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Submitted on 1 Jan 1956
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Niveaux d’impureté dans les cristaux (modèle hydrogénoïde)
Daniel Curie
To cite this version:
Daniel Curie. Niveaux d’impureté dans les cristaux (modèle hydrogénoïde). J. Phys. Radium, 1956,
17 (1), pp.16-20. �10.1051/jphysrad:0195600170101600�. �jpa-00235298�
NIVEAUX D’IMPURETÉ DANS LES CRISTAUX (MODÈLE HYDROGÉNOÏDE)
Par DANIEL CURIE,
Laboratoire de Luminescence, Faculté des Sciences, Paris.
Sommaire.
2014On étudie l’influence de l’anisotropie du cristal et de la variation de la constante
diélectrique avec la fréquence sur le modèle de Bethe des niveaux localisés (électrons gravitant
autour d’une charge + 03B5).
L’orbite de l’électron est alors ellipsoïdale. L’anisotropie du cristal intervient surtout par la diffé-
rence des masses effectives des électrons dans les diverses directions ; les orbites deviennent forte- ment excentriques pour des valeurs peu différentes de 1 du rapport de ces masses ; mais il faut
qu’il atteigne plusieurs unités pour provoquer un déplacement important du niveau d’énergie. On
donne des courbes permettant de calculer ce niveau.
Pour traiter le cas des cristaux ioniques, il suffit d’introduire, au lieu de la constante diélec- trique K du cristal, une constante diélectrique effective Ke dont l’expression est une combinaison très simple de K et Ko = n2.
PHYSIQUE 17, 1956,
1. Introduction.
-1.1. Considérons dans un
cristal une impureté constituée par un ion de
charge + E. Un électron, capturé’dans le champ
coulombien de cet ion, gravite autour de lui sur
une orbite de Bohr : Telle est la représentation la plus simple d’un niveau électronique localisé dans
un cristal. On désigne ce modèle, dû à Bethe [1],
sous le nom de modèle hydrogénoïde.
Soit .K la constante diélectrique du milieu. La première orbite a pour rayon
et son énergie est
,valeur qu’on identifie à la profondeur du niveau
en dessous de la bande de conductibilité.
On explique ainsi pourquoi différentes impu-
retés (P, As, Sb, substitutionnels dans le germa
nium) conduisent à des énergies d’activation voi- sines (-- 0,01 eV) : elles se traduisent par le même modèle d’une charge additionnelle + s. En substi- tuant dans l’expression ci-dessus la valeur de K
(16 pour le germanium, 12 pour le silicium), on
trouve l’ordre de grandeur de E ; mais avec cette
forme simpliste du modèle l’accord est encore des
plus grossiers.
" .1.2. Le modèle peut être étendu aux cristaux ioniques à condition d’introduire dans les formules ci-dessus une constante diélectrique eflective Ke
intermédiaire entre les constantes diélectriques K
en champs statiques et Ko en haute fréquence (Mott et Gurney [2]). L’introduction de Ke au lieu de .K a pour but de tenir compte de la polari-
sation du milieu cristallin due à l’électron gravi-
tant. Mott a indiqué le principe d’une méthode de
champ self-consistent permettant de calculer cette
polarisation [2] ; les calculs ont été effectués par
Simpson [3] et Lehovec [4]. J’ai donné [5] une interprétation physique de la notion de constante
diélectrique effective :
Du fait de la polarisation, le champ dans lequel gravite l’électron n’est plus coulombien ; il a pour valeur e / Kr2 près de l’ion d’impureté et z / K or2 à grande distance. L’énergie du niveau
n’est plus donnée par une formule de Bohr. Mais
on peut rechercher une solution approchée de l’équation d’onde qui corresponde à une orbite hydrogénoïde de rayon a. Je pose :
.
Il vient
On trouve alors
hv = 1 Wl est l’énergie d’ionisation optique du
niveau.
,L’énergie d’ionisation thermique E est moindre que 1 WI, car au cours de l’ionisation la polarisation
du milieu a eu le temps de se modifier.
Le calcul donne
Une autre interprétation (approchée) de Ke est
la suivante : Bien que le champ ne soit pas cou-
lombien, on le pose égal à E jKea2 sur l’orbite de
rayon a [5].
Le modèle hydrogéneïde a ainsi été utilisé pour les halogénures alcalins ainsi que AgCl (Simpson),
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:0195600170101600
17
SiC (Lehovec). Essayant de l’appliquer, non plus
à des niveaux donneurs, mais aux pièges liés au
réseau dans ZnS, on trouve aussi un bon accord
avec l’expérience [6].
1.3. La forme simpliste exposée ci-dessus se
heurte à diverses objections :
a) En supposant l’électron mobile dans le seul
potentiel 8 Y créé par l’impureté (au lieu de 8V +
le potentiel du réseau parfait), on remplace Inéqua-
tion de Schroedinger d’un électron dans le réseau
(ceo hamiltonien du cristal non perturbé) par
l’équation de Wannier [7] obtenue en substituant à 9Co sa valeur propre Eo
La validité de cette approximation a[ été récem-
ment discutée par Kittel et Mitchell [8], qui on
montré que l’erreur commise, évaluée comme frad-
tion du potentiel 8 Y, est de l’ordre de
(avec un coefficient numérique que l’on ne sait pas
préciser actuellement).
b) En exprimant 8 V au moyen d’une constante
diélectrique, on suppose le milieu cristallin
continu ; cette approximation est d’autant plus
valable que le rayon de l’orbite est plus grand.
c) Dans le modèle simple, on a considéré le cris-
tal comme isotrope (orbites circulaires). En réalité l’anisotropie du cristal a pour conséquence l’ellip-
ticité des orbites.
_
Les deux premières objections reviennent à dis- cuter la validité du modèle. Le but de ce travail est différent :
Etant donné un cristal dont les constantes diélec-
triques respectives à basse et haute fréquence sont
K et .K4, dont un électron de conductibilité a pour
masses effectives m., m,, mz selon les trois axes
principaux x, y, z, déterminer l’orbite et l’énergie
de l’électron localisé autour de la charge + E.
Nous supposons négligeable l’anisotropie de K
et Ko devant celle des masses effectives ( 1). Cette approximation sera le plus souvent légitime (2).En particulier, dans un cristal cubique les propriétés optiques et diélectriques sont isotropes, tandis que dans le germanium on aurait
(1) Pour en tenir compte, il suffirait de remplacer dans
les calculs exposés ici les variables x, y, z par Kx x, Ky y, Kz z.
(2) Cependant, M. le Pr J. P. MATHIEU nous a signalé le
cas du rutile [9], qui présente une anisotropie considérable de K, quoique non ferroélèctrique.
d’après les mesures indirectes (photomagnéto-
résistance et « résonance cyclique ») mais qui sont
en bon accord.
L’anisotropie de l’indice de réfraction ou de la constante diélectrique est loin de ces valeurs.
Le problème consiste alors à exprimer les valeurs propres de l’équation
où 8V est le potentiel. créé par la chargè + e, compte tenu de la polarisation du milieu cristal-
lin. Cette équation se réduit à celle de Kittel et
Michell [8] dans le cas du germanium (my = mx
et Ko = K).
2. Expressions de l’énergie d’ionisation optique
hv et de l’énergie d’ionisation thermique E dans le
cas général.
.
2.1. Il n’est pas possible de résoudre exactement
l’équation (1). Nous rechercherons une solution
approchée § du type suivant, qui se ramène au Ç hydrogénoïde quand les 3 axes sont égaux :
Les surfaces sur lesquelles la densité de charge
est constante sont les ellipsoïdes homothétiques E(O) définis par
L’« orbite » est définie par le maximum de
1.21 12 ; elle est constituée par l’ellipsoïde d’axes 4a, 4b, 4c. a, b, c sont les paramètres à assujettir.
Soit V(x, y, z) le potentiel créé par la répar-
tition de charge (2). Le potentiel effectif 8 V agis-
sant sur l’électron est
Cette équation traduit que la charge + e déplace les ions du réseau depuis leur position d’équilibre dans le cristal pur : d’où le terme
e2 1 Kr; mais l’électron tend à les y ramener : à
grande distance V est en 1 /r et 8 V = - e;2JKor.
2.2. EXPRESSION DU POTENTIEL V CRÉÉ PAR LA DISTRIBUTION ÉLECTRONIQUE (2). - On sait que le problème du potentiel créé par une distribution
ellipsoïdale a reçu une solution par l’emploi des
coordonnées elliptiques (Chasles, Lamé).
Considérons la couche comprise entre les deux ellipsoïdes homothétiques E(O) et E(O + dO). Soit à
déterminer le potentiel créé par cette couche en
un point extérieur P(X, Y, Z). On considère
l’ellipsoïde S(6) homofocal de E(O) et passant par P:
u est la racine positive de cette équation. Le poten- tiel créé par la couche en P est, d’après [10]
En un point P intérieur à la couche de potentiel
est le même que sur E(O), soit
Le potentiel créé en P(X, Y, Z) par la distri- bution infinie (2) est par suite
où 0 définit l’ellipsoïde E(0) passant par P :
On transforme cette expression (par intégration
par parties) en
où 6 (u) est défini par l’équation (4).
2.3. ÉNERGIE POTENTIELLE TOTALE DE L’ÉLEC-
TRON DANS LE POTENTIEL 8F.
-Dans ce qui suit,
il est nécessaire de préciser l’ordre des axes si l’on
veut aboutir à des expressions réelles. Nous pose-
rons
considérons d’abord la contribution à l’énergie
du terme en 1 Ir figurant dans le potentiel :
Pour l’évaluer, on commence par prendre pour coordonnées 6, r et z. Il est alors possible, par des
changements de variables homographiques, de
mettre 1 sous la forme
,Cette expression, ainsi que celles auxquelles on parvient dans les calculs suivants, se ramène à
celles figurant dans les Tables 73 et 225 de Bierens
de Haan [11]. Par regroupement des termes, il vient simplement
où F est l’intégrale elliptique de première espèce
dont il existe des tables [12]. On a
Considérons maintenant la contribution du
potentiel V(X, Y, Z).
Quoiqu’il ne paraisse pas possible d’expliciter V
défini par (5), on établit par des changements de
variables analogues aux précédents
L’énergie potentielle de l’électron est ainsi
2.4. ÉNERGIES D’IONISATION THERMIQUE ET
OPTIQUE.
--Le calcul de l’énergie cinétique (3) ne présente pas de difficultés, il vient
Ainsi l’énergie W du niveau, dont la valeur
absolue hv est l’énergie d’ionisation optique (à polarisation maintenue constante) est
La différence entre l’énergie d’ionisation
optique hv et thermique E est
où P est la polarisation du milieu et F le champ
créé par l’électrpn (le champ qui crée la partie
variable de la polarisation) et non le champ
total [4]. De même que l’énergie potentielle d’une charge q dans un potentiel V est qY si ce potentiel
est fixe et seulement q V 2 si le potentiel P est créé
par la charge elle-même, je trouve ainsi que
l’énergie d’ionisation thermique digère de l’énergie
d’ionisation optique par la simple division par 2 des termes de polarisation dus à l’électron localisé :
où
On retrouve la même combinaison (constante diélectrique effectives Ke) que dans le cas isotrope
(3) Nous désignons par là l’opérateur figurant au premier
terme de (1).
19
2.5. hFTERMINATION DES PARAMÈTRES a, b, c.
2013