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La culture politique des clochards /

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

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La Culture Politique des Cloch~rds

par

Michel Ma~ant

A, thesis submitted to the Faculty of

Graduate Studies and Research in Partial fu1filment of the requirements for the

completion of the Degree pf Master of

Arts

, ,

,/

Department of Po1itica1 Scienpe

McGi11 University

.

Montreal August 1975 " MICHEL MGNANT"' -"-- "lj' ---- " - " ' - ~ " - "

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(2)

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1.

ABSTRACT

This thesis examines the political culture of Sk.id-Row~;Men.

,

:

In an effort ~o analyse the possible impact of such a d~viant

1

subculture on the formation of political attitudes, thili thesia \ tries

/

1

1

1

to answer three questions:

1 1

1

1

1- Why the homeless men become Boe ial deviants

/

2- What is the politica! culture of that deviant Bubculture ,

, ,

3- Vfha t is the spec:\fie impact of a deviant subculture 01;1-the formation of politiea! attitudes

To me~sut-e the political attitudes, we selected two groups '.of

\ , homeles) men to be interviewed, the first group still having ties w~th

the rêst of society, the second group heing cOOlpletelv isolated from,

society.

t Whereas the first group expressed attitudes normally expected

./

from any lower class sample, the second group showed an homogeneous and deep alienation from society ~nd polities. The findings indieated that they became increasingly rebellious due only to the experienck of segre-gation, a11 other aspects of déviance or deviant suhculture hav~ng no effect on their political attitudes.

~hey perceive socie~~liticB aB ~he embodiemènt of th~

repression of the poor by the rich. ln a sense their situation i8 like If

the situation of a racial minority:

,

they refuse to be the vtctims of socio-economic segregation, thev accuse the system of, condemnin* them without judging, their inferior status is seen as a mvth invented by the rich to 1ustify their làck of consideration tor the poor. Deviance then, becomes a politieal conflict bètween a conservative authority and a repressed minority that demand social and politica! change for their emancipation.

(3)

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1

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RESUME

Cette thèse analvse la culture pQlitique des clochards. Dans un effort pour analyser l'impact possib~d'uné telle sous-culture déviante sur la formation des attitudes politiques de ses memhres, cette thèse tente de r~pondre à trois questions:

1- Pourquoi les clochards sont-ila des dév~nts sociaux 2- Quelle est la culture politique de çe groupe

3- Qu'el est l'impact specifique de la sous-culture déviante sur la formation d~s attitudes polLtiques de ses memhres

Q

Afin de mesure~ les attitudes politiques, nous avoris divisé no-tre ï5.chantillon de- c10chardg en d~·Jx groupes, le premier conservant de nomhreux liens avec la sociétp alors que le second est comp1ètemen~

1so-lé.

Alors que le premier groupe exprime des attitudes po1it~ques

\

conformistJs, le second ~roupe démontre une aliénation et une ap,ressivitp prononcées contre la societp et la politique. Les reaultats démontrent que leur rébellion a comme cause uniqu~ la ségrégation dont ils sont vic ti-mes, aucun autre élément de la déviance ou de la sous-culture dévia~te

n'ayant une quelconq'ue influence sur leurs attitudes po~itiques.

Ils perço,lvent la sociéd et la poli tique comme étant l' incarna-tion de la rppression des pauvres par les riches. En un sens, leur situa-tion ressemhle A celle d'~ne minorité raciale:

ils refusent d'être les victimes de la ségrégation socio-

éco-n~ique. ils aCC~gent le svstème de les condamner sans les juger, ils

croient que le mythe de la paresse des pauvres a étp. inventé par les ri-ches à seule fin de justifier 1e~r indiff~rence envers les pauvres. La dé~

vinance donc sera perçue dans cette thèse comme un conflit po~itique oppo-Nant un po~voit consèrvateur A une m1norité réprimée qui demande un change-ment social et politique llo,ur son émancipation de la ségrégation dont elle

"

.fait l ' obje t.

, ~,

i

(4)

J

~ .

\

TABLE

DES MATIERES

INTRODUCT!ON P.l

CH.~ LES CLOCHARDS: ~E REYUE DE

tA

LITTERATURE p.4

LES DIFFERENTES THEORIES p.9

~

1.1.1 un dép;énéré ••• ' 1.1 1.2 2.1 1.1.2 un alcoolique ... 1.1.3 un psychopathe .•. 1.1.4 un dpviant social: •. 1.1.5 une pirsonne sp~ciale •.•

1.1.6 une victime des circonstances ••. l.l.? un membre d'une sous-culture •••

1.1.7.1 des personnes i9.o lées. • . .

1.1.7.2 socialisées dans une sous-culture ••• 1.1.7.3 aux valeurs déviantes •••

1.1.7.4 partageant l'ahomie de la classe' inférieure .

1.1.7.5 et l'aliénation politique des, ~r~upes

stigmatisés.

CRITIQUE P.50

1.2.1 l'insuffisance de la ~ittérature ~ expliquer "les attitudes .des clochards.

) ~.

UN MODELE POLITIQUE DE 'LA DEVIANQE p~57

' \ ...

DEFINITION p.57 .

'2.1.1 des attitudes Bociales et po~i~iques dépendantes

d'un conflit idéologique opposant les clochards ~ et la'soci'té... .

2.1.2 au 'suj et du statut de la dévian,ce.

1

2.2

OBJET DE LA RECHERCHE p.6.3

2.2.1 (la culture pOlitique •••

2.2.2 d'une sous-éulture' déviante ••. 2.2.3 . ttypothétiquement alién~. <.

, 2.3

. i' METHODOLOGIE p.73 2.).1 l'interview structuré ••• ,2.).2 de deux'groupes de clochards • . ' .

..

GaP_Me t, .'

(5)

2.4 CH.') GRILLE 2.4.1 ,2.4.2 2.4.3 2.4.4 2.4.5 2.4.6 ~. " D'ANALYSE p .. 80 l'analyse de ~a situation

2.4.1.1 les valorisations aSSOCiees

socfral ' . ,

'2.4.1.2 les"valortsations associ~ers

poIl ti'que

ltorF.anisa~ion en vue de ~ction

les finalités de ltac~ion

le soi face au syst~me

les valeurs résumé ,. f RESULTATS DE ~ RECHERCHE p.90 au syst~me au syst~mf' ).1 LES VALORISATIONS p.90 3.1.1 le p~lier pcologique '. 3.1.,1.1 rénovat ion-environnement 3.1.l.l répartition de la ~opulation 3.1.,2 _' le paJ.eier démogr~phique 3.1.2.1 le statut civil ).1.2.2 le mieux-être physique

~

.1.2.3 'l'intégration, des immigrants

3.1.3 e palier technologi~ue

.1.3.1 "les rapports entre l'homme et la technique 3.1.4 le palier écon6mique

3.1.4.1 la consommation

3.1.4.2 l'état des ressources

3.1.5 le palier de la stratification sociale 3.1.5.1 les différences de 'statut 3.1.5.2 l'inégafité des chantes

J.l.5.) les rapports de force entre groupes contradi~toires

).1.6 le palier culturel

~ 3.1.6.1 les ~elations primaires

3.1.6.2 l'expression'de soi 3.1. 6.) l'identification à la communauté 3.1.7 le palier. politique ~ ).1.7.1 le syst~me politique 3.1.7.2 le régime constitutionnel 3.1:7.3 les idéologies 3.1.7,4 l~exécutif 3.1.7.5 le jUdiciaire

3.1.7.6 les partis politiques

3.1.7.7 le's décisions des dirigeants

(6)

1

,

,.2

3.4

L' OPr,ANISATION EN 'VUE DE L' ACTION p. 137

3.2.1 les moyens d'action 3.2.? lps modes d'action

-).2.1 'l'orientat30n de J'action

.3.?4

les stratégies

LES FINALITES DR L' ACTIOK p.138

3.3.1 l'autorité 3.).2 la participation 3.1.3 le chan~ement LE SOI 3.4,1 3.4.2 3.4. '3

DANS LE SYSTEME POLITIQUE p.141

la compétenc~ la puissance la confiance 1 '3 • 5 LES VALEURS P .. 143 . 3.5.1 la rationalité 3.5.2 la conception de l'homme

J.5.3

la conception du ~ouvernement

3.5.4

résum~

cH.4 ANALYSE DU MODELE POLITIQUE DE 111\ DEVIANCE .p .. 156

4,1

4' ."2

4.}

P<JURQUOI LES CLOCHARDS DEVIENNENT-ILS DES DEVIANTS SOCIAUX?

4.1.1 lé point de vue des clochards . p.157

4.1.1.1 l'acceptation du syst~me par ~es

clochards-travaillants

4.1.1.2 le rejet du syst~me par les clochards

non-t travaillants ~

4.1.1.3 le rejet de leur statut de déviant 4.1.1.4 'le rejet des institutions politiques 4.1.1.5 leur impossibilité de' participer au

changement .

t

4.1.2 le point de vue du Byst~me ~

i 4.1.2.1 les clochards sont des anormaux

LE CONFLIT ENTRÈ LES CLOCHARDS ET LE SYSTEME p~183

4.2.1 la répression judiciaire et la réhabilitation

du syst~me ~

4.2.2 la résist'ance passive des clochards

LA SOUS-CULTURE DEVJANTE COMME VARIABLE INTERVENANTE p.193

4.;.1 une sous~cu1ture stigmatisée

4.}.2 1'amplification du probl~me d'origfne par la

ségrégàtion consécutive ~ la stigmatisation

(7)

'-CONCLUSION .P. 198 BIBLIGGRAPHIE "P .. 20~

.

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..

..

(8)

INTRODUèTION

-

.

Le Qut de cet ouvr8.fTf' est de tE?ntf'r d'analyser une sous-•

cul turf' déviante à la lumi~re d~ la thpqri e de ,la cu] tu ré pol i- :

ti~ue. Cette approche à premi~re vue insolite consld~re les

~roupps ~p d~viants' comme ~tant des ~roupes d'intérêts rebelles

'"

en puis~ancp visant à réclamer les changements politiques et ,

sociaux·nécRssAires à la léritimation de leur sta~ut.

Une telle.approche n'aurait probablempnt pas pté possible

il y a une dizaine

d'~nnée;

a]ors qu'on considérait enccrp les

déviants comme étant ou bien des être psycholo~iquernent

anor-maux ou bien des victimes de l'anomie' sociale. Le passage-d'ùne

thporie sociologique de la déviance à une théorie.politicoloriquè

e8t dÛ à trois phénomènes récentsi premi~rement l'adoption par

la contestation étudiante des années 60 d~ comportements pe~son­

nels caractérisés comme déviants depuis toujours, deuxi~mE?ment

- ,

l'apparitiGn spontanée à la

fi~'

des années 60

d'une~ule

de

mouvements de contestation érIgés par 4e yéritables déviants

, ~

comme les homosexuels avec le Oay Lib.' Movement qui sQntles

plus connus peut-être, mais on a également vu apparattre des

associations de drogué~ (Synanon), de pro9tituées) de malades

~

,

et d'anciens prisonniers, finalement il faut noter l'échec de la sociologie et d&s écoles de service social,dans leur

èxpli-, .

cation de la déviance. Aussi étrange que cela puiase paraltre,

tous les concepts socio~ogiques et psychologiques qui hier

" .

,

(9)

$

e

iD » c. _

encore '1ualifiaient les déviants d'anormaux ou de victimef=! de lA structure socia1e ont étp infirmés par les recherches

'e'mpi-riques. Le

fiasc~

complet

~e

ces théories est

particuli~rement

visiblè dans le ,cas df'S clocharc1s. i l

Afin de c~ntribuer ~ l'édification d'une théorie

politi-cologique de la déviance, cette th~se analyse la culture

poli-tique des clochards. Le but du travatl est 'doublet

premHr-e-ment c'est une analyse exploratoire cherchant ~ savoir si une

'sous-culture déviante peut avoir une culture politique propre,

deuxi~mement, nous voulons savoir quelle est la part ,de cette

"

sous-culture'déviante dans la social!sation de ses membres aux

valeurs politiques de la sous-culture. A cette fin nous

compa-rons les réponses de deux

gr~upes ~e

clochards

pl~cé9

à des

de-grés'a'inté~ration différents dans la sous-culture. Le premier

,

groupe est formé de participants qui n'ont que

;.6

années de

vie moyenne dans l'univers-des clochards et lè second ~roupe

est constitué de clochard,s intégrés qui ont en moyenne 9.8 années de vie de cloçhard.

Ce travail essentiellement explora~oire

t,nte de répondre à trois questionsl

1- Pourquoi les clochards deviennent-ils, des déviants

sociaûx? ~

',2- Quelle est leur culture politique?

j - Quel est l'impact de la sous-culture déviante sur

la formation d'attitudes politiques nouvelles?

;;

2

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(10)

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f

Une revue de la littérature nous permettra de repondre ~

la premi~re question. Dans un second ,temps nous répondrons ~

l~ deuxi~me que,stion par l'élaboration d~un cadre théorique et

m~thodolo~ique qui nous permettra d'interp~êter les résultats

de notre enquête. Dans

Un

dernier temps, nous mesurerons

l'im-pact spécifique ae la socfalisation dans une sous-culture dé-viante sur la formation d'attitudes politiques nouvelles.

1

J

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(11)

1

CH.r LES

CLOCHARDS 1 UNE REVUE

DE LA

fLITTERATURE

'\

\

"

-\

Depuis plus d'un si~c~e mai~tenan~, les clochards ont été l'obJet de l'analyse des sdci~~ogues et d'une grande va-riété ~'autres chercheurs en biOlogie, en criminologie, en psychologie, en psychiatrie et en service social..

.

Le résul-·tat est qu'il existe une centaine d'études reflétan~ une

di-c

'versité de points de vue irréconciliable. La variété trop p,rande ~'in~~rprétation8, de définitions et de conclüsions re11P. tpùt.e synth~se de la li ttérature

...

absolum~nt impossi bie .

"

(W~llace, 19681 92)

Nous n'avons pas encore réussi à prOduire une définition opérationnelle du clochard. ' Parce que nous avons une diversi-té de défini~ions~ il s'ensuit une réelle confusion lorsque '

~ ~

, .

nous tentons de décrtr~ le comportement du clochard et les' ,rai-sons qui l'ont amené à adopter ce mode de vie. (Wallace, 19681

93)

Différentes définitions am~nent à·la description ~e

com-.

portements différents. Une éonf~sion extrêmemen~ répanoue dans " la littérature ,est que le clochard est un alcoolique et que par

.

\

conséquent' EjJon compo~tem~t est celui d' un alcoollique tr~s

in-\

\

~oxiqué. Or d'autres études ont just~ment démnntrées que le clochard n'a pas l~ même comportement qu'un alcoolique. qu'il

(12)

a •

\

t

\ je

ee _

ne boit pas ]"lR.r suite d'une dppendancp physiorop:ique mais

plu-t

tôt Dour se protpp-er" èiu froid, dA la faim et surtout parce que c'e-st une norme dp son PTour>e qui' par~oYFlUt~ l' oblip:e.; ~ boire.

" '

5

Toutes CPS ptudes se counpnt' et se cçmtredisent. (Wal1acp, 19h81

< Confondant souvent la partie avec le tout, Bogue reproche

~ ces auteurs d'avoir ptud~A ce qu'ils croyajent être le cloohRrd en le d~finLssant nar 'une ou plusi~urs caractér:i stiques qtd n'

p-. "

taient jamais exhaustives. Faute de co~sensùs sur ce nu'était

r

le clochard, il n'y a jama~s-eu de consensus non plus sur le

~quoi de son état (Bogue, 1968 l" 92).

BOf,ue se fait alors l'avocat d'une définitiory selon les

1Il

critères officiels tirés de la démoF,raphiè. Si on appliquait

ces crit~re~ dit-il aux dif~érents auteurs sur le va~abonda~el

on se rendrait vite co~pte que la.~auvreté et l'absPTIce"de liens

~'familiaux sont les ,deux s~uls critères ~evenant dans toutes les études. Selon Bogue, ces deux crit~res ne formént cependant

\ .

qu tune seule des huit combinaisons démor;raphiques' po.,ss i hle''s de,

vagabon~s (Bof,ue, 19681 93). Bogue, en passant en revue les p~us

,

.

facteurs 1 ' 1- la résidence, 2- l~ participation institutionnelle

(pri~ons, refuges,. assistance publique

r;

3-

'la mobilité. géogra-phique (Bogue, 1968. ·94).

1

(13)

..

1

\

\

;u »

a

On aura donc les huit types suivants 1 Habitant le quartier des clochards (Skid Row)

,

A- Participants institutionnels hautement mobiles

B-

c- D-Non-participants Il " faiblement mobiles " hautement mobiles " faiblement mobiles Habi t?nt des

ch'ambre~,

seul s ou des )Lieux publi cs

E- Participants institùt~nels hautemp.nt mobiles

F- " Il

faiblement mobiles Non-participànts " hautement mobiles

H- " " faiblement mobiles.

6

Pour Bogue,. les combinaisons les pluS; fréquentes chez les divers auteurs sont les suivantes 1

A,B,C,DI

limitant les clochards à la résidence sur le "Skid Row" et oubliant les clochards vivant en chambr~ ou dans les lieux publics comme les gares et qui ne vont ,as dans le quartie~ des c1s>chards,

A,B,E,FI

limité à la participation institutionnelle et oubliant' . les clochards qui rie sont jamais arrêtés et qui ne demandent

ja-mais de secours à l'assistance publique,

'"

,.' 1

A,C,E,GI

..

limité à la mobili té

gé~graPllique 'c&~rne

chez le grand so-

.~

ciologue américain, spécialiste des vagabonds Nels Anderson,

cette typologie oublie les clochards stables et ne fait aucune dif;)rence entre les

~lcooliques

et les autres.

(14)

.

-(j

le 2 id 3

7

En fait, les auteurs connus ont ~tuoi~ des types particu-liers de clochard (Bovue, lqh R: q6) aussj leurs recherches, leurFi cnnc] wüons et m~me ] eurs sons-typolor-ieR ne sont-ellE"s valRbl,es CJll~ pour ces Rous-types.

Bahr (Bahr, 1973: 53) fAit lui aussi sa propre ~t'itiC1lle

oPS diverses définitions données avant lui. Pour lui il existe deux p"randes classes de cltJchards. ('eux qui vivent sur le "S1dd Row" et les isol~s vivant en chambre, seuls, c'est à partir de

l~ qu' i'l cri tiCJ.ue Ips nlus r:rands noms de la l i ttérature du va-p;abondaGe.

Pour lui, la classioue définition de Nels Anderson de 19?? ne comprend ~ue les travailleurs mip"ratoires oubliant aussi bip.n les résidents permanents du "Skid Row" comme les isolés.

Les points de v~e de Sutherland et,Locke ~taient encore plus limi té's puisqu'ils n'incluaient que les clochards vivant dans les refur:es, donc un sous-groupe du "Skid Row".

Bahr accuse ~ar ailteurs Bogue (Bahr, 1973: 54) de ne pas

"

utiJ iser lui-même sa propre typolop;ie en hui. t types démop;raplTt-ques puisqu'il s'est limité dans ~es études à ceux qui vivent sur le Skid Rowi A,B,C,D.

Wallaoe. (1965) a établi une typologie basée sur le déta-chement de la société comprenant cinq variables: le va~abonda~e,

la résidence sur' le "Skid Row"', l'alcoolisme,' la pauvreté ëxtrême et lâ séparation d'avec la famille, cependant Wallace n'a criti-qué personne.

(15)

-1

-

-,. \ \ ; R

Bahr conclut finalement (1973:

55)

que les dpnominateurs communs de cps rpcherches sont la d~saffiliation, c'est-à-dire la rupture , d~ tous les liens sociAux pt tous les auteurs sauf

,

un ont considérp le clochard vivant dans les refu,a:es comme étant le prototype du clochard.

Cha'lue auteur a par ailleurs établi une Rous-typolor:ie

~ p8rtir de son propre point de vue partiel des diffprents types rte clochard. Il serait trop lonr: de les répertorier toutes puisnu'il en existe pas moins d'une cinquantaine aussi nOlls n'en rapportons que deux seul-ement pour illustrer.

Locke (Locke, 1934: 424) classifie les hommes v.ivant dans les refup:es en cinq types économiqu'es pans fournir dt ex-plication théorique:

Les travailleurR irré~uliersl ils forment la majorjté des

clochards, ils ont passé leur vie dans des emplois insignifiants et le rffu~e est leur habitat n8turel.

Les journaliers: tlR sont moins nombreux, victimes du ch~maf,e, i 18 O"ît \lpilr rtt 1 ~tre ass imi lés dans ce mi lieu.

Les mendiants 1 pour lui, l~ plupart pvitent les r~fuF,e~ car

ils prBf~rent la .liberté.

Les ouvr~ers spécialisésl comme leurs confr~res les journaliers,

ils s~t démoralisés et ont peur de demeurer dans èe' milieu à'

perpétuité.

Les cols blancs 1 ils se sent~nt finis et deviennent ce qu'il est convenu q'appeller dans le milieu des "cha'ir sitter types",

(16)

... / 1 1 , , 1

1

1 t

Ri~e (191q: 141)/conRid~re l'exiR~ence des clochards

comme PtF3."lit une ré.serJe np('eSR8. i.re de main-d' oeuvre

~

bon

'"

march0. Tl classe les clochards en ouatre types:

L' autcYsuffisRnt: pour lui, i l constitue l' é~i te des clochards en ce sens nue 88. force de travail sert le système, la sociétp FI donc le nevoir de lui bâtir des refur;e§>" confortables.

Le dpnpnnant te~porairE': il peut être considérp c~me un ou-vrier en vacances entre'deux emplois, encore unp"fois c'est le

-

"

devoir de là socipté de l'aider ~ refaire ses forces pour ~ll'il

nonne un travail Rccrü au retour.

Le déppnoant chronique: la phrpart sont infirmes et il faut les placer dans des maisons de retraite.

Le parasitinue: c'est une personne qui ne retravail}era jamais, ,

mais Locke croit nue la plupart travailleraient si on leur don-nait la chancE' d'avoir un emploi rémunéré adéquatement, d'ai1-leurs 70% des clochards amér.icains ne sont pas revenus après la

premi~re p,uerre mondiale .•• mais Locke ne dit pas pourquoi.

1.1 LÉS DIFFERENTES THEORIES

Presque toutes les disciplines des sciences humaines ont cherché ~. expliquer l' existe'ncè des clochards par des causes, prédisposantes, revisons-les.

1.1.1 VN DEGENERE ..•

9

Le vagabondage a toujours existé, mais il a été perçu \

-'

(17)

-

...

---

...

--

...

----

...

---....---;-~---1

... ~~t ''l'1'!r!.;o,''''!1!l'';,*.~

'J . 1

'10

Av~nt d'nhorder l'~re moderne et les explications

con-teli'nornines du c1ocharct, il <:;erRi.t bon de f!'il.ire un survol rRpide des conceptions passpes.

Les .i,~ristes 'ont P tp lf's prf'mièrs ~ déterminer le statut

de va~abond. Les premiers ~dits datent de 1)49 pour

l'Anrle-terre et de 1350 pour la France. Ces premiers édits furent

tr~s rppressifs et considéraient le vafabondn~e ~omme un mal

.-/l

en sni, il était interdit ~ nuicon~up de leur donner de l'aide et ils étiient astreints au trRvai.l obliRatoire pour les villes

et

les sei.n:neurs.

~

,.

L'ori~ine de cette loi était

ia

peste ~ui aV8it tué pr~s

de 50% des ou~riers du temps et on avait frahd besoin de main-n'oE'uvre (Chamblis~, 1964: 69).

En 1530 le clochard voit son statut passer de travailleur

~ celui de criminel. Toute personne prise ~ mendier se voyait condamnée ~ 'la prison et en cas oe récidive à la mort à partir

de l53~~

Cette répression était due ~ la naissance du mercanti-lisme. A cette époque débuta un traffic considérable du com-merce; comme le ~ransport était une entreprise hasardeuse, les

juristes eurent le souci de contrÔler le&voleurs et , à cette

fin réprim~rent les présumés voleurs, c'est-à-dire les

(18)

-- --

---,zrr--~----La troi'si.~rne 0poque se situe vers 1571. Le seul fait

d'être vap'abond etRlt devenu un crime en soi puniss8.ble par la nrison et ~ la mort pàr ]8. torture pn cas de r~cidive.

Il semble que cette loi ait surtout été fR i te pour ,rrotpf'"er

la ponu1ation ou charlatanisme' et des pratiques occultes (lui lèur rtajent courRmment attribuées (Chambliss, 1964: 73).

ToA. derni~re époque est celle du clochArd urh8in flui a perou son statut rte criminel pour d~ver'1ir un délinquant. La

loi Actuelle n'est qu'un mécanisme pour nettoyer la rue des Il

personnes indésirables par leur comportement insolite (Chambliss, 1964: 75),.

C'est avec l'apparition du clochard urbain au début du "

1ge si~cle qu'apparaissent les premi~res théories se voulant

\

-scientifiques sur le va~abondafe. Défendues'avec âpreté et

soulevant beaucoup plus de débats idé~logiques que 4e recherches empiriques, ces théories ont pourtant joué un rÔle important dans la vie des clochards en créant un climat psycholoeique et social autour de ces ~ens, climat idéOlogique changeant auquel. les clochards sont soumis et qui'les conduiront tantÔt dans des' maisons de réhabilitation tantôt dans les fours crématoires de l'Allemagne hitlérienne.

Nous pouvons clâsser ces théories d'époque sous trois grands chapitres 1 biol~gie, pSYChiatrie et psychologie qui

prenaient leurs concepts dan~ le darwinisme social •

(19)

u _

t

e

/

pa

..

Ler: premi~res thnorlps biolo~iques admettent un destin hérpdi t~ire, Pour TJombroso, il existe un clochard-né commf> il existe des criminels-n?R bu des psychopathe~-nés. Le clochRrd rtFlnt cons id ér4 comme un criminel en puissance, on le soumet à toutes les mesures biométri'lues en VOf:ue à cette épo\lue (VexJiard, 1957: 76).

l?

D'autres biologistes comme Cava~lieri expliquent le vap"abondap-e en admettant l'

existen~

d'un "ins·tnct

mi.f.';~ateur"

~lus d~velo~~é chez eux que chez les autres individ~s. Les

~tudes F~n~a]o~iques de l'ppoque avaient conclu à l'existence

d'un ,instinct de mi~ration fondamental des familles humaines

au~ voyagent de rp~ions en ré~ions et m~me de pays en pays au cours des âges (Vexliarctt 19571 76),

La théorie bioloe:i<lue la plus importante et celle qui fi t sans doute le plus de mal à la population des clochards fut la théorie eu~pnétique.

Cette théorie tr~s populaire au début du 20e siècle en Europe et en Amérique du nord donna naissance à des lér,isla-tians biolor,iquement répressivesl l'Indiana en 1907 P-t l'Al-lemaF,ne en 1935 institu~rent la stérilisation obligatoire pour les inaptes, ce qui incluait les clochards.

Pour les eugénétici,ens dont l' anglais Galton fut le principal porte-parole, la pyramide sociale correspond à une

l ,

(20)

..

lU

-1;

pyram ide bi o l o{'"Ï-nUA , par cOnSérl'lent il faut réduire IR. reproduc-tion dp8 pFl.uvres pt favoriser cPlle des être émin€>nts. Il est inutile de mFl.intehir en vie des porteurs de gène~ défectupux. En vertu de ce principp, les clochards ont ~té physiquement linuidés sous Hitlpr (Vexliard, 19571 77).

La p!iychiAtrie du ] ge si~cle" a vu tout d'abord chez, le

~clochR.rd un malade mentFl.l en principe incurable.

Selon les concepts en usavp' vers 1840, on lps considérait

comm~ des "monomaniaques", des "fous raisonnables" au lanr;a{\e

sens~ mais au comportement bizarre." Puis finRlement une foulp

dE! concepts étranp-es leur ont ét~ R.ppliqu~s: "aliénés mip;rateurs" , "délirants", ."hallucin~·R"; "hystériqu€>s" etc. etc.

Ces explications des débuts de la, psychiatrie ne sont ja-mais loin de la bio1op;ie car toutes ces impulsions et obsessions sont le propre d'êtres inférieurs et il est caractéristique qu'on appella la "manie errante" du nom de "dromomanie des d~p;énérés"

(Vexli~rd, 1957: 79).

A mesure qu'on avance vers les années 1930, les concepts. -,

se ràffinent et tentent de décrire des comportements cliniques chez le clochard.

.

Dans les années 1920, il sera convenu de les

" ,

taxer de "demence precoce" alors que le,consensus se fera autout d.u conéept de' "schizophrénie" dans les années 1930. Une étude typi.que des années 1930 donnera de 15. à 20% d'idiots et, de 50 à

~o% de psychopathes •

./

(21)

t~·

1.-"':. ~' . , !. '1 1'\

o

----

.... ~,.. ... .,.. 14

..

I~ psycho1o~ie par ailleurs est arrivée à des conclusions

plus ori~inBles, Pour Freud, le clochar~ est un être ~ui échoue dans la vie, pour qui le comportp.ment d'échec permet de postuler l'existence n'un besoin jnconscient d'auto-punition. Ce~endant

sion peut retrouvpr lies cas patents de masochisme moral chez les clochards, CP. n'est hélas pas le cas de la majorité (Vex-liard, 1957: R3),

Pour le psycholo~ue Moreno, l'inventeur du sociogramme,

~ les clochards font ~artie d'un prolétariat sociométrique, c'est-à-dire qu'ils perdent tout.. contact avec la soc'iété par sui te de la répulsion qu'ils inspirent. Il faut noter cependant ~uP ]a répulsion suit habituellement l'entrée dans le monde du vaga-bondage et qu'on nf' saurait considérer leur isolation soci8le comme étant la cause de leur situatio~;

Finalement les théories plus modernes font état d'une

grande diversité de mécanismes psychologiques comme l'immaturité émotionnelle, les mécanismes de fuite q~i toutes décrivent le clochard comme ~tant un être anormalement faible au point de vue

psycholo~ique •

."

Ces théories sont largement dépourvues d'assises dans les, rares résultats empiriques que nous possédons, ce sont la plupart du temps des théories ob les variables et les indicateurs ne sont même pas définis, un concept mythique à la mode se charge de rem-placer l'explicaiion scientifique empirique (Vexliard, 19571 88).

(22)

1

' 15

Les théories biologiques son invérifiables, les thpories psy-chi8triques ont ~t~ appliquées avec exc~s et finalement les théories psycholof,iques ne sont p~s s~~cifiques 'et s'appliquent à une foule de gens maladaptés en dehors du monde des clochards.

Abordons maintenant le~ théories psychologiques et socio-logiques actuellpment en cours sur le vagabondage, la plupart

, ,

ont ptp fOTmulé~s apr~s 19~5 ~uoique quelques unes venant des plus vrands aut~urs comme Durkheim remontent à plus loin. Ce

que Cf'S ~tudes ont de parti culier c' est qu 1 ell,.es présentent un

net effort de la rationalisation de l'observation des clochards. Plusieurs auteurs ont fait des recherches empiriques exhaustives pour vérifier leurs thpories.

Aussi ~tranFe que cela puisse para1tre les données empi-riques ont infli~é un cruel démenti à la plupart de ces thpories, si bien que nous nous retrouvons maintenant dans un vide théori-que, les auteurs des 15 derni~res années se contentant de décri-re le comportement, les caractéristiques et le mode de vie des clochards mais sans chercher à lui donner une explication.

L'ééhec des théories psychologiques et sociologiques vient du fait quf~lles re~?sa~ent sur des présuppositions non-dé~ontrées

à· l' endroi t des clochards, ou bien on les considérait comme des anormaux et leur comportement allait de soi ou bien ils étalent normaux et c' étâi t une dysfonction sociale qui était resp'ànsable de leurs malheurs. Or, comme nous allons maintenant le consta-ter aucuJ'\'e étude n'a réussi à démontrer que le clochard est un

/ - - - -. . . EP. . . =MI~La~ . . . ~t~ >" ,\ . :~

,"

(23)

1,

lU cc _

16

~tre anormal ou qu'il est la victime d'une conjoncture sociale.

Dans un deuxi~me temps, nous allons synthétiser l'approche

la plus moderne datant du dpbut des années 1970, l'ap?roche

souR:culturelle Qui néfiNit la déviance non plus comme un rejet ,

\

personnel des normes de la société mais plutÔt comme une

attitu-de rebelle ac~uise au cours de la socialisation dans uné

sous-~

c1}l ture st igrnatisée, sous-culture' elle-m~me expliquée par 'yne

série de facteurs situationnels non réductibles ~ une dimension

psycho1o~ique ou'~

,.

une dimension sociologique.

1.1.2 UN ALCOOLIQUE •.. ,.

Une bonne p~rtie de la littérature a tenté d'expliquer

la situation du clochard en le décrivant comme un être anormal.

~es théories ,au sujet de l'alcoolisme se prêtaient encore plus

facilement que les théories psychologiques ~ une te~le approche.

Les'caté~o~ies de buveurs que nous retrouvons chez Straus

sont assez semblables chez,tous les auteurs ~ui ont abordé ce

prob1~me. En ~ros, ,nous avons (']llatre catpP'ori.~s: 1- les

non-\

buveurs 10.6%, 2- le'a buveurs modérE?s non-intoxin'H~S If.. 9%,

3- les buveurs permanè)'lts modérés 28%, l~_ les buveurs

c'hroni-.

ques

43.2%

(straus,

19511

606).

,Ces résultats ont été c.onfirmés par d'autres enquêtes

faites dans plusieurs pays aussi bien "avant qu'apr~s celle de

- Straus • L'alcoolisme est le pilier essentiél de leur $~us-culture

.

.

1

. ~ premi~re vue, leur consommation se faisant souvent dans les

lieux pUblics.

(24)

.

..

) .... ~It~~.h_-~< . . . ~~~\_"'"'t! ... J.*-~"' ___ ~_~_..,.r---""--"_~ ~ _ .. _ _ .. _ _ _ _ _ - .... ""v . . . "$.' S •• S. 1 N'itidSlilSlI1DiJilli '\ 17

~,

..

"'~une

autre caractéristique propre aux

tencE' e super-alcooliques qui ont atteint

clochards est l'exis-un tel degré d'in-toxicatio qu'ils peuvent consommer, de l'alcool non-éthylique

comme le dilu nt ~ peinture, l' alcool ~ friction. le IIprés.,+.one" ,

" ~ 1

,

cirage ~ chaussures. Il n'existe pas

d~ statistiques pour ces super-alcooliques, mais leur seule manque d'argent pour se procurer de

motivation semble êtr~

\

l'alcool ordinaire (Mende1so 1957 t 562). Beaucoup de

c10-, i'"

ch~rds meurent ~ l'occasion ~'une cuite au méthanol, mais

seu-lement,11% de ces morts auraient un aspect suicidaire

(Mendel-,

son, 1957$

562f.

Leur consommation d'alcool selon divers

au-teurs atteint 40 litres d'alcool pur par an. L'alcool

non-éthyliqùe est consomm'é avec des biscuits pour empêcher de vomir.

Cepenpant la littérature semb}e unanime à considérer le

clochard comme n'étant pas un alcoolique.

Pour Straus (19461 J~4) il existe une grande différence

entre le buveur pathologique et l'alcoolique.

Pour lui, les motivations et le comportement de

l"alcoo-lique diff~rent grandement de celui du clochard. ~'alcoolique

'est un inadapté~qbi à force de se' soutenir par l'alcool a créé

"

une dépert~ançe physiologique.

Selon Straus (19461 J?O) une premi~re dif~érence réside

dans

le

fait que l'alcoolique boit irrégu1i~rement alors que

.

-

-....

.

.

. j

,

,

l,:" ~ " ~

..

,~

,.

(25)

$

-1

-.

, ,. 4Q.

-IR

'"

le clochard boit ré~uli~rement. Les raisons nue donnent les

clochards pour expliquer leurs beuveries sont: pour l'oubli,

'1+

par récréation ou pour Sp sentir m~eux .

La plupart n'auraient pas

J..'

inténtion de cesser de

boi-re et tous les essais thérapeutiques son~ des échecs (Straus,

1946: 372), ce qui amena Straus ~ une seconde constatation

---,

(Straus, }9461 373)1 les alcoolioues bofvent seuls ~ 92%

alors ~ue les clochards boivent en ~roupes à 90~~

Pour Straus (1946: 393), i l n' e,xiste aucun cas sur les

203 clochards qu'il a exami~s ob l'alcool était une cause

directe de l'entrée dans cette vie déviante. Dans 66% des

cas, la consommation pathologiq~e d'alcool avait débuté avant

l'entrée dans le monde des clochardsr mais elle n'est qu'un

. \

facteur d'appartenance à des groupes d'hommes seuls

non-clochards. Dans une recnerche qu'il fit cinq ans plus tard,

Straus trouva d'autres différences entre l'alcoolique et le

clochard. Les clochards sont loin d'avoir développé une

dé-pendance physiologique envers l'alcool comme l'alcoolique, alors que tous les alcooliques sont par définition dépendants,

,.-..

. "

,

moins de la moitié des clochards qui boivent réguli~rement

pourraient être classés à un même niveau~e dépendance (Straus,

1951_ 604).

"

.

Une autre différence dans le comportement est que les

clochards cherchent ~ atteindre unè durée permanenté dans

\

-.

(26)

1

,

;w »

'.-l'effet de la boisson alors que l'alcool(que boit sroradique-ment et ~ la limite de' ses forces .

. ' $trau8 conclut donc que<l'ivro~nerie des clochards dé-pendait d'autres facteurs que l'alcoolisme et qui seraient

v

19

situés dans son environnement psycholo~ique ou s9cial (Straus,

19511 607).

.-

Pour Wallace (1968: 102), l'ivrov,nerip du clochard est une· oblip;ation morale qu'il a envers son r:roupe de réfé:rence.

"

-C'est une question de conformisme à une norme'sous-culturelQe. Pour lui ép;alement, l'ivro~erie du vagabond n'est pas de l'al-coolisme car les comportements sont tr~s différents dans les 1

deux cas. Les normes de

sous-culture du clochard qui le

"

portent à boire seraient ind~pendantes des penchants

person-nels pour l'alcool. L'ivrogne-clochard est celui qui boit en ~

p;roupe et d'ailleurs toute la sous-culture des clochards

re-c,

ppse su~ une création sans fin de groupes spontanés qui 'se

, 1.

forment à l'occasion de l'achat et de la consommation de l'a1-cool.

.

.

~.

,-En conclusion des théories de l'alcoolisme, nous

pou-vons dire qu'elles ne s'appliquent pas au clochard-. Elles \

n,' ~nt -pas réussi à prouver que ses "beuveries" pathologiques étaient dues à une anbmalie psychologique qui aurait serv~ en

.

\

~ême temps d'exp11cat~on pour son comport~ment total. Au

, ;

contraire, toùt tend

à\

supporter-l:hypoth~se que ~Iivrognerie

,

du clochard e$t un comportemint prescrit par une norme sous-culiurèlle.

, '

(27)

.-,

20

Apr~s les th~ories de l'alcoo1is~e, les th~ories

psy-. , . t ' d d' \ . h 1 1

cholof,lques ont serIeusement ten e e ecouvrlr c ez e c

0-chard

.

la faille qui en ferait un anormaL Ces théories ont pté infirmées systém~tiquement par les recherches empiriq~es comme nous allons Ip voir.

1.1., UN ·PSYCHOPATHE .••

Nous "pouvon~r classer ces théories en deux p-t'andE's

~co-les: psychomptrique et psycho-sociologique, la première sup-posant au clochard une carence grave dans ses capacités in-tellectuelles et émotionnelles et la secon~rl attribuant divers troubles de la personnalité dOs à une enfance malheu-reuse ou à un échec p~rsonnel sérieux. Nous ne reviendrons pas sur l'absurdité des théories p'sychologiques du 1ge siècle

J

, ,

que nous avon~ démontrées au début de cet ,ouvrafe.

Concernant la faiblesse de l'intelligence, Locke (19361 22) rapporte qu'ils ont une intel1iF,ence nettement inférieure

à celle des soldats américains ayant passé les m~mes tes~s . • 1

Le psych~atre Levinson (19571 208) leur trouve une

'intelli-gence d'égale force ~ la population. La moyenne de Q,I. est de 96.7 et les résultats s'échelonnent entre 71 et 124, ce qui est une distribution statis(tiquè nO,rmale ~ par conséquent Levinson soutient que la th~s~ de l'infériorité de leur in-telligence n'est pas maintenue (Levinson, 19571 205).

Locke rapporte par ailleurs que sur 265 c}ochards ayant été examinés par des ,psychiatresl

5%

étaient psychbtiques et

(28)

1

..

'

,

13% npvrosps (Locke, 1936: 43), Cependant Vex1iard (1957:

i

80) a démontré que ces tests ~résentaient une telle variance de l'un ~ ]'autr~, qu'il était irnp~ssib]p de savoir ~e qu'ils mesuraient exactement, certAins tests démont'rant jusqu'à 67%

dp ~sychoti~ups (Vexliard, 1957: Ra).

Ta seule analyse psychiatrique des clochards faite avec des tests de projectïon Roschach destinps ~ dévoiler les émo-tions inconscien'tes nous vient de Levinson (1956: 286) qui

.

Atud ia ains i 50 clochards .du Sk id Row New Yorkais.' Pour

lui, le clochard a une personnalité névrotique nettement iden-tif jable et il décrit lonRuement une vin~taine de symptômes que nous pourrions résumer comme suit: les tests projectifs' démontrent que I.e clochard est émotionnellement pertur,bé,

.

qu'il a peur de toute forme d'affection, qu'il est incapable , ,

(

.d'en donner ou d'en recevoir, ils sont incapables de nouer des relations humàines norma:-les. Par ailleurs ils sont incapabl.es de se fixer des buts précis, ils se re j ettent eux-m~mes, 'ils ont honte d'eux et souffrent d'anxiété chronique par suite de leur incapacité de se montrer ~ la hauteur des valeurs socia-les, ils ont peut de la société. Ils n'ont aucun intérêt pour quoique ce soit. Fina~ment leur intelligence verbale étant nettement supérieure à leur intelligence symbolique,

Levinson voit là la confirmation d'une personnalité)1évroti~ue.

Or deux faits viennent cependant remettre en question

la th~se de la personnalité névrotiquet premibremènt

<, l!

~

(29)

..

1

la D s

2?

ces tests ont pté passés à des clochards intp~rés dans le milieu pt toutes leurs r~ponses laiss~nt c~oire ~ue leurs fru!=>trations émotionnelles sont consécutives à leur vie de

vap;abon~ plutôt que.la causE' de leur vie de vae;abond.

L'an-xiété chronique qui les aff1i~e, le sentiment d'avoir ratp leur vie sont dps sentiments qui ne peuvent prendre racine que danA llne 'si tuation définitivement désespérée comme la viC'

cl\

var:n.bond plutôt que dans une situation ;:mtérieure. Nous pourrions volontiers accorder le bpnéfice du doute aux recherches de Levinson, or Bahr (1973: 9?) a fait une secon-de'dpcouverte qui infirme l'unicité de la personnalité névro-tique du clochRrd: le m~me test d'attitudes psycholo~iques

,

ayant été administré à des clochards et des hommes de là classe inf~rieure a démontré que les deux p;roupes étaient malajustés dans des proportid.ns identiques mais que ces deux groupes différaient beaucoup d'un ~chantillon de répondants de la classe supérieure. McClosky (19651 36) avait cependant démontré que sta.t~stiquem~t les mesures d'anomie psycholop:;i-que étalent absolument indépendantes du statut social. La

conclusion est donc qu'une autre cause inconnue détermine

l'anomie chez .tous les gens de bas statu~, mais que pour l'ins-tant elle ne pouvait être la' c~use spécifique de l'entrée

,

dans le monde du vagabondage.

L'isolation est d'abord due au fait que le~ clochards viennent de foyers brisés et cette isolation leur/ferait

..

• 1

(30)

..

-~~- ~ -~ -~----.--~-~--.

..

...---.

\

,

/ /

Rnopter lln comportement anormal comme l'alcooliSJ~-è et les

..

rendr8it SOllS-socblisés, c'est-à-dirp qu'ils séraient

in-cnp8bJes OP nartR~pr les valeurs de la sociptp,

Or selon Bahr, IR théorie voulant ('pte les cloch:'1rdf3 vienDent de foyers brisés est démentie dans les faits: les hommes pauvres viennent de foyers brisP8 ou sont orphelins

' )

clans la m~me prorortion que les clochards (Bahr, lq71: (9).

'Pant qu' ~ l' expl ication du manque d' intéprRtion sociale, dl).

1

à cptte isolation, WallRcP (1965; 136) soutient qu'elle

re-nose sur une théorie non prouvée des besoins sociaux,

c'est-à~dire des besoins qui ne pourrRlent ~tre satisfaits que par l'interaction sociale.

Une autre théorie })Q.pulaire

~-

plusieurs auteurs

Rffirme que lps clochards sont sous-socialisés et de ce fait

n'ont pas en la chance d'apprendre à nouer des liens valables

et à partar,er le~m~mes v~leurs que leurs semblables. Or

Bahr (1973: 293) conclut q~e les attitudes anomiques et

mi-snnthropes sont identiques lorsqu'on compare un iroupe de

clochards à un eroupe d'hommes pauvres, de plus les deux

groupes sont ér,alement maladaptés au point de vue

psycholo-gique (Bahr, 1973: 97). Pour Wallace (1965: 134) la théorie

23

de la sous-socialisation n'a jamais prouve que l'isolation était une carence grave dans la'formation de la personnalité

ou encore que les valeurs sociales ~taient entretenues par la

participation sociale. Egalement, lè clochard n'est pas isolé

••

(31)

vu os

, .

,u »

TllliSllu'il il de nomhreuses interactions sociales dans

son-mi-lieu. Finalement rien.n'indique qu~ dans la th~orie de IR socinlisation qu'elJe doit en~endrer npcessairem~nt le

con-formlsm~.

lA th~orie de lA structure familiale est ~Falement

po--pu18ire, selon elle, la plupart des cloch8rds ser8.ient des fils uniques ou des premiers-nés ou derniers-nés de fAmilles. Cette croyance est p~alement pArtA~4P nar les travailleurs

(

sociaux qui s'occupent des cloch::lrds. Selon Bahr, les rp-s1l1btts empirtques soutiennent en partie seulement cette ap-proche: il existe effectivement une sur-repr~sentation de fils uniques dans le ('"roupe des clocl/'trds. Il n'y a pas plus de premiers ou derniers-nps de famlile cependant. Selon Bahr, cette sur-repréflentation,est attribuable ~ une sur-dépendanqe familiale des fils uniques doublée de l'échec à réaliser les espoirs des narents. Bahr conclut donc que la mêmn ~tructure

familiale qui produit l~ plus d'hommes ~~inpnts nroduit

é~a-lement le J'llus de rAtés. Cependant les fils uniques

consti-.. ,

tuent somme toute un pourcentap,'e assez réduit dé la population dès clochards et à eux seuls, ils ne sont pas une ~xplication pour le vagabondage.

/

,

)

En conclusion, la psychologie n'a pas ré t U à prouver que le· clochard était un alcoolique, ni qu'il ·so ffrait d'une carence psychologique spécifique et ni finalern t qu'il souf-frait d'une désorganisation de la personnalité due à un rnan-que de participation sociale.

\

.

\

( ,

,

,) ,

(32)

, .,-

.

,,'

/

~aintenant ~u'~ucune ~virtence empirique ne supporte la

prpSllmpe 8.normalitp des clochards, lA. seule nutre alternative

est flH' une structure socinle Anomique soi t respons8.b1e (1e leur

dpviance. 'Comme n01~S allons le voir, il n'en est rien non plus.

1.1.4 ...

J

On a depuis lonftemps en

soci~lof,ie

collé l'étiquette

,

de retrai t~,sme à certains cal:; plutôt rarr' s Le retraitisme se caractériseràit ar

de déviance.

le rejet des buts oulturels et des moyensj:nstitutionnels d'une société (Merton,

1957: 20h). Ceci s'expliquerait par le fait d'une croyance

'profonde dans les buts et moyens institutionnels doublée de l'échec à les réaliser m~me d'une façon minimum. .Parce qu t il

a trop bien assimilé ces ,normes, le clochard ne peut les trahir en recourant aux moyens 'criminels et comme il ne peut pas les réaliser de toutes façons il rejette tout et fuit la sooi~té

,

.

(Merton, 19571 207).

P1usieurs commentaires et critiques sont venus chanrer en partie les affirmations de Merton. Parmi les commentaires notons ceux qui font état de la confusion permanente dans la théorie de l'anomie entre l'anomie objective (dysfonctions sociales) et l~anomie subjective.

Merton s'en tient exclusivement ~ l'aspect objèctif de

"

(33)

2h

reconnAît !l1l8,cptte thporie ni;:tnflue d'indic;:tteurs pour sppcifier clam; nuellPE' cirr.onnt8.'1ces nnc;qles te11p ou telle forme de

dp-vi<mce (n~tntitjste, rebe11p, ritu01Uste ptc.) apparattrR (Mer-ton, 1957: 219).

~prton voit rlAnR l'anomie un fait sociRl objectif, c'est~

8.-dirp. unp strllcture 011 unp. fonction <lui transcendent les

con-,

sr.ien~es individuelles. CepenrlAnt, ce n'est jamRis te11empnt

QI

c lRi r che?; fVlerton la façon qu' i 1 a de fus ionner fa i t social èt

caté~orie anAlytique.

Lemert pense quP l'omission.par Merton des processus

psy-cholo~iqueR rend sa théorie superfici~le, car comment peut-il

alors parler de déviance én tqnt qu'ad~ptati9n individuelle 8. une situation anomique? (.Clinard, lqfih: 49).

Pour Lindesmi th et Gav,no.n, le par;:Jdoxe de la thporie dp

1V!erton ,est au' el~ ne dit pas qui pour un même montant d'anomie va devenir uri d~viant retraitiste et qui ne le deviendra pas

(Clinard, 1964: 51). De son cÔté, Warren Dunham (Clinarrl,

1964: 130) pense que l~ mod~le de Merton n'est qu'une typoloFie

~es façons de s'adapter à la sOéiété et ~u'elle ne renferme au-cune théorie sociologique du comportement déviant., L'approche anomique ne détermine pRS rpli échoue ni pourquol, ellf! est tout

juste bonne à établir des corrélations écologiques entre les "déviants et les normaux de diverse"s sociétés ou sous-cultures . comme Durkheim avait fait, elle échoue compl~tement dans sa

~

capacité de dis~inguer la conjoncture anomique à l'intérieur d'une seule société.

(34)

,

1

1

pour Bahr (197): 9)) la th~orie de Merton ne semble pas support0P. dRns sps rpcherches <1UOi(l'l' il ne fassE' pA.S de

réf~-~

r0nres pr~cises 8. JVlerton. Ains i nqns Res enquêtes d' att i bines sociA.les a-t-il dé~ouvert que les c]ocharos ne croyaient pA.S

,.

Ry.oi r plus r8. tp leur vie 'lU' un pchanti 1] on d' hommes pauvres.

Pour W81lf'r'R (196'5: 115), l'apTlli..cation rip;oureuse du

moci~le de rllerton l'amèner8it ~ IR conclusion Cllle les clochRrds

pourrAient ~tre des npviants rehelles CRr rien np prouve 'lue

leur p-roupe ne soit l'PtS une sous-socHtp proposant ne nOllVeRUX

1

buts culturels et ne nouveaux moyens institutionnels aussi ftranf,8S soient-ils.

Pour notre part, nou~ pensons que la théorie de Merton

?7

sur la dpvi~nce retraitiste des clochards n'est pas une théorie mais une typolop-ie CRr il n'existe pas d'indic::lteurs,ni de va-riables opérationnelles pour dpterminer qui va échouer et de quelle fnçon. De plus il-ne semble pas que l'étiquette de re-traitiste convienne vraiment, ils pourraient aussi-bien être des rebelles.

,

Pour Bahr, l'auteur le plus r~cent et le plus prolifique sur les clochards, le retraitisme du clochard ,(st

un retraitîsme vis-à-vis les affiliations formelles et infor-melles dans les groupes secondaires et primaires qu'avait le clochard avant d'entrer dans le "Skid Ro'" (Bahr, 19731 56).

(35)

,

~ r, 1 "

r

t

"

"

Bahr distin~ue trois facteurs situationnels (par rontras-,

t~ av~r les explications rpductionnistes de la psycholof,ie 8t de la sociolopie traditionnelle) pouvant mener une personne dans le va~abonda~e. Premi~rement l'isolation accidentelle

dU8 ~ des chan~ements extérieurs comme la mort des amis et des

parents, les accidents ~raves, ~a disparition d'une profession (bûcherons, forp,erons, p18triers). neuxièmem~nt l'isolRtion par 18 perte soudAine de statut: les rriminels, ceux qui ont fait nne faiIJite personnelle 011 commis des erreurs p;raves dans

] eur profeRsion (le chirurrien qui a troT> ne morts oppr~1.toires,

le comptable qui fraude etc.). Troisièmement il y a l'isolation

pcolo~i~ue de ceux ~ui travaillent hors de la socipté: soldats,

marins, travailleurs de chantiers éloif,Tlés. Le vrcü clocharrt pour Bahr est celui (lui n'a plus aucun lien avec la société

(Bahr', 1971~ 59).

Cependa~t, cette approche qui fait du retraitisme un

syndrome ~én~ral de disaffiliation risque de devenir rapidement tautologique. La disaffiliation n'est selon Wallace (1965: 127) qu'une des caractéristiaues de tout~ersonne qui devient clo-chard au même t~tre que l'alcoolisme (i,e. beuveries pathologi-ques) et la pauvreté. Même si la disaffiliation était la ca-ractéristique la'plus typique du clochard, elle ne serait pas une cause. Selon Wallace, dire qu'ils sont devenus ce qu'ils ,'sont parce qu'ils l'étaient déjà avant mais à un degré moindre,

qu'ils sont compl~tement i~olés parce qu'ils manquaient de liens

-n'est pas seulement tautol~~que mais absurde.

; " ',' " -, "

(36)
(37)

1

.".,..,... ... ' .... , ...

état conduisqnt prpalablement à cette carrière, le dernier

" .

nuart n'ptant constitué nue d'indicateurs à courte portée

sans possibilit~s de rénéralisations théoriques.

1.1.5 UNE PERSONNE SPECIALE

Un Rrand nombre d'auteurs ont ép;alement analysé les çaractpristiques personnelles des cloohards comme leur âp;e,

JO

,r

leur profession, leur degré d'éducation, leur intelli~en~~ etc.

etc. Pour certains ce genre d'approche est absurde et

n'èx-pli~ue rien1 c'est une parodie de la rechercbe scientifique

(Wallace, 1965: 127). D'autres y voient au contraire une

fa-,

çon pr~cise de décrire la pe~sonna1ité 'stéréotypé du clochard,

repagsons bri~vement en revue ce qu'ils ont trouvé.

L'Age 1

Pour Culver (19321 521), la majorité (35%) se situe'entre 20 et 29 ans, il explique cela par la fait que les hommes plus

vieux ont pl~s de responsabilités. Pour Stearns (19481 805)

l'â~e moyen de 1000 vagabonds dans un hÔpital du Massachussetts

.

~

est de 62 ans avec une sur-représentation

5

fois supérieure à la

moyenne des plus de 60 ans alors que les 20-29 ans ne forment

plus que 2.3% de la pop~lation. Il faut cependant tenir compte

,des circonstances de ces échantillons, celui de Cullver a été fait durant la crise économique'des années 1930, ce qui antrat-nait nécessàJrement une sur-représentation d'une main-d'oeuvre active, donc plus jeune, alors que l'écpantillon de-clochards

hospi talis~s de Ste,arns entraine nécessairement un.

sur-représen-tation des plus vieùx clochards.

"

(38)

,

l

1.,

-Levinson (1957: 207) trouve que les 20-40 ans sont 4 .

Tois moins nombreux che~ les clochards par r~pport à une

po-pulat~on normalp. et que les 40-60 ans y sont deux fois plus

nombreux. L~âv,e moyen e~t de 48 ans. Les enquêtes suivant

celle de Levinson ont confirmé la pyramide d'â~e de Levinson

même pour le Québ~c (Boucard, 19711 76).

C'est donc une population sensiblement plus viejlle que

le ~este de la société mais ob les moins de 30 ans n'en

cons-tttuent pas moins de 20% de cette popul~tion.

L'éducation:

JI

Pour Cul1ver (l932s 524), 70~ ont un cours prim~ire

sêu-lement et 3% sont allés au coll~~e chez les plus instruits et

il conclut qu'ils sont inférieurs ~ la popUlation:

Stearns (1948: 866) rapporte les mêmes proportions mais

à mesure qu'on progresse avec les années, l'éducation tend à

augmenter 1 Levinson (1957. 2~) rapport~ que 56% n'ont plus

qu'un cours primaire. et que 16% sont allés au coll~ge. Pour

sa-part Boucard (19711 71) rapporte qu'au Québec en 1969 on

comptait 52% de cours primaire, 43% de,cours secondaire et 5%

qui sont allés au coll~ge et à l'université.

Par conséquent ils sont moins Inst~uits que la population

en ~énéral, mais pas tellement moins pu~sque certaines recherch~s

concluent qu'ils ont le même degré d'éducation que la "lower class" •

,

\ t

\

,

i

't ~ '-< "

(39)

,

'_.".

,

.

.

/

te travail:

Pour Cu11ver (1932: 527), le pourcentage de clochprds

pour chaque.type d'emploi est l~m~me que le rencensement des

chÔmeurs am~ricainR.

Paur stearns (194R: 807), le~ clochards sont d'anciens

collets blancs ~ 8.3% (4 fois moin~ que la population normale),

1

des ouvriers ~pécia1isés à 21.7% (m~me proportion que dans la,

population)~et~des

ouvriers non-qua ifiés à 68%

(34%

d~

plus

.

que la population normale).

.

.

Pour Levinson (1957: 206) les:statisti~~es sont

identi-ques à celles de, stearns ma*is supérieures· à un échant i lIon dE'

pprsonnes vivant de l' 8SS

iRt~mrp ru~]

i Clue. èes 'Statistl,ques

dempurpnt lPR

rn~J11Ps

pour le QUPbN' (RoUCA.rd. 1974: 71).

12

En résumé les clochards sont

Je~

.ioumal iers

~

f)O%, des

ouvriers sp~cialisé~ à 30% et d'anciens cols blancs ~t

profes-sionnels à 10%. Il Y a donc une sur-représentation des emplois '

subaltern&s, mais pas d'une façon qui les distinguerait d'un

échantillon d'hommes pauvr~s.

Le statut marital,

Pour Cu1lver (1932,

5?5),

80% sont célibataires, 12%

mariés et 8~ divor-dés ou veufs. Ces proportions t~rnben~ à

49%.

8~ et

43%

respectivement pour les clochards hospitalisés

. ..

de Stearns

(1948, 806).

A1or~ qu '.el1es sont de 6o,t;, 25% et

15%

reBpectiv~ment pour le Qu~bec en

1969

(Boucard,

197f,

69) •

~1

(40)

ff

,1

\

\

\

En conclusion le

célib~t

et'la discorde familiale sont lès traits oominants chez les clochards car il faut ajouter

,

Que les clocharon nui se consid~rent comme mariés ne voipnt leur fem~p ~ue tr~s irrp~uli~rement, Mais p~ut-on appeller cette ahsence de liel1s maritaux, une cause de 'vagabondage? rien ne l'indique.

TJ' intell

i.p:e"'~:

Le psychiatre Levinson (19571 208) est l'un des seuls

~ avoir mesuré ]e , Q.I. des clochards. La moyenne était de

96.7 comparé à 100 'pour' ùne population normale, les résultats

s'étendaient de 71 à 124 et étaient identiques à la courbe normale ne ]'intellivence dans la population. Levinson a beppndant trouvé dans leurs résultats de tests une anomalie

assez caractpristiq,ue: leur intellie:ence v,erbale était supp-rieure à leur intelligence de.manipu1ation symbolique ce qui , est une indication standard en psychiattie d'individus

inadap-• • o(D If

tés, iouffrant de troubles émotionnels car ce type d'intelli-gence rentlrait inapte ,à faire des projets et à planifier l'ac-tion (Levinson, 19571 209).

En résumé les principales caractéristiques d~s clochards s'ont les suivantes (Straus, 19461 362) l'il a qui tt é la m~ison

jeune ~ la mort d'un des ~eux parents, il est célibataire ou

c

séparé, Agp en moyenne de 45 ans, ppssédant un peu plus qu'un

.

cours primaire, une intelligence moyenne, c'est un trava~lleur

occasionnel alcoolique plutôt en mauvaise santé, habitant les refuees dans la majorité des Jas et étant privé de tout lien personnel stable.

(41)

,

o

•••

.~ .

-•

,

En conclusion dison? que' le c.lochard a' E'xactement les mê-mes car<\ctéristiques- nue les hommê-mes de' 1<\ cl asse inférieure

pt 0ue là où elles diff~rent ~omme pour le cplibat, la

rési-dence et l'<\lcoolisme, elles apparaissent <\près le début de, la vie de va~8bond et non <\v(\nt. Par conséquent 'nous devons conclure à l'inexistence d'une persémnali té-type qui prJdis-poserait à la vie de clochard.

l.l.~ UNE VICTIME DESRCIRCONSTANCES ..•

Même l'approche tr~s élastique des facteurs situation-nels ne réussit pas 8 cerner la pprsonnalité du pré-clochard pouvant expliquer la réalisation subséquente du , clochard:

EnuméFOftS bri~vement les principaux facteurs situation-nels 1 les clochards n! ont pas une orip;ine sociale 1 Spédifioue-ment inférieure, au contraire, ellE' est supérieure à celle des h:ommes, de la "l.ower class". L'inadaptation sociale, la provenance de foyers brisés, l~échec dans la réalisation des ambitions, les conflits culturels, l'intelligençe et les

pro-bl~mes ~colaires sont les mêmes chez les clbcnards et cheZ les

hommes.. de la "lower cla8s".

Les facteurs spécifiquement liés au vagabondage et qui par conséquent ne rév~lent rien des causes antécédant ce va-gabondage sontl une haute instabilité dans le maintien d'un

, ,

emploi, les beuveries pathologiques, les arrestations répétées

t

sur la rue par la police, une mauvaise santé.

34

Figure

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