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La côte de Bretagne

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Academic year: 2022

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Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 7 décembre 2011 2421

La côte de Bretagne

Les assurances doivent-elles rembourser le Viagra ?

Il existe des situations où l’étalon néces- saire pour évaluer la longueur d’une struc- ture varie en fonction du calibre de l’outil.

C’est le cas d’un randonneur qui veut con- naître la longueur de la côte de Bretagne. Si pour la mesurer il dispose d’une carte et d’un compas dont l’écart entre deux pointes est de l’ordre de 10 km, il trouvera une valeur approchée, disons 600 km de Saint-Malo à Saint-Nazaire. Si vous mesurez exactement le même parcours sur le terrain, à l’aide d’un mètre-étalon qui se moule mieux aux acci- dents du relief, la méthode sera beaucoup plus précise et la longueur beaucoup plus grande. Disons 3000 km. Si, pour suivre très méticuleusement la sculpture du rivage et ses multiples anfractuosités vous la mesurez avec une jauge de l’ordre du décimètre, la somme totale dépassera 50 000 km. Si vous effec- tuez le même trajet au millimètre près, le ré- sultat sera presque sans limites. On constate que pour toute opération de mesure d’un ob- jet de nature fractale, la longueur de l’objet tend vers l’infini lorsque la longueur de l’éta- lon tend vers zéro.

Notre corps suit des lois fractales. Toutes les fonctions physiologiques impliquent des perceptions de perception, c’est-à-dire des différences relatives qui s’expriment en ter- mes de proportions et de proportion de pro- portion et ceci de manière logarithmique.

De façon plus générale, quel sera l’outil à la sensibilité la mieux ajustée qui pourrait être proposé par un sociologue à une classe po- litique, pour justifier un rationnement de cer- taines prestations médicales ? Par exemple le Viagra ou les lunettes de soleil. Et surtout…

qui décidera de la dimension de l’instrument de mesure dans ce cas de figure ? Un Con- seiller fédéral gris perle ? Une commission d’éthique rose bonbon ? Une patiente encore verte jouissant de son discernement, un mé- decin transparent comme de l’eau bénite ? Un directeur de caisse unique rouge du soleil des Bahamas ? Un juge fédéral des assu- rances noir comme une nuit sans lune ? Ou peut-être les six ensemble autour d’une bou- teille de champagne ?

Toutes les pratiques diagnostiques et thé- rapeutiques s’ajouteront à l’infini en fonction de leur sensibilité et posséderont une légiti- mité de plus en plus affinée et adhérente au

terrain qui s’étale au-delà de tout budget possible comme l’expansion d’un gaz échap- pant à toute enceinte pour le contenir.

La médecine de réparation lésionnelle vise invariablement la restitution d’une fonction, et tend après un confort retrouvé à affiner ses exigences vers une esthétique, qui glis- sant vers une perfection de la performance, qui elle pointe son nez vers une médecine régénératrice qui à son tour tutoie les hori- zons archaïques de la longueur de la vie qui vogue vers l’immortalité de la brebis perdue jusque-là réservée aux religions. Le moteur est alimenté, dernière analyse, par l’écart to- léré entre un idéal posé à l’infini et la néces- sité d’une limite arbitraire. Si l’on se place du point de vue du décideur-payeur, (en démo- cratie directe, les votants), connecté à l’audi- mat des partis, le coût croît comme le loga- rithme de l’écart mesuré avec un étalon plus court, c’est-à-dire avec une sensibilité mieux adaptée à la séduction électoraliste.

Donc chacun va rivaliser d’ingéniosité pour se mettre d’accord sur une solution unique pour fixer la limite de l’impôt supplémentaire déguisé que représentent les primes d’une Caisse Maladie Unique (avec trois majuscu les comme pour Père Fils et saint Esprit) et pour assurer la gratuité des soins extrêmes. Dans cette monade des pouvoirs ce n’est pas à l’extérieur du système, mais à l’intérieur que se décidera la ligne rouge et que se négo- ciera l’enveloppe à disposition de l’ensem ble.

Avec une seule pierre dans un seul soulier, jusqu’où aller ? Cela dépendra bien sûr de la longueur du trajet et de la grosseur du cail- lou. Encore une histoire de randonnée bre- tonne. L’avenir sera sautillant ou libéral.

Et s’il est sautillant (sur un seul pied) qui devra traiter la tendinite chronique du systè- me ? Le médecin de proximité bien entendu.

Il sera alors médecin de dernier recours ! carte blanche

Dr Christian Danthe Rue de l’Ancienne-Poste 61 1337 Vallorbe

cdanthe@worldcom.ch

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