu.'La
plupart négligent de de le mettre àprofit; maisquelques-uns cependant, moins insouciants ou plus attachés àlavie, étalent au devant de lapoitrineet de l’estomacune
simple demi-main de papier.On
fabrique des cuirasses, également en papier, taillées pourse mouler surla partie antérieuredu
tronc; d autres sont faites enfeuilles et paillettes de mica.
Tous ces appareils protecteurs tendent à dévier
le projectile, ou à éteindre sa force d’impulsion en la disséminant. Ils peuvent y réussir.
Le
blessé dont il est question n’avait pasmême une main
de papierpour legarantir; ily avait simplement dans sa poche quelques feuilles de comptabilité et d’ad- ministration que le sergent lui avait remises lematin
même.
1870.
—
Goyard. 3—
22—
Si nous examinons maintenant la blessure elle-
même,
nous voyonsune
plaie pénétrante qui n’est pas complètement simple, puisqu’elle s’estcom-
pliquée de la sortie de l’épiploon
; peut-être aussi quelques points de l’intestin ont-ils été contusion- nés ; mais
aucun
accident grave ne se déclare, et c’estlà ce qui constituevéritablementl’état de sim-plicité de la plaie. Les
symptômes
d’une péritonitemodérée
semontrent dansles premiersjours; il est possiblequ’ils révèlent aussiun
certain degré d’é- trang-lementde l’épiploon, étroitement serré dansle trajetdelablessure. Quoiqu’il en soit, ils sontde courte durée, et les
phénomènes
de réparation lo- cale restent bientôt seuls àoccuperlascène. Cepen- dant, quelle susceptibilité extrême des org’anes malades! quellemenace
incessante de complica- tions graves! Le maladeest oblig-édesubirun
dé- placement, de s’exposeraux
secousses d’un trans- port,même
très-court et exécuté dans de bonnesconditions. Aussitôt, des accidents inflammatoires réapparaissent, et la g’uérison est compromise.
De
là,cetteconséquencetrès-nette et très-évidente,que, pour ce g-enre de blessures gravesau moins, il faut que lesblessés soient, autant que possible, soig-nés sur place,et qu’on nepeut, dansaucun cas, song*er àleur faire supporter
un
transport qui durerait de trop long-ues heures, encore bien moins des jours.Quant
à la balle perdue dans l’abdomen, il n’y a pas lieu de s’en inquiéter outre mesure.On
a bonnombre
d’exemples où des accidents semblables—
23—
n’ont nullement
incommodé
le blessé pendant tout le reste de ses jours. Je termine ces considérations en citantdeux
faits de cegenre :I.
Un
soldat fut blessé d’un coup de feu dans le ventre, la balle resta perdue dans la cavitéabdomi-nale, après avoir traversé ses paroisdans larégion ombilicale. Il futpansé sur le
champ
de batailleparle chirurgien qui rapporte l’observation, et qui ne
le revit que six semaines après. Il le retrouva se
promenant
dans la rue etjouissant detout l’embon- point qu’il avait aumoment
de sa blessure. Il ap- prit alors qu’il avait rendu beaucoup desanget de pus par l’anus, et qu’il en rendaitmême
encore quelque peu, toutes les fois qu’il allait à la garde- robe,malgré
la cicatrisation de la plaie extérieure opérée depuis plusieurs jours. Le médecin qui l’a- vait soigné le regardaitcomme
g-uéri , malgré la présence de la balle dans la cavité abdominale, de laquelle le blessé n’était nullementincommodé,
etdont on ignorait
même
le siège.En
effet, par la suite, elle nedonna
lieu àaucun
accident(1).II.
Un
capitained’un régiment de lignefutblessé parune
balle, quiavaitpénétréparlemilieudu
flanc droit, et paraissaits’être perduedu
côtéopposé, carle malade y ressentait de très-vives douleurs. Les accidents lesplusgravesaccompagnèrentcette bles- sure, telsque hoquets, nausées, vomissements, tu-
(1) Mémoires de médecine, de chirurgie et de pharmacie
militaires,t.VII.
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méfaction, douleurs abdominales très-violentes
,
évacuation de matières stercorales et bilieuses par
la plaie, impossibilitéde rien prendre sans le reje- terpar levomissement. Les
moyens
thérapeutiques, soitinternessoitexternes,queréclamaitun
étataussi grave, n’ayant produitaucun heureux changement,et leblessé sevoyantréduit à
un
étatdésespéré, crut devoir se livrer à ses goûts et prendre tout ce qui pouvaitlui paraître agréable. Ilaimaitlebonvin,et peut-être dut-il son salut à l’usagemodéré
qu’il enfît. Tous les accidents cessèrent bientôt; la plaie
commença
à se cicatriser; elle finit enfin par ne plus donner issueaux
matières stercorales et par se consolider complètement.La
balle n'était passor- tie par les selles ;néanmoins
elle nedonna
lieu à aucun accident, et le malade continua dès lors de jouir d’une santé parfaite(1).Traitement.
— En
l’absencede toute complication et de toutemenace
pourl’avenir, convient-il d’in- tervenir activement pour hâter la cicatrisation ? Est-il opportun de fermer aumoyen
d’une suturela plaie de la paroi abdominale?
Pour
les plaies par instruments tranchants qui présententune
certaine étendue etune
direction plus oumoins
irrégulière, la suture estévidemment
indiquée; et l’on donnele plus souvent la préférence à la suture enchevil- lée qui a l’avantage d’affronter plus exactement les lèvres dela plaie, etdans toute leur épaisseur.
(1) Mémoires deméd., etc., loc.cit.
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25—
Mais
quand
la blessureest faite parune
balle, et c’est de celles-làqueje m’occupe plus particulière-ment, la suture ne présente-t-elle pas fort peu d'a- vantages, et
même
ne peut-elle pas entraîner des inconvénients?D’abord l’ouverture est assez étroite
; et de plus, les parois
du
trajet de la balle nesontjamais dans des conditions assez satisfaisantes pour permettre d’espérerune
réunion par première intention. Lestissus sont en effet plus ou
moins
contus ; ils sont noircis etcomme
brûlés par le projectile. Il sepro- duit localementune
réaction inflammatoire quiamène
toujoursun
peu de suppuration; des bour- geons charnus se forment, et c’est àeux qu’ilcon- vient de laisser oblitérer l’orifice et opérer la réu- nion.On
devra doncse contenterde mettre la plaie à l’abridu
contact de l’air et appliquerun
simple pansement, par exempleavec delacharpieimbibée d’eau phéniquée.En
établissant une suture au con-traire, on risquede produire
une
constriction inop- portune, et s’il survient plus tarddu
gonflement, dela météorisation,
un
peu de péritonite, il importe que les lèvres de la plaie soient laissés libres de se distendre.Il faut en outre prendre des précautions indis- pensables pour soulager le maladeet prévenir les
complications possibles. L’immobilité et le séjour aulit dans le décubitus dorsal sont de toutenéces-
sité.
La
position des cuisses légèrement fléchies,—
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relâche les parois abdominales et peut être facile-
ment
gardée par le malade.Une
diète plus oumoins
sévère,une
nourriture toujours légère, des laxatifs pour entretenir la li-berté
du
ventre, devront être prescrits pendant longtemps.De
l’opium àplus ou moins haute dose, est utile chez tous les blessés; làil peut avoirune
indication spéciale si l’on craint
une
lésion de l’in- testin et l’épanchement dans le péritoine desma-
tières stercorales.
La
médication alcoolique, vantée contre toutes les blessures par armes à feu, peut avoir parfoisde bons effets,comme
le prouve une des observationsprécédemment
citées.Localement
, si le ventre est tendu, des cata- plasmes minces, ou des fomentations émollientes, soulagent le plus souvent le malade. S’il y a des douleurs aiguës, des vomissements, quelques
me-
naces depéritonite,des sangsues appliquéesàtemps peuventarrêter lessymptômes
alarmants.L’inflammation de la plaie elle-même, indispen- sable pour la guérison, doitêtre surveillée,
modé-
rée, etautant que possible limitéeau degré qui pré- vientlasuppuration, ou au moins la rendpeuabon- dante et abrège sa durée.
Là
encore les saignées capillaires locales et les émollients, plutôt que lesrésolutifs, produiront des effets salutaires.
Dans
ce genre deblessures, les soinsdoiventsu- rabonder; la guérison dépend, pour la meilleure part, des conditions plus ou moins parfaites dans—
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lesquelles se trouve le blessé; et l’on peut croire qu’à
mesure du
perfectionnement de l'organisation hospitalièrepourlesblessés militaires, on verra di-minuer
les complications et les dangers de ces plaiesinquiélantes.PLAIES PÉNÉTRANTES COMPLIQUEES.
Les plaies compliquées sont celles qui s’accom- pagnent de la lésion d’un viscère quelconque de la cavité abdominale. Toutefois, suivant la conclusion quej’ai posée plus haut, cette division anatomique
est loin de présenter les avantages de la division faite au point de vue clinique. Aussi je considére- rai
comme
plaies compliquées celles qui s’accom- pagnentd’accidents graves, soit que ces accidents se produisentimmédiatement
et réclamentl’inter- vention activedu
chirurgien, soit qu’ils viennent àdifférentesphases de lamaladie mettre en dangerla vie
du
blessé.Avant d’étudier en particulier les différentes lé- sions auxquelles cesblessures doiventleur gravité, je veux dire quelques mots des
phénomènes
qui se succèdent dans la cavité abdominale, lorsque lemalade survit à sa blessure. Les connaissances que
l’on possède aujourd’hui surcesujet, depuisles tra-
vaux
de Boyer, de Dupuytren, de Jobert, etc., per- mettent d’expliquer, dans le plusgrand nombre
des cas, le
mécanisme
de la guérison des plaiesabandonnées à elles-mêmes.
—
28—
Lorsqu’une balle ou
une arme
tranchante a pé- nétré profondément dans l’abdomen, oumême
l’atraversé totalement, il peut se faire que le travail de réparation s’opère d’une manière obscure, sans réaction inflammatoire violente, etpasseen quelque sorteinaperçu. Ce sont ces cas qui constituaientau- trefois les coups réputés heureux qui, ayant tra- versé l’abdomen de part en part, n’avaient cepen- dantblessé aucun viscère.
On
peut croire, au con- traire, que, dansces conditions, lalésion intestinale existe. Tantôt c’est une solution de continuité plus ou moins étendue, tantôt c’estune
contusion assez violentemême
pouramener
la mortification. Seu- lement, avant qu’aucun désordre irréparable se soitproduit, diversescirconstances sont intervenues:Si la plaie est petite, la
muqueuse
s’v est insinuée et suffitpour la boucher. Si elle est plus étendue,la rétraction en divers sens de la tunique
muscu-
leuse la rétrécit, et, aidée de la hernie de la
mu-
queuse, s’oppose provisoirementà l’issue des
ma-
tières intestinales.Bientôtl’irritation locale a
amené
l’exsudationd’un liquideinflammatoire,
lymphe
ou blastème, qui ne tardepas à oblitérer la plaie ou à l’entourer d’adhérences solides. Hunter rapporte l’observation d’un jeunehomme
qui, ayant eu en duel le bas ventre traversé par une balle, périt au bout de trente-six heures.A
l’autopsie, on recon- nut que, dans ce court espace de temps, il s’était déjà établi, autour de la plaie intestinale, des adhé- rences telles que les matières de l’intestin n’avaient—
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pu
s’épancher dans le péritoine. Les travaux de Legendre ont montré qu’il fallait beaucoup moins de temps encore.Lorsque l’intestin a été contus, et que le tissu doit se mortifier, pendant le temps que l'eschare
met
à seformer, le travail d’organisation s’accom-plitautour de la partie lésée; l’escharejoue le rôle d’un bouchon d’attente, et,
quand
au bout de cinq ou six jours, elle se détache, elletombe
dans le ca- nal intestinal, tandisque lacicatrisation s’opère parle
moyen
de l’épiploon ou de portions intestinales voisines. Jobert, dans son Traité des maladies intes- tinales, rapporte
un
fait concluant, qui donneune
idée bien nette
du mode
d’oblitération de la perte de substance.Un
jeunehomme
de22 ans est renversé par unevoilure, dont
une
roue lui passe surle ventre, sans léser en aucune manière la paroi antérieure de l’abdomen. Transporté aussitôt à l’hôpital Saint- Louis, il présenta lessymptômes
suivants : douleur presque nulle,ventre ballonné, tendu et résonnantcomme un
tambour. Cette tympanite excessive, signe caractéristique pourJobert,lui permitd’affir-mer
lalésion intestinale.Le malade futsaigné plusieurs fois; on appliqua sur le ventre
un grand nombre
de sangsues et de cataplasmesémollients. La tympanite disparut et lemalade soumis à une diète sévère et à des boissons adoucissantes, marcha, sous le rapport de cettelé- sion du ventre, vers une rapide convalescence.
oSTO.