HAL Id: jpa-00238373
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Submitted on 1 Jan 1885
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Sur la conductibilité électrique du mercure et des métaux purs aux basses températures
Cailletet, Bouty
To cite this version:
Cailletet, Bouty. Sur la conductibilité électrique du mercure et des métaux purs aux basses tem- pératures. J. Phys. Theor. Appl., 1885, 4 (1), pp.297-304. �10.1051/jphystap:018850040029701�.
�jpa-00238373�
Les
appareils
quej’ai
décrits ont été construits avecbeaucoup
de soin par M.
Ducretet,
et c’est au laboratoire dePhysique
de laSorbonne que
j’ai
exécuté mesexpériences, grâce
à la bienveil- lance de M. Jamin.SUR LA
CONDUCTIBILITÉ
ÉLECTRIQUE DU MERCURE ET DES MÉTAUX PURS AUX BASSESTEMPÉRATURES ;
PAR MM. CAILLETET ET BOUTY.
La résistance
électrique
des métaux purs croît avec latempé-
rature. Cette
variation,
constatée d’abord parPouillet,
a faill’objet
de mesures nombreuses de Lenz(1)
et de MM. Ed. Bec-querel (2),
Arndtsen(3),
Matthiessen(4),
Mousson(5)
et Be-noît
(6).
De leursexpériences,
onpeut
conclure que dans un intervalle detempérature
peuétendu,
la résistance d’un métal est engénéral représentée
par la formuleet dans un intervalle
plus
considérable par des formules à troisterm e s
dans
lesquelles
aet B
sont des coefficients constants.Toutes les
expériences
ont été réalisées soit entre 0° et100°,
soità des
températures plus
hautes. Elles établissent que les coefficientsoc dînèrent peu d’un métal pur à un autre, et
qu’ils
ne sont pas très(1) LENZ, Leitungsfähigkeit der Metalle für Elektricitiit bei ver-schiedeiieil
Temperaturen (Pogg. Ann., t. XXXIV, p. 418 et t. XLV, p. 105; 1835-1838).
(2) ED. BECQUEREL, Ann. de Chim. et de Physique, 3e série, t. XVII, p. 266 ; i846.
(3) ARNDTSEN, Pogg. Ann., CIV, p. 1 et CV, p. 148; 1858.
(4) MATTHIESSEN undV. FiosE, Pogg. Ann., CXV, p. 353; 1862.
(5) MoussoN, cité par G. Wiedcmann, Die Lelzre ioii der Electi-icitât, t. 1,
p. 507-
(6) R. BENOIT, Comptes rendus de l’Académie des ,Sciences, t. LXXVI, p. 342;
1873.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018850040029701
298
éloignés de 1 273,
C’est-à-dire du coefficient de dilatation des gaz. Sice t te loi é tai t
rigoureuse,
e t si la form ule(i)
é tai tapplicable
auxtrès basses
températures,
la résistanceélectrique
d’un métal purpourrait,
au même titre que lapression
d’un gazparfait,
être em-ployée
à la mesure destempératures, puisque
les deuxquantités
varieraient
proportionnellement. Il y
avait donc intérêt à effectuer des mesures de conductibilitéélectrique
des métaux auxplus
bassestempératures possibles.
’Tel a étél’objet
de ce travail.Nos
expériences
s’étendent de o° à - ioo° et - 123°. Elles ontporté
sur le mercure et divers autres métaux.Le mercure était contenu dans un tube de verre
capillaire,
con-tourné en
spirale (1)
et terminé par deux tubeslarges,
dans les-quels plongeaient
des électrodes en cuivreamalgamé
de3mm, 5
dediamètre. Le réservoir d’un thermomètre à
hydrogène pénétrait
àl’intérieur de la
spirale
et le tout étaitplongé
soit dans laglace,
soit dans un bain formé de chlorure de
méthyle,
d’unmélange
dechlorure de
11léthyle
et deneige carbonique
ou enfind’éthylène.
Un courant d’air sec dont on
réglait
convenablement l’intensité brassait incessamment le bainliquide
et en abaissait latempérature,
suivant la méthode
indiquée
par M. Cailletet.Quand
on voulaitopérer
sur d’autresmétaux,
du cuivre parexemple,
onremplaçait
le tube enspirale
par une bobine creusede fil
métallique
enroulée sur unsupport d’ébonite,
danslequel
onavait
pratiqué
de nombreuses etlarges fenêtres,
de manière à bienassurer le
mélange
des couchesliquides,
et l’uniformité detempé-
rature du bain et de la résistance à mesurer. Le
ni métallique
tantôtnu, tantôt entoura de
soie, plongeait
directement dans le bain li-quide.
Laglace,
le chlorure deméthyle,
l’acidecarbonique
etl’éthylène
sont des isolantsparfaits,
et l’on n’a pas à craindrequ’il s’établisse,
d’unespire
à l’autre de labobine,
des dérivations sus-ceptibles
d’altérer notablement les mesures. On s’en est assuré par desexpériences
directes. Sauf pour le mercuresolide,
nous n’avonsopéré
que des mesures relatives.Une résistance en mercure, de la forme
précédemmen t décrite,
était
plongée
à demeure dans laglace
fondante et servait de terme(’ ) Ccs tubes avaient été construIts par M. Alvergniat
de
comparaison.
Elleconstituait
l’une des branches d’unpont
deWheatstone,
dont les trois autres branches étaient formées de deux caisses derésistance,
et dufil métallique
étudié. Les communica- tions étaient établies par de très gros fils de cuivre dont la résis- tance, engénéral
inférieure àla 1 200 partie
de la branche dupont qui
les
comprenait, pouvait
être considérée comme invariablependant
la série des mesures; on constatait
l’équilibre
dupont
à l’aide d’ungalvanomètre
à réflexion très sensible.Toutes les
telnpératures
ont été mesurées par uj2 même ther- n2ornétre àhydi-og-ètîe
que l’on observait à volume constant, et danslequel
lapression
du gaz à 0° était de50gmm,
3. Le réservoir duthermomètre,
de même hauteur que les bobines dont iloccupait
le centre, était
complètement immergé
àplusieurs
centimètres deprofondeur
au-dessous de la surface libre duliquide,
au fond d’uneéprouvette
de hauteur à peuprès triple;
cetteéprouvette
était pro-tégée
contre le réchauffement par une doubla,enveloppe
et par untampon
de ouatequi
livrait passage à latige capillaire
du thermo-mètre,
au tubequi
insufflait l’air et aux gros conducteurs de cuivre dupont.
Voici maintenant les résultats que nous avons obtenus :1 ° Mercure. 2013 Le mercure que nous avons
employé
était dumercure pur du commerce,
purifié
à nouveau par sonséjour
dansune série de trois flacons contenant le
premier
de l’acideazo ti que étendu,
le second de l’acidesulfurique
et le troisième de lapotasse
caustique.
Ce mercure était introduit par
aspiration
dans le tube enspirale
que nous avons décri t : ce tube avait environ 1 m de
long
et 1 mmqde
section ;
il avait été contourné en unespirale
d’à peuprès o’,
10de hauteur et se terminait par deux tubes de
plus
de 1 cq de sectioncontenant une masse assez considérable de mercure, dans
laquelle plongeaient
les électrodes en cuivreamalgamé.
Les mesures onttouj ours
été conduites trèsrapidement,
pour éviter la diffusion d’unequantité appréciable d’amalgame
de cuivre dans lapartie
du tubecon tournée en
spirale.
Quand
on abaisseprogressivement
latempérature,
la résistance du mercure varie d’abord très lentementjusqu’au voisinage
de-40°.
Le coefficient moyen de variation de 0° à -40°,
déduit denos
expériences,
a pour valeur300
La formule
proposée
par M. Benoîtpourreprésenter
la résistanceapparente
dumercure dans le verre, e t
adoptée
par MM.Mascart,
de Nerville etBenoît
(’)
dans leurs recherches sur la fixation del’ohm,
donne pour coefficient moyen de 0°à-40°,
nombre sensiblement
identique
au nôtre. Il y a donc lieu d’ad-mettre que la formule
(3) représente
exactement la variation de la résistance du mercureliquide
au-dessous de o° ; nous avons d’ail- leurs constatéqu’il n’y
a aucune variationbrusque
de la conducti-bilité au
voisinage
dupoint
decongélation,
alors même que le mer- cure demeure surfondu à destempératures légèrement
inférieures à cellede’
lacongélation
normale. Cette circonstance seprésente
assez
fréquemment
dans les tubescapillaires.
On est
prévenu
de la solidification du mercure, par uneimpul-
sion extrêmement
brusque
del’aiguille
dugalvanomètre.
La résis-tance du mercure tombe subitement
au 1
de sa valeur et diminueensuite
régulièrement,
à mesure que latempérature s’abaisse,
avecun coefficient de variation que nous nous sommes attachés à me- surer avec exactitude.
Désignant
par P-40 la résistance du mercure solide à2013 40°
par o, sa résistance à unetempérature t quelconque
inférieure à
2013 40°,
nous avons trouvé que l’on a très exactementavec x = o,
00407.
Ce coefficient de variation est
près
decinq
foisplus
fort que celuiqui
caractérise le mercureliquide
auvoisinage
de -4oo.
La formule
(4)
estapplicable
dans les limites detempérature
où ont été réalisées nos
expériences
sur le mercure, c’est-à-dire de-
40°
à -92°, i3 ;
la valeur de x que nousindiquons
résulte d’ unequinzaine
de mesures bienconcordantes,
effectuées avec trois échantillons distincts de mercure récemmentpurifié.
(1) MASCART, DE NERVILLE et BENOIT, Expériences pour la déterminatiora de l’ohm (Journal de Physique) 2e série, t. III, p. 230 ; 1884).
La valeur du
rapport rt pt
de la résistance du mercureliquide
àcelle du mercure solide à la même
température ’change
avec lavaleur
de t,
comme on le voit par lacomparaison
des formules(3)
et
(4).
Lesobservations,
réduites à l’aide de cesformules,nous ont
donné
On
sait,
par lesexpériences
de M. L. de la Rive(1),
que laplupart
des métaux
(étain, zinc, plomb, cadmium) augmentent
de résis-tance en fondant. Le mercure rentre dans cette
règle,
dont s’écar-tent le bismuth et
l’antimoine ;
la variation de résistancequ’il
subitest la
plus grande
que l’onconnaisse,
elle est à peuprès
double decelle que subissent l’étain et le zinc par
exemple.
Nos
expériences permettent
de calculerapproximativement
larésistance
spécifique
absolue du mercure solide à o".Négligeant
ladilatation du mercure et du verre, on a en effet
La résistance
spécifique
r0 du mercureliquide
à o° étant deils
ohms
légaux,
on trouve, tous calculsfaits,
2° Métaux solides. - Tous les métaux purs que nous avons
étudiés,
àl’exception
duplatine, présentent
au-dessous de 0° unerésistance
qui
décroîtrégulièrement d’après
la formulea.
Étczzn. -
L’étain de Banca que nous avonsemployé
nousa donné un fil extrêmement
flexible,
surlequel
nous n’avons con-staté,
par lesplus grands
froidsauxquels
nous l’avonssoumis,
aucune des variations de structure que
l’on,a signalées
pour l’étain(1) L. DE LÀ RIVE, Comwtes rendus de l’Acadëm2ie des Sciences, LN-11. p. 6(S;
18 C),3.
302
ordinaire fortement refroidi. La valeur de x déduite de i i
expé-
riences à des
températures comprises
entre o" et - 8â, estD’après
M.Becquerel,
la valeur de a, au-dessus de0°,
varie d’un échantillon de métal à un autre de0,003675
à o, ()o6 188.D’après
M.
Benoît,
la résistance de l’étainpris
au-dessus de o" estrepré-
sentée par la formule
b. Angent.
2013Nous avons eu à notredisposition
un fild’argent chimiquement
pur, que NI.Debray a
bien voulu nousprêter.
Lavaleur de a déduite de 8
expériences
entre -T-29°, 97
et -101°, 75
est
La formule de M.
Benoît,
pourl’argent
pur, estc.
ltlagnészum. -
6expériences
entre o° et -88°, 31
donnent tM. Benoît
indique
la formulecl. Aluminium. - 8
expériences
entre+ 27°, 7 et 201390°, 57
donnent
D’après
M. Benoîte. Cuzvre. - Nos
expériences
lesplus
étendues serapporten
à divers échantillons d’un même fil de cuivre rouge isolé par deux couches de soie et d’environ
omm,3
de diamètre. Une trentaine de mesuresréparties
en trois groupes ont donné les valeurs de x suivantes :Ces valeurs de x ne diffèrent pas entre elles de
quantités supérieures
à la limite des erreurs
d’expérience.
On doit donc admettre quejusqu’à - 123°,
la rési stance du cuivre varied’après
la formule(4)
avec une valeur de a.
égale
à0, 00423.
Tous les auteurs
qui
ont étudié la résistance’du cuivreindiquent,
pour le coefficient de variation entre 0° et +
100°,
une valeur nota- blementplus
faible. Parexemple,
M. Benoît donne la formuleDe
quelques expériences
effectuées par nous auvoisinage
de o°, ilsemble en effet résulter que le coefficient
qui
convient à cettetempérature
est voisin de0,00370,
pour l’échantillon même surlequel
nous avonsopéré.
Il serait doncimpossible
dereprésenter
par une formule
unique
la variation de la résistance du cuivre de --;- 100° à 2013 123°.f.
Fer. - Une dizained’expériences
sur divers échantillons de fil de fer fin du commerce nous ont donné entre o" et -920
La fornlule de M. Benoît pour le fer recuit est
g’. Platine. - Le fil de
platine
que nous avonsemployé
pro- venait d’un échantillon deplatine chimiquement
pur que nous avaitprête
M.Delbray ;
gexpériences
réalisées entre -h2g°,
16 et-
94°, 57
nous ont donné :Les valeurs de « croissent d’une manière
évidente,
à mesure que latempérature s’abaisse ;
la formule(3)
n’est donc pasapplicable,
mais on satisferait à peu
près
aux observations par la formule tri- nômeLe Tableau suivant résume nos observations sur les métaux
solides,
àl’exception
duplatine.
304
En
résume,
nous pouvons tirer de nosexpériences
les conclu- sions suivantes :1 ° De o° à -
i oo°,
la formule binôimereprésente
avec une exactitude suffisante la variation de résistance de laplupart
des métaux purs.2° Il en résulte
du’à
la condition de déterminer oc par une séried’expériences
sur unespirale
du filmétallique (argent, étaim,
cuivrefer, etc. )
que l’on veutemployer,
onpeut
mesurer toutes les tem-pératures
de 0° à -- i oo° par la variation de résistance de cettespi-
rale.
L’erreur,
parrapport
au thermomètre àhydrogène,
sera tou-j ours
inférieure à 1°.3° Pour
chaque métal,
ccprésente
une valeurparticulière, supé-
rieure en
général
au coefficient de dilatation des gaz.L’application
de la formuleempirique
conduirait à une valeur nulle de la résistance pour une
température supérieure
à -2730-
Il faut doncqu’à
unetempérature
suffisam-ment
basse,
la variation de résistance des métaux devienne moinsrapide. L’application
de la formuleempirique
conduiraitalors,
pour le
calcul destempératures,
à des nombrestrop
voisins de zéro.Nous nous proposons d’étendre ces recherches à des
tempéra-
tures très
basses,
et de lescompléter
par lacomparaison
deplu-
sieurs thermomètres à
hydrogène
observés à volume constant,mais sous des
pressions
différentes(’ ).
(1) Dans le cours de ce travail nous avons été assistés avec beaucoup de zèle
par M. J. Voisenat, élève ingénieur des Télégraphes.