L HUILIER
Théorèmes sur les triangles, relatifs à la page 64 de ces Annales
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 1 (1810-1811), p. 149-159
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RÉSOLUES. I49
La solution de ces
problèmes,
déduite desméthodes exposées
ci-dessus,
seraincomparablement plus
courte etplus simple que celles
que. fournirait la
géométrie descriptive proprement dite.
Théorèmes
surles triangles , relatifs à la page 64
de ces Annales ;
Par M. LHUILIER, professeur de mathématiques à l’académie
impériale de Genève.
THÉORÈME. Dans
touttriangle,
lequarré
de la distance descentres des cercles
qui lui
sont inscrits etcirconscrits
estégal
aurectangle
dit rayondu
cerclecirconscrit,
par l’excèsdu même
rayonsur le double de celui du cercle inscrit
(*).
Ce
théorème a aussi étéadressé,
mais sans démonstration , aux Rédacteurs des Annales, par MKramp, professeur doyen
de la faculté des sciences àStrasbourg.
Le mème théorème est connu
des Rédacteurs depuis 1807,
il leur futcommuniqué,
cettè
époque, par feu M.
Mahieu,professeur
demathématiques au collége
d’Alais, qui
le tenait de M. Maisonneuve,ingénieur
des mines. Voici dequelle
manière M.Maisonneuve y était parvenu.
Eh
désignant
par c , c’, c", les trois côtés dutriangle ,
etpar D
la distanceentre les centres des cercles inscrit et circonscrit, on trouve, sans
beaucoup
depeine
,Jnajs on sait
qu’en désignant
par R le rayon du cercle circonscrit, par r celui:’de
l’inscrit,
et par T l’aire dutriangle,
on a ces troisexpressions :
I50
LEMME.
Dans touttriangle, la bese
est àla hauteur,
commele
produit
dit sinus del’angle
au sommet par le sinus total est auproduit
des sinus desangles à
la base.des deux dernières
équations
on tired’abord ;
comparant
ensuite
lequarré
de la troisièmeà la première,
on aura :et partant :
ou :
équation qui
n’est que la traduction,analitique
du théorème de M.Lhuilier, et qui
est aussi celle de M.
Kramp..
Ces sortes de rencontres ,
qui
n’ôtent rien ausurplus
au méritepersonnel
dechaque
inventeur, ne sauraient être fort rares dans les sciences ex,actes , où l’on marche constamment dans la voie de lavérité ;
e’est ainsi que M.Mahieu,
ver.l’époque déjà indiquée,
trouva le théorème suivant ,auquel
M. Lhvilierest aussi
parvenu de son
côté , (
voyez ses Élémens d’analisegéométrique
et d’analise al-gébriqtie ;
GenèveI809,
pag. 224):« Si l’on
désigne
par r , r’, r’’, r’’’, les rayons desquatre
eerclesqui peuvent
le toucher à la fdis les trois côtés d’un mèmè
triangle ,
considérés comme des droites."
indéfinies,
etpar T
l’airede
cetriangle ,
on auraT=rr’r’’r’’’."
( Note
des éditeurs..)R É S O L U E S. I5I
Soit ABC un
triangle
dont. AB estla base,
èt dontCQ
est lahauteur (fig. I2). J’affirme
queAB : CQ=I Sin.C : Sin.A.Sin.B.
Démonstration.
donc
COROLLAIRE. Dans tout
triangle,
un des côtés est aurayon
du cercleinscrit,
comme leproduit
du sinus total par lecosinus
de la moitié de
l’angle opposé à
ce côté est auproduit
des sinusdes
demi-angles qui
lui sontadjacens.
En
effet,
letriangle qui, ayant
son sommet au centre ducercle inscrit,
a pour base le coté dont ils’agit,
a sa hauteurégale
aurayon
de cecercle ;
deplus,
sesangles ,
à labase,
sontmoitié
desangles correspondans du premier triangle; enfin,
sonangle
au som-met. est le
supplément du complément
de lamoitié de l’angle
au.sommet du mème
triangle.
§.
ILLEMME CONNU. Dans tout
triangle,
lerayon
du cercle cir- conscrit est à l’un descôtés,
comme le sinus total est audoublo
du sinus de
l’angle opposé
à ce côté.§.
III.LEMME. Dans tout
triangle, le rayon
ducercle
circonscrit est au rayon du cercleinscrit,
comme le cube du sinus total est àquatre fois
leproduit
continuel des sinus desdemi-angles
dutriangle.
Soit ABC un
triangle ;
que les rayonsdes cercles,
dont l’un luiest circonserit et
dont
l’autre lui estinscrit, soient désignés
par Ret r respectivement; j’affirme que R r=I3 : 4Sin.1 2 A.Sin.I 2B.Sin.I 2C.
Démonstration.
donc,
SCHOLIE. Q.uatre
fois leproduit
continuel du sinus des demi-angles d’un triangle,
estégal
auproduit
duquarré
du sinus total par l’excès de la somme des cosinus desangles
de cetriangle
sur ce sinustotal - -
On
peut
aussiexprimer
ceproduit continuel- dans les
côtés dntriangle.
En
effet,
donc,
RÉSOLUES. I53 donc,
§.
IV.THÉORÈME. Le quarré
de la distance des centres de deuxcercles,
dont
l’un est circonscrit à untriangle,
et dont l’autre lui est ins-crit,
estégal
aurectangle du
rayon du cercle circonscrit par l’excès de ce rayon sur le double de celui du cercle inscrit.Soit ABC un
triangle ;
soient Z et z les centres de deuxcercles,
dont l’un est circonscrit au
tgangle,
et dont l’autre lui estinscrit ;
que les rayons de ces cercles soient R et r ;
j’affirme que Z z
=R(R-2r).
Démonstration. Soient ZP et zp,
perpendiculaires
à l’un descôtés
tels que A B.
(*) A cause de 2AP=AB et de ZP=AZ Cos. AZP=R Cos.d (**) A cause de Cos. C=I-2
Sin.2 I 2
C.(
Notes deséditeurs. )
Tom 1. 21
I54
§.
V.Corollaire.
L’équation
Zz= R(R-2r)
détermine la relationqui règne
entre les distances des centres et les rayons de deuxcercles,
dont l’un est circonscrit à un
triangle,
et dont l’autre lui estinscrit;
de manière que
deux
de cesquantités
étantdonnées,
latroisième
estdéterminée.
Ainsi,
et
Savoir : le
quarré
de la différence des rayons des deux cercles estégal
à la somme desquarrés
de la distance des centres et durayon
du cercle inscrit.Le
rayon
du cercle circonscrit est à lasomme
de cerayon
etde
A
cause deAp=zp,
Cot.zAp=r. Cot.I 2 A,
et deBp=zp.
Cot.zBp=r. Cot.
B.Note
deséditeurs. )
RÉSOLUES.
I55la distance des centres, comme la différence de ce rayon et de cette distance est au double du rayon du cercle inscrit.
§.
VI.La relation entre la distance des centres de deux cercles et les
rayons R
et r de cescercles ,
étant tellequ’il
vient d’êtredit ;
si oncirconscrit au cercle dont le rayon est r un
triangle
dont un des côtéssoit une corde de l’autre
cercle,
cetriangle
sera inscrit à ce derniercercle ;
etréciproquement y
si l’on Inscrit au cercle dont le rayon est R untriangle
dont un des côtés soittangent à
l’autrecercle,
cetriangle
sera circonscrit à ce dernier cercle.Il y a donc un nombre illimité de
triangles qui peuvent
être à lafois inscrits à un cercle et circonscrits à un autre
cercle , lorsque
lesrayons de ces cercles et la distance de leurs centres sont liés par l’é-
quation Zz =R(R-2r).
Pour que cette
inscription
et cettecirconscription
simultanées soientpossibles,
on doit avoirR
2r.Lorsque
R = 2r, alors Zz == o ; les deux cercles sontconcentriques ;
lestriangles
sontéquilatéraux,
et ilsdiffèrent entre eux seulement par la
position
de leurs côtés.Lorsque l’inscription
et lacirconscription
simultanées sontpossibles
pour que le
problème
soitdéterminée,
on doitajouter,
sur letriangle
à
construire quelque
autre conditionindépendante
del’équation
Zz =R(R-2r).
Exemple. Que
l’on donne unangle
dutriangle cherché,
tel quel’angle
C. Le cercle dont le rayon est R fait connaître le côtéAB, opposé
à cetangle,
parl’équation
AB=2R Sin.C. Dans letriangle ABC,
dont on connaîtl’angle C,
on connaît aussi la somme desangles
A etB ;
deplus,
dans laproportion
AB :r = Cos. C : Sin.;A.
Sin.I 2 B,
on connait lequatrième
terme,savoir,
leproduit
des sinusdes
demi-angles
dont la somme estdonnée; mais, 2Sin.I 2 A.Sin.I 4 B=
Cos.I 2(A-B)-Cos.I 2(A+B) ; donc,
on connait lecosinus
de lademi-
différence des
angles
A etB ;
etpartant
on connaît aussi lademi-
différence de cesangles,
et on les connaîtFun
et l’autre.On a,
Comme la
plus grande
valeur deCos.I 2(A-B)
estl’unité,
on doitavoir :
d’où
ou encore
dans le cas de la
limite,
letriangle
est isocèle.S.
V I I.Ce
qui
vient d’êtredéveloppé,
sur le cercle circonscrit et sur lecercle
inscrit à untriangle, peut
êtreappliqué ,
avec delégers changemens,
au cercle circonscrit et à l’un des trois cercles exinscrits à ce même
triangle,
savoir : à un cerclequi touche
un des côtés dutriangle
ex-térieurement,
et lesprolongemens
des deux autres côtés( Voyez
mesÉlémens d’analyse,
etc,§, I3I.).
Comme ’le rayon du cercle exinscrit à un
triangle,
dans l’un deses
angles 3
a, relativement au côtéqu’il
toucheextérieurement,
unedirection opposée
à celle du rayon du cercleinscrit ;
dans la formuleZz =R(R-2r),
on doitchanger
lesigne de r,
cequi
donne l’é-RÉSOLUES. I57
quation Zz =R(R+2r),
savoir : lequarré de
la distance des centresde deux cercles dont l’un est circonscrit à un
triangle,
et dont l’autre lui estexinscrit,
estégal
aurectangle
du rayon du cercle circonscrit par la somme de ce rayon, et du double du rayon du cercle exinscrit.On
peut parvenir
à cetteéquation immédiatement,
sanspartir
dela doctrine des
quantités négatives
et de lacorrespondance qui
a lieuentre les
changemens
de direction et lechangement
dessignes,
euprocédant
comme il suit :1.0 Dans tout
triangle,
labase
est aurayon
ducercle exinscrit,
relatif à cette
base,
comme leproduit
du sinus total - par -le cosinus dudemi-angle opposé
à labase,
est auproduit du cosinus
des demi-angles
à la base.2.° Dans tout
triangle,
le rayon du cercle circonscrit est au rayon de l’un des cerclesexinscrits,
comme le cube du sinus total est àquatre
fois leproduit
continuel des cosinus desdemi-angles
à labase a
et du sinus du
demi-angle qui
lui estopposé.
THÉORÈME.
lequarré
de la distance des centres de Jeuxcercles
dont l’un est circonscrit à cetriangle,
et dont 1-’autre lui est ex-inscrit,
estégal
aurectangle
du rayon du cercle circonscrit parla
somme de ce rayon et du double de celui du cercle exinscrit.
Soit ABC un
triangle soit Z
le centre du cerclecirconscrit,
etR
son rayon ; soit z’ le centre d’un cercle
exinscrit
à cetriangle, dans l’angle C ;
et soit r’ son rayon :j’affirme
que Zz’=R(R+2r’).
Démonstration. Soit
z’p’ perpendiculaire à AB.
I58 QUESTIONS R É S O L U E S.
(*) De toute cette analise dérive naturellement la démonstration des deux Porismes
énoncés à la page 64 de ce volume.
En repreant, en
effet,
lessymboles employés
dans lapremière
note,de l’é- quation :
on tirera successivement :
Or, la valeur
unique
de r, donnée par lapremière
formule,éfant toujours possible,
tant que R n’est pas nul , et étant deplus positive, lorsqu’on
a R >D,
on en
peut’ conclure,
I.°qu’un point
étant donnéarbitrairement,
dansl’intérieur
d’un cercle dont le rayon est R, et à une distance D de son centre ; il y a
toujours
unelongueur,
et une seulelongùeur
r,laquelle
étantprise
pourrayon
d’un nouveau cercle, ayant son centre au
point
donné ; il arriveraqu’un
mêmetriangle
pourra être à lafois
inscrit aupremier
des deux cercles et circonscritau second.
Quant à la seconde formule, bien,
qu’elle
donne pour R deux valeursessentiel-
lement
réelles,
l’unepositive
et l’autrenégative,
et celaindépendamment
du rap-I59
QUESTIONS PROPOSÉES.
QUESTIONS PROPOSÉES.
Problème de Géométrie.
UN
cercle étantdonné,
lepartager,
par un nombre limitéd’opé-
rations faites avec la
règle
et le compasseulement,
en un nombredonné
quelconque
departies , égales à
la fois en surface et en contour.Autre problème.
Concevons
qu’après
avoir divisé tous les côtés d’unpolygone quel-
conque en m
parties égales,
on prenne sur les deux côtés de chacun de sesangles,
et àpartir
de son sommet n de cesparties , iz
étantI 2 m.
Si l’on coupe les
angles
dupolygone
par des droitesqui passent
par lespoints
déterminés de cette manière sur chacun de -leurscôtés,
on transformera ce
polygone
en un autre d’un nombre de côtés double.On pourra
opérer
sur ce nouveaupolygone
de la même manièrequ’il vient
d’être dit pour lepremier ;
etsi,
l’onpoursuit
continuel-port de
grandeur
entre r et D ; comme néanmoins lechangement
dusigne
der ne fait
simplement
quechanger
lessignes
de ces valeurs, sans enchanger
lagrandeur
absolue, on en doit conclure que l’une d’elles , savoir)r-r2+D2,
estrelative au cercle
que
M. Lhuilierappelle
exinscrit, et que parconséquent
la valeurde R, relative au cercle inscrit , est
unique,
comme celle de r dans lapremière
formule. Ainsi, 2.° unpoint
étant donné arbitrairement, sur le plan d’un cercle dontle rayon est r, et à une distance
quelconque D
de son centre, il y atoujours
une
longueur ,
et une seulelongueur
R,laquelle
étantprise
pour rayon d’unnouveau cercle, ayant son centre au
point
donné, il arriveraqu’un
mêmetriangla
pourra