3 POLYNÔMES
3 Polynômes
3.1 L’espace des polynômes
Définition 1 (Polynôme, Degré, Coefficient).
On appelle polynôme à coefficients réels (respectivement complexes) toute expression de la forme : P(X) =anXn+an−1Xn−1 +· · ·+a2X2+a1X+a0 =
n
X
i=0
aiXi
où :
⊲ n∈N est appelé degré de P et noté deg(P),
⊲ ∀i∈J0, nK, ai ∈R (respectivement ai ∈C),
⊲ ai est le coefficient de Xi.
Définition 2 (Ensemble des polynômes).
On note R[X] (resp. C[X]) l’ensemble des polynômes à coefficients réels (resp. complexes).
Soit n∈N, on note Rn[X](resp. Cn[X]) l’ensemble des polynômesà coefficients réels (resp. complexes) de degré inférieur ou égal à n.
Exemple 3.
1. P(X) = 2X3−3X ∈R[X] et deg(P) = 3 2. Q(X) =iX2+ 1−i∈C[X] et deg(Q) = 2 3. R(X) = 1
X + 2
X2 + 2∈/ R[X]
4. S(X) =√ X2
+ 2√
X−1∈/R[X]
Proposition 4 (Propriétés du degré).
Soient P et Q deux polynômes de R[X] (resp. C[X]).
1. P ×Q∈R[X] (resp. P ×Q∈C[X]), deg(P ×Q) = deg(P) + deg(Q).
2. ∀λ∈R, λP ∈R[X] (resp. ∀λ ∈C, λP ∈C[X]), deg(λP) = deg(P)⇔λ6= 0.
3. P +Q∈R[X] (resp. P +Q∈C[X]), deg(P +Q)≤max(deg(P),deg(Q)) avec égalité si deg(P)6= deg(Q).
4. P ◦Q∈R[X] (resp. P ◦Q∈C[X]), deg(P ◦Q) = deg(P)×deg(Q).
3.1 L’espace des polynômes 3 POLYNÔMES Exemple 5.
P(X) =X2+ 1, Q(X) =X3, R(X) =−X2+X
⊲ P ×Q=X5+X3, deg(P ×Q) = 3 + 2 = 5,
⊲ 4P = 4X2+ 4, deg(4P) = 2,
⊲ P +Q=X3+X2+ 1, deg(P +Q) =max(deg(P),deg(Q)) = 3,
⊲ P ◦Q= (X3)2+ 1 =X6+ 1, deg(P ◦Q) = 3×2 = 6,
⊲ P +R =X+ 1, deg(P +R) = 1≤max(deg(P),deg(R)) = 2,
Proposition 6.
Soient P et Q deux polynômes de R[X] (ouC[X]).
1. P(X) = 0⇔ tous les coefficients sont nuls
2. P(X) =Q(X)⇔ deg(P) = deg(Q) et tous les coefficients de P et Q sont égaux deux à deux Démonstration.
1. ⇐ : Si tous les coefficients ai deP sont nuls, on a P(X) =
deg(P)
X
i=0
aiXi =
deg(P)
X
i=0
0×Xi = 0
⇒ : On suppose maintenant que P(X) = 0.
En particulier, on a P(0) = a0 = 0. De plus, on a aussi P′(X) = 0 et donc P′(0) = a1 = 0. En dérivant deg(P)-foisP, on trouve que pour tout i∈ J0,deg(P)K,P(i)(0) = ai = 0 et donc tous les coefficients de P sont nuls.
2. On remarque d’abord que :
P(X) =Q(X)⇔P(X)−Q(X) = (P −Q)(X) = 0 Il suffit donc d’appliquer le point 1. au polynômeP −Q.
On noteP(X) =
deg(P)
X
i=0
aiXi et Q(X) =
deg(Q)
X
i=0
biXi.
⇐ : Supposons quen = deg(P) = deg(Q) et que tous les coefficients de P et Qsont égaux deux à deux, c’est à dire ∀i∈J0, nK, ai =bi.
P(X)−Q(X) =
n
X
i=0
aiXi−
n
X
i=0
biXi =
n
X
i=0
(ai−bi)Xi =
n
X
i=0
0Xi = 0 et doncP(X) =Q(X).
⇒ : On suppose maintenant que P(X) =Q(X).
On sait alors que deg(P) = deg(Q) et que (P −Q)(X) = 0. Les coefficients du polynôme P −Q étant les ai−bi, on sait grâce au point 1. que pour tout i∈J0,deg(P)K, ai−bi = 0 ⇔ai =bi.
3.2 Division euclidienne dans R[X] 3 POLYNÔMES
3.2 Division euclidienne dans R [X ]
Définition 7 (Division euclidienne, Quotient, Reste).
Soient P et D deux polynômes de R[X].
Faire la division euclidienne de P par D c’est trouver les polynômes Q et R tels que : P(X) =Q(X)×D(X) +R(X)
avec deg(R)<deg(D). Le polynôme Q est appelé quotient et le polynôme R est appelé reste.
Méthode : Pour effectuer la division euclidienne d’un polynômeP par un polynômeD, et donc trouver les polynômes Qet R, il faut poser la division.
Exemple 8.
Faire la division euclidienne de P(X) = X2+ 3X+ 2 par D(X) =X−5.
X2+ 3X+ 2
− (X2−5X) 8X+ 2
− (8X−40) 42 R(X)
X−5 X+ 8
Q(X)
Donc
P(X) = (X+ 8)(X−5) + 42
Remarques.
1. Les polynômes Q et R sont uniques.
2. Il faut au plus deg(P)−deg(D) + 1 étapes pour effectuer la division euclidienne de P par D.
3.3 Racines d’un polynôme
Définition 9 (Racine).
Soit a ∈R (resp. a ∈C) et soit P ∈R[X] (resp. P ∈C[X]).
On dit que a est une racine de P si et seulement si P(a) = 0.
Exemple 10.
1. P(X) =X3−1∈R[X] admet 1 comme racine.
2. Q(X) =X2+ 1 ∈C[X] admet i comme racine.
3.3 Racines d’un polynôme 3 POLYNÔMES Proposition 11.
Soit a ∈R (resp. a ∈C) et soit P ∈R[X] (resp. P ∈C[X]).
a est racine deP ⇔ ∃Q∈R[X] (resp. Q∈C[X]) tel que deg(Q) = deg(P)−1 etP(X) = (X−a)Q(X) C’est à dire que a est racine de P si et seulement si on peut factoriser P par (X−a).
Démonstration.
⇐ : Si P(X) = (X−a)Q(X)alors P(a) = 0×Q(a) = 0, donca est racine de P.
⇒ : Supposons maintenant que a est racine deP. On note P(X) =
deg(P)
X
i=0
ciXi. On a alors
P(a) =
deg(P)
X
i=0
ciai = 0 d’où :
P(X) =P(X)−P(a) =
deg(P)
X
i=0
ciXi−
deg(P)
X
i=0
ciai =
deg(P)
X
i=1
ci(Xi−ai)
Pour prouver qu’il existe un polynôme Q∈ R[X] (ou Q∈ C[X]) tel que deg(Q) = deg(P)−1 et P(X) = (X −a)Q(X), il suffit de montrer que pour tout i ∈ J1,deg(P)K, il existe un polynôme Qi ∈R[X](ou Qi ∈C[X]) tel que deg(Qi) =i−1et Xi−ai = (X−a)Qi(X).
En effet, si de tels polynômes existent, on a alors : P(X) =
deg(P)
X
i=1
ci(Xi−ai) =
deg(P)
X
i=1
ci(X−a)Qi(X) = (X−a)
deg(P)
X
i=1
ciQi(X)
et grâce aux propriétés du degré, on sait que
deg(P)
X
i=1
ciQi(X) ∈ R[X]
ou
deg(P)
X
i=1
ciQi(X)∈C[X]
etdeg
deg(P)
X
i=1
ciQi(X)
= max (deg(Qi)|i∈J1,deg(P)K) = deg(P)−1.
Prouvons alors par récurrence que pour touti∈N∗, il existe un polynômeQitel quedeg(Qi) =i−1 etXi−ai = (X−a)Qi(X).
Initialisation : Pouri= 1, X−a= (X−a)×1. En posant Q1(X) = 1, on a bien deg(Q1) = 0 et X−a= (X−a)Q1(X). La propriété est donc vraie au rang 1.
Hérédité : On suppose que la propriété est vraie au rang n ∈ N∗ et on prouve qu’elle est encore vraie au rang n + 1. Par hypothèse de récurrence, on sait qu’il existe un polynôme Qn tel que deg(Qn) =n−1 etXn−an = (X−a)Qn(X). Pour trouver une expression reliant Xn+1−an+1 à Xn−an, on effectue la division euclidienne de Xn+1−an+1 par Xn−an.
3.3 Racines d’un polynôme 3 POLYNÔMES
Xn+1−an+1
− (Xn+1−anX) anX−an+1
Xn−an X
On trouve alors :
Xn+1−an+1 = (Xn−an)X+anX−an+1
= (X−a)Qn(X)X+an(X−a)
= (X−a) (Qn(X)X+an)
et en posant Qn+1 = Qn(X)X +an, on vient de trouver un polynôme tel que deg(Qn+1) = n et Xn+1−an+1= (X−a)Qn+1(X) et donc la propriété est héréditaire.
Conclusion : On vient de prouver que pour tout i∈J1,deg(P)K, il existe un polynôme Qi ∈R[X]
(ou Qi ∈C[X]) tel que deg(Qi) =i−1 etXi−ai = (X−a)Qi(X).
Finalement, en posant Q(X) =
deg(P)
X
i=1
ciQi(X), la proposition est prouvée.
Exemple 12.
1. Soit P(X) =X3−6X2+ 11X−6. Factoriser P dans R[X].
1 est une racine de P, on peut donc factoriser par (X−1).
P(X) = (X−1)(X2−5X+ 6)
2 est une racine de P, on peut donc factoriser par (X−2).
P(X) = (X−1)(X−2)(X−3)
2. Soit Q(X) = 2iX2+ (i+ 1)X+ 1 +i. Factoriser Q dans C[X].
i est une racine de Q, on peut donc factoriser par (X−i).
Q(X) = (X−i)(2iX−1 +i)
Remarque.
⊲ Factoriser P dans R[X], c’est trouver toutes les racines réelles de P et décomposer P en produit de polynômes de R[X].
⊲ FactoriserP dansC[X], c’est trouver toutes les racines complexes deP et décomposerP en produit de polynômes de C[X].
3.3 Racines d’un polynôme 3 POLYNÔMES Proposition 13.
Soit P ∈R[X] et soit a∈R.
Si le reste de la division euclidienne de P par (X−a) est nul, alors a est racine de P. Exemple 14.
Faire la division euclidienne de P(X) = X3+ 4X2−3X−2 par D(X) =X−1.
X3 + 4X2−3X−2
− (X3− X2)
5X2−3X−2
− (5X2−5X) 2X−2
− (2X−2) 0
X−1
X2+ 5X+ 2
Donc
P(X) = (X2+ 5X+ 2)(X−1) et donc 1est racine de P.
Définition 15 (Racine multiple, Multiplicité).
Soit a ∈R (resp. a ∈C) et soit P ∈R[X] (resp. P ∈C[X]).
On dit que a est une racine multiple de multiplicité m ∈ N∗ si et seulement si il existe une polynôme Q∈R[X] (resp. Q∈C[X]) tel que P(X) = (X−a)mQ(X) avec Q(a)6= 0.
Exemple 16.
1. P(X) =X2+ 4X+ 4 = (X+ 2)2,
−2 est une racine double de P.
2. Q(X) =X3+ 3X2−9X+ 5 = (X−1)(X2+ 4X−5) = (X−1)2(X+ 5), 1 est une racine double et −5 est une racine simple de Q.
Proposition 17.
Soit a ∈R (resp. a ∈C) et soit P ∈R[X] (resp. P ∈C[X]).
a est racine de multiplicitém ∈N∗ de P ⇔ ∀k < m, P(k)(a) = 0 et P(m)(a)6= 0
Remarque.
Si a est une racine de P′, a n’est pas forcément une racine de P ! Par exemple, si P(X) = X2 + 1, P′(X) = 2X. On a alors P′(0) = 0 mais P(0)6= 0.
3.4 Décomposition en éléments simples (DES) 3 POLYNÔMES Proposition 18.
Soit P ∈R[X] et soit a∈C\R (i.e. a∈C mais a /∈R).
Si a est racine de P, alors ¯a est aussi racine de P. Remarque.
Il faut queP soit à coefficients réels.
Exemple 19.
1. P(X) =X2+ 1,
i et −i sont racines deP
2. Q(X) =iX2+ (3−i)X+ (−1−2i), i est racine de Q mais −i ne l’est pas.
Remarque.
Réciproquement, si les conjugués de toutes les racines de P sont également racine de P, alorsP ∈R[X].
3.4 Décomposition en éléments simples (DES)
On s’intéresse aux fonctions rationnelles, c’est à dire aux fonctions de la forme : f(x) = P(x)
Q(x) où(P, Q)∈R[X]2 Une telle fonction f est définie pour toutx∈R tel que Q(x)6= 0.
Le but de cette décomposition, est de calculer des intégrales de fonctions rationnelles (dont on ne connait pas de primitive) telles que
Z x+ 1
x2+ 2x−3dx ou
Z x4
x3+ 3x2+x−5dx.
3.4.1 Partie entière et partie fractionnaire
Proposition 20.
Soit f(x) = P(x)
Q(x) une fonction rationnelle.
Il existe un unique couple (E, R)∈R[X]2 tel que, f(x) =E(x) + R(x)
Q(x) avec deg(R)<deg(Q)
⊲ E est appelé partie entière de f.
⊲ R
Q est appelé partie fractionnaire de f.
3.4 Décomposition en éléments simples (DES) 3 POLYNÔMES Méthode : Pour trouver la partie entière et la partie fractionnaire d’une fonction rationnelle
f(x) = P(x)
Q(x), on fait la division euclidienne de P par Q.
Exemple 21.
Trouver la partie entière et la partie fractionnaire de f(x) = x4 −3x+ 2 x2 −5x+ 1.
1. On fait la division euclidienne de P(X) =X4−3X+ 2 par Q(X) =X2−5X+ 1.
En posant la division, on trouve :
X4−3X+ 2 = (X2+ 5X+ 24)(X2−5X+ 1) + (112X−22) 2. On divise le résultat de la division euclidienne par Q.
On obtient alors :
X4−3X+ 2
X2−5X+ 1 =X2+ 5X+ 24 + 112X−22 X2−5X+ 1 3. On a donc :
f(x) =x2+ 5x+ 25 + 112x−22 x2−5x+ 1
La partie entièreE est facilement intégrable puisqu’il s’agit d’un polynôme. En revanche, ce n’est souvent pas le cas pour la partie fractionnaire. On cherche donc une manière de décomposer R
Q pour pouvoir intégrer facilement.
Dans toute la suite, f(x) = P(x)
Q(x) avec deg(P)<deg(Q).
L’idée de la DES est de transformer f(x) = P(x)
Q(x) avec deg(P)<deg(Q) en une somme de fractions, f(x) = P1(x)
Q1(x)+ P2(x) Q2(x) +· · · où :
⊲ deg(Pi)<deg(Qi)
⊲ deg(Qi) = 1 ou 2
⊲ Qi n’est pas factorisable dans R
Exemple 22.
La DES de f(x) = x
x2−3x+ 2 est
f(x) = −1
x−1 + 2 x−2
3.4 Décomposition en éléments simples (DES) 3 POLYNÔMES
3.4.2 Cas de première espèce Ordre 1
Si on peut factoriser Q en produit de polynômes de la forme (X − αi) tous distincts (i.e. Q(X) = β(X−α1)(X−α2)· · ·), alors il existe des constantes a1, a2, · · · telles que :
Q(x) = a1
x−α1
+ a2
x−α2
+· · · (1)
Exemple 23.
Soit f(x) = x2−3x+ 5
(x−1)(x−2)(x+ 3). La forme de la DES est : f(x) = a1
x−1 + a2
x−2 + a3
x+ 3 Il faut donc trouver les constantes a1, a2 et a3.
Méthode 1 : Par identification (à éviter)
Après avoir décomposé f en somme d’éléments de la forme a1
x−αi
, 1. On réduit f au même dénominateur.
2. On développe le numérateur.
3. On identifie les coefficients.
4. On résout le système pour trouver les ai. Exemple 23 (suite - Méthode 1).
On sait que
f(x) = a1
x−1 + a2
x−2 + a3
x+ 3 d’où en réduisant au même dénominateur, on obtient :
f(x) = a1(x−2)(x+ 3) +a2(x−1)(x+ 3) +a3(x−1)(x−2) (x−1)(x−2)(x+ 3)
En développant le numérateur, on a :
f(x) = (a1+a2+a3)x2+ (a1 + 2a2−3a3)x−6a1−3a2+ 2a3
(x−1)(x−2)(x+ 3) = x2−3x+ 5 (x−1)(x−2)(x+ 3) Par identification, on obtient le système :
a1+a2+a3 = 1 a1+ 2a2−3a3 = −3
−6a1−3a2+ 2a3 = 5
3.4 Décomposition en éléments simples (DES) 3 POLYNÔMES Finalement, en résolvant le système, on trouve :
a1 = −3 4 a2 = 3
5 a3 = 23
20 Méthode 2 :
Pour calculer ai,
1. On multiplie l’équation (1) par (x−αi).
2. On remplacex par αi.
Exemple 23 (suite - Méthode 2).
On sait que
f(x) = a1
x−1 + a2
x−2 + a3
x+ 3 = x2−3x+ 5
(x−1)(x−2)(x+ 3) (2)
Pour trouver a1, on multiplie l’expression (2) par(x−1), on obtient : a1+a2(x−1)
x−2 +a3(x−1)
x+ 3 = x2−3x+ 5 (x−2)(x+ 3) Puis on remplace x par 1, on a alors :
a1 = −3 4
De la même manière, pour trouver a2 on multiplie l’expression (2) par(x−2), a1(x−2)
x−1 +a2+a3(x−2)
x+ 3 = x2−3x+ 5 (x−1)(x+ 3) puis on remplace x par 2,
a2 = 3 5 Et pour trouver a3, on multiplie (2) par (x+ 3),
a1(x+ 3)
x−1 +a2(x+ 3)
x−2 +a3 = x2−3x+ 5 (x−1)(x−2) et on remplace x par −3,
a3 = 23 20 Finalement,
f(x) = −3
4 × 1 x−1+ 3
5× 1
x−2+ 23 20× 1
x+ 3
3.4 Décomposition en éléments simples (DES) 3 POLYNÔMES Ordre supérieur à 1
Si on peut factoriser Q en produit de polynômes de la forme (X−αi) et que Q possède au moins une racine multiple (i.e. Q(X) =β(X−α1)m1· · ·(X−αn)mn(X−αn+1)· · · avec mi >1), alors il existe des constantes a1,1,· · · , a1,m1,· · ·, an,1,· · · , an,mn, an+1,· · · telles que :
Q(x) = a1,1
x−α1
+ a1,2
(x−α1)2 +· · ·+ a1,m1
(x−α1)m1 + an,1
x−αn
+· · · an,mn
(x−αn)mn + an+1
x−αn+1
+· · · (3) Exemple 24.
Soit f(x) = 2x
(x−2)2(x+ 1). La forme de la DES est : f(x) = a1,1
x−2+ a1,2
(x−2)2 + a2
x+ 1 Il faut donc trouver les constantes a1,1, a1,2 et a2.
Méthode :
1. On calcule an+1, an+2, · · · en utilisant la méthode 2 du paragraphe précédent.
2. On calcule les constantes correspondant aux plus grandes puissance ai,mi. Pour cela, on multiplie l’équation (3) par (x−αi)mi puis on remplace x par αi.
3. On calcule les constantes a1,1, a2,1, · · ·, an,1 (correspondant à la plus petite puissance). Pour cela, on multiplie l’équation (3) par x puis on fait tendre xvers +∞.
4. Finalement et si besoin, on remplace x par autant de valeurs que nécessaire pour déterminer les dernières constantes.
Exemple 24 (suite).
On sait que
f(x) = a1,1
x−2+ a1,2
(x−2)2 + a2
x+ 1 = 2x
(x−2)2(x+ 1) (4)
Pour trouver a2, on multiplie l’expression (4) par(x+ 1), on obtient : a1,1(x+ 1)
x−2 + a1,2(x+ 1)
(x−2)2 +a2 = 2x (x−2)2 puis on remplace x par −1,
a2 =−2 9
Pour trouver a1,2 (coefficient de la plus grande puissance), on multiplie l’expression (4) par (x−2)2, on obtient :
a1,1(x−2) +a1,2 +a2(x−2)2
x+ 1 = 2x (x+ 1) puis on remplace x par 2,
a1,2 = 4 3
3.4 Décomposition en éléments simples (DES) 3 POLYNÔMES Pour trouver a1,1 (coefficient de la plus petite puissance), on on multiplie l’expression (4) par x, on obtient :
a1,1x
x−2+ a1,2x
(x−2)2 + a2x
x+ 1 = 2x2 (x−2)2(x+ 1) puis on fait tendre x vers +∞.
a1,1x
x−2 + a1,2x
(x−2)2 + a2x
x+ 1 = 2x2 (x−2)2(x+ 1)
yx
→+∞
yx
→+∞
yx
→+∞
yx
→+∞
a1,1 + 0 + a2 = 0 donc
a1,1 =−a2 = 2 9 Finalement,
f(x) = 2
9 × 1 x−2+ 4
3× 1
(x−2)2 − 2 9× 1
x+ 1 3.4.3 Cas de seconde espèce
Si on peut factoriser Q sous la forme :
Q(X) = β(X2+γ1X+γ2)(X−α1)
oùX2+γ1X+γ2 est un polynôme irréductible dans R[X], alors il existe des constantesa1,a2 etb1 telles que :
Q(x) = b1x+a1
X2+γ1X+γ2
+ a2
X−α1
(5) Exemple 25.
Soit f(x) = 3x+ 2
(x2+ 2x+ 2)(x+ 3). La forme de la DES est : f(x) = b1x+a1
x2+ 2x+ 2 + a2
x+ 3 Il faut donc trouver a1, a2 et b1.
Méthode :
1. Pour trouver a2, on utilise la méthode 2 présentée précédemment.
2. Pour trouver b1, on multiplie l’équation (5) parx puis on fait tendre x vers +∞. 3. Pour trouver a1, on remplace xpar 0dans l’équation (5).
3.4 Décomposition en éléments simples (DES) 3 POLYNÔMES Exemple 25 (suite).
On sait que
f(x) = b1x+a1
x2+ 2x+ 2 + a2
x+ 3 = 3x+ 2
(x2+ 2x+ 2)(x+ 3) (6)
Pour trouver a2, on multiplie l’expression (6) par(x+ 3), on obtient : (b1x+a1)(x+ 3)
x2+ 2x+ 2 +a2 = 3x+ 2 (x2+ 2x+ 2) puis on remplace x par −3,
a2 = −7 5
Pour trouver b1, on multiplie l’expression (6) parx, on obtient : (b1x+a1)x
x2+ 2x+ 2 + a2x
x+ 3 = (3x+ 2)x (x2+ 2x+ 2)(x+ 3) puis on fait tendre x vers +∞,
(b1x+a1)x
x2+ 2x+ 2 + a2x
x+ 3 = (3x+ 2)x (x2+ 2x+ 2)(x+ 3)
yx
→+∞
yx
→+∞
yx
→+∞
b1 + a2 = 0
donc
b1 =−a2 = 7 5 Pour trouver a1, on remplace x par 0dans l’expression (6),
a1
2 + a2
3 = a1
2 − 7 15 = 2
6 donc
a1 = 2× 2
6 + 7 15
= 2× 10
30+ 14 30
= 24 15 Finalement,
f(x) = 3
15× 7x+ 8
x2+ 2x+ 2 −7 5 × 1
x+ 3 Remarque.
On peut aussi travailler dans C et se ramener à un cas de première espèce.
Exemple 26.
Soit f(x) = x
(x2+ 1)(x−1). Dans C, on a :
x2 + 1 = (x−i)(x+i)
3.4 Décomposition en éléments simples (DES) 3 POLYNÔMES d’où :
f(x) = x
(x−i)(x+i)(x−1)
Il s’agit d’un cas de première espèce d’ordre 1, la forme de la DES de f dans C est donc : f(x) = a1
x−i + a2
x+i+ a3
x−1 = x
(x−i)(x+i)(x−1) (7)
où a1, a2 et a3 peuvent être dans C.
On utilise la méthode 2 pour déterminer a1, a2 et a3. En multipliant (7) par (x−i) et en remplaçant x par i, on trouve :
a1 = i
2i(i−1) = 1 2(i−1) En multipliant (7) par (x+i) et en remplaçant x par −i, on trouve :
a2 = −i
2i(i+ 1) = −1 2(i+ 1) En multipliant (7) par (x−1) et en remplaçant x par 1, on trouve :
a3 = 1
(1−i)(1 +i) = 1 2 On a alors :
f(x) = 1
2(i−1)(x−i) − 1
2(i+ 1)(x+i) + 1 2(x−1)
Finalement, pour trouver la DES de f dans R, on regroupe les termes complexes. On a : 1
2(i−1)(x−i)− 1
2(i+ 1)(x+i) = (i+ 1)(x+i)−(i−1)(x−i) 2(i−1)(i+ 1)(x+i)(x−i)
= ix−1 +x+i−ix−1 +x−i
−4(x2+ 1)
= 2x−2
−4(x2+ 1)
= 1−x 2(x2+ 1)
donc
f(x) = 1−x
2(x2+ 1) + 1 2(x−1) 3.4.4 Application au calcul d’intégrales
Calculer l’intégrale
I = Z 0
−1
x4+ 3x3−2 x2+ 2x−3dx
3.4 Décomposition en éléments simples (DES) 3 POLYNÔMES
Pour trouver une primitive de f(x) = x4+ 3x3−2
x2+ 2x−3, on cherche la décomposition en élément simple de f.
Pour cela, on commence par déterminer la partie entière et la partie fractionnaire de f. En effectuant la division euclidienne de (X4+ 3X3−2) par (X2+ 2X−3), on trouve :
X4+ 3X3−2 = (X2 + 2X−3)(X2+X+ 1) +X+ 1 d’où :
f(x) =x2+x+ 1 + x+ 1 x2 + 2x−3 On cherche maintenant la DES de la partie fractionnaire x+ 1
x2+ 2x−3.
Comme x2+ 2x−3 = (x−1)(x+ 3), il s’agit d’un cas de première espèce d’ordre 1, la DES est donc de la forme :
x+ 1
x2+ 2x−3 = x+ 1
(x−1)(x+ 3) = a1
x−1+ a2
x+ 3 (8)
Pour trouver a1, on multiplie l’expression (8) par(x−1), puis on remplace x par 1. On trouve : a1 = 2
4 = 1 2
Pour trouver a2, on multiplie l’expression (8) par(x+ 3), puis on remplace xpar −3. On trouve : a2 = −2
−4 = 1 2 Finalement, on a :
f(x) = x2+x+ 1 + 1
2(x−1)+ 1 2(x+ 3) On peut maintenant intégrer f.
I = Z 0
−1
f(x)dx= Z 0
−1
x2 +x+ 1 + 1
2(x−1)+ 1 2(x+ 3)
dx
= Z 0
−1
x2dx+ Z 0
−1
xdx+ Z 0
−1
1dx+1 2
Z 0
−1
1
x−1dx+1 2
Z 0
−1
1 x+ 3dx
=
"
x3 3
#0
−1
+
"
x2 2
#0
−1
+
"
x
#0
−1
+1 2
"
ln(|x−1|)
#0
−1
+ 1 2
"
ln(|x+ 3|)
#0
−1
= 0− −1
3 + 0− 1
2+ 0−(−1) + 1
2(ln(1)−ln(2)) +1
2(ln(3)−ln(2))
= 5 6 + ln
√3 2
!