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Le chauffage de substances peu conductrices par
courants induits de haute fréquence
G. Ribaud
To cite this version:
LE
JOURNAL
DE
PHYSIQUE
ET
1
LE RADIUM
LE CHAUFFAGE DE SUBSTANCES PEU CONDUCTRICES PAR COURANTS INDUITS DE HAUTE
FRÉQUENCE
Par M. G. RIBAUD.
Laboratoire des Hautes
Températures.
Sommaire. - Le
chauffage par courants induits de haute fréquence est, la plupart du temps, limité
à des corps relativement conducteurs s’échelonnant du cuivre au graphite. Le présent article précise les valeurs des énergies recueillies dans les corps mauvais conducteurs; les courbes tracées permettent en
particulier de calculer, dans chaque cas, le rendement électrique du chauffage; elles montrent en
parti-culier Qu’avec des fréquences de l’ordre de 106, parfaitement réalisables avec les installations actuelles à lampes triodes, on peut atteindre d’excellents rendements dans des substances dont les résistivités
électriques varient de 107 à 1010 C. G. S. et dont le diamètre dépasse 6 cm.
Les courbes d’énergies recueillies, en fonction de la fréquence et du diamètre, permettent en outre de
déterminer expérimentalement la résistivité d’une substance déterminée. L’application de cette
méthode est donnée pour un gaz sous faible pression dans lequel il est possible de développer, sous un
diamètre 6 cm et une hauteur 12
cm, des
puissances de plusieurs kilowatts correspondant à des densitésde courant de l’ordre de 10 A : cm2 et à des résistivités voisines de 108 C. G. S.
SÉRIE VIII. - TOME yTIll. N° 4.. AVRIL 19~7.
En
général,
dans lapratique
duchauffage.
par courants induits de hautefréquence,
les substances conductrices utiliséess’échelonnent,
dans l’ordre des résistivités
croissantes,
du cuivre(p =
2.10~ C. G.S.)
augraphite
(p
= lotienviron),
en
passant
par les métaux fondus dont lesrésis-tivités sont de l’ordre de io5 C. G. S.
Il n’est pas sans intérêt de rechercher dans
quelle
mesure le
chauffage
de substances nettement moins conductricespeut
s’effectuer avec un rendement satisfaisant. Pour cessubstances,
les diamètreset les
fréquences
utilisés sonttoujours
tels quel’épaisseur
de peau z reste du même ordre que le diamètre d ducylindre
constitué par lasubstance,
et le calcul
simple,
qui
supposel’épaisseur
de peau faible parrapport
audiamètre,
n’estplus
ici valable.En
appelant x
la distance d’une tranchecylin-drique
àl’axe,
H lechamp
magnétique
et a~ ladensité de courant en ce
point,
leséquations
clas-siques
del’électromagnétisme
fournissent immédia-tementL’intégration
de la secondeéquation
s’effectue facilementgrâce
aux fonctions de Bessel la valeur~
de a en
chaque
point
s’en déduitaisément,
ainsi quel’énergie
totale W recueillie par unité detemps
dans lecylindre
de hauteur h. Cetteénergie peut
s’écrireH,ff
désignant
lechamp
efilcace extérieur danslequel
se trouveplacé
lecylindre
(1).
La dernièrefraction est une fonction du
rapports
que nousdésignerons
par(D
sa variation en fonctionde
: =
(1) Si le cylindre est placé dans un solénoïde long, compor-tant nl spires par centimètre et traversé par une intensité efficace Ieff, on a .
98
est donnée par la
figure
1; nullepour -
= o elle, - el
tend vers i
pour d=00.
Fig. i.
z
De
façon
générale
onpeut
écrireNous allons nous proposer de
tracer,
pour undiamètre d et une
fréquence
f
donnés,
la’variationde
W,
ou mieux de~~~, ~ ,
en fonction de la, ~r clhn~ 1~
résistivité p de la substance.
Nous avons
déjà
donné l’alluregénérale
de cette variation dans despublications
antérieures(2);
nouspréciserons
davantage
ici les valeurs deW;
l’étude
portera également
sur lesfréquences
élevéesque les installations à
lampes
permettent
d’atteindreaisément
( f
=107).
Pour
permettre
unereprésentation
des valeurs élevées de larésistivité,
nous avons sur lesfigures
2,3,
4
et 5adopté
pour p et pour W des coordonnéeslogarithmiques.
,Faibles valeurs de la résistivité. - Pour les
faibles valeurs de la
résistivité,
c’est-à-dire pourles corps très
conducteurs,
l’épaisseur
de peau s reste faible et lafonction (D (d)
reste voisine de r .Dans ces conditions la formule
(2)
peut
s’écrirePour une
fréquence
donnée,
W varie conime 1 p ;en d’autres termes les courbes sont des
portions
de droites depente 2 1 -
Comme
lesfréquences
indiquées
sur les courbes crossent successivement (2) G. RIBAUD, J. Phys., g ~ 3, 4, p. 188; P. LEBEAU, h’ours électriques et chimie, p. 359.dans le
rapport
de i à 10, les droitesprécédentes
se trouventdécalées,
parallèlement
à l’axe des y,d’une
quantité
égale
ào,5.
Elles nedépendent
pasde la valeur de d et sont
identiques
sur les troisfigures
(3).
Position et
grandeur
du maximumd’énergie
recueillie.
- La formule(2),
transformée,
peut
s’écrire
Pour un diamètre et une
fréquence
donnés,
(1) (~)
W varie comme le
rapport
E
. Les variations(d)
de ce
rapport
sont données enpointillé
(graduation
de
droite)
sur lafigure
i. On y remarque enparti-culier que
l’énergie
maximum est atteinte pour unevaleur
de /
égale
à3,5,
c’est-à-dire pour une valeurE
de p donnée par la relation
Si l’on remarque que la valeur maximum du
rapport - ’ (D (d)
estégale
à 0,17, cela entraîne pour
rapport
E
estégale
à o,17, celaentraîne,
pourE
l’énergie
maximumW",a"
l’expression
suivante :On se rend aisément
compte
que, pour desfréquences
croissant dans lerapport
de i à 10,les valeurs de
logo.,,,
croissent d’uneunité,
ainsi que celles delog
Wl,,,,;
les maxima se trouventsur une même droite de
pentue 1.
Enoutre,
onpeut
remarquer que l’ordonnée du maximum reste
inchangée
si l’on modifie à la fois det i
defaçon
que leur
produit
resteinchange.
Grandes valeurs des résistivités. -
Pour les valeurs très élevées des
résistivités,
lerapport /
est
faible;
lecalcul
montre alors que la dernièrefraction de
l’équation (1)
que nous avonsdésignée
(3) Cela LieiiL évidemment à cc que nuus avons porté en
ordonnées _TdVW ,
c’est-à-dire l’énergie rapportée à l’unité deII. dlb
Par + 1’/)
tend1
(Dr ;
dès lorsl’équation (3)
c / 32 -- / nous donne
(B
constantenumérique
que nousn’explicitons
pas).
De cette formule il résulte que, pour lesgrandes
résistivités,
les courbeslogarith-miques
tendent vers des droitesde
pente
-1
(4)
Rappelons
également
que, si sest
grand
parrapport
audia-mètre d du
cylindre,
la densitéde
courant,
nulle sur l’axe ducylindre,
varieproportionnellement
à la distance à l’axe. Sa valeur à la surface ducylindre peut
s’écrirecr" = ii j 1
d2013-; ?
j » )
a E1
et le courant induit total a pour
expression
, el2
i = ni Ii 1 R .2 .
(7)
donnent
quantitativement
lesénergies
recueillies,
en fonction de la
résistivité,
pour divers diamètresPratiquement
cesexpressions
sont valables avec uneapproximation
suffisante dès que l’on adépassé
le
maximum,
c’est-à-dire pour des valeursde
-E
inférieures à 3.
Fig.-3.
Conséquences pratiques.
2013Lesfigures
2, 3,4,
5 (4) On remarquera en outre que ces droites sont identiquessi l’on change à la fois d et f de façon que le produit d3f reste
inchangé.
et diverses
fréquences.
Nous y avonsfiguré,
enpointillé,
les résistivitéscorrespondant
àquelques
métaux; cuivre,
plomb,
mercure, augraphite
et à une solution d’acidesulfurique
à 20 pour 100dans l’eau
(p
=10~);
cette dernière résistivitéest
également
celle
des sels fondus courants.Ces courbes
appellent
uncer-tain nombre de remarques
pra-tiques.
On y voit enparticulier
la très nette
influence
du diamètre de la substance à chauffer : pourun diamètre de 3 cm et une fré-quence de 10000
(riz.
2),
l’énergie
recueillie est trois fois
plus
élevée dans legraphite
que dans lemercure. De même un corps de résistivité 109 C. G. S.
(solution
à20 pour too de
S04H2)
et de dia-mètre 3 cmplacé
dans unchamp
de
fréquence
io6 recueille huitfois moins
d’énergie
que lecuivre;
sous un diamètre 12 crn il en
recueille dix fois
plus.
Dans unchamp
defréquence
IOô un corpsde résistivité loIn ° C. G.
S.,
sousun diamètre 3 cm, recueille loto fois
moins
d’énergie
que legraphite,
sous un diamètre de J 2 cm il recueille une
énergie
égale.
L’influence
de lafréquence apparaît également
àpremière
vue sur les courbesprécédentes.
Pour un100
diamètre
donné,
3 cm parexemple,
l’énergie
recueilliedans le
graphite
est extrêmement faible à 1000 p;3 et
4.
Si le solénoïde a des dimensions D et Hsupérieures
à celles d eth,
de lasubstance, Te
serareprésentée
par l’ordonnée dupoint figuratif
précédent
multipliée
ParieraPP0rt Z.
Si l’ on~ rapproche
cette valeur
Wc
del’énergie
W,
recueillie dans la
substance,
la-quelle
estfournie
par l’ordonnéecorrespondant
à la résistivité de lasubstance,
on en déduira aisé-ment le rendementélectrique
duchauffage.
Par
exemple
uncylindre
degraphite
de diamètre d = 3 cm,pour une
fréquence f =
10 000(fin.
2),
a une ordonnéeégale
à 5; §le cuivre a pour ordonnée
1[,3;
si lesolénoïde avait mêmes dimensions
que le
graphite,
lerapport
2013
ft,des
énergies
dissipées
dans legra-phite
et dans l’enroulement(5)
aurait pour valeur :
1 o:),O-!~,~ 1
= 10°,7, a
avec une
fréquence
i o ooo cetteénergie
estioo fois
plus
élevée;
à 100 ooop elle
l’est 1000 foisplus.
La nécessité
d’employer
desfréquences
élevéesapparaît
encoredavantage
lorsqu’il s’agit
de corps de résistivitéssupérieures
à cellesdu
graphite.
Pour une résistivitéégale
à i ol C. G. S. et un diamètre3 cm, on n’aura une
énergie
appréciable
qu’à partir
de fré-quences de l’ordre de iol.Nous allons d’ailleurs
envisager
les choses sous un
angle
un peudifférent en faisant
appel
à lanotion de rendement
électrique
duchauffage.
Valeurs des rendements de
chauffage.
~-- Enpratique
lechauffage
d’une substance s’effectueen la
plaçant
dans un solénoïde àspires
de cuivre que noussuppo-serons
jointives
etd’épaisseur
nettementsupérieure
àl’épaisseur
de peau dans ce métal.
L’énergie
W,.dissipée
dans ce solénoïde est donnée parl’expression (2 bis)
dans
laquelle
det
hreprésentent
le diamètre et la hauteur du solénoïde.En d’autres
termes,
si le solénoïde a même diamètre et même hauteur que lasubstance,
Wc estrepré-sentée par le
point
relatif au cuivre sur lesfigures
2,5. En fait ce nombre devra être
multiplié
par le
rapport
dh ;
admettons cerapport égal à
o.5,
DH
cela entraîne
W =
2,5.
Le rendement duchauffage
W ea dès lors pour valeur
Il
paraît
également
intéressant de rechercherjusqu’où
s’étendent lespossibilités
dechauffage
par induction de substances de haute
résistivité,
parexemple
les sels fondus(silicates, ...),
dont lesrésistivités sont de l’ordre de i à
quelques
ohmspar
centimètre;
nous admettrons parexemple
p = i ol C. G. S. Pour des diamètres de l’ordre de 3 cm, on n’aura un rendement
acceptable
qu’à
la conditiond’adopter
unefréquence
de l’ordre de i ol(rapport théorique,
Pour un diamètre de 12 cm, lafréquence
r o0 ooosuffira,
elle fourniraun
rapport
théorique égal à
10; une résistivitéégale à 3 , 1 09
donnerait encore, à lafréquence
T o0 oooun
rapport égal
à 3. Avec des diamètres de l’ordre de 5o cm lafréquence
io 00odonne,
pour cesmêmes
résistivités,
des rendements très élevés(rapports théoriques
15 eti oo).
Si l’on se limite à des diamètres de 12 cm
environ,
des
fréquences
de l’ordre depermettent
dechauffer,
avec d’excellents rendementsélectriques
dessubstances dont les résistivités
atteignent 1011
C. G. S. Il nousparaît
superflu
demultiplier
lesexemples;
nous avons tenu àmontrer
qu’au
moyen desgra-phiques
précédents
on est en mesure dechiffrer,
par avance, lecomportement
d’une substance derésistivité connue dans un four.’ de dimensions
données,
alimenté avec unefréquence
déterminée.En
réalité,
dans les calculsprécédents,
l’on asupposé
que lecylindre
chauffé a unegrande
hauteurpar
rapport
au diamètre. S’il n’en est pasainsi,
ilconviendrait d’introduire le « facteur de forme o
(G);
en fait les conclusions
précédentes
ne se trouveraient pas sensiblementmodifiées.
e’t
Chauffage
par induction d’un gaz souspres-sion réduite. --~ Sous
une
pression
convenable,
en
général comprise
entreo, a5
eto, 5
mm de mercure, (6) G. RIBAUD et M. LEBLANC, C. R. Acad. Sc., 1945, 220,p. ~2.
un gaz
placé
dans unchamp magnétique
de hautefréquence
s’ionise,
devient conducteur etpeut
s’échauffer defaçon
notable.
Parexemple,
dans untube de diamètre
6 cm,
de hauteur 12 cm,rempli
de néon sous une
pression
deo,5
mm de mercure,et
placé
dans un solénoïdecomportant
deuxspires
par centimètre parcouru par un courant de fré-quence 70 ooo et d’intensité
6o A,
lapuissance
recueillie,
mesuréecalorimétriquement,
a été trouvéeégale à
3, 2
kW. Ils’agit
là depuissances
trèsnotables,
nettement
plus
élevées que cellesdissipées
dans unmétal.
Les courbes tracées
plus
haut vont nouspermettre
de
préciser
la valeur de la densité de courant réalisée dans le gaz et de chiffrer la résistivité du gaz pourune telle densité de courant.
Des mesures
comparatives
effectuées sur uncylindre
de mêmesdimensions,
engraphite,
ontfourni,
pour une intensité42
A,
unepuissance
dissipée égale à
4,o kW.
Ces chiffresmontrent,
qu’à
intensitéégale
dans lesolénoïde,
lapuissance
dissipée
dans le néon est2,5
foisplus
faible quedans le
graphite.
Cela conduit à une résistivitédu néon
égale à
environ 108 C. G. S.(7),
confirmée d’ailleurs par unrecoupement
fourni par uncylindre
de
charbon
poreux derésistivité 7. 10
iC. G. S.
Il
s’agit
en fait d’une résistivité moyenne, car les gaz ionisés ont une résistivitéqui
dépend
de ladensité de courant et nous avons vu
plus
haut quecette
densité,
nulle aucentre, varie à
peuprès
linéairement
jusqu’en
surface.En admettant que cette résistivité moyenne est la même tout le
long
d’un rayon, comme ce serait le cas pour un conducteurhabituel,
la formule(7)
conduit à une intensité totale induite dans le gaz
égale
à 180A,
c’est-à-dire
à une densité moyenneégale
à 5 A : cm2. Ils’agit
là d’une densité de courantnettement
supérieure
à celles rencontrées dans les tubes adécharge
utilisés pourl’éclairage;
une étudede la luminosité
correspondante
feral’objet
d’uneprochaine publication.
_(7) Point désigné par Ne sur la courbe f = 70 ooo de la
figure 3. ’