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1 Propri´ et´ es de base de l’ensemble N des entiers naturels

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Academic year: 2022

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(1)

Universit´e Blaise Pascal U.F.R. Sciences et Technologies

D´epartement de Math´ematiques et Informatique

Notes de cours pour

\L'Univers des Nombres"

U.E. libre de deuxieme et troisieme annees des licences scientiques.

2011-2012 Francois Dumas

Ces quelques pages ne constituent pas un cours (complet, structure, redige...) mais de simples notes destinees a soutenir le travail collectif et personnel des etudiants (issus de cursus diversies) en

\xant le cadre" sur la partie theorique d'un enseignement concu avant tout pour ses prolongements applicatifs et pratiques, en particulier lors des seances de travaux diriges et calculs sur machine.

Ces notes sont, a la date d'aujourdhui, sous une forme tres provisoire et je remercie par avance pour toutes les observations et corrections qui pourraient m'^etre transmises.

Version du 18 avril 2012

(2)

U.E. libre \L'univers des nombres" Annee 2011-2012

Chapitre 1: les nombres entiers naturels

1 Propri´ et´ es de base de l’ensemble N des entiers naturels

1.1 La d´efinition des entiers naturels

L'ensemble Ndes entiers naturels est donne par les axiomes de Peano1 1) 0N,

2) toutnNadmet un successeur s(n), 3) sis(n) =s(m), alorsn=m,

4) il n'existe pas denN tel que 0=s(n),

5) siP Nverie 0P et[nP s(n)P], alorsP =N (axiome d'induction).

L'axiome d'induction est a la base du principe de demonstration par recurrence:

si une propriete dependant d'un entier naturelnest vraie pour n=0,

et si, chaque fois qu'elle est vraie pour un entier naturel, elle est vraie pour le suivant, alors elle est vraie pour tous les entiers naturels.

Ces axiomes susent a reconstruire tout ce que l'on sait surN ; en particulier les notions fonda- mentales que sont les operations d'addition et de multiplication, l'ordre et la division euclidienne.

1.2 Les op´erations sur les entiers naturels les lois+ et×dans Nsont denies par

addition: [nN, n+0=n] et [ n,mN, n+s(m) =s(n+m)]; multiplication: [nN, n×0=0] et [ n,mN, n×s(m) =n×m+n]. Les proprietes algebriques de ces lois s'en deduisent: pour tous a,b,cN, on a :

a+ (b+c) = (a+b) +c, a+b=b+a, a×(b×c) = (a×b)×c, a×b=b×a, a×(b+c) =a×b+a×c.

1.3 La relation d’ordre sur les entiers naturels La relation 6est denie de la facon suivante:

sia etbsont deux entiers naturels, on dit que aest inferieur (au sens large) ab, ce que l'on note a6b, lorsqu'il existenN tel quea+n=b.

C'est une relation d'ordre, ce qui signie qu'elle est:

reexive [pour toutaN,a6a],

antisymetrique [pour tousa,bN, si a6bet sib6a, alorsa=b], transitive [pour tousa,b,cN, sia6bet si b6c, alorsa6c].

Elle est est compatible avec + et×, ce qui signie que:

soienta,bN ; sia6b, alors pour toutcNon a a+c6b+c eta×c6b×c.

1Giuseppe Peano, 1858-1932, mathematicien italien ayant travaille (entre autres) sur l'axiomatisation de l'arithmetique.

(3)

Elle verie aussi les proprietes importantes suivantes:

c'est un ordretotal [deux entiers naturelsa,bquelconques verient toujoursa6boub6a];

c'est unbon ordre [toute partie non-vide de Nadmet un plus petit element];

on a lapropri´et´e d’Archim`ede [sia,bNavec b6=0, il existenNtel quenb>a];

toute partie non-vide et major´ee de N admet un plus grand ´el´ement.

1.4 La division euclidenne des entiers naturels On introduit d'abord les deux notations suivantes:

1) si a6bavec a6=b, on notea < b(et on dit que aest strictement inferieur a b) 2) si a6b, on note b−al'entier ctel queb=a+c.

Proposition. Quels que soientaetbdansN, avecb6=0, il existeqetr uniques dansNtels que a=bq+r et r < b.

Preuve. Pour montrer l'unicite, supposons l'existence de deux couples(q,r)et(q0,r0)d'entiers naturels satisfaisant aux conditions a = bq+r avec r < b, et a = bq0 +r0 avec r0 < b.

L'ordre etant total, on peut, quitte a echanger les r^oles deqet q0, supposer queq6q0. Donc q0 = q+ (q0q). On tire alors de legalitebq0+r0 = bq+r que b(q0q) +r0 = r. Ce qui implique que r0 6 r et rr0 = b(q0q). Mais rr0 < b puisque r < b et r0 < b. Ainsi b(q0q)< b, ce qui ne peut se produire dans Nque si q0q=0. Par consequentq0 =q, et nalementr=r0.

Pour montrer l'existence, posonsB={kN;kb6a}. C'est une partie deNqui est non-vide (car 0B) et qui est majoree (para). Donc elle admet un plus grand element. Notons-le q.

Par denition deq, on a: qb6a <(q+1)b, donc l'entier naturelr=aqbverier < b. ut On reviendra plus loin sur la division euclidienne, en l'etendant aux nombres entiers relatifs.

2 Bases de num´ eration

2.1 Syst`emes d’´ecriture des entiers naturels

Le point qui nous interesse ici est celui des divers systemes permettant d'ecrire l'innite des entiers naturels a l'aide d'un nombre ni de signes (les chires).

A priori, la succession des entiers naturels est: 0,s(0),s(s(0)),s(s(s(0))), . . .

Il devient bien s^ur indispensable d'avoir des signes plus brefs pour les noter; l'usage commun est celui des chires arabes:

0, s(0) =1, s(s(0)) =s(1) =2, s(s(s(0))) =s(2) =3, . . . mais historiquement il y en a d'autres, comme les chires romains:

pas de zero, I, s(I) =II, s(II) =III, s(III) =IV, . . .

Il est clair qu'on ne peut pas designer tous les entiers en inventant un nouveau signe pour tout entier non encore symbolise. Il faut inventer un code permettant, a l'aide d'un nombre pas trop grand de signes, de representer et de nommer tous les entiers, a la fois de facon non-ambigue, concise, et adaptee aux types de calculs ou de manipulations que l'on vise dans les applications.

Historiquement, il y a eu de tres nombreux systemes dierents (on pourra sur ce point consulter de facon instructive les ouvrages ou sites web consacres a l'histoire des mathematiques).

(4)

Avant m^eme d'aller plus loin, donnons quelques exemples evidents du principe des bases de numeration, (dont les justications seront precisees dans la suite).

a) Le syst`eme d´ecimal(de nos dix doigts);

les chires sont 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, et l'on note:

s(9) =10, s(10) =11, . . . , s(18) =s(19), s(19) =20, s(20) =21, . . .

Alors tout entier naturel s'ecrit de facon unique (on le montrera au theoreme suivant) comme la juxtaposition d'une suite nie de chires designant de droite a gauche le chire des unites, des dizaines, des centaines,...

Par exemple: 7×103+4×102+1×10+6×100=7416.

b) Le syst`eme binaire (des machines lisant le passage ou non d'un courant electrique);

les chires sont 0, 1, et l'on note:

s(0) =1, s(1) =10, s(10) =11, s(11) =100, s(100) =101, s(101) =110, s(110) =111, s(111) =1000, s(1000) =1001, . . .

De droite a gauche, les chires designent donc le chire des unites, des 2-aines, des 22-aines, des 23-aines,...

On peut bien s^ur passer d'un systeme a l'autre, (la barre servant ici a distinguer les deux ecritures);

par exemple: 10010110=27+24+22+21=150=102+5×10.

c)Un systeme de base plus grande que dix necessite l'introduction de chires supplementaires; par exemple en base douze: 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9,♦,♥. En utilisant encore une barre pour les ecritures en base douze et pas de barre pour l'ecriture decimale, on a:

0=0, 1=1, 2=2, . . . , 9=9, =10, =11, 10=12, 11=13, . . . 258=2×144+5×12+8=356, 1000=123=1728,

3♦=3×12+10=46, 1♥5=1×144+11×12+5=281.

2.2 Existence et unicit´e de la repr´esentation en une base donn´ee

a) Point de d´epart. C'est celui que l'on a resume au debut de 1.1. En particulier, on conna^t 0;

on sait qu'il a un successeur que l'on convient de noters(0) =1. Par denition de l'addition, on a s(n) =n+1 pour toutn N. Par denition de l'ordre, on a 1> 0. A ce stade, l'usage de tout autre chire serait premature et infonde, et les entiers naturels ne peuvent ^etre designes que par:

0, 1=s(0), 1+1=s(s(0)), 1+1+1=s(s(s(0))), 1+1+1+1=s(s(s(s(0)))), . . . I On convient d'utiliser la notation classique N pour designer le sous-ensemble de N forme de tous les entiers naturels qui sont distincts de 0.

I On utilisera aussi la notation [[n,m]] pour designer, quels que soient n 6 m xes dans N, l'ensemble des entiers naturelsa veriantn6a6m.

b) Lemme. Fixons bN quelconque tel queb >1. Alors:

pour tout mN, il existe nNunique tel que bn6m < bn+1.

Preuve. Montrons d'abord l'unicite. Supposons donc bn 6m < bn+1 et bn0 6m < bn0+1. Alorsbn 6m < bn0+1 doncn < n0+1 donc n6n0. De m^emen06n, d'oun=n0.

Pour montrer maintenant l'existence, considerons l'applicationf:NN denie par x7→bx. Notons E = f(N) le sous-ensemble de N forme donc de tous les entiers naturels de la forme bx pour un certain x N. Comme b 6= 0 et b 6= 1, il est clair que si x 6= y dans N, alors

(5)

bx 6= by (on dit alors que f est injective). Comme N est inni, ceci implique que que E est inni. Donc E n'est pas borne. Il en resulte que, pour m N quelconque xe, l'ensemble Am = {x N;bx > m}est non-vide. Il possede donc un plus petit element; soit z. Comme bz > m>1, on doit avoir z>1, et l'on peut poser z=n+1 avecn N. Donc bn+1 > m. Par minimalite de z dans Am, on a n = z1 / Am c'est-a-dire bn 6 m. On conclut que

bn6m < bn+1. ut

c) Th´eor`eme et d´efinitions. FixonsbNquelconque tel que b >1. Alors:

pour tout mN, il existe nN unique et une unique suite nie (a0,a1, . . . ,an) d'elements de Ntels que:

(i) 06ai< bpour tout 06i6n; (ii) an6=0; (iii) m= Pn i=0aibi.

IOn note alorsm=an. . .a0b, et on dit quem est represente en numeration dans la baseb. IL'entier b >1 est donc la base de cette numeration.

IL'entier n+1 est par denition appele la longueur de la representation demen baseb.

En particulier, on a toujours: b=10b.

Remarquons que, si l'on veut expliciter les indices dans la suite (a0,a1, . . . ,an), il faudrait a ce stade les enumerer sous la forme(a0,a1,a1+1,a1+1+1, . . . ,an).

Preuve. Montrons d'abord l'unicite. Supposonsm=akak−1. . .a0b=chch−1. . .c0b. On montre l'egalite des longueursh etk. Chaque aiest 6b1, donc:

m= Pk

i=0aibi6Pk

i=0(b1)bi= (b1) Pk

i=0bi=bk+11, de sorte quem < bk+1. Par ailleurs, on sait queak6=0 c'est-a-direak>1, donc:

m= Pk

i=0aibi>akbk>bk.

En resume, bk 6m < bk+1. De m^eme bien s^ur, bh 6m < bh+1. D'ou k = h en utilisant l'unicite dans le lemme precedent.

L'egalite de departm=akak−1. . .a0b=chch−1. . .c0b se reecrit alors:

m= Pk i=0aibi=

Pk

i=0cibi (?).

Supposons qu'il existep0[[1,k]]tel queap0 6=cp0. L'ensembleE={p[[1,k]];ap6=cp}est alors non-vide, donc admet un plus petit element: soitq.

Premier cas: 0< q < k. On reecrit(?)sous la forme:

aqbq+ Pk

i=q+1aibi=cqbq+ Pk i=q+1cibi. En simpliant par bq et en posant A = Pk

i=q+1aibi−q−1 et C= Pk

i=q+1cibi−q−1, on tire queaq+bA=cq+bC. Commeaq< b etcq< b, l'unicite de la division euclidienne dansN impliqueaq=cq. Contredit le fait queqE.

Deuxieme cas: q=k. Alors(?)donne directement aqbq =cqbq d'ou aq =cq et la contra- diction.

Troisieme cas: q=0. On reecrit(?)sous la forme:

a0+ Pk

i=1aibi=c0+ Pk i=1cibi;

on obtient encore soita0=c0lorsquek=0, soit sik >0 une egalite du typea0+bA=c0+bC, et on conclut comme dans le premier cas.

Tous les cas conduisent a une contradiction. C'est donc que l'hypotheseE6= est fausse. On conclut queap=cppour toutp[[1,k]].

(6)

On montre maintenant l'existence de la representation. On raisonne par recurrence. Si 16m < b, alors pourk=0 eta0=m, on a bienm=a0b. Faisons l'hypothese de recurrence:

(h.r.) jusqu'a un certain rang p N, tout m N tel que bq 6m < bq+1 avec q6padmet une representation en baseb.

Considerons mN tel quebp+1 6m < bp+2. Par division euclidienne demparb, il existe a,a0Ntel quem=ba+a0 et 06a0< b. D'une part alors:

ba=ma0>bp+1a0> bp+1b=b(bp1), d'ou en simpliant parbon obtienta > bp1 et donca>bp. D'autre part:

ba=ma06m < bp+2

d'ou de m^emea < bp+1. En resume,bp6a < bp+1ce qui permet d'appliquer l'h.r. Il existe donc une suite nie 0, . . . ,αk) d'entiers naturels telle que 0 6αi < b pour touti [[1,k]], telle queαk6=0, et telle quea=Pk

i=0αibi. Il en resulte quem=ba+a0=a0+Pk

i=0αibi+1. En notantai+1=αi pour touti[[1,k]], on aboutit am=Pk+1

j=0ajbj. On a bien 06a0< b, 0 6 αi = ai+1 < b pour tout i [[1,k]], et ak+1 = αk 6= 0. On a ainsi montre que m =

ak+1ak. . .a0b, ce qui acheve la preuve. ut

d) Chiffres. Reprenons les donnees et notations du theoreme; pour exprimer eectivement tout mNen baseb, il faut choisirbsymboles, que l'on appelle chiffres, qui representent les entiers compris entre 0 etb−1. Les chires 0 et 1 sont communs a toutes les bases. On a toujoursb=10b. Comme b > 1, la plus petite base possible est b = 1+ 1. On appelle deux cet entier, et la numeration de base deux est dite binaire. Elle n'utilise que les chires 0 et 1.

Si b=1+1+1+1+1+1+1+1+1+1, que l'on appelle dix, on introduit lesb chires dans l'ecriture usuelle 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. La numeration est dite decimale.

On est donc ramene aux exemples et aux considerations de 2.1, qui sont maintenant justiees.

On convient que: dans toute la suite, le systeme decimal sera toujours pris comme reference; en particulier, une ecriture \sans barre" sera toujours relative au systeme decimal.

2.3 Exemples

1) Exprimer 99 en base 2 et en base 12.

Solution.

99=9×10+9= (23+1)(23+2) + (23+1) =26+24+23+2+23+1=26+25+2+1=11000112. 99=96+3=8×12+3=8312.

2) Construire la table d'addition en base 5, et la table de multiplication en base 4.

Solution.

+ | 1 2 3 4

−−|−− −− −− −−

1 | 2 3 4 10

2 | 3 4 10 11 3 | 4 10 11 12 4 | 10 11 12 13

× | 1 2 3

−−|−− −− −−

1 | 1 2 3

2 | 2 10 12 3 | 3 12 21

3) Quels sont les entiers a 3 chires qui s'ecriventxyz7 en base 7 etzyx11 en base 11.

Solution. On doit avoir 49x+7y+z=121z+11y+xc'est-a-direy=12x30z=6(2x5z), avec 16x66, 06y66 et 16z 66. Les seules solutions sont y= 0 (avec alorsx= 5 et z=2) ouy=6 (et alors x=3 etz=1). En resume, on obtient 5027=20511 et 3617=16311.

(7)

4) Determiner la base btelle que 46b+53b=132b. Calculer alors 46b×53b.

Solution. 46b+53b=132bequivaut a 4b+6+5b+3=b2+3b+2, ou encore(b−7)(b+1) =0.

Doncb=7.

(4b+6)(5b+3) = 20b2+42b+18 = (2b+6)b2+6bb+2b+4 = 2b3+12b2+2b+4 = 2b3+ (b+5)b2+2b+4=3b3+5b2+2b+4. Donc 46b×53b=3524b.

5) L'entier 341 en base 10 s'ecrit 2331a en basea. Determiner a.

Solution. On a 341=2a3+3a2+3a+1, donca(2a2+3a+3) =340=17×22×5. Donc adivise 17×22×5. Or a>4 puisque les chires 1,2,3 apparaissent. Comme (2a2+3a+3) divise 340, on forcement a <17. Les seules solutions a priori possibles sont 1, 4, 5, 10. Parmi elles, seulea=5 veriea(2a2+3a+3) =340.

6) Montrer que, dans toute baseb>3, l'entier 11211b n'est pas premier.

Solution. 11211b=b4+b3+2b2+b+1= (b2+1)(b2+b+1). Les deux facteurs sont6=1.

Pour d'autres exemples, voir aussi les feuilles d'exercices de travaux diriges.

2.4 Comparaison de deux entiers naturels par leur repr´esentation dans une base a) Observation pr´eliminaire. Soient deux entiers distincts m,n N. Supposons-les ecrits dans le systeme decimal. La question est de reconna^tre lequel des deux est le plus grand. Si l'une des deux representations a plus de chires, l'entier correspondant est le plus grand. Supposons maintenant que les deux representations ont le m^eme nombre de chires. Par exemple quatre pour xer les idees. On compare le chire des milliers: s'ils dierent, le plus grand donne le plus grand des deux entiers. S'ils sont egaux, on regarde le chire des centaines. S'ils dierent, le plus grand donne le plus grand des deux entiers. Sinon, on reitere, et le processus s'arr^ete forcement puisque la non-egalite des deux entiers au depart implique qu'un chire au moins des deux representations decimales diere (d'apres l'argument d'unicite dans le theoreme 2.2.c).

C'est cette observation triviale (que l'on utilise naturellement depuis l'ecole primaire) que la propo- sition suivante formalise et demontre en base quelconque.

b) Proposition. Soient m,n N. On suppose m 6= n. On xe une base de numeration b quelconque; on note Longbm=p+1 et Longbn=q+1, et les decompositions:

m=ap. . .a0b et m0 =cq. . .c0b, avecap6=06=cq. { Sip < q, alorsm < n;

{ Siq < p, alorsn < m;

{ Sip=q, en notant rle plus grand element de{k[[0,p]];ak 6=ck}, on a:

ou bien: ar< cr, et alorsm < n; ou bien: cr< ar, et alorsn < m.

Preuve Comme on l'a vu dans la preuve de 2.2.c,m=ap. . .a0b impliquebp6m < bp+1. De m^eme,bq6n < bq+1. Sip < q, alorsm < bp+16bq6n, doncm < n. De m^emeq < p impliquen < m.

Supposons maintenantp=q; commem6=n, l'ensembleA={k[[0,p]];ak6=ck}est non-vide (d'apres l'unicite dans le theoreme 2.2.c). Comme Aest une partie de N majoree par p, elle possede un plus grand elementr.

Supposons quer=0. Cela signie que a06=c0 et ak=ck pour toutk[[1,p]]. D'ou:

(8)

mn=a0+ Pp

i=1aibic0 Pp

i=1cibi=a0c0. Donc on a bien dans ce casm < nsi et seulement sia0< c0.

Supposons que 16r. On aar6=cr etak =ck pour toutk[[r+1,p]]. Pour xer les idees, supposons quear< cr(si c'est le contrairecr< ar, il sut d'echangermetn). Decomposons:

m=

r−P1

i=0aibi+arbr+S, avecS= Pp

i=r+1aibi (Sest nul sir=p), (1) n=

r−P1

i=0cibi+crbr+S, avec le m^emeS= Pp

i=r+1aibi= Pp

i=r+1cibi. (2) Rappelons que l'on a toujoursai6b1, de sorte que l'on peut majorer:

r−P1

i=0aibi6r−P1

i=0(b1)bi=br1.

Donc, d'apres (1), il vientm6br1+arbr+S= (ar+1)br1+S. Or puisqu'on a suppose au depart quear < cr, on a: (ar+1)br1<(ar+1)br 6crbr. Par suite: m < crbr+S.

Or il resulte de (2) quecrbr+S6n. On conclut que m < n. ut

2.5 Estimation de la longueur de la repr´esentation en une base donn´ee

a) Observation pr´eliminaire. Pour tout entier b >1 et toutmN, on veut pouvoir calculer la longueur Longb(m) de la representation de m en base b. La methode proposee ici suppose de conna^tre l'ensembleRdes nombre reels et les fonctions logarithmes sur R.

Pour toutxR, on noteE(x) la partie entiere dex. On note ln le logarithme neperien. Pour tout reela >1, on note loga la fonction logarithme de basea, qui est denie par loga(x) = lnlnxa, et qui est strictement croissante sur ]0,+∞[.

b) Proposition. Soit aRtel quea >1. Soit bNtel que b >1.

Pour toutmN, on a: Longb(m) =E loglogam

ab

+1.

Preuve. Soit m =ak. . .a0b avecak 6= 0 donc Longb(m) =k+1. On a vu au debut de la preuve du theoreme 2.2.c qu'alors bk 6 m < bk+1. En appliquant la fonction loga, il vient klogab6logam <(k+1)logab, ou encorek6loglogaamb < k+1. Cela signie quek=E loglogam

ab

,

ce qui prouve le resultat voulu. ut

Remarque: Si on choisita=b, on obtient en particulier Longb(m) =E(logbm) +1. Pourm=b, il vient Longb(b) =E(1) +1=2, ce que l'on savait deja puisqueb=10b.

c) Exemples.

(i) Calculer le nombre de chires de 100 en base 2.

Solution. On applique la proposition avecb=2 etm=100; on choisita=10 donc:

Long2(100) =E loglog10100

102

+1=E 0,30103···2

+1=6+1=7.

On peut verier en explicitant 100=64+32+4=26+25+22=11001002. (ii) Calculer la longueur de la representation decimale de 211213 puis de 211213−1.

(9)

Solution. On applique encore la formule, aveca=b=10. D'abord pourm=211213, il vient:

Long10m=E loglog10m

1010

+1=E(log10m) +1.

Or en notant x = 11213, on a: m = 2x = 10xlog102 c'est-a-dire log10m = xlog102. Donc E(log10m) =E(11213×0, 30103· · ·) =3375. Ainsi Long10m=3376.

Posons maintenant m0 =m1. L'ecriture decimale de mne se termine pas par 0 (car sinon mserait un multiple de 5, ce qui n'est pas). Donc l'ecriture decimale de m0 est la m^eme que celle de m, hormis le chire des unites, qui est diminue de 1. En particulier Long10m0 = Long10m=3376.

On verra plus tard, apres l'etude des congruences, d'autres applications de l'ecriture decimale des entiers naturels (preuve par neuf, critere de divisibilite de Pascal...)

(10)

U.E. libre \L'univers des nombres" Annee 2011-2012

Chapitre 2: ´ ecritures d´ ecimales et nombres r´ eels

1 Nombres d´ ecimaux et nombres r´ eels

1.1 Rappel sur R et divers sous-ensembles de nombres

On suppose ici connu l'ensembleRdes nombres reels, muni de ses operations (permettant de faire du calcul algebrique dansR) et de sa relation d'ordre 6(permettant de faire de l'analyse dansR).

Parmi les sous-ensembles de nombres classiques de R, on distingue:

N Z Q R.

Nest l'ensemble des nombres entiers naturels 0, 1, 2, 3, . . . , 9, 10, 11, 12, . . . 453, 454, . . . etudies au chapitre precedent.

Remarque: des equations du type x+3= 0 oux×7 = 1 n'ont pas de solution dansN(cela correspond au fait queNn'est pas un groupe pour l'addition ni pour la multiplication).

La somme et le produit de deux entiers naturels est un entier naturel.

Z est l'ensemble des nombres entiers relatifs . . . ,−5,−4,−3,−2,−1, 0, 1, 2, 3, 4, 5 . . . formes des entiers naturels et de leurs opposes.

Remarque: toutes les equations du type x+a = 0 avec a Zont maintenant des solutions dans Z (a savoir x = −a), mais les equations du type x×7 = 1 n'en ont toujours pas (cela correspond au fait queZest un groupe pour l'addition mais pas pour la multiplication).

La somme, la dierence et le produit de deux entiers relatifs est un entier relatif; on dit queZ est un anneau.

Qest l'ensemble des nombres rationnels, c'est-a-dire de la formex= ab avecaZ etbN. Remarque: toutes les equations du type x+ ab = 0 avec a Z,b N ont maintenant des solutions dansQ(a savoirx= −ab), et toutes les equations du typeab =1 avecaZ,bN ont maintenant des solutions dansQ(a savoirx= ba).

En revanche, une equation du typex2=2 n'a toujours pas de solution dans Q(voir plus loin en 3.1.b). De plus, sur le plan de la relation d'ordre6, il existe dans Qdes parties non-vides et majorees qui n'admettent pas de borne superieure dans Q (voir plus loin en 3.2.b). Il en resulte des insusances pour \faire de l'analyse": par exemple une suite strictement croissante et majoree de rationnels ne converge pas necessairement dansQ(voir plus loin en 3.1.d).

La somme, la dierence et le produit de deux rationnels est un rationnel, et le quotient de tout rationnel par tout rationnel non-nul est un rationnel; on dit que Q est un corps.

R est l'ensemble des nombres reels. Il contient tous les nombres rationnels, mais aussi d'autres qui ne le sont pas (ils sont dits irrationnels) commeπ,

2, ln 2, e,...

Remarque: algebriquement, R un corps; et sur le plan de la relation d'ordre, toute partie non-vide et majoree deRadmet une borne superieure dans R(les consequences pour l'analyse dansRsont fondamentales).

(11)

Il existe plusieurs methodes theoriques de construction deR (soit par les coupures de Dedekind2, soit par les suites de Cauchy3)... aucune n'est triviale et nous ne les reprenons pas ici.

On developpe dans ce qui suit un point de vue concret (et adapte au calcul) sur les nombres reels via l'ecriture decimale. On commence pour cela par etudier un type particulier de nombres rationnels, les nombres decimaux.

1.2 Nombres d´ecimaux

a) D´efinition. On appelle nombre decimal tout nombre rationnel de la forme particuliere :

10an =10−na, ou aZetnN.

On note Dl'ensemble des nombres decimaux.

ITout nombre entier est un nombre decimal. En d'autres termes, on a:

N Z D Q R

ILa somme et la dierence de deux nombres decimaux est un nombre decimal. Le produit de deux nombres decimaux est un nombre decimal. En revanche, l'inverse d'un nombre decimal non-nul n'est pas forcement un nombre decimal.

En eet: poura,bZ et n,mN, on a 10an +10bm = a1010mm+n+b10n et 10an ×10bm = 10am+n×b , ce qui montre le premier point. Pour le second, considerons le nombre 3, qui est un entier donc un rationnel. Si son inverse etait un nombre decimal, on aurait 10an = 13 avecaZet nN, donc 10n=3a, ce qui est impossible puisque 10 n'est pas divisible par 3. ut IOn resume ces proprietes en disant que l'ensembleDdes nombres decimaux est un sous-anneau de Q, contenantZ.

b) Remarque. (Les ecritures de l'ecole primaire)

Soit xD. Il est donc de la forme: x= 10an =10−na avecaZ etnN.

Mais, comme dans le chapitre 1, as'ecrit de facon unique:

a=10na0+10n−1a1+· · ·+10an−1+an, avec a0 Zet 06ak 69 pour tout 16k6n. (Ceci resulte de la division euclidienne, mais attention: ce n'est pas forcement l'ecriture decimale de a. Par exemple: −235= −3.102+6.10+5)

On en deduit que le decimal x=10−na s'ecrit de facon unique

a10−n=a0+a1101+a2102· · ·+an−110n−1+an10−n, aveca0 Z et 06ak69 pour tout 16k6n.

Lorsque aest positif, on note a=a0,a1a2. . .an

Exemples:

x=28.102 = (0.102+2.10+8).102=0+2.101+8.102 ; on note x=0, 28.

x=3514.10−2= (35.102+1.10+4).10−2 =35+1.10−1+4.10−2 ; on notex=35, 14.

x= −321.102= (−4.102+7.10+9).102= −4+7.101+9.102 alors quey=321.102= (3.102+2.10+1).102 =3+2.101+1.102 ; on notey=3, 21 et y= −x= −3, 21.

2Richard Dedekind, 1831- 1916, mathematicien allemand reconnu en particulier pour ses travaux sur les fonde- ments des mathematiques et en algebre

3Augustin Louis Cauchy, 1789-1857, l'un des mathematicien francais les plus important du XIXeme siecle, dont l'inuence a ete fondamentale dans tous les domaines, mais tout particulierement en analyse reelle et complexe

(12)

Le but de ce qui suit est de denir une ecriture decimale pour tout nombre reel, ce qui ne peut se faire qu'en passant d'une suite nie de chires (susante pour ecrire tout nombre decimal) a une suite eventuellement innie (necessaire pour etendre a tout reel).

c) Suites d´ecimales. On appelle suite decimale toute suite d'entiers(an)n>0 telle que a0 Z et 06an69 pour toutn>1. On note Sl'ensemble des suites decimales.

Soit s= (an)n>0 S ;

s est dite finie lorsqu'il existeNNtelle quean=0 pour toutn>N.

s est dite impropre lorsqu'il existeNNtelle quean=9 pour toutn>N.

s est dite propre lorsqu'elle n'est pas impropre, (i.e. NN, n>N, an6=9.) On note Sp l'ensemble des suites decimales propres.

1.3 Valeurs d´ecimales approch´ees d’un r´eel

Rappelons d'abord que, quel que soit x R, on appelle partie entiere de x, notee E(x), l'unique entier relatif tel queE(x)6x < E(x) +1.

a) D´efinition. Soient xR et nN. On appelle valeur decimale approchee de x a 10−n pres par defaut, ou par exces, les nombres decimaux denis respectivement par:

xn=10−nE(10nx) et yn=10−n(E(10nx) +1) =xn+10−n. Par denition de la partie entiere: 10nxn=E(10nx)610nx < E(10nx) +1=10ny. Donc:

pour tout nN, on a: xn6x < yn et yn−xn=10−n. b) Remarques.

Pour toutxR, on a x0 =E(x)6x < y0=E(x) +1.

Pour toutxZet tout nN, on a E(10nx) =10nx, doncxn=x < yn=x+10−n.

Pour toutxD, la suite (xn) est stationnaire.

En eet: soit x = 10−na avec n N et a Z ; soit m > n, de sorte que 10mx = 10m−na qui est entier ; doncxm =10−mE(10mx) =10m10m−na=10−na; ainsi xm = xdes lors que m>n.

Par exemple: soit x= 1976.102 = 19, 76. On a: x0 = 19 et y0 = 20, x1 = 19, 7 ety1 = 19, 8, x2=19, 76=xety2 =19, 77, puisxm=xetym=x+10−m pour m>2.

c) Exercice.

Calculer les cinq premiers termes des suites (xn) et(yn)pour le reel (rationnel) x= 97. Calculer tous les termes des suites(xn) et(yn) pour le reel (decimal)x= −6532.10−2.

d) Th´eor`eme. Pour tout reel x, les suites (xn) et (yn) denies ci-dessus sont adjacentes, et convergent versx.

Preuve On part de: 10nxn=E(10nx)610nx < E(10nx) +1=10ny.

En multipliant par 10, il vient: 10E(10nx)610n+1x <10E(10nx) +10.

Par denition de la partie entiere:

d'une part 10E(10nx)610n+1ximplique 10E(10nx)6E(10n+1x), ce qui conduit en multipliant par 10−n−1 axn6xn+1;

d'autre part 10n+1x <10E(10nx) +10 impliqueE(10n+1x) +1610E(10nx) +10, ce qui conduit en multipliant par 10−n−1 ayn+16yn.

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