É
DITORIALLe « sens » est depuis très longtemps une constante dans les travaux des différentes sensibilités scientifiques qui œuvrent autour de l’information géographique, mais la mise en avant de la sémantique comme élément central dans une démarche de traitement automatique de l’information géographique a été longtemps regardée avec beaucoup de scepticisme au profit de traitements s’appuyant sur des modèles plus formels s’attachant plus à la forme et à l’organisation de l’information à traiter plutôt qu’à son contenu sémantique. Les progrès significatifs réalisés dans diverses disciplines au cours des dernières années visant à décrire le contenu des ressources afin de les rendre plus facilement accessibles et interopérables font que les points de vue et perspectives s’insèrent dans une nouvelle dimension. Les efforts, toutes disciplines confondues, déployés autour du médiatique « web sémantique » représentent la partie émergée de l’iceberg. Les articles sélectionnés dans ce numéro donnent un instantané de la variété des approches par la sémantique pour des problématiques d’extraction ou de sélection, de représentation et d’interprétation de l’information géographique.
Les trois premiers articles de ce numéro sont les plus aboutis parmi les huit meilleures contributions de la conférence SAGEO 2009. Dans leur article
« L’information objective comme représentation subjective » Leclerc et al. mettent en œuvre une expérimentation basée sur une méthode semi-formelle permettant d’étudier la valeur donnée, selon les individus, à l’utilité d’une information pour répondre à une question. En d’autres termes, l’expérimentation menée dans cet article met en évidence l’importance du sens retenu par chaque acteur pour une même information selon sa compétence, mais, sans doute, également au travers de son vécu. Comme référencé dans l’article, Korzybski, connu comme le fondateur de la « sémantique générale », suggère déjà en 1933 que nous n’avons pas accès à une connaissance absolue du réel mais plutôt à un ensemble de croyances sur le réel qui ont été construites au fil du temps.
L’article de Mustière et al. « Analyses linguistiques et techniques d’alignement pour créer et enrichir une ontologie topographique » présente un projet ayant comme objet d’étude central une ontologie. Autrement dit, une ontologie doit être vue comme une conceptualisation définissant des concepts, des propriétés et des relations d’un domaine spécifique. Une telle ontologie permet de préciser le sens des concepts d’un domaine tout en permettant de les exprimer dans une représentation formelle. Dans le contexte du projet, la construction d’une telle représentation, puis son enrichissement, doit permettre l’intégration de sources d’informations multiples et hétérogènes.
Dans le troisième article « Modélisation des hiérarchies territoriales multiples évolutives » Plumejeaudet al. mettent l’accent sur la variabilité (en termes de
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-rig.revuesonline.com
Éditorial 128
sémantique et de qualité) des informations collectées par les divers organismes d’observation des territoires. Cette variabilité a pour conséquence principale de rendre impossible la constitution d’un réservoir de données permettant d’étudier l’évolutivité des phénomènes à toutes les échelles territoriales dans lesquelles ils font sens. Leur proposition consiste en la notion d’unité géographique comme unités élémentaires. Bien que l’établissement de l’identité d’une unité géographique dépende de paramètres subjectifs, elle a l’avantage de conférer un sens à son évolution.
Les deux derniers articles ont pour objet commun les risques naturels. Que l’objectif soit celui de l’article, « Approche cartographique et géo visualisation pour la représentation de l’incertitude » d’Arnaud et al., ou celui de l’article,
« Conception et déploiement d’un géo-framework de gestion de risque des inondations » de Missaoui et al., l’idée sous-jacente à ces deux articles est constituée par des propositions permettant d’approcher et de caractériser au mieux (avec prise en compte de la notion d’incertitude pour le premier) le sens de la notion de risque naturel et de l’information relative aux événements qui y sont liés, à des fins de prévision, d’évaluation et de prévention.
Pour conclure, je salue l’effort des deux comités de programme celui de SAGEO et celui de la RIG pour leur travail de relecture et d’évaluation.
MAURO GAIO Université de Pau et des Pays de l’Adour
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-rig.revuesonline.com